*L’impasse française du FN est le fruit de notre acculturation jacobine et de notre triste…

#message264670

  • La carte de la pauvreté dans le Sud-Ouest : la prise en compte de la rurbanité ?
    http://bearniaiseries.blogspot.fr/2014/06/la-carte-de-la-pauvrete-dans-le-sud.html

    La carte de la #pauvreté, officialisée par le Gouvernement, basée sur des critères économiques objectifs, vient d’être publiée. Le constat est évident : sont désormais prises en compte tout un tas de petites villes et moyennes en complète déliquescence depuis des années, villes profondément acculturées, où le pire de la #mondialisation côtoie souvent les restes aliénés des cultures autochtones populaires. C’est la France où se développe le vote #FN depuis deux décennies.


    Contrairement à ce qu’affirment des sociologues, pour critiquer cette nouvelle carte, il est assez faux de dire qu’elle serait un signe donné aux « petits blancs » des campagnes. Ce n’est pas que ça. L’affirmer, c’est faire montre d’une vraie méconnaissance de la réalité démographique de nombreuses villes petites et moyennes, dont les thématiques rejoignent souvent celles des villes périurbaines des plus grandes agglomérations.

    Le Lot-et-Garonne est un symbole avec l’inclusion de 4 villes qui complètent Agen : Marmande, Sainte-Livrade, Tonneins, Villeneuve-sur-Lot. Tout se cumule en Lot-et-Garonne : une économie en perte de vitesse (fermeture de la manufacture des tabacs de Tonneins, dépendance à la PAC de l’agriculture locale, ...), l’autoritarisme de l’État qui a fixé arbitrairement des populations (depuis les Italiens des années 30 jusqu’aux populations nord-africaines dans la seconde partie du XXème siècle), la vocation de lieu de passage entre métropoles (effet A62, pavillonarisation extrême), ...

    Cependant, le Lot-et-Garonne, parce qu’il a été le jouet de l’État qui y a testé une politique d’aménagement depuis 100 ans sans cohérence, est un peu particulier. Les villes où ce phénomène de #paupérisation s’installe de manière naturelle sont plus intéressantes, comme c’est le cas de Saint-Gaudens ou Pamiers. Les causes sont les mêmes, mais il est impossible de blâmer l’État véritablement : les dynamiques démographiques sont le seul produit du marché #immobilier. Les #classes_moyennes paupérisées de l’agglomération toulousaine ont migré dans de lointaines villes-satellites reliées à la métropole par l’#autoroute, où elles retrouvent une population locale qui a souvent perdu son activité industrielle traditionnelle.

    La prise en compte de la réalité économique de ces villes, loin des clichés sur les pays de cocagne, est une bonne chose, mais elle ne semble pas apporter de nos élites les solutions nécessaires. En effet, la carte de la pauvreté, outre l’aspect « subvention par tête de pipe », n’ouvre au fond qu’à des programmes de réhabilitation urbaine, or le problème de ces nouvelles villes pauvres, c’est moins le délabrement du bâti que l’absence de concertation en matière d’#aménagement_du_territoire avec les métropoles.

    On en vient - toujours - à la question de la #réforme_territoriale : en favorisant la construction de #régions centrées autour de #métropoles, qui auront pour but premier de finaliser la liaison entre ces dernières, nos élites vont accélérer le caractère d’hinterland de ces villes petites et moyennes, et conforter leur vocation de déversoir de tout ce que les métropoles boboïsées ne désirent plus, par les seules règles du marché. Au #RSA, on vit mieux à Pamiers qu’à Toulouse.

    Notre pays fonctionne tout entier pour le bien-être de ses seules grandes villes, dans l’espoir naïf qu’elles sont les uniques vectrices de la croissance économique. D’une certaine manière, le schéma français se généralise : une grande métropole accumule les richesses qu’elle daigne redistribuer sous la forme d’assistanat à ses périphéries moins dynamiques dont elle absorbe les forces vives. Ce fut longtemps Paris et la province. Ce sont désormais nos métropoles et leur région. Il est temps de briser ce modèle.

    écho à ce commentaire de @monolecte http://seenthis.net/messages/264639#message264670 sur la paupérisation
    #urbain_diffus #transports #banlieue_totale #culture_vernaculaire
    #déracinement #extrême-droite #centralisme

    • Voilà, c’est exactement ce que j’observe sur place : notre statut grandissant de colonies pénitentiaires des métropoles. Parce que les campagnes sont effectivement les nouveaux lieux de bannissement de ceux dont les villes n’ont plus besoin, avec l’idée sous-jacente qu’on pourra les forcer à bosser à vil prix dans les secteurs qui s’épanouissent sur la misère humaine : le tourisme, les services aux personnes, les travaux agricoles saisonniers.
      J’ai remarqué aussi que ces dernières années, on revient un peu à quelque chose de très semblable à la nourrice rurale de la période monarchique et de la période bourgeoise. Les enfants à problème des villes sont envoyés au vert, c’est à dire placés dans des familles d’accueil d’agriculteurs ou de ruraux propriétaires en perte de vitesse financière. De complément de revenu, cette activité est en passe de devenir le revenu principal dans beaucoup de familles du coin. Nos écoles rurales accueillent ainsi de plus en plus d’enfants déplacés, au moment même où la logique colonisatrice incite à fermer de plus en plus de postes d’enseignants chez nous pour les transférer dans les zones périurbaines de forte densité où s’entassent les jeunes actifs avec enfants (repoussés des centres-villes quand la naissance d’un enfant fait que la pression immobilière devient insupportable du fait du besoin d’espace supplémentaire !).
      De la même manière, les vieux et les handicapés urbains sont déplacés vers les zones rurales où la main d’œuvre captive et le mètre carré sont moins chers, mais où l’encadrement médical disparait à toute allure.

      En fait, tout se passe comme si la ville n’était plus qu’un immense organisme cannibale qui a le contrôle et absorbe toutes les matières premières que nous produisons à vil prix (parce que les prix sont fixés par les villes !) et rejette vers nous ce qu’elle considère comme des déchets, ce dont elle n’a plus besoin et qui l’encombre. Tout en refusant de plus en plus de jouer le jeu de la péréquation et de la redistribution.
      Ce qui se passe actuellement avec la redéfinition des niveaux de gouvernance et de compétence, c’est bien l’appropriation de toutes nos ressources financières et du pouvoir de décision sur et contre les ruraux, considérés eux-mêmes que comme des ressources primitives à consommer ou à se débarrasser. Des matières premières.

      Mais cela ne s’arrête pas là, parce que dans le même temps, nous héritons des mêmes problèmes que les villes : devant l’afflux de cassos’ des villes, les ruraux modestes, mais néanmoins propriétaires (nous avons énormément de propriétaires pauvres en zone rurale) se transforment en marchands de sommeil, retapant avec trois coups de peinture des granges ou des garages qu’ils peuvent ensuite louer bien confortablement à des gens qui n’ont pas ensuite les moyens de chauffer correctement des habitats qui s’avèrent souvent indignes à l’usage. Tout en leur crachant à la gueule, le cassos’ devenant le nouvel exutoire des frustrations de toute une petite classe populaire rurale qui cumule les sous-boulots pour garder un certain standing... comme une voiture en état de rouler pour aller bosser ou simplement acheter du pain...

      Bref, merci pour ce partage, @koldobika

    • @monolecte

      tout se passe comme si la ville n’était plus qu’un immense organisme cannibale qui a le contrôle et absorbe toutes les matières premières que nous produisons à vil prix (parce que les prix sont fixés par les villes !) et rejette vers nous ce qu’elle considère comme des déchets, ce dont elle n’a plus besoin et qui l’encombre. Tout en refusant de plus en plus de jouer le jeu de la péréquation et de la redistribution.
      Ce qui se passe actuellement avec la redéfinition des niveaux de gouvernance et de compétence, c’est bien l’appropriation de toutes nos ressources financières et du pouvoir de décision sur et contre les ruraux, considérés eux-mêmes que comme des ressources primitives à consommer ou à se débarrasser. Des matières premières.

      écho avec http://seenthis.net/messages/173394

      La ville-métropole n’a pu émerger qu’avec le développement du capitalisme et de l’État : par l’établissement de grands marchés urbains aux nœuds de circulation des flux d’êtres humains et de #marchandises, permettant aussi la centralisation des capitaux, et en parallèle par la centralisation du pouvoir qui était auparavant dispersé dans les innombrables fiefs, seigneuries ou républiques villageoises. Ainsi, de même que la grande économie n’a pu se constituer comme sphère autonome que lorsqu’elle s’est « désencastrée » des autres rapports sociaux, la #ville moderne n’a pu se constituer en tant que monde qu’à partir du moment où elle a rompu avec la #ruralité qui était en elle.

      #métropolisation

    • Campagnes à vendre Le miroir aux illusions
      http://www.infokiosques.net/spip.php?article961

      « Dans le passé, la France a été l’État le plus centralisé d’Europe, dont la grande majorité de la population était composée de paysans parcellaires. Mais, n’en déplaise aux nostalgiques, le capitalisme a depuis longtemps modifié la structure de la société campagnarde. Elle n’a plus grand-chose à voir, sauf parfois dans quelque vallée enclavée de haute montagne, avec les images d’Epinal. Deux guerres mondiales, puis l’accumulation forcenée du capital dès les années 50, sous l’égide de l’Etat et par le biais des plans d’aménagement du territoire national, l’ont labourée en profondeur. »