CIP-IDF > Trente-huit mètres - L’Interluttants

?id_article=7245

  • Nantes : Il avait menacé de mort des agents de #Pôle_emploi, deux pistolets retrouvés chez lui - 20minutes.fr
    http://www.20minutes.fr/nantes/1535035-20150206-nantes-menace-mort-agents-pole-emploi-deux-pistolets-retr

    « Je veux mes #allocations ou je vous mitraille tous ! » Voilà ce qu’aurait lancé un homme quadragénaire, habitant de Rezé, aux personnels de l’agence Pôle Emploi qui lui demandaient des #justificatifs, début janvier. Ce mercredi, il a été interpellé à son domicile et mis en #garde_à_vue pour #menaces_de_mort réitérées...

    Les armes trouvées chez lui sont démilitarisées et les munitions ne leur correspondent pas...

    Ce 13 février, cela fera deux ans jour pour jour que #Djamal_Chaar s’immolait par le feu devant un Pôle emploi.
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7245

    Devenu depuis ministre des finances, Michel Sapin, à l’époque ministre de l’emploi, déclarait : « les règles ont été appliquées avec l’humanité qui convient » .
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6559

    • Deux ans de taule, dont un ferme, pour « menaces de mort »
      http://www.presseocean.fr/actualite/reze-menaces-de-mort-a-pole-emploi-deux-ans-de-prison-dont-un-ferme-07-0

      Les faits sont survenus en début d’année. Agacé que son agence Pôle Emploi lui demande de nouveaux documents pour compléter son dossier, un Rezéen de 43 ans est sorti de ses gonds et a proféré de graves menaces à l’encontre d’une conseillère, puis de la directrice de son agence.

      L’homme, déjà condamné pour des violences avec arme, a été interpellé mercredi matin à son domicile à Rezé. La perquisition menée à son interpellation a permis de mettre la main sur deux pistolets mitrailleurs, ainsi que des centaines de munitions pouvant servir à d’autres armes.

      L’homme a été condamné hier à deux ans d’emprisonnement, dont 12 mois assortis de sursis, par le tribunal correctionnel de Nantes, dans le cadre d’une procédure dite de comparution immédiate. Une obligation de soins, ainsi que l’obligation de travailler ou de suivre une formation, lui ont été notifiées, de même que l’interdiction de détenir une arme.

      Un mandat de dépôt a été prononcé à son encontre.

  • CIP-IDF > Trente-huit mètres - L’Interluttants
    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7245

    C’est toute la république qui est agressée par ce chômeur et qui doit se défendre par la plume du directeur de Pôle Emploi.
    Enfin, il n’est pas innocent que le directeur de Pôle emploi se refuse à donner son nom au suicidé : Djamel Chaar. Aurait-il été plus indécent qu’il le présente par son numéro identifiant ?
    « Alors que la mission des conseillers de Pôle emploi n’a probablement jamais été aussi difficile, Pôle emploi est l’objet ces derniers mois de toutes les critiques. Comme un exutoire, un bouc émissaire face à une crise qui dure, les attaques se multiplient, présentant notre service public comme une machine déshumanisée… »

    « Machine déshumanisée » : c’est en effet une excellente définition de Pôle emploi. Il fut un temps où les chômeurs étaient reçus à l’Assedic ou à l’ANPE. Maintenant, vous reçoivent dans les agences de Pôle emploi des agents dont la mission est de vous inviter à appeler la plate-forme téléphonique de Pôle emploi, le 3949. Cette plate-forme téléphonique est systématiquement engorgée… Depuis la fusion Anpe/Assedic, les agents qui travaillaient aux Assedic sont assez mal formés pour les questions Anpe et les agents Anpe sont très mal formés pour répondre aux questions techniques d’indemnisation chômage. Ils sont par ailleurs, de l’aveu même de leurs syndicats, trop peu nombreux pour assurer un vrai suivi des chômeurs et répondre à leurs questions.

    « …radiant automatiquement… »
    Oui, Pôle emploi radie automatiquement. C’est si notoire que le médiateur national de Pôle emploi a émis une fiche réclamant la fin de cette pratique. Djamel Chaar était une des victimes de ces radiations automatiques. Régulièrement, nous recevons aux permanences de la CIP des chômeurs qui ont vu leur indemnité coupée, uniquement parce que Pôle Emploi avait détecté une anomalie dans le dossier, avant tout examen, avant toute demande d’explication, Pôle emploi arbitrairement instaure avec le chômeur un rapport de force et coupe ses moyens de subsistances, et donc aussi ses capacité à se défendre. C’est la raison pour laquelle les litiges avec Pôle emploi se retrouvent très rarement posés devant des tribunaux, les chômeurs n’ayant pas les moyens de se défendre. Et pourtant, en général, un recours administratif suffit, et Pôle emploi finit par réintégrer ces chômeurs, qui retrouvent une indemnisation. Car rappelons-le, les fraudes avérées, organisées, sont très rares. La plupart des litiges sont des erreurs de bonne foi. Voilà pourquoi nous réclamons que Pôle emploi cesse de radier et de couper l’indemnisation chômage a priori. Nous revendiquons comme une dignité minimum que Pôle emploi considère les chômeurs dans une logique de confiance et non de défiance.

    AMÉLIORER LA QUALITÉ DU SERVICE
    « (…) Loin de la caricature d’un service public inerte et passif face à la crise, les agents de Pôle emploi sont en première ligne pour faire face à l’augmentation du chômage. Nous avons recueilli plus de 3 millions d’offres et accompagné 1,5 millions de placements durables en 2012. Chaque jour, nous traitons plus de 400 000 appels, recevons plus de 100 000 demandeurs d’emploi dans nos agences, auxquels s’ajoutent près de 1 million de connexions sur notre site Internet. »

    Oui, tout comme Pôle emploi radie automatiquement, Pôle emploi falsifie ses chiffres. Trois millions d’offres, trois millions de chômeurs égale une offre par chômeur, peut-on s’imaginer. On peut aussi croire que, puisqu’il y a un millions et demi d’offres validées, il n’y a donc que la moitié des chômeurs qui ont répondu à une offre. Or ce que le directeur présente comme une grande victoire contre le chômage, ce sont des chiffres cumulés. La réalité, c’est que, en février 2013 (le mois d’avant l’écriture de la tribune du directeur de Pôle emploi) , il y avait 228 000 offres pour cinq millions de demandeurs d’emploi, c’est à dire 5 %. Il n’y a pas de quoi pavoiser. De plus, sur ces 228 000 offres, une partie n’est pas légale : des emplois non rémunérés par exemple. Il faut savoir aussi que sur ces offres, 80 % sont des CDD. 80 % des embauches se font en CDD. Et 75 % – là, le chiffre est énorme – sont des offres de moins d’un mois. Parler d’« 1,5 millions de placements durables en 2012 » est de la manipulation : 75 % de ces offres sont des offres de moins d’un mois. 7,7 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi et seulement 41 % de ces personnes inscrites sont indemnisées. Pourquoi ? Protocole après protocole d’accord, les règles d’indemnisation se durcissent. La variable d’ajustement, c’est toujours la variable humaine. On ne cherche pas d’autres sources de financement à Pôle emploi.. Dans le cas de Djamel Chaar, il aurait été légitime qu’il soit indemnisé, puisqu’il répondait aux critères d’éligibilité, mais Pôle emploi à l’intérieur d’un protocole déjà inique rajoute des règles pour que même ceux qui devraient être indemnisés ne le soient pas. Nous le disons : quand bien même nous obtiendrions une amélioration du protocole, si Pôle emploi persistait à appliquer sa politique de défiance, de contrôle, de radiation et de non-droit, les améliorations obtenues seraient vaines.
    Enfin, on aurait pu imaginer que, plutôt que ces données chiffrées qui ne signifient rien, le directeur de Pôle emploi aurait eu à cœur de rappeler que la mission des agents de Pôle emploi est d’assurer l’exercice d’un droit. L’auteur nous signifie clairement ici son cœur de métier : faire du chiffre. Il y a pour le moins un paradoxe à refuser d’être présenté par autrui comme une « une machine déshumanisée » et à présenter son apologie par un alignement de chiffres.

    AGRESSIONS PHYSIQUES ET VERBALES
    « Alors que les agents de Pôle emploi sont pleinement mobilisés, la multiplication des critiques les expose dangereusement, car elle génère dans les agences des agressions physiques et verbales de plus en plus nombreuses et parfois violentes. Pour les conseillers, cette image caricaturale peut se révéler aussi lourde à porter que la charge de travail liée à l’augmentation du chômage. »

    Donc : questionner le fonctionnement de Pôle emploi, c’est mettre en danger les conseillers. Ces agents sont donc le bouclier humain derrière lequel s’abritent leur directeur, et ses mandataires, gestionnaires de l’Unédic, qui eux ne sont responsables de rien . (…) « Nous avons également engagé des projets très innovants qui feront de Pôle emploi, et c’est mon ambition, un service public de référence. (…) nous allons lancer un portail des offres d’emploi qui permettra aux demandeurs d’emploi et aux entreprises de pouvoir accéder sur un site unique aux offres publiées sur Internet afin de renforcer la transparence du marché du travail et de lutter contre sa sélectivité ; pour s’adapter aux besoins des demandeurs d’emploi et pour prendre en compte les nouveaux usages numériques, nous expérimenterons une offre d’accompagnement 100 % Web pour les demandeurs d’emploi volontaires. »

    On peut s’inquiéter pour la santé mentale du directeur de Pôle emploi. Comment peut-il défendre comme outil d’humanisation, d’accompagnement, de personnalisation la création d’un portail numérique ? Le directeur de Pôle emploi ne retrouve-t-il de la chaleur qu’en passant le portail qui le mène à son domaine enchanté : celui des chiffres, et du traitement informatique des données ? Oui, dans cette univers-là, il est certain qu’il ne sera jamais incommodé par l’irruption d’un Djamel Chaar en chair et en os.
    « Quatre ans après sa création difficile, je souhaite que Pôle emploi s’ouvre davantage sur l’extérieur. Très concrètement, cela signifie que nous allons nouer de nouvelles coopérations et partenariats, nous ouvrir aux chercheurs qui s’intéressent à Pôle emploi, mais aussi être plus transparents et mieux communiquer sur nos projets et nos actions. »
    « Pôle emploi doit s’ouvrir sur l’extérieur ». Pourquoi Djamel Chaar a-t-il marché en feu trente-huit mètres en direction de la porte de Pôle emploi ? Parce que la réponse de Pôle emploi à ses courriers où il annonçait son intention de se suicider fut d’appeler la police afin de protéger le bâtiment de son intrusion.

    « Cette transformation est la condition indispensable pour doter notre pays d’un service public plus solide et plus efficace. Sa réussite repose en revanche sur le soutien et l’implication de tous. »
    In cauda venenum : d’avance, il est clairement dit que si Pôle emploi ne parvient pas à devenir « un service public plus solide et plus efficace », ce ne sera pas la responsabilité de ses dirigeants, mais par le défaut « de soutien et d’implication » de qui ? Des travailleurs précaires ? du personnel de Pôle emploi ? De tout le monde et de personne ? En tout cas, si d’autres suicides devaient se produire, ce ne sera pas la faute du directeur de Pôle emploi qui aura pris la peine lui de rédiger cette lettre, mais de tous ceux qui entravent le fonctionnement harmonieux de sa « machine déshumanisée, radiant automatiquement, falsifiant ses statistiques ».

    Cet article est paru dans L’Interluttants n°33, été 2014.

    Avril 2013 : Djamal Chaar s’immole par le feu devant Pôle emploi. Pour M. Sapin, futur ministre des finances, « les règles ont été appliquées avec l’humanité qui convient »

    C’est l’histoire d’un plein emploi qui ne reviendra pas et de l’action de son fantôme sur les vies aujourd’hui. C’est l’histoire d’étranges institutions pour lesquelles ce plein emploi qui n’existe pas vaut à la fois boussole et centre de gravité ; l’histoire d’un Pôle emploi qui désigne les chômeurs comme des « candidats ». Candidats à quoi ? À l’emploi bien sûr. Et tout ce qui excède ce rôle assigné sera susceptible de sanction, de mépris, d’éviction, de correction, de procès. C’est l’histoire de la participation obligée à un jeu délétère dont personne ne connait les règles… Extrait de Outragé, Pôle emploi mord la poussière

    On peut gagner contre Pôle emploi par l’action collective : Pôle emploi : Radiation et indû annulés par l’action collective Porte d’Auteuil

    Agir : Blocage de la plateforme téléphonique 39 49 de Pôle emploi à Rennes / Pôle emploi fermés, Besançon montre le chemin ? / Des chômeurs en colère murent un Pôle emploi à Rennes

    Travailler à des alliances : Lettre ouverte de quelques précaires aux conseillers de Pôle Emploi, Mcpl, Rennes / Occupation du siège de Pôle emploi avec des agents Pôle en grève

    Se défendre : « Répétition de l’indû », Unedic zone de non-droit / Jurisprudence, Pôle Emploi condamné pour insuffisance d’information / Pôle emploi : déjouer les convocs pour « entretien téléphonique », les radiations, le suivi...

    1- Evitons d’abord le problème ressassé du réformisme et de l’anti-réformisme. Nous n’avons pas à prendre en charge les institutions qui ont besoin d’être transformées. Nous avons à nous défendre tant et si bien que les institutions soient contraintes de se réformer. L’initiative doit donc venir de nous, non pas sous forme de programme mais sous forme de mise en question et sous forme d’action.

    2- Ce n’est pas parce qu’il y a des lois, ce n’est pas parce que j’ai des droits que je suis habilité à me défendre ; c’est dans la mesure où je me défends que mes droits existent et que la loi me respecte. C’est donc avant tout la dynamique de la défense qui peut donner aux lois et aux droits une valeur pour nous indispensable. Le droit n’est rien s’il ne prend vie dans la défense qui le provoque ; et seule la défense donne, valablement, force à la loi.

    3- Dans l’expression « Se défendre », le pronom réfléchi est capital. Il s’agit en effet d’inscrire la vie, l’existence, la subjectivité et la réalité même de l’individu dans la pratique du droit. Se défendre ne veut pas dire s’auto défendre. L’auto-défense, c’est vouloir se faire justice soi-même, c’est-à-dire s’identifier à une instance de pouvoir et prolonger de son propre chef leurs actions. Se défendre, au contraire, c’est refuser de jouer le jeu des instances de pouvoir et se servir du droit pour limiter leurs actions. Ainsi entendue, la défense a valeur absolue. Elle ne saurait être limitée ou désarmée par le fait que la situation était pire autrefois ou pourrait être meilleure plus tard. On ne se défend qu’au présent : l’inacceptable n’est pas relatif.

    4- Se défendre demande donc à la fois une activité, des instruments et une réflexion. Une activité : il ne s’agit pas de prendre en charge la veuve et l’orphelin mais de faire en sorte que les volontés existantes de se défendre puissent venir au jour. De la réflexion : se défendre est un travail qui demande analyse pratique et théorique. Il lui faut en effet la connaissance d’une réalité souvent complexe qu’aucun volontarisme ne peut dissoudre. Il lui faut ensuite un retour sur les actions entreprises, une mémoire qui les conserve, une information qui les communique et un point de vue qui les mettent en relation avec d’autres. Nous laisserons bien sûr à d’autres le soin de dénoncer les « intellectuels ». Des instruments : on ne va pas les trouver tout faits dans les lois, les droits et les institutions existantes mais dans une utilisation de ces données que la dynamique de la défense rendra novatrice.

    Retour en haut de page