Les contrats fantômes de Montes del Plata - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
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Celui qu’on surnomme le « président le plus pauvre du monde » est devenu, en prenant des mesures sociétales progressistes (légalisation de l’avortement, mariage homosexuel, dépénalisation du cannabis), la coqueluche des médias occidentaux. Le 24 septembre dernier, lors de son intervention à l’ONU et devant les caméras du réalisateur serbe Emir Kusturica qui lui consacre son prochain film, José Mujica fustigeait l’argent roi et l’hystérie consumériste : « Nous avons sacrifié les anciens dieux immatériels, et nous occupons le Temple avec le dieu Marché. C’est lui qui organise pour nous l’économie, la politique, nos comportements, la vie, et nous propose un bonheur de façade, en mensualités ou avec des cartes de crédit. » Tel Chirac en son temps, Mujica endosse la panoplie de la grande conscience écolo : « Ce que la science appelle “empreinte carbone” nous dit que si toute l’humanité aspire au niveau de vie d’un Nord-Américain moyen, il nous faudra au moins trois planètes. »
Au même moment, le gouvernement de gauche uruguayen n’en finit pas de brader les ressources du pays aux capitaux étrangers. Son secteur économique le plus porteur est la production et l’exportation de soja transgénique Monsanto. Un autre mégaprojet très controversé en Uruguay risque de s’imposer d’ici peu : l’ouverture d’une gigantesque mine de fer à ciel ouvert qui s’accompagnera d’un long viaduc vers un autre port industriel en projet sur la plus belle et plus sauvage côte du pays. Il est aussi question d’ouvrir des concessions d’exploitation de pétrole offshore à Total, BP et Petrobras. On est loin des discours décroissants et télégéniques de Pepe Mujica.