‫مقطع فيديو يصور قتلي ملقون في شوارع حي الشجاعية بقطاع غزة‬‎

?v=gZ66iHMCQls

  • Deux journalistes de la Télé du hamas Al-Aqsa TV remontent une rue du quartier Shijaia dans la bande de Gaza.

    Ce lien m’a été transmis par l’Icahd en qui j’ai confiance et qui sont des activistes israéliens sérieux. A partir de 1’10 min les journalistes nous montrent quelque chose. Je ne sais pas si la vidéo est authentique, on devient parano tellement il y a de hoax et de manipulation dans cette autre guerre qu’est la « guerre des images ».

    Mais ce reportage a quelque chose de très troublant, et s’il se révèle qu’il est parfaitement authentique et pas manipulé, c’est une illustration de la manière dont Israël conduit « sa » guerre et que nous sommes de plus en plus nombreux à dénoncer.

    Les avis de nidal, gonzo, loutre, kassem, gresh et assimilés sont bienvenus.

    https://www.youtube.com/watch?v=gZ66iHMCQls

    • @kassem @gonzo @loutre @nidal @fil @alaingresh

      Merci pour ces premières réflexions, je m’explique un peu plus en détail.

      Ce n’est pas mon habitude de regarder ou poster ces images morbides, mais ce reportage m’a rappelé un souvenir traumatisant et soulève quelques questions importantes que j’ai encore du mal à formaliser.

      Au printemps 1996, j’étais en mission au Burundi pour soutenir et sauver un journal de Bujumbura (N’Dongozi), le seul journal modéré au sein duquel travaillaient des hutus autant que des tutsis. C’était très illusoire vu la situation, mais bon, nous y étions. C’était très tendu. La capitale était « relativement » calme, mais le moindre bruit anormal dans la rue faisait sursauter tout le monde. A la rédaction , le matin, un gendarme venait voir la rédactrice en chef avec le bulletin qui faisait la synthèse des massacres ayant eu lieu pendant la nuit dans le pays : Une dizaine de personnes massacrées dans tel presbytère, des passants abattus sur la route dans ce que les burundais appelaient « la ceinture rouge » autour de Bujumbura, etc...

      Mais une nuit... « Boum » dans un des quartiers de la périphérie immédiate de Bujumbura. Dans la journée qui suivit, en remontant la rue principale, je garde cette vision qui ressemble beaucoup à cette vidéo : maisons sélectivement brûlées, cadavres plus ou moins bien recouverts de cartons ou de tissus. indistinctement hommes, femmes, enfants, vieillards.

      Je n’avais pas mon appareil ni ma caméra, et de toutes façons, Spes, la rédactrice en chef du journal, qui était avec moi me disait qu’on se ferait sans aucun doute aussi couper en rondelles si on sortait quoique ce soit qui ressemble à un appareil photo.

      Mais j’ai vu, et témoigné. C’était deux ans après le Génocide Rwandais et dans le pays en dessous, on poursuivait les massacres « ils sont plus malins au Burundi », disait Spes, « ils font ça petit à petit, discrètement. Ils les tuent dix par dix ou vingt par vingt, comme ça, c’est invisible pour les médias internationaux » (et c’est vrai qu’à cette époque, le Burundi n’est pas très couvert par la presse).

      On a eu les images du Rwanda, les images de Bosnie. Je pense aussi au projet de Btselem « 1000 caméras » distribuées aux Palestiniens pour filmer les abus de l’armée israélienne dans les territoires occupés, on a aujourd’hui les images de Gaza, et ce film en particulier qui - s’il est authentique, pas manipulé, etc... - montre un résultat des bombardements israéliens très différent de ce que communique l’IDF.

      Les images ne servent à rien

      On s’est dit que le fait de d’avoir les photos, les films des exactions, des meurtres, allait changer quelque chose dans la perception qu’on a de ces massacres, allait même peut-être aider à faire cesser ces massacres/exactions.

      mais voilà, même ces images ne servent à rien, depuis le Rwanda, depuis la Bosnie, malgré les images, les situations se crispent, s’aggravent et les massacres continuent comme avant, même s’ils sont filmés ou photographié, ce n’est pas considéré comme un obstacle par les massacreurs : éventuellement ils font évoluer leur discours, leurs justifications, leur communication. Même les images, aussi morbides et horribles soient-elles semblent ne servir à rien du tout pour faire cesser les massacres (je pense aussi aux incendies et aux écroulements des ateliers au Bangladesh par exemple), et tout continue, comme si rien n’était arrivé, comme si rien n’avait été filmé. Dans certain cas, montrer trop de ces images semble même être contre-productif, le public les rejettent en bloc, comme les gens qui, à la libération en 1945, ne voulaient plus entendre parler des camps de concentration.

      Des images qui contredisent la communication israélienne

      Le film aussi montre que les massacres semblent être délibéré, que ces cadavres qui apparaissent sur le film ne sont pas des victimes colatérales atteintes par hasard. Elles étaient dans le viseurs des tireurs israéliens. Ils ont tiré sur des femmes et des enfants en pensant sans doute qu’ils étaient couvert par « le discours » (on les a prévenu qu’il fallait fuir, le Hamas les a empêché de partir - ce qui reste toutefois à prouver - c’est donc de leur faute si on est obligé de les tuer parce que notre objectif est de détruire le quartier coûte que coûte. Coûte que coûte...). Comme le rappelle Gideon Levy dans une vidéo postée sur seenthis quand il cite « l’inoubliable Golda Meir » : « On ne pardonnera jamais aux arabes de nous avoir obligé à tuer leur enfants ! »

      Il y a quelques années, à Jérusalem, Charles Enderlin nous racontait , avec Dominique Vidal, que le porte parole d’IDF avait annoncé que les soldats - à Béthléem - avaient tiré en l’air pour faire fuir des jeunes palestiniens qui manifestaient. Deux d’entre eux ont été abattus dans le dos... Et personne n’arrivait à comprendre comment cela était possible. Enderlin raconte alors qu’on les avait appelé « les palestiniens volants ».

      Voilà donc la question que soulève ce film, pour moi, que je vais essayer de définir plus précisément : si même les images qui servent de preuves (si elles sont authentifiées) ne servent à rien (normalement, elles auraient du soulever une telle vague d’indignation que les bombardements auraient du cesser immédiatement) ne peuvent même pas faire cesser massacres, exactions, etc... Qu’est-ce qui pourrait arrêter cette folie ?

      Le reste des réflexions plus tard.

    • Ouf ! Que répondre ? J’ai essayé de le faire et effacé la réponse... J’en essaie quand même une, que je ne prends pas à mon compte. Le discours du Hamas (du Hezbollah avant lui, de la « résistance » comme on dit en arabe) consiste à dire que rien n’arrêtera Israël, et surtout pas la morale « occidentale »... En revanche, être capable de faire mal arrive à dissuader même les plus fous, par pour des raisons éthiques mais plutôt de basse politique. C’est semble-t-il le « pari » actuel à Gaza, rendu possible par le désespoir absolu d’une population à laquelle on a ôté la moindre possibilité de l’amorce d’une esquisse de rêve... Parmi les Sinzissiens, s’il y en a qui ont accès aux sources hébreues et qui peuvent relayer ce qui se dit, dans les médias et les réseaux sociaux, après la mort de quelques soldats (plus peut-être un « kidnappé’ » comme a osé le dire un journaliste francophone), ce serait intéressant...

    • J’ai tout à fait conscience que formaliser ces questions est très difficile, c’est pourquoi je le propose à la communauté. Le talent de @alaingresh aidera peut-être puisqu’il n’est pas en vacances :). Les Européens ont réussi à criminaliser les migrants, les Israéliens vont/ont réussi à criminaliser les Gazaouites sans distinction d’âge ou de sexe (en les poussant au désespoir) ce qui leur permet sans doute de les tuer de la manière la plus barbare qui soit sans que ça n’émeuvent vraiment notre Occident inculte. (c’est une autre question que je soulève : comment lutter efficacement contre cette propagande (criminalisation d’innocents, diabolisation, etc...). La machine de propagande israélienne est très puissante et apparemment efficace. Je connais moins celle du Hamas (pour ne pas dire pas du tout), je suppose qu’elle existe, je suppose aussi qu’elle ne rivalise pas avec celle du gouvernement israélien. je ne peux pas imaginer, par exemple, que le Hamas « force » les femmes et les enfants à rester dans un quartier menacé par les tueurs de l’armée israélienne.

    • J’ai oublié de dire dans ma première réflexion que si les tankistes ou les pilotes de l’armée la plus morale du monde savent qu’il y a des enfants dans leur viseur, ils devraient refuser de tirer au nom du principe « moral » de précaution. Et parce que IDF ne cesse de répéter que « la mort d’enfants palestiniens est une véritable tragédie ». Pourtant ils tirent. Pourquoi ?

      La communication d’IDF est totalement désintégrée par les faits et les images, pourtant elle continue de « tenir la route » pour beaucoup. Pourquoi ?

    • Pourquoi ? Un embryon de réponse. Tout semble reposer sur l’affirmation suivante : la volonté du zéro mort, du zéro perte. Il ne doit pas y avoir un seul mort israélien. Cet objectif est impossible à atteindre mais les israéliens semblent vouloir y croire. Insister à le maintenir est ce qui permet de justifier l’horreur des 20 dernières années... sans évoquer les horreurs commises par les... « prédécesseurs »... (je pense en particulier à Sharon).
      Nous avons un système de défense qui par système, par mécanique, nous mène à la sentence finale des extrémistes du Betar, dont on a pu lire ce jour quelques extraits sur les vertus de la vitrification.
      On connait tous la fameuse phrase de Jefferson : « Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre ». On passe souvent du mérite à l’absence totale de résultat.
      Le refus jusqu’à l’absurde (le mur...) de prendre le risque de vivre en paix, avec tout ce que cela implique (liberté, égalité...) ne peut que mener à la solution finale. Sinon quoi d’autre ? Hélas. :-(

      Je pourrais développer ensuite sur le parallèle indispensable avec l’Ukraine et la Syrie et le fait que les « maîtres du monde » occidentaux, la fameuse « communauté internationale », ont démontré que l’humain n’était que chair à canon, à ses yeux, et à ses intérêts. Ce qui ne peut être que très inquiétant pour le jour où on nous demandera à nous de démontrer notre attachement à leur survie à eux.

    • Mon regard est peut-être un peu simpliste mais il me semble qu’en France et plus largement en occident l’islamophobie gagne du terrain chaque jour qui passe et qu’une partie de la population s’est replié sur elle-même, ne réagissant même pas contre des mesures qui lui sont directement défavorables. Nous sommes en pleine décadence, on s’en aperçoit à différent niveaux : droits humains, ressources naturelles, droits à l’alimentation, appropriations des terres, environnement, etc. Ajouté à cela un conflit qui dure depuis plusieurs décennies, il est probable que les gens se soit lassé et désintéressé du problème et des crimes commis par l’armée israélienne. Après, sur la « capacité » des militaires de tirer sur des enfants, c’est de l’endoctrinement pur et dur.
      #décadence

    • Oui, #déshumanisation de l’autre, c’est rabâché depuis des dizaines et des dizaines d’années. Les jeunes soldats (crevant de trouille) de l’armée israélienne sont persuadés qu’ils tuent de la vermine.
      Mais en retour la déshumanisation de l’autre détruit l’humain en soi, c’est quasiment toute la société israélienne (95%) qui fonce et s’enfonce dans la folie meurtrière.

      Il est sans doute beaucoup trop tard pour l’arrêter. François Hollande, par son communiqué indigne devra rendre des comptes comme ayant incité à la haine et aux crimes de guerre.

      Je pense que l’image ( la vidéo) peut avoir un impact si elle est relié à un contexte particulier qui potentialise son effet et si elle arrive à un moment stratégique dans l’entendement du plus grand nombre. C’est de l’ordre de l’imprévisible.