• http://lemonde.fr/festival/article/2014/07/26/le-jour-ou-le-monde-vire-reiser_4462982_4415198.html#xtor=AL-32280270

    Mais voilà que, quelques jours après le début du feuilleton, un camion-citerne empli de propane explose près d’un camping à Los Alfaques, dans la province espagnole de Tarragone. Une boule de feu soulève les vacanciers et les transforme en momies calcinées, figées dans leurs mouvements comme les habitants de Pompéi. Une horreur absolue ; le fait divers de l’été, celui qu’espèrent tous les journaux pour remplir leurs pages désolées. « Le camping de l’horreur », titre aussitôt Paris Match, tandis que, chaque soir, les journaux télévisés sortent de leur léthargie estivale pour décompter les 217 morts (dont beaucoup de Français) surpris sous la tente où ils passaient leur été. Comme les Oboulot au camping Les Mimosas.
    D’un coup, le contexte a changé. L’humour de Reiser a pour certains comme une étrange odeur de carbonisé. Jeune dessinateur de 27 ans qui fréquente depuis peu les pages du Monde, Plantu se souvient d’avoir passé une tête, cet été-là, dans le bureau d’André Fontaine. Il trouve le rédacteur en chef – qui lui offrira plus tard son dessin quotidien – effondré, un tas de planches du pigiste de Charlie étalées devant lui. « Pff… Regardez, un pépé qui se masturbe, on peut quand même pas publier ça… » Jean Plantureux – son vrai nom –, qui a suivi les cours d’une école de BD « tintinophile » à Bruxelles, et place dans son Panthéon personnel Reiser aux côtés d’Hergé, demeure désolé et silencieux, roulant des yeux comme dans un cartoon.

    #reiser #bd