• [Info-Palestine.eu] - Dans la propagande israélienne, les hommes de Gaza sont-ils encore vus comme des victimes ? - par Maya Mikdashi
    http://www.info-palestine.net/spip.php?article14907

    Le meurtre de femmes et d’enfants est horrible, cependant, dans la répétition de ces faits dérangeants, il manque quelque chose : le deuil de l’opinion publique pour les hommes palestiniens assassinés par la machine de guerre israélienne.

    En 1990, Cynthia Enloe (3) a inventé le concept « femmesetenfants » afin de réfléchir à la mise en place d’une rhétorique sexuée [genrée] pour justifier la guerre du Golfe. Aujourd’hui, nous devons être conscient-e-s de la façon dont le cliché « femmesetenfants » est véhiculé au sujet de Gaza et plus largement de la Palestine.

    Il accomplit plusieurs exploits rhétoriques, dont deux principaux : d’un côté, le regroupement des femmes et des enfants au sein d’une même catégorie indistincte, regroupé-es par « similitude » de genre et de sexe ; de l’autre, la reproduction du corps de l’homme palestinien (et plus généralement de celui de l’homme arabe) comme toujours dangereux. Ainsi le statut des hommes palestiniens (une désignation qui inclut les garçons âgés de 15 ans et plus, et parfois aussi jeunes que 13 ans) comme « civils » est toujours perçu comme douteux.

    Cette manière de genrer la guerre d’Israël sur Gaza est proche de la rhétorique de la « Guerre contre le terrorisme », et comme Laleh Khalili l’a remarquablement démontré (4), proche de la stratégie contre-insurrectionnelle et du « war-making » plus globalement. Dans ce cadre, le meurtre de femmes, de filles, de pré-adolescents et de jeunes garçons est à relever tandis que les adolescents et les hommes sont présumés coupables de ce qu’ils auraient pu faire si on les avait laissés en vie. De plus, ces adolescents et hommes sont potentiellement dangereux non seulement pour les soldats qui occupent leur pays mais aussi pour les « femmesetenfants » qui sont les réel-le-s civils. Les jeunes garçons après tout peuvent grandir pour devenir de violents extrémistes. En tuant le corps, on désamorce ce potentiel.

    Ainsi avec cette logique, la critique de la guerre d’Israël sur Gaza se voit répondre, sur un ton très sérieux, des allégations sur le « sort » des femmes et des homosexuel-le-s « sous » le Hamas. Récemment, un porte-parole d’Israël a répondu à Noura Erakat, qui condamnait la violation par Israël des droits universels de l’être humain, en partageant cette pépite de sagesse : « Le Hamas, ils n’autoriseraient pas une jeune femme progressiste laïque à exprimer ses opinions tel que vous le faites, m’dame. Il ne permettrait pas à mes amis gays d’exprimer leur sexualité librement ». Cette allégation vise à mobiliser la rhétorique genrée de la « Guerre contre le terrorisme », rhétorique qui joue sur les registres émotionnels du progressisme états-unien en dévoyant le féminisme et les droits des LGBTQ [Lesbiennes, Gais, Bisexuelles, Trans’, Queers].

    Ce même dévoiement permet à l’islamophobie et à la guerre d’être promues comme un bien populaire et international – après tout, c’est bien « nous » qui défendons les personnes sans défense des ravages des hommes arabes et musulmans (5). Laleh Khalili a nommé ceci « l’usage d’une narration genrée pour distinguer ceux et celles qui doivent être protégé-e-s de ceux que l’on doit craindre et détruire ». Ce discours est si efficace qu’il n’a pas besoin de s’appuyer sur les faits : il les outrepasse.

    ...

    Le grand nombre de « femmesetenfants » mort-e-s suffit à mobiliser le président des Etats-Unis et les Nations Unies à faire des déclarations dans lesquelles la violence est « condamnée » - mais le meurtre, l’emprisonnement, la mutilation des hommes et garçons palestiniens en temps de guerre et de cessez-le-feu restent tus.

    http://www.jadaliyya.com/pages/index/18644/can-palestinian-menbe-%20victimsgendering-israels-w

    #Palestine

  • Can Palestinian Men be Victims ? Gendering Israel’s War on Gaza
    http://www.jadaliyya.com/pages/index/18644/can-palestinian-men-be-victims-gendering-israels-w

    On pleure la perte des femmes et des enfants, mais les hommes palestiniens peuvent-ils aussi être des victimes ?

    Only within this logic can criticism of Israel’s war on Gaza be answered, straight faced, with statements about the “fate” of women and homosexuals “under” Hamas. Recently, a spokesman for Israel answered Noura Erakat’s condemnation of Israel’s violation of international human rights by sharing this gem of wisdom: “Hamas, they wouldn’t allow a young, liberal, secular woman to express her views like you do, ma’am. They would not allow my gay friends to express their sexuality freely.” This statement aims to mobilize the gendered discourse of the War on Terror, a discourse that plays on the affective registers of US liberalism through a pandering to feminist and LGBTQ rights. This pandering allows Islamophobia and war to be manifested as a public and international good—after all, it is “we” that are defending the helpless from the ravages of Muslim and Arab men. Laleh Khalili has called this “the use of gendered ‘telling’ to distinguish those who are to be protected from those who are to be feared or destroyed.” This discourse is so powerful that it does not need to rely on facts—it has in fact overridden them.

    The Israeli war machine, much like the US war machine in Afghanistan or Iraq, does not protect Palestinian queers and women and children. It kills them, maims them, and dispossesses them alongside their loved ones—for the simple reason that they are Palestinian, and thus able to be killed with impunity while the world watches. Today, the difference between Palestinian womenandchildren and Palestinian men is not in the production of corpses, but rather in the circulation of those corpses within dominant and mainstream discursive frames that determine who can be publicly mourned as true “victims” of Israel’s war machine. Thus the sheer number of womenandchildren dead are enough to mobilize the US president and the UN to make statements “condemning” the violence—but the killing, imprisonment, and maiming of Palestinian men and boys in times of war and ceasefire goes uncited. In Israel men, settlers, and even soldiers are framed as victims of Palestinian terrorism and aggression. All are publicly mourned. In an almost direct reversal, while Palestinian boys and men have been the primary target of Israel, as evidenced by the population of political prisoners and targeted assassinations, are not seen by western based mainstream media as victims of Israeli terrorism and aggression. Palestinians are put in the self-defeating position of having to fight to be recognized as human, to be recognized in death and in life as victims of Israeli policies and actions.

    #Proche_Orient #racisme #pinkwashing