Les Inrocks - Gil Hilel dénonce le vrai visage de l’occupation israélienne en Palestine

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  • “Il faut que la communauté israélienne sache ce qu’il se passe sur le terrain, qu’elle connaisse le prix à payer pour sa sécurité”- Les Inrocks

    http://www.lesinrocks.com/2014/02/25/actualite/gil-hilel-visage-occupation-israelienne-palestine-11480401

    L’occupation repose sur cette stratégie de persécution. “Pour mon premier jour sur le terrain, mon commandant nous a emmenés dans un quartier palestinien d’Hébron. Il a arrêté un homme qui marchait dans la rue et l’a roué de coups.” De retour à la base, Gil demande pourquoi : “C’est lui ou moi, il doit avoir peur de moi, sinon il me tuera, c’est comme ça que tu resteras en vie Hilel”, répond son supérieur. On lui interdit de reposer la question, sous peine d’être sanctionnée. Or être puni, c’était risquer de ne pas rentrer chez soi pendant deux mois. “Alors je suis rentrée dans le rang”, soupire-t-elle. Plus les mois ont passé, plus les justifications de l’armée ont fini par faire leur effet : “ J’étais en permanence au contact des Palestiniens, pourtant je ne les voyais plus comme des êtres humains , ils étaient de potentiels terroristes.”

    Gil apprend la langue de l’occupation : ordres et contre-ordres pour soumettre l’ennemi. Elle pouvait tout exiger, obliger un homme à rester debout, sans eau ni nourriture pendant plusieurs heures devant elle parce qu’elle estimait qu’il lui avait manqué de respect, lui demander de s’asseoir, puis de se relever et de s’asseoir encore, 50 fois de suite si elle le souhaitait. “On pouvait faire ce que l’on voulait. Et quand on avait passé une bonne journée, on se montrait parfois plus clément”, raconte-t-elle. Très mesurée et réfléchie, la jeune femme n’a pas peur des silences, elle prend son temps et cherche ses mots.

    Gil Hilel se souvient d’un regard, un regard qu’elle n’a pas compris à l’époque et qui la hante aujourd’hui.

    “Un jour, une jeune Palestinienne que je connais bien passe devant mon check point. Je l’arrête, lui demande sa pièce d’identité et l’interroge sur sa destination, alors que je sais qu’elle va à l’école. La petite demande pourquoi je l’arrête aujourd’hui encore, je lui réponds sèchement : ‘Parce que !’”

    Gil s’interrompt, elle a du mal à rassembler ses souvenirs. “Je décide de la punir pour son impertinence. Je l’ai forcée à rester debout devant moi pendant toute la durée de mon service. Il y avait tant de haine dans son regard, dans ses yeux d’enfants. Je n’ai compris la signification de ce regard qu’une fois redevenue civile. Comment pouvais-je lui demander de me voir comme un être humain quand je ne la voyais que comme un ennemi, un arabe ?” se souvient Gil.

    “Quand j’étais soldat, j’étais très fière de ce que l’on faisait. J’obéissais aux ordres. Tout a changé quand je suis redevenue civile, je me suis dit : ‘Mais putain, qu’est qu’on a fait ?’ Au fur et à mesure, j’ai commencé à poser des questions sur l’action de mon gouvernement”, explique-t-elle. Et une question en entraînant une autre, toutes ses croyances ont été ébranlées.

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