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  • Urgence pour les Jeunes Isolé·es Étranger·es du Loiret face au Covid-19 | Le Club de Mediapart

    https://blogs.mediapart.fr/theo-roumier/blog/240320/urgence-pour-les-jeunes-isole-es-etranger-es-du-loiret-face-au-covid

    Isolé·es, ils et elles le sont plus encore face à l’épidémie. Les conditions de confinement vécues par les jeunes isolé·es étranger·es, selon qu’ils et elles sont prises en charge par l’Aide sociale à l’enfance (l’ASE) ou hébergé·es par l’État ne garantissent pas toujours leur sécurité, ni celle des populations qu’ils et elles sont amené·es à côtoyer.

    Avec le Collectif de soutien aux Jeunes Isolés Étrangers du Loiret, le COJIE, nous appelons le préfet, représentant de l’État, à agir en urgence pour limiter au maximum les risques de contagion.

    Depuis des années nous alertons sur les conditions d’accueil et d’hébergement des jeunes isolé·es étranger·es dans notre département. Nous ne pouvons aujourd’hui que nous alarmer des situations de proximité accrue dans le cadre de l’épidémie.

    Au-delà du leur, le sort des jeunes isolé·es étranger·es est un révélateur de celui des personnes en situation de précarité et de misère. Le faire connaître, le rendre visible c’est lutter contre la progression de l’épidémie parmi les populations les plus fragiles.

    Voilà ce qu’il en est dans le département du Loiret :

    Pour les jeunes mineur·es, et tout juste majeur·es, la situation est, pour l’heure, gérée par l’Aide sociale à l’enfance (l’ASE) avec livraison chaque jour de plateaux repas dont nous avons vérifié avec les jeunes qu’ils étaient bien distribués chambre par chambre.

    Pour les jeunes majeur·es, hébergé·es par l’État, la situation est plus critique :

    – Dans les chambres d’hôtels où beaucoup de jeunes se trouvent, il n’y a bien souvent ni cuisine, ni frigo. Dans ces conditions, nous demandons à l’État le portage de plateaux repas.

    Quand il y a cuisines collectives, elles doivent être plus et mieux aménagées (davantage d’équipements et leur désinfection systématique).

    – Un lieu d’accueil, ancien Formule1, transformé en hébergement collectif, pose vraiment problème :

    Les jeunes isolé·es y sont 2 par chambres, trop exiguës, sans placard ni table. Les WC et les douches sont collectifs. Les jeunes cohabitent avec des familles elles-mêmes entassées dans les chambres. De fait, les enfants courent sans cesse dans les couloirs.

    Dans les chambres, il n’y a toujours pas les frigos qui avaient été promis en octobre 2019. Pour « cuisine collective » il faut compter deux petits fours électriques et 2 micro-ondes, dans la salle d’accueil à l’entrée de l’hôtel, sans évier ni plan de travail.

    Et c’est là que de nouveaux résidents jeunes isolé·es étranger·es viennent d’être envoyé·es la semaine dernière, par la préfecture. De nouvelles arrivées sont annoncées cette semaine.

    C’est augmenter la promiscuité, c’est aggraver les risques d’insalubrité, c’est faire circuler le virus parmi des populations fragiles : c’est grave et dangereux.

    Dans un tel contexte, les « gestes barrières » sont une chimère.

    Pourtant, il existe des lieux collectifs qui ont été vidés par l’épidémie et qui pourraient permettre de désengorger les structures surpeuplées : les internats de lycée, de certains établissements médico-sociaux, par exemple.

    Pour ce qui est de la nourriture, des colis alimentaires pour plusieurs jours sont amenés dans la structure. Dans ces colis on trouve par exemple des salades fraîches qui demandent à être conservées au frigo, alors qu’il n’y en a pas dans les chambres. Il y a des plats sous vide ou en boîtes à réchauffer soi-même. Or, dans le hall d’entrée « cuisine », les fours et micro-ondes sont la plupart du temps inaccessibles et quand ils le sont les jeunes nous expliquent qu’ils craignent d’être contaminé·es par leur utilisation. Certains de ces plats contiennent du porc. Nombre d’occupants sont de confession musulmane. Face à cela, des jeunes prennent le risque de sortir quotidiennement pour faire des courses à l’extérieur : c’est une mise en danger.

    Toutes et tous les jeunes que nous avons eu·es au téléphone sur les 300 que nous avons appelé·es ne disposent, au mieux, que d’un smartphone pour tout contact avec le monde extérieur. Avec souvent un forfait limité à quelques heures de navigation sur internet. La « continuité pédagogique » pour elles et eux est illusoire. Malgré ça, certain·es ont pu recevoir des demandes sur leur absence de réponse aux exercices demandés. Ces demandes ont été vécues par les jeunes comme des injustices, une source d’anxiété pour elles et eux qui savent bien que leur situation scolaire est déterminante pour leur avenir ici.

    Prenant les responsabilités qui sont les nôtres, nous appelons l’ensemble des autorités administratives à tout mettre en œuvre pour que les jeunes isolé·es étranger·es, ainsi que toutes et tous les plus précaires de nos concitoyen·nes, ne soient plus en danger.

    Et nous continuons à téléphoner régulièrement aux jeunes, les informant de l’évolution de la situation et de la nécessité de se protéger de la maladie, pour elles et eux et pour nous toutes et tous.

    Ségolène Petit (FCPE), Théo Roumier (SUD éducation), Chantal Thabourin (SUD Santé Sociaux), membres de RESF Loiret et du COJIE

  • Le procureur de Paris alerté du « danger grave » encouru par les mineurs étrangers | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/010420/le-procureur-de-paris-alerte-du-danger-grave-encouru-par-les-mineurs-etran

    vocats, ONG et associations ont envoyé un signalement au procureur de la République de Paris, pour l’alerter de la situation de mineurs isolés étrangers « livrés à eux-mêmes » et exposés à un « danger grave » faute d’hébergement, sur fond de pandémie, a appris mercredi l’AFP.

    Depuis le 20 mars et la fermeture du Demie, dispositif de la Croix-Rouge à laquelle Paris a confié l’accueil et l’évaluation de la minorité de ces jeunes, « nous ne savons pas à qui (ils) doivent s’adresser pour être pris en charge et hébergés », puisque les mises à l’abri opérées par le 115 sont réservées aux adultes, dénoncent une centaine d’avocats, ainsi que des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) et l’Unicef.

    Ils ont fait état « de la situation très préoccupante des mineurs non accompagnés qui se trouvent livrés à eux-mêmes à Paris, sans hébergement adapté à leur minorité ni à la situation sanitaire actuelle, et de ce fait exposés à un danger grave et immédiat pour leur santé physique et psychique », dans un signalement consulté par l’AFP et adressé mardi au procureur de Paris Rémy Heitz ainsi qu’à Aude Groualle, cheffe de la section des mineurs du parquet de Paris.

    Les signataires du document demandent de mettre « en sécurité, de toute urgence », 200 mineurs en « danger » dont les noms sont listés.

    Ils sont « environ 300 », estime pour sa part Corinne Torre, responsable de MSF, « et ils se cachent un peu partout en banlieue, ils ne comprennent pas ce qui se passe ».

    « En situation épidémique, c’est aberrant que tout n’ait pas été mis en place pour leur assurer un soutien médical », déplore-t-elle.

    Le document, lui, rappelle les propos du secrétaire d’État chargé de la Protection de l’enfance, Adrien Taquet, qui affirmait la semaine dernière que « la priorité doit être donnée à leur mise à l’abri quand bien même les conditions de l’évaluation de la minorité sont perturbées ».

    « La situation est catastrophique, ils ne peuvent aller nulle part et en ce moment, c’est une bombe à retardement », explique à l’AFP Catherine Delanoë Daoud, co-responsable du pôle « mineurs isolés étrangers » du barreau de Paris, co-auteure du signalement.

    Pour les jeunes ayant été reconnus majeurs mais qui ont fait recours de la décision, « c’est un problème, parce qu’en ce moment, on ne peut pas saisir un juge des enfants, il n’y a pas d’audiences », ajoute-t-elle.

    Les jeunes nommés dans le signalement sont « surtout des jeunes que nous avons évalués majeurs et qui dépendent donc du 115, comme le reste des adultes », répond Dominique Versini, adjointe de la maire de Paris en charge notamment des questions migratoire.

    « Aucun jeune n’est mis à la rue », insiste-t-elle, expliquant que depuis lundi, le personnel du Demie, qui avait fait valoir son droit de retrait en raison « d’actes graves de violence », a repris du service dans d’autres lieux.

    Concernant les jeunes jugés majeurs, ajoute-t-elle, « la mairie de Paris est d’accord pour participer financièrement à un dispositif de l’État qui permettrait de les héberger ».

    Mediapart n’a pas participé à la rédaction de cette dépêche, qui fait partie du flux automatisé de l’Agence France-Presse (AFP). L’AFP est une agence de presse mondiale d’origine française fournissant des informations rapides, vérifiées et complètes sur les événements qui font l’actualité nationale et internationale, utilisables directement par tous types de médias. En savoir plus.

  • Athènes doit cesser la détention « abusive » de centaines d’enfants migrants
    14 AVRIL 2020 PAR AGENCE FRANCE-PRESSE
    La Grèce doit libérer les centaines d’enfants migrants non accompagnés qu’elle détient dans des conditions « abusives » et leur trouver un hébergement pour les protéger du coronavirus, a demandé mardi l’ONG Human Rights Watch (HRW).
    La Grèce doit libérer les centaines d’enfants migrants non accompagnés qu’elle détient dans des conditions « abusives » et leur trouver un hébergement pour les protéger du coronavirus, a demandé mardi l’ONG Human Rights Watch (HRW).
    Selon les données citées par l’organisation, 331 enfants étaient en détention au 31 mars, « dans les cellules de postes de police et des centres de détention insalubres en Grèce ».
    « Libérés de leurs conditions de détention abusives, ils seraient mieux protégés de l’infection dans le contexte de la pandémie de coronavirus », a écrit HRW, dans un communiqué qui appelle le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis à organiser leur « transfert vers des lieux d’hébergement sûrs et adaptés aux enfants ».
    « Garder des enfants enfermés dans des cellules crasseuses des postes de police a toujours été une erreur, mais désormais cela les expose de surcroît au risque d’infection au Covid-19 », a souligné Eva Cossé, chercheuse sur la Grèce à Human Rights Watch.
    L’ONG déplore en particulier « l’hygiène défaillante » dans les centres de détention, rendant « impossible » la mise en place des « mesures basiques » de lutte contre le coronavirus, ainsi que les « détentions arbitraires et prolongées » : « Souvent, ils n’ont pas accès aux soins médicaux, au soutien psychologique (ni) à l’aide juridique, et peu d’entre eux connaissent les raisons de leur détention ».
    Si elle rappelle le plan mis en place par Athènes le 24 novembre 2019 pour protéger les enfants non accompagnés, notamment par la création de refuges, elle en note également l’insuffisance au regard du droit international.
    La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a encore demandé à la Grèce, la semaine dernière, de protéger trois migrants dont deux mineurs non accompagnés, qui avaient saisi l’instance sur les conditions de vie dans les camps de réfugiés insalubres et surpeuplés, sur fond de pandémie.
    La CEDH a appelé les autorités grecques à « transférer les requérants, ou du moins leur garantir un hébergement compatible » avec la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit « les traitements inhumains ou dégradants ».
    Le total des enfants non accompagnés en Grèce s’élève à environ 5.200, selon les autorités grecques.
    Dans le cadre d’un programme européen de relocalisation de 1.600 mineurs non accompagnés vers d’autres pays européens, le premier groupe de 12 enfants, vivant jusqu’à présent dans des camps sur des îles de la mer Egée, doit quitter mercredi la Grèce pour le Luxembourg. Parmi ce groupe figurent neuf enfants de Lesbos, un de Samos et deux de Chios, a indiqué mardi le ministre des Migrations et de l’Asile, Notis Mitarachi, à la radio municipale d’Athènes.
    Prochainement, 50 mineurs non accompagnés seront transférés en Allemagne, a-t-il ajouté.
    Parmi les autres pays candidats à ce programme figurent la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, la France, l’Irlande, la Lituanie, la Serbie et la Suisse, selon Athènes.
    Les trois derniers mois 19.254 demandeurs d’asile sont arrivés en Grèce dont la majorité dans les camps surpeuplés des îles, en particulier à Lesbos où se trouve le camp de Moria, surnommé « la jungle ».
    Afin de désengorger les camps sordides sur ces îles, le gouvernement a graduellement transféré les trois derniers mois 10.687 personnes en Grèce continentale, selon les chiffres ministériels.
    Environ 100.000 demandeurs d’asile vivent actuellement en Grèce dont 70.000 dans les 38 camps installés sur son territoire. Plus de la moitié, soit environ 40.000 personnes s’entassent dans les camps des îles dont la capacité initiale n’est que pour 6.200 personnes.
    En Grèce continentale, deux camps ont récemment été placés en quarantaine après l’apparition d’une trentaine de cas de Covid-19.

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/140420/athenes-doit-cesser-la-detention-abusive-de-centaines-d-enfants-migrants

    #Covid-19 #Migration #Migrant #Balkans #Grèce #Camp #Lesbos #Chios #Samos #Enfant #Transfert #Relocalisation

  • Quelques articles à l’international.

    https://emeraldopenresearch.com/articles/2-11/v1

    Power M, Doherty B, Pybus K and Pickett K. How Covid-19 has exposed inequalities in the UK food system: The case of UK food and poverty. Emerald Open Res 2020, 2:11

    The Covid-19 pandemic has revealed the profound insecurity of large segments of the UK population; increased unemployment, reduced hours, and enforced self-isolation for multiple vulnerable groups is likely to lead to an increase in UK food insecurity, exacerbating diet-related health inequalities. The social and economic crisis associated with the pandemic has exposed the fragility of the system of food charity which, at present, is a key response to growing poverty.

    https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(20)30084-0/fulltext

    VAN LANCKER, Wim et PAROLIN, Zachary. COVID-19, school closures, and child poverty: a social crisis in the making. The Lancet Public Health, 2020.

    https://www.ifpri.org/blog/covid-19-spreads-no-major-concern-global-food-security-yet
    https://www.ifpri.org/blog/how-much-will-global-poverty-increase-because-covid-19
    https://www.ifpri.org/blog/preventing-global-food-security-crisis-under-covid-19-emergency

    https://www.nytimes.com/2020/03/15/world/europe/coronavirus-inequality.html

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/080420/coronavirus-des-repas-prepares-au-parlement-europeen-pour-les-plus-demunis

    Sur le sujet, un interview de Noël Constant:

    https://www.rts.ch/play/radio/forum/audio/mesures-prises-a-bruxelles-pour-contraindre-les-sans-abris-a-dormir-au-chaud?id=

    En France:

    https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/communique-de-presse-covid-19-maintien-de-l-aide-alimentaire-

    https://www.mediapart.fr/journal/france/110420/marseille-des-associations-utilisent-un-ancien-mcdo-pour-distribuer-de-la-

  • Paul B. Preciado, toujours aussi sagace. Un texte glaçant, et ce n’est que le premier volet...

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110420/les-lecons-du-virus?page_article=1

    Les leçons du virus
    11 avril 2020 Par Paul B. Preciado

    Face aux épidémies, quelles sont les vies que nous voulons sauver ? Covid-19, sida, syphilis : chaque société peut se définir par les pathologies virales qui la menacent et la façon dont elle s’organise face à elles. Premier volet d’un texte du philosophe Paul B. Preciado, dans notre série consacrée au monde d’après la pandémie.

    Si Michel Foucault avait survécu au sida en 1984 et était resté en vie jusqu’à l’invention de la trithérapie, il aurait peut-être aujourd’hui 93 ans : aurait-il accepté de s’enfermer dans son appartement de la rue Vaugirard ? Le premier philosophe de l’histoire à mourir des complications générées par le virus de l’immunodéficience acquise nous a laissé certaines des notions les plus efficaces pour réfléchir à la gestion politique de l’épidémie, lesquelles, au milieu de la panique et de la désinformation, deviennent aussi utiles qu’un bon masque cognitif.

    La chose la plus importante que nous avons apprise de Foucault est que le corps vivant (et donc mortel) est l’objet central de toute politique. Il n’y a pas de politique qui ne soit une politique des corps. Mais le corps n’est pas pour Foucault un organisme biologique donné d’abord sur lequel le pouvoir agit après. La tâche même de l’action politique est de fabriquer un corps, de le mettre au travail, de définir ses modes de production et de reproduction, de préfigurer les modes de discours par lesquels ce corps se fictionnalise à lui-même jusqu’à ce qu’il soit capable de dire « je ».

    Toute l’œuvre de Foucault peut être comprise comme une analyse historique des différentes techniques par lesquelles le pouvoir gère la vie et la mort des populations. Entre 1975 et 1976, années où il publie Surveiller et Punir et le premier volume de l’Histoire de la sexualité, Foucault utilise la notion de « biopolitique » pour parler du rapport que le pouvoir établit avec le corps social dans la modernité.

    Il décrit la transition de ce qu’il appelle une « société souveraine » à une « société disciplinaire » comme le passage d’une société qui définit la souveraineté en termes de ritualisation de la violence et de la mort à une société qui gère et maximise la vie des populations en fonction de l’intérêt national. Pour Foucault, les techniques de gouvernement biopolitique se sont répandues comme un réseau de pouvoir qui a dépassé la sphère légale ou punitive pour devenir une force horizontale et tentaculaire, traversant la totalité du territoire jusqu’à pénétrer dans le corps individuel.

    Pendant et après la crise du sida, de nombreux auteurs ont élargi et radicalisé les hypothèses de Foucault en explorant la relation entre biopolitique et immunité. Le philosophe italien Roberto Esposito a analysé les relations entre la notion politique de « communauté » et la notion biomédicale et épidémiologique d’« immunité ». La communauté et l’immunité ont une racine commune, « munus », en latin l’impôt (devoir, loi, obligation, mais aussi don) que quelqu’un devait payer pour vivre ou faire partie de la communauté.

    La communauté est « cum » (« avec ») « munus » : un groupe humain qui est lié par une loi et une obligation communes, mais aussi par un « don », pas quelque chose qui n’a pas de prix. Le substantif « immunitas » est un mot privatif qui dérive de la négation du « munus ». En droit romain, l’immunité était une dispense ou un privilège qui exemptait quelqu’un des obligations des tâches qui sont communes à tous. Celui qui avait été exonéré était « immunisé ». Tandis que celui qui était « démuni » était celui à qui l’on enlevait tous les privilèges de la vie en communauté.

    Roberto Esposito insiste sur le fait que toute biopolitique est immunologique : elle implique une définition de la communauté et une hiérarchie entre ceux qui sont exonérés d’impôts ou des dons (ceux qui sont considérés comme immunisés) et ceux que la communauté perçoit comme potentiellement dangereux (les démunis) et qui seront exclus dans un acte de protection immunologique. C’est le paradoxe de la biopolitique : tout acte de protection comporte une définition immunitaire de la communauté, qui implique de s’octroyer le pouvoir de décider de sacrifier une partie de la communauté, au bénéfice d’une idée de sa propre souveraineté. L’état d’exception est la normalisation de ce paradoxe insupportable.

    À partir du XIXe siècle, avec la découverte du premier vaccin contre la varicelle et les expériences de Pasteur et Robert Koch, la notion d’immunité a quitté la sphère juridique et a acquis une signification médicale. L’individu moderne compris comme un corps libre et indépendant n’est pas seulement une utopie de l’économie libérale, mais aussi un standard d’immunité biopolitique.

    Les démocraties européennes libérales et patriarco-coloniales du XIXe siècle construisent l’idéal de l’individu moderne non seulement comme un agent économique libre (masculin, blanc, hétérosexuel), mais aussi comme un corps immunisé, radicalement séparé, qui ne doit rien à la communauté.

    Pour Esposito, la façon dont l’Allemagne nazie a caractérisé une partie de sa propre population (les Juifs, mais aussi les Rroms, les homosexuels, les handicapés) comme des corps qui menaçaient la souveraineté de la communauté aryenne est un exemple paradigmatique des dangers de la gestion biopolitique immunitaire. Cette compréhension immunologique de la société ne s’est pas terminée avec le nazisme ; au contraire, elle a survécu aux États-Unis et en Europe, légitimant les politiques de gestion de leurs minorités racisées et des populations migrantes. C’est cette politique immunitaire qui a forgé l’actuelle Communauté économique européenne, le mythe de Schengen et les violents dispositifs déployés par Frontex.

    En 1994, dans Flexible Bodies, l’anthropologue Emily Martin, de l’université de Princeton, a analysé la relation entre immunité et politique dans la culture américaine pendant les crises de la polio et du sida. Martin a tiré des conclusions qui sont pertinentes pour l’analyse de la crise actuelle. L’immunité corporelle, affirme Martin, n’est pas un fait biologique indépendant des variables culturelles et politiques. Au contraire, ce que nous entendons par immunité est collectivement construit à travers des critères sociaux et politiques qui produisent alternativement souveraineté ou exclusion, protection ou stigmatisation, vie ou mort.

    Si nous repensons l’histoire de certaines des épidémies mondiales des cinq derniers siècles à travers le prisme offert par Michel Foucault, Roberto Esposito et Emily Martin, il est possible d’élaborer une hypothèse qui pourrait prendre la forme d’une équation : dites-moi comment votre communauté construit sa souveraineté politique et je vous dirai quelles formes prendront vos épidémies et comment vous y ferez face.

    « La gestion politique des épidémies met en scène une idée de la communauté »

    Les différentes épidémies matérialisent dans le domaine du corps individuel les obsessions qui dominent la gestion politique de la vie et de la mort des populations dans une période donnée. Pour reprendre les termes de Foucault, une épidémie radicalise et déplace les techniques biopolitiques appliquées au territoire national en les inscrivant au niveau de l’anatomie politique, dans et sur le corps individuel.

    En même temps, une épidémie permet d’étendre à l’ensemble de la population les mesures politiques d’« immunisation » qui étaient jusqu’alors appliquées violemment sur ceux qui étaient considérés comme des « étrangers » aussi bien à l’intérieur qu’aux frontières du territoire national.

    La gestion politique des épidémies met en scène une idée de la communauté, révèle les fantasmes immunitaires d’une société et laisse apparaître au grand jour les rêves omnipotents (et les échecs) de la souveraineté politique. L’hypothèse de Michel Foucault, Roberto Esposito et Emily Martin n’a rien à voir avec une théorie du complot. Il ne s’agit pas de l’idée ridicule selon laquelle le virus serait une invention de laboratoire ou un plan machiavélique pour répandre des politiques encore plus autoritaires. Au contraire, le virus ne fait que reproduire, matérialiser, étendre et intensifier pour la totalité de la population les formes dominantes de gestion biopolitique et nécropolitique qui fonctionnaient déjà sur le territoire national et ses limites.

    Ainsi, chaque société peut se définir par l’épidémie qui la menace et par la façon dont elle s’organise face à elle.

    Prenez la syphilis, par exemple. L’épidémie a touché la ville de Naples pour la première fois en 1494. L’entreprise coloniale européenne venait de démarrer. La syphilis a été comme le coup de départ de la destruction coloniale et des politiques raciales à venir. Les Anglais appelaient la syphilis « la maladie française », les Français disaient que c’était « la maladie napolitaine » et les Napolitains qu’elle venait d’Amérique : elle aurait été apportée par les colonisateurs qui avaient été infectés par les Amérindiens…

    Le virus, disait Derrida, est toujours l’étranger, l’autre, celui qui vient d’ailleurs. Infection sexuellement transmissible, la syphilis a matérialisé dans les corps du XVIe au XIXe siècle les formes de répression et d’exclusion sociale qui ont dominé la modernité patriarcale et coloniale : l’obsession de la pureté raciale, l’interdiction des prétendus « mariages mixtes » entre personnes de classes et de « races » différentes, et les multiples restrictions qui pesaient sur les relations sexuelles et extraconjugales.

    L’utopie de la communauté et le modèle de l’immunité de la société de la syphilis sont ceux du corps blanc bourgeois sexuellement confiné dans la vie conjugale comme noyau de reproduction du corps national. Ainsi, la prostituée est devenue le corps vivant qui a condensé tous les signifiants politiques abjects pendant l’épidémie de syphilis : femme active et souvent racisée, corps en dehors des lois domestiques et du mariage, qui a fait de sa sexualité son moyen de production, la travailleuse du sexe a été rendue visible, contrôlée et stigmatisée comme le principal vecteur de la propagation du virus.

    Mais ce n’est pas la répression de la prostitution ou l’enfermement des prostituées dans des maisons closes nationales (comme l’imaginait Restif de la Bretonne) qui a permis d’en finir avec la syphilis. Au contraire. L’enfermement des prostituées ne faisait que les rendre plus vulnérables à la maladie. Ce qui a permis presque d’éradiquer la syphilis, c’est la découverte des antibiotiques, et surtout de la pénicilline en 1928, mais aussi une décennie de profondes transformations des politiques sexuelles en Europe – avec les soulèvements des mouvements de décolonisation, l’accès des femmes blanches au vote, les premières dépénalisations de l’homosexualité et une relative libéralisation de l’éthique du mariage hétérosexuel.

    Un demi-siècle plus tard, le sida va être à la société néolibérale hétéronormative du XXe siècle ce que la syphilis avait été à la société industrielle et coloniale du XIXe siècle. Les premiers cas sont apparus en 1981, précisément au moment où l’homosexualité cessait tout juste d’être considérée comme une maladie psychiatrique, après avoir été l’objet de persécution et de discrimination sociale pendant des décennies.

    La première phase de l’épidémie a surtout touché ce qu’on appelait alors les « 5 H » : les homosexuels, les « hookers » – les travailleurs du sexe –, les hémophiles, les Haïtiens et les « héroïnomanes » – les usagers des drogues. Le sida a remodelé la grille du contrôle des corps et actualisé les techniques de surveillance de la sexualité que la syphilis avait tissées et que les mouvements de décolonisation, féministe et homosexuel, ainsi que l’invention de la pénicilline, avaient contribué à démanteler dans les années 1960 et 1970. Comme dans le cas des prostituées dans la crise de la syphilis, la répression de l’homosexualité n’a fait qu’augmenter le nombre de décès.

    Ce qui a transformé progressivement le sida en maladie chronique, c’est la dépathologisation de l’homosexualité, l’autonomisation pharmacologique du Sud, l’émancipation sexuelle des femmes, leur droit de dire non aux pratiques sexuelles sans préservatif, et l’accès des populations concernées aux trithérapies, indépendamment de leur classe sociale ou de leur degré de racialisation. Le modèle de communauté/immunité du sida est lié au fantasme de la souveraineté sexuelle masculine comprise comme un droit non négociable à la pénétration, alors que tout corps pénétré (sous les formes de l’homosexualité, la féminité, l’analité) est perçu comme manquant de souveraineté (démuni).

    Immunité et politique de la frontière

    Revenons maintenant à notre situation actuelle. Bien avant l’apparition de Covid-19, nous avions déjà entamé un processus de mutation planétaire. Nous vivions déjà, avant le virus, un changement social et politique aussi profond que celui qui a affecté les sociétés qui ont développé la syphilis. Au XVe siècle, avec l’invention de la presse à imprimer et l’expansion du capitalisme colonial, nous sommes passés d’une société orale à une société écrite, d’une forme de production féodale à une forme de production industrielle-esclavagiste et d’une société théocratique à une société régie par des accords scientifiques dans lesquels les notions de sexe, de race et de sexualité deviendront des dispositifs de gestion de la vie et de la mort des populations.

    Aujourd’hui, nous sommes en train de passer d’une société écrite à une société cyber-orale, d’une société organique à une société numérique, d’une économie industrielle à une économie immatérielle, d’une forme de contrôle disciplinaire et architectural à des formes de contrôle micro-prothétique et médiatico-cybernétique.

    Dans d’autres textes, j’ai qualifié de « pharmacopornographique » le type de gestion et de production du corps, mais aussi de la subjectivité sexuelle dans cette nouvelle configuration politique. Le corps et la subjectivité contemporaine ne sont plus uniquement régulés par leur passage dans les institutions disciplinaires (école, usine, caserne, hôpital, etc.) mais surtout par un ensemble de technologies biomoléculaires qui rentrent à l’intérieur du corps, via des microprothèses et des technologies de surveillance digitale.

    Dans le domaine de la sexualité, la modification pharmacologique de la conscience et du comportement, la consommation de masse d’antidépresseurs et d’anxiolytiques, la mondialisation de la consommation de la pilule contraceptive, ainsi que la production des trithérapies, des thérapies préventives du sida, ou la consommation du viagra, sont quelques-uns des indicateurs de la gestion biotechnologique.

    L’extension planétaire d’Internet, la généralisation de l’utilisation des technologies informatiques mobiles, l’utilisation de l’intelligence artificielle, l’échange d’informations à haut débit et le développement de dispositifs de surveillance informatique globale par satellite sont autant d’indicateurs de cette nouvelle gestion numérique sémio-technique. Si je les ai qualifiés de pornographiques, c’est parce que ces techniques de gestion ne fonctionnent plus par la répression et l’interdiction de la sexualité (masturbatoire ou autre), mais par l’incitation à la consommation et par la production constante d’un plaisir réglementé et quantifiable. Plus nous consommons et plus nous sommes en bonne santé, mieux nous sommes contrôlés.

    La mutation en cours pourrait également être le passage d’un régime patriarco-colonial et extractiviste, d’une société anthropocentrique et où une petite partie de la communauté humaine planétaire s’autorise à exercer une politique de prédation universelle, à une société capable de redistribuer l’énergie et la souveraineté. C’est ce qui sera au centre du débat pendant et après cette crise : quelles sont les vies que nous voulons sauver ? C’est dans le contexte de cette mutation, de cette transformation des modes de compréhension de la communauté (une communauté qui est aujourd’hui la planète entière) et de l’immunité, que le virus opère et que la stratégie politique pour lui faire face s’organise.

    Ce qui a caractérisé les politiques gouvernementales au cours des 20 dernières années, depuis au moins la chute des tours jumelles, face aux idées apparentes de liberté de mouvement qui dominaient le néolibéralisme de l’ère Thatcher, est la redéfinition des États-nations en termes néocoloniaux et identitaires, et le retour à l’idée de la frontière physique comme condition de la restauration de l’identité nationale et de la souveraineté politique.

    Israël, les États-Unis, la Russie, la Turquie et la Communauté économique européenne ont inventé de nouvelles formes de frontières qui, pour la première fois depuis des décennies, ont été non seulement gardées ou surveillées, mais aussi ré-inscrites en dressant des murs, en construisant des digues et en les défendant par des mesures non pas biopolitiques, mais nécropolitiques, avec des techniques d’exclusion et de mort.

    La société européenne a décidé de se construire collectivement comme une communauté totalement immunisée, fermée à l’Est et au Sud, alors que l’Est et le Sud, en termes de ressources énergétiques et de production de biens de consommation, sont ses entrepôts. La construction de cette immunité politique est passée par un délire néo-souverainiste : l’Europe a fermé sa frontière en Grèce et a construit les plus grands centres de détention en plein air de l’histoire sur les îles qui bordent la Turquie et la Méditerranée, à Ceuta, à Melilla, à Calais, dans l’île de Lampedusa. La destruction de l’Europe a commencé paradoxalement avec cette construction d’une communauté européenne immune, ouverte à l’intérieur et totalement fermée aux étrangers et aux migrants.

    Ce qui est testé maintenant à l’échelle planétaire à travers la gestion du Covid-19 est une nouvelle façon de comprendre la souveraineté dans un contexte où l’identité sexuelle et raciale est désarticulée. Le Covid-19 a déplacé les politiques des frontières du territoire national ou du super-territoire européen vers l’organisme individuel. Le corps, notre corps individuel, comme espace de vie et comme réseau de pouvoir, comme centre de production et de consommation d’énergie, est devenu le nouveau territoire dans lequel les violentes politiques de la frontière que nous testons depuis des années sur « les autres », prennent maintenant la forme d’une guerre contre le virus.

    La nouvelle frontière nécropolitique s’est déplacée des côtes de la Grèce vers la porte de notre domicile privé. Lesbos commence maintenant sur notre palier. Et la frontière ne cesse pas de se refermer sur nous, elle nous pousse toujours plus près de notre corps. Calais nous explose maintenant au visage. La nouvelle frontière est le masque. L’air que nous respirons doit être à nous tout seul. La nouvelle frontière, c’est notre épiderme. Le nouveau Lampedusa, c’est notre peau.

    Les politiques de la frontière et les mesures strictes d’enfermement et d’immobilisation que nous avons appliquées ces dernières années aux migrants et aux réfugiés – en les considérant comme viraux pour la communauté – sont maintenant reproduites sur l’intérieur du territoire national, étalées sur la population totale, ré-inscrites sur les corps individuels. Pendant des années, nous avons placé les migrants et les réfugiés dans des centres de détention, limbes politique sans droit et sans citoyenneté, perpétuelles salles d’attente. Maintenant, c’est nous qui vivons dans les centres de détention de nos propres maisons.

    –------------------------------------------------

    Fin de la première partie de cette analyse. À suivre : Biosurveillance et mutation.

  • « Nous ne reverrons jamais le monde que nous avons quitté il y a un mois » | Stéphane Audoin-Rouzeau, historien
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/120420/stephane-audoin-rouzeau-nous-ne-reverrons-jamais-le-monde-que-nous-avons-q

    Stéphane Audoin-Rouzeau, historien de la guerre de 1914-1918, juge que nous sommes entrés dans un « temps de guerre » et un moment de rupture anthropologique.

    Stéphane Audoin-Rouzeau est directeur d’études à l’EHESS et président du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à la Première Guerre mondiale et à l’anthropologie historique du combat et de la violence de guerre. Nous l’avions reçu pour son dernier livre, Une initiation - Rwanda (1994-2016), publié aux Éditions du Seuil.

    Quel regard porte l’historien de la Grande Guerre que vous êtes sur la situation présente ?

    Stéphane Audoin-Rouzeau : J’ai le sentiment de me trouver plongé, soudainement et concrètement, dans mes objets d’étude ; de vivre, sur un mode évidemment très mineur, quelque chose de ce qu’a été la Grande Guerre – pour les civils naturellement, pas pour les combattants –, cette référence si présente aujourd’hui. La phrase la plus frappante d’Emmanuel Macron, lors de son second discours à Mulhouse, a été celle qui a été la moins relevée : « Ils ont des droits sur nous », pour parler des soignants. C’est le verbatim d’une phrase de Clemenceau pour parler des combattants français à la sortie de la guerre. La référence à la Grande Guerre est explicite, d’autant plus quand on sait que l’ancien directeur de la mission du Centenaire, Joseph Zimet, a rejoint l’équipe de communication de l’Élysée. De même, pour le « nous tiendrons ». « Tenir », c’est un mot de la Grande Guerre, il fallait que les civils « tiennent », que le front « tienne », il fallait « tenir » un quart d’heure de plus que l’adversaire…

    Ce référent 14-18 est pour moi fascinant. Comme historien, je ne peux pas approuver cette rhétorique parce que pour qu’il y ait guerre, il faut qu’il y ait combat et morts violentes, à moins de diluer totalement la notion. Mais ce qui me frappe comme historien de la guerre, c’est qu’on est en effet dans un temps de guerre. D’habitude, on ne fait guère attention au temps, alors que c’est une variable extrêmement importante de nos expériences sociales. Le week-end d’avant le confinement, avec la perception croissante de la gravité de la situation, le temps s’est comme épaissi et on ne s’est plus focalisé que sur un seul sujet, qui a balayé tous les autres. De même, entre le 31 juillet et le 1er août 1914, le temps a changé. Ce qui était inconcevable la veille est devenu possible le lendemain.

    Le propre du temps de guerre est aussi que ce temps devient infini. On ne sait pas quand cela va se terminer. On espère simplement – c’est vrai aujourd’hui comme pendant la Grande Guerre ou l’Occupation – que ce sera fini « bientôt ». Pour Noël 1914, après l’offensive de printemps de 1917, etc. C’est par une addition de courts termes qu’on entre en fait dans le long terme de la guerre. Si on nous avait dit, au début du confinement, que ce serait pour deux mois ou davantage, cela n’aurait pas été accepté de la même façon. Mais on nous a dit, comme pour la guerre, que c’était seulement un mauvais moment à passer. Pour la Grande Guerre, il me paraît évident que si l’on avait annoncé dès le départ aux acteurs sociaux que cela durerait quatre ans et demi et qu’il y aurait 1,4 million de morts, ils n’auraient pas agi de la même façon. Après la contraction du temps initiale, on est entré dans ce temps indéfini qui nous a fait passer dans une temporalité « autre », sans savoir quand elle trouvera son terme.

    On parle déjà de déconfinement, est-ce une illusion comparable à ce qu’a été l’idée que la guerre serait bientôt terminée ?

    Je suis fasciné par l’imaginaire de la « sortie » tel qu’il se manifeste aujourd’hui dans le cas du déconfinement, sur le même mode de déploiement déjà pendant la Grande Guerre. Face à une crise immense, ses contemporains ne semblent pas imaginer autre chose qu’une fermeture de la parenthèse temporelle. Cette fois, on imagine un retour aux normes et au « temps d’avant ». Alors, je sais bien que la valeur prédictive des sciences sociales est équivalente à zéro, mais l’histoire nous apprend quand même qu’après les grandes crises, il n’y a jamais de fermeture de la parenthèse. Il y aura un « jour d’après », certes, mais il ne ressemblera pas au jour d’avant. Je peux et je souhaite me tromper, mais je pense que nous ne reverrons jamais le monde que nous avons quitté il y a un mois.

    Pourquoi concevoir une telle rupture alors que, précisément, on n’est pas dans un moment de brutalisation et de violence comparable à ce qu’a été la Grande Guerre ?

    Je le dis en tant qu’historien et avec une franchise qui peut paraître brutale : l’ampleur du choc économique et social, mais aussi politique et moral, me paraît nous mener vers une période tout autre. Sur le plan politique, le conservateur que je suis se sent un peu comme un pacifiste à la fin du mois de juillet 1914, qui croit encore aux progrès de l’humanité, à l’entente entre les peuples, à la bonne volonté du gouvernement. Qui pense que les diverses internationales (catholique, protestante, ouvrière…) empêcheront la guerre, perçue comme une absurdité anachronique.

    Aujourd’hui, peut-on croire comme avant à l’Union européenne, à la libre circulation des individus, des idées ou des biens, au recul continu des souverainetés nationales ? En une semaine, sont réapparus les Nations et leurs États, avec le sentiment que plus l’État-nation est puissant, mieux il s’en sort. C’est aussi l’heure des chefs : on écoutait de moins en moins les chefs d’État, me semble-t-il, et là, nous voici suspendus à leurs lèvres. Les germes d’une crise politique grave étaient déjà présents avant le Covid-19, mais je crains que demain, la crise politique soit terrible, avec une reddition des comptes potentiellement meurtrière pour la classe politique.

    Mais à cela, il faut ajouter, d’un point de vue plus anthropologique, les risques d’une crise morale comparable à celle qui s’est produite après chacune des deux guerres mondiales. La Première a été un choc pour l’idée de progrès, qui était consubstantielle à la République. La fameuse phrase de Paul Valéry, « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dit quelque chose de très profond sur l’effondrement de la croyance en un monde meilleur : un effondrement sans lequel on ne peut pas comprendre le développement des totalitarismes au cours de l’entre-deux-guerres. La Seconde Guerre mondiale a constitué un second choc anthropologique, non pas tellement par la prise de conscience de l’extermination des juifs d’Europe, bien plus tardive, mais avec l’explosion de la bombe atomique qui ouvrait la possibilité d’une autodestruction des sociétés humaines.

    À mes yeux, nos sociétés subissent aujourd’hui un choc anthropologique de tout premier ordre. Elles ont tout fait pour bannir la mort de leurs horizons d’attente, elles se fondaient de manière croissante sur la puissance du numérique et les promesses de l’intelligence artificielle. Mais nous sommes rappelés à notre animalité fondamentale, au « socle biologique de notre humanité » comme l’appelait l’anthropologue Françoise Héritier. Nous restons des homo sapiens appartenant au monde animal, attaquables par des maladies contre lesquelles les moyens de lutte demeurent rustiques en regard de notre puissance technologique supposée : rester chez soi, sans médicament, sans vaccin… Est-ce très différent de ce qui se passait à Marseille pendant la peste de 1720 ?

    Ce rappel incroyable de notre substrat biologique se double d’un autre rappel, celui de l’importance de la chaîne d’approvisionnement, déficiente pour les médicaments, les masques ou les tests, mais qui fonctionne pour l’alimentation, sans quoi ce serait très vite la dislocation sociale et la mort de masse. C’est une leçon d’humilité dont sortiront peut-être, à terme, de bonnes choses, mais auparavant, il va falloir faire face à nos dénis.

    De même qu’on avait prévu la Grande Guerre, on avait prévu la possibilité d’une grande pandémie. Par exemple, le Livre blanc de la Défense de 2008 inscrivait déjà les pandémies comme une des menaces à envisager. Mais, comme pour la guerre, il existe toujours une dissonance cognitive entre l’événement imaginé et l’événement qui survient. Ce dernier ne correspond jamais à ce que l’on avait prévu. Ceci nous a rendu incapables de profiter des capacités d’anticipation dont nous pensions disposer.

    Même si, comme chercheur, je trouve que ce confinement généralisé et interminable constitue une expérience sociale du plus haut intérêt, je crains donc que nous devions nous préparer à une sortie de temps de guerre très difficile.

    De quoi dépendra que l’après soit plus difficile ou porteur d’espoir ?

    Cela dépendra sans doute des modalités de la « victoire ». Je pense qu’il y aura victoire, car le virus a vocation à s’éteindre, comme s’est éteint celui de la grippe espagnole en 1918-1919. Mais le virus disparaîtra-t-il « naturellement » ou sera-t-il vaincu par nos capacités techniques et organisationnelles ? Et quel sera le prix de la victoire ? Si le bilan est très lourd, je crains alors que l’après-coup ne soit terrible. À cela s’ajoute le fait que certaines régions du monde pourront avoir le sentiment d’avoir vaincu la maladie, tandis que d’autres seront défaites, je pense notamment aux pays les plus pauvres.

    Pendant la Première Guerre mondiale en France, on n’imaginait pas vraiment le monde de l’après-guerre. Il fallait gagner, refermer la parenthèse, et puis « l’Allemagne paierait ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, les choses ont été différentes puisque la construction de la société d’après-guerre a commencé bien avant que les combats ne se terminent.

    Cette fois, on a le plus grand mal à penser « l’après », même si on s’y essaie, parce qu’on sait qu’on ne sera pas débarrassés de ce type de pandémie, même une fois la vague passée. On redoutera la suivante. Or, rappelons que le Covid-19 a jusqu’ici une létalité faible par rapport au Sras ou à Ebola. Mais imaginons qu’au lieu de frapper particulièrement les plus âgés, il ait atteint en priorité les enfants ?… Nos sociétés se trouveraient déjà en situation de dislocation sociale majeure.

    Je suis, au fond, frappé par la prégnance de la dimension tragique de la vie sociale telle qu’elle nous rattrape aujourd’hui, comme jamais elle ne nous avait rattrapés jusqu’ici en Europe depuis 1945. Cette confrontation à la part d’ombre, on ne peut savoir comment les sociétés et leurs acteurs vont y répondre. Ils peuvent s’y adapter tant bien que mal, mieux qu’on ne le pense en tout cas, ou bien l’inverse.

    Je reste sidéré, d’un point de vue anthropologique, par l’acceptation, sans beaucoup de protestations me semble-t-il, des modalités d’accompagnement des mourants du Covid-19 dans les Ehpad. L’obligation d’accompagnement des mourants, puis des morts, constitue en effet une caractéristique fondamentale de toutes les sociétés humaines. Or, il a été décidé que des personnes mourraient sans l’assistance de leurs proches, et que ce non-accompagnement se poursuivrait pour partie lors des enterrements, réduits au minimum. Pour moi, c’est une transgression anthropologique majeure qui s’est produite quasiment « toute seule ». Alors que si on nous avait proposé cela il y a deux mois, on se serait récriés en désignant de telles pratiques comme inhumaines et inacceptables. Je ne m’insurge pas davantage que les autres. Je dis simplement que devant le péril, en très peu de temps, les seuils de tolérance se sont modifiés à une vitesse très impressionnante, au rythme de ce qu’on a connu pendant les guerres. Cela semble indiquer que quelque chose de très profond se joue en ce moment dans le corps social.

    L’ouvrage que vous aviez dirigé avec Christophe Prochasson en 2008, intitulé Sortir de la Grande Guerre (Tallandier), montrait notamment que la sortie de guerre n’avait pas le même sens dans chaque pays. Pensez-vous que dans un monde confronté au coronavirus, la sortie du confinement sera très différente selon les pays ?

    Nous ne sommes pas dans le même type d’événement. En 1918, il y avait des vainqueurs et des vaincus, des nations humiliées et d’autres triomphantes. Mais la gestion différentielle de la crise peut entraîner une dissociation qu’on voit déjà se profiler en pointillé. Entre les États qui s’en seront relativement bien sortis, comme peut-être l’Allemagne, et ceux qui auront été touchés de plein fouet, à l’instar de l’Italie. Entre les États qui se seront organisés en supprimant les libertés publiques, comme la Hongrie, et ceux qui auront essayé de les maintenir au moins en partie.

    Peut-on aussi imaginer des changements de statut selon les professions confrontées très inégalement à la crise ?

    La reprise de la phrase de Georges Clemenceau par Emmanuel Macron était discutable, mais elle dit quelque chose de vrai : les soignants vont sortir de là un peu comme les poilus en 1918-1919, avec une aura d’autant plus forte que les pertes seront là pour attester leur sacrifice. Le sacrifice, par définition, c’est ce qui rend sacré. On peut donc tout à fait imaginer la sacralisation de certaines professions très exposées, et une démonétisation de beaucoup d’autres (les métiers universitaires, par exemple ?). En termes de capital symbolique, comme aurait dit Bourdieu, les statuts sociaux vont se trouver modifiés. Pour parler de mon domaine, les sciences sociales, il se peut que des domaines entiers se trouvent démonétisés et que d’autres émergent, avec une nouvelle hiérarchie des centres d’intérêt et des priorités. Il n’est malheureusement guère possible de donner des exemples, car les sciences sociales sont dénuées de toute capacité prédictive y compris dans le champ qui leur est propre !

    Peut-on déterminer la durée d’une sortie de crise ou d’une sortie de guerre ?

    Il ne me semble pas. La notion d’après-guerre suggérait une date déterminant un avant et un après : l’armistice du 11 novembre par exemple ou le traité de Versailles de juin 1919. Mais la notion de « sortie de guerre », plus riche, suggère en réalité un glissement. À la limite, on peut ne jamais sortir complètement d’un événement guerrier… Certaines en sortent, d’autres pas. On peut faire l’hypothèse que les sociétés française et britannique, par exemple, ne sont jamais sorties complètement de la mort de masse du premier conflit mondial. La notion de sortie de guerre suggère une direction, pas un segment chronologique avec un début et une fin. N’en sera-t-il pas de même pour une « sortie de pandémie » dont on ne peut connaître ni les effets ni la durée ?

    Est-ce que, dès le début de la Grande Guerre, les responsabilités ont été recherchées, comme elles le sont aujourd’hui ?

    Pas vraiment. En raison de l’Union sacrée, l’inventaire des erreurs commises a été remis à plus tard. Cette fois, on sent bien qu’il y aura inventaire, mais on s’accorde globalement pour estimer qu’il n’est pas temps de le dresser au cœur de l’action. Mais « l’Union sacrée », selon l’expression du président Poincaré, le 4 août 1914, n’est qu’une suspension du combat politique. Elle ne consiste pas à dire qu’il n’existe plus d’affrontement, mais que chaque acteur a intérêt à y renoncer momentanément tout en pensant, plus tard, ramasser la mise.

    De ce point de vue, les accusations actuelles me semblent n’être rien par rapport à ce qui va suivre. À la sortie, le combat politique a de bonnes chances d’être plus impitoyable que jamais, d’autant qu’on ne manquera pas de déclarations imprudentes et de décisions malvenues pour alimenter la machine. Rappelons au passage qu’en France, les unions sacrées s’achèvent en général en profitant aux droites, voire à l’extrême droite. Cette seconde hypothèse, je la redoute beaucoup pour notre pays.

    Une couche du palimpseste de la chefferie nationale, la photo qui ouvre l’article


    Georges Clemenceau en 1904. © Paul Nadar

    #histoire #temporalité #communication #temps_de_guerre #heure_des_ chefs #soignants (aura des) #tragique #anthoropologie #solitude_des_mourants (augmentée) #société_d'abandon #droite

    • C’est la première fois que je vois apparaitre un peu de cette question qui me hante sur la remise en cause de notre rapport (déni) à la mort et à notre temporalité.

      La fameuse phrase de Paul Valéry, « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dit quelque chose de très profond sur l’effondrement de la croyance en un monde meilleur : un effondrement sans lequel on ne peut pas comprendre le développement des totalitarismes au cours de l’entre-deux-guerres. La Seconde Guerre mondiale a constitué un second choc anthropologique, non pas tellement par la prise de conscience de l’extermination des juifs d’Europe, bien plus tardive, mais avec l’explosion de la bombe atomique qui ouvrait la possibilité d’une autodestruction des sociétés humaines.

      À mes yeux, nos sociétés subissent aujourd’hui un choc anthropologique de tout premier ordre. Elles ont tout fait pour bannir la mort de leurs horizons d’attente , elles se fondaient de manière croissante sur la puissance du numérique et les promesses de l’intelligence artificielle. Mais nous sommes rappelés à notre animalité fondamentale, au « socle biologique de notre humanité » comme l’appelait l’anthropologue Françoise Héritier.

      (…)

      Je reste sidéré, d’un point de vue anthropologique, par l’acceptation, sans beaucoup de protestations me semble-t-il, des modalités d’accompagnement des mourants du Covid-19 dans les Ehpad. L’obligation d’accompagnement des mourants, puis des morts, constitue en effet une caractéristique fondamentale de toutes les sociétés humaines.

  • #Coronavirus en #Grèce : un camp de Roms en #quarantaine

    Un #campement de #Roms a été placé en quarantaine pour deux semaines dans le centre de la Grèce après plusieurs cas de #contamination par le nouveau coronavirus parmi ses habitants, ont annoncé les autorités locales.

    Un campement de Roms a été placé en quarantaine pour deux semaines dans le centre de la Grèce après plusieurs cas de contamination par le nouveau coronavirus parmi ses habitants, ont annoncé les autorités locales.

    La décision a été prise jeudi soir après des tests qui se sont avérés positifs effectués sur une dizaine de personnes dans le campement de #Nea_Smyrni près de #Larissa, à 354 km au nord d’Athènes.

    « Il y aura des tests dans toute la zone qui est bouclée », a expliqué vendredi au quotidien Proto Thema le gouverneur local Costas Agorastos. D’autres communautés Roms de la zone seront également soumises à des tests, a-t-il ajouté.

    Yiorgos Vassilopoulos, le médecin en chef à l’hôpital de Larissa, a averti que le camp pourrait être « débordé » en cas de propagation du virus dans la communauté.

    La propagation du virus y est d’autant plus dangereuse que les Roms « vivent dans des lieux avec beaucoup de promiscuité et voyagent sur de longues distances ».

    « Le dépistage jusqu’à présent a montré un taux de contagion de 60% », a expliqué le médecin à la chaîne de télévision publique ERT.

    « Dans une zone de 3.000 habitants, cela représente 1.800 personnes », a-t-il ajouté, précisant que l’hôpital local dispose de moins de 70 lits pour accueillir des malades du Covid-19.

    Les autorités ont aussi décidé par précaution de mettre en quarantaine un camp de migrants proche.

    La Grèce, qui compte 11 millions d’habitants, a enregistré 1.955 cas de contamination par le nouveau coronavirus. 79 personnes sont en soins intensifs et 86 sont mortes.

    Le gouvernement grec a renforcé les contrôles sur les autoroutes et dans les ports pour empêcher la population de voyager sur les îles et à l’intérieur de la partie continentale du pays à l’occasion des fêtes de la Pâque orthodoxe le 19 avril.

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/100420/coronavirus-en-grece-un-camp-de-roms-en-quarantaine

    ping @luciebacon

  • Il faudra qu’on m’explique ce qu’est au juste la « création monétaire ». Dans cet article (en accès libre), on t’explique que pour éviter de monétiser la #dette et avoir recours à la planche à billets et partant de créer une #hyperinflation (comme dans l’Allemagne de la république de Weimar), les banques centrales de chaque nation pourraient bien se porter au secours des états pour les aider à absorber le choc créé par la pandémie. J’ai pas tout compris. J’ai pas un très bon « karma » avec l’#argent. Serait-ce le retour de l’indépendance des #banques_centrales ? L’Union Européenne et sa #BCE pourront-elles abandonner le dogme du #néolibéralisme ?

    La banque d’Angleterre brise le tabou du non-financement des Etats | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/090420/la-banque-d-angleterre-brise-le-tabou-du-non-financement-des-etats?onglet=

    Un tabou est tombé ce 9 avril. Et pas n’importe lequel. Un de ceux qui constituent les piliers du néolibéralisme : l’indépendance des banques centrales et l’interdiction qui leur est faite de financer directement les États. La banque d’Angleterre a annoncé en début de matinée qu’elle allait financer directement « sur une base temporaire et à court terme » les dépenses supplémentaires du gouvernement britannique liées aux conséquences de la pandémie du Covid-19.

    Désormais, toutes les nouvelles émissions du Trésor seront souscrites directement par la banque centrale. Ce qui permet au gouvernement de ne plus passer par les marchés obligataires et d’échapper au moins momentanément aux contraintes et aux exigences des marchés financiers.

    • Merci @mad_meg : ceci dit, il y aurait beaucoup à dire sur ce genre de communication « vulgarisante » que je n’ai pas trop pour habitude de suivre, peut-être à tort d’ailleurs car on peut apprendre beaucoup de ce genre d’exercice de style.
      D’un côté, Alain Badou et sa rhétorique agaçante qui n’a pour but que de rebondir sur les angoisses, fort légitimes au demeurant de « l’opinion » et de l’autre, un politicien qui n’est en aucun cas un technicien et qui en appelle de façon incantatoire à « l’humain d’abord ». Et là tu te dis que les vrai·es technicien·nes, elles et ils sont dans « l’autre camp » et que, et bien, elles et eux ont une « feuille de route » et qu’ils n’en démordront pas quoiqu’il arrive.
      Et donc, ça ne répond pas à la question première mais ce n’est pas inintéressant de voir comment on entretient une certaine forme de pensée magique chez nos congénères.

    • Non mais on peu prendre les technicien·nes pour ce qu’illes sont, c’est à dire des personnes toxiques dont l’expertise n’est valable qu’en terme de rendement cannibale. Méluch dit que c’est juste de la magie comptable, les 500 milliards sois disant fournis par la BCE c’est juste des chiffres ajouté sur un logiciel. On en à rien à faire on payera pas cette dette pour que DSK puisse reprendre des truffes et violer plus de femmes de ménage.

  • La banque d’Angleterre brise le tabou du non-financement des Etats | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/090420/la-banque-d-angleterre-brise-le-tabou-du-non-financement-des-etats

    Un tabou est tombé ce 9 avril. Et pas n’importe lequel. Un de ceux qui constituent les piliers du néolibéralisme : l’indépendance des banques centrales et l’interdiction qui leur est faite de financer directement les États. La banque d’Angleterre a annoncé en début de matinée qu’elle allait financer directement « sur une base temporaire et à court terme » les dépenses supplémentaires du gouvernement britannique liées aux conséquences de la pandémie du Covid-19.

    Désormais, toutes les nouvelles émissions du Trésor seront souscrites directement par la banque centrale. Ce qui permet au gouvernement de ne plus passer par les marchés obligataires et d’échapper au moins momentanément aux contraintes et aux exigences des marchés financiers.

  • Allô place Beauvau ? C’est pour un bilan | Mediapart en #AccèsLibre
    https://www.mediapart.fr/studio/panoramique/allo-place-beauvau-cest-pour-un-bilan

    allo @Place_Beauvau - c’est pour un bilan (provisoire) en #AccèsLibre tout le week-end

    Novembre 2018 / #Confinement 2020 : une répression française

    909 #signalements
    3 décès
    333 blessures à la tête
    27 éborgnés
    5 mains arrachées

    #violencespolicières

  • Béziers :Décès d’un homme au commissariat
    https://www.nantes-revoltee.com/beziers-deces-dun-homme-au-commissariat

    “Décédé à son arrivée au commissariat” L’individu âgé de 34 ans , sans domicile fixe avait été contrôlé plus tôt dans la soirée sur la voie publique par la police municipale de Béziers pour “non respect des règles et de la procédure de confinement.” kafkaïen ! “Arrivée au commissariat de police de Béziers, l’homme de […] L’article Béziers :Décès d’un homme au commissariat est apparu en premier sur Nantes Révoltée par homard DeRugy.

  • Sécurité dans ses entrepôts : Amazon ciblé de toute part - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/080420/securite-dans-ses-entrepots-amazon-cible-de-toute-part

    Alors que l’entreprise assure tout mettre en œuvre pour protéger ses salariés face à l’épidémie, l’administration l’a mise en demeure de revoir ses procédures dans quatre de ses six entrepôts. Et plusieurs procès intentés par des syndicats se profilent. l y a moins de trois semaines, lorsque Mediapart a révélé que le patron des entrepôts d’Amazon reconnaissait que toutes les mesures de sécurité contre l’épidémie de Covid-19 n’étaient pas respectées dans les différents sites de l’entreprise, le sujet pouvait (...)

    #Amazon #santé #travail #GigEconomy

    ##santé

  • Germany to take in 50 refugee children from Greek islands

    Germany will take in fifty unaccompanied minors from the Greek islands next week. Critics say this is too little, too late, given that tens of thousands of migrants and refugees remain in the overcrowded camps.

    The German interior ministry announced on Tuesday that the federal cabinet was set to approve the transfer of 50 unaccompanied minors to Germany on Wednesday.

    The children and teenagers will be brought to Germany “in the following week if possible,” the ministry said. After their arrival, they will be quarantined for two weeks and then send to different states across the country.

    In an interview with German TV stations RTL and n-tv on Wednesday, German Foreign Minister Heiko Maas said that Germany would take in a total of 350 to 500 minors over the next few weeks. He also said that Germany and Luxembourg were currently the only countries within the European Union (EU) willing to take in refugees and migrants from Greece.

    According to Maas, Germany and Luxembourg will try to carry out a charter flight together next week.

    Plans to relocate refugees stalled by coronavirus

    In early March, the three governing parties in Germany had agreed on taking in between 1,000 and 1,500 foreign minors that were particularly vulnerable (i.e. either seriously ill or under the age of 14 and without their families) from Greece.

    Also in early March, several EU states had announced that they would take in a total of 1,600 vulnerable refugees from the Greek island camps. Eight other EU countries had agreed to take in underage refugees and migrants from the Greek islands, according to a recent statement by the German interior ministry. These countries were France, Portugal, Ireland, Finland, Croatia, Lithuania, Belgium and Bulgaria. But due to the ongoing coronavirus pandemic, these countries’ relocation plans seem to have been largely suspended.

    Critics: government not doing enough

    Several opposition politicians and activists in Germany criticized the German government’s handling of the situation in Greece, saying that taking in just 50 minors was far too little.

    Claudia Roth, a prominent member of the Green Party, said the interior ministry’s plans were “long overdue” and only amounted to a drop in the ocean.

    Günter Burkhardt, the head of the Pro Asyl NGO, said that the camps in Greece should be completely evacuated to prevent an outbreak of COVID-19 - the respiratory disease caused by the novel coronavirus.

    Erik Marquardt, a migrants’ rights activist, Green Party politician and member of the European Parliament, tweeted: “Germany wants to evacuate 50 children. On Lesbos alone this will mean that the government coalition will sacrifice 19,950 people … They are bringing 80,000 workers to Germany to harvest asparagus but fail to (help) a few thousand people in mortal danger. What a sad embarrassment.”

    https://twitter.com/ErikMarquardt/status/1247572330575994880?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E12

    Marquardt in his statement referred to the fact that an estimated 20,000 people live in the Moria camp on the Greek island of Lesbos. Germany recently announced it would bring in 80,000 foreign farmworkers for the harvest, in spite of various border closures across the EU.

    Camps extremely overcrowded

    Experts and migrant rights activists have long been worried about the situation on several Greek islands, where tens of thousands of migrants are sill living in overcrowded camps. The situation is particularly dire on Lesbos. The Moria camp there was built for no more than 3,000 people – yet around 20,000 migrants and refugees currently live in and around the camp.

    The Greek government has put the migrants camps on partial lockdown to prevent a potential coronavirus outbreak, but many believe that these measures are insufficient to protect the residents.

    In Greece, there have been 1,832 confirmed coronavirus cases and 269 deaths, according to John Hopkins University (as of midday on Wednesday, CEST). There have been no confirmed cases of COVID-19 in camps on the Greek islands thus far. But there has been at least one case on Lesbos among the island’s native population, and there have also been outbreaks at two camps on the Greek mainland.

    https://www.infomigrants.net/en/post/23949/germany-to-take-in-50-refugee-children-from-greek-islands

    #Allemagne #asile #réfugiés #Grèce #relocalisation #transfert #îles #mineurs #enfants #coronavirus #covid-19

    • Migrant children on Greek islands to be flown to Luxembourg

      Luxembourg to take in 11 minors after member states and Switzerland pledge to find homes for 1,600.

      Eleven children trapped on Greek islands will be flown to Luxembourg next week, the first of a European Union migrant relocation scheme that highlights the uncertain fate of thousands.

      The group will leave Chios and Lesbos for Luxembourg as part of an EU voluntary effort to help the most vulnerable quit Greece’s desperately overcrowded refugee and migrant island camps.

      They are expected to be the first to move since eight member states and Switzerland pledged last month to take in 1,600 unaccompanied minors.

      “They are boys and girls all under the age of 12 and will fly out next Wednesday,” said Manos Logothetis, the Greek migration ministry’s general secretary. “This is a crucial first step, the start of a process that we hope can set an example,” he told the Guardian.

      “In an ideal world they would leave tomorrow but there is the issue of getting through bureaucracy that is there to protect the children, meeting the criteria set by the member states and, of course, coronavirus.”

      The pandemic has complicated relocation plans, with flights cancelled and restrictions on the movement of officials working with refugees. One volunteer country, Croatia, lost a building it had planned to house the children in last month’s earthquake.

      The virus has also required extra medical tests being conducted on the children in addition to those needed to help check their age. European commission officials, who are co-ordinating the scheme, have been urging recipient countries to carry out tests on arrival to avoid delays.

      Greece’s centre-right government, which has itself described the Aegean island facilities as “ticking health bombs”, has been pushing for resettlement of the children since September.

      In an interview with the Guardian last month, the prime minister, Kyriakos Mitsotakis, said: “We sent out a letter to all the member states and got zero response. We’ve been pushing very hard for a long time on this issue.”

      On Wednesday, Berlin said it was willing to accept 350-500 children “in the next few weeks”, 50 of whom would be taken as a matter of urgency. But Birgit Sippel, a German Social Democrat MEP, who sits on the European parliament’s home affairs committee, said the delay in Germany fulfilling its pledge was the result of “a political game” and reluctance among Christian Democrats in the governing grand coalition to act. Describing the number of 50 as “ridiculous”, she said it did “not [send] a strong signal regarding solidarity … from one of the biggest countries in Europe”.

      Even if the pandemic had caused problems with organising flights, the German government had, she pointed out, repatriated EU travellers from around the world. While welcoming the decision, Greek officials said the process would probably be further complicated by Berlin’s demand for the unaccompanied children to be exclusively girls below the age of 14.

      “Coming up with the perfect match isn’t easy,” said one official.

      At the end of February, Unicef counted 5,463 unaccompanied migrant children in Greece, including 1,752 living in overcrowded reception centres on the islands. Since that date the number is likely to have increased, as people have continued to arrive either seeking asylum or better prospects. More than three-quarters of the unaccompanied children are from three countries: Afghanistan (44%), Pakistan (21%) and Syria (11%).

      The UN children’s agency is urging volunteer member states not to impose conditions on the children they accept, but instead to follow criteria based on need, such as the child’s age, health and any disabilities.

      Aaron Greenberg, regional adviser for child protection at Unicef, said the organisation was concerned that host countries could apply sub-criteria, such as taking in only girls, under-14s or certain nationalities, which would be a problem as the majority of unaccompanied children are boys aged between 14 and 18.

      “We need collective action in supporting Greece to handle this situation over the medium term,” Greenberg added. “Migration levels have ticked down, but it’s not over. We are still seeing a large number of unaccompanied children coming through. We are relieving stress, but the stress could build back up again. We need a comprehensive European agenda that goes beyond the emergency.”

      https://www.theguardian.com/world/2020/apr/08/migrant-children-in-greek-island-camps-to-be-relocated-across-eu

    • 47 asylum-seeking minors fly to Germany

      Forty-seven unaccompanied asylum-seeking minors were relocated from Greece to Germany Saturday.

      Germany’s interior minister, Horst Seehofer, said the evacuation was “the result of months of preparation and intense talks with our European partners" and expressed hope that other countries would also begin taking in refugee children soon.

      The children come from Afghanistan, Syria and Eritrea. Four are girls and there are several siblings among the group.

      “The Greek government has been trying to sensitize other EU countries to (the plight) of the young children, which have fled war and persecution, to find new families and start a new life. I’m glad this program is finally being implemented,” Prime Minister Kyriakos Mitsotsakis told reporters at the Athens airport, where he met the departing children, alongside Germany’s Ambassador to Greece, Ernst Reichel.

      Mitsotakis added that he hopes that over 1,500 minors will be relocated over the next months.

      “Greece will continue to treat all persecuted people that arrive in our country with great sensitivity. But, at the same time, it has the obligation to guard and protect its borders. We have proven, as a country, that we can do both,” Mitsotakis said.

      This was the second flight taking unaccompanied minor refugees to another European country. On Wednesday, 12 children travelled to Luxembourg.

      According to the United Nations Secretary-General’s spokesman, Stephane Dujarric, there were over 5,200 unaccompanied asylum-seeking minors in Greece in early April “in urgent need of durable solutions, including expedited registration, family reunification and relocation” Dujarric said earlier this week.

      Eight EU countries have agreed to take up 1,600 of those children, ages 5-16, who now live in migrant camps on the islands of Chios, Lesvos and Samos. Germany pledged last month to take in at least 350 children, but the plan has stalled in some countries due to the coronavirus pandemic.

      https://www.ekathimerini.com/251827/article/ekathimerini/news/47-asylum-seeking-minors-fly-to-germany

    • Aldo Brina | C’est à quel moment qu’il faut applaudir ?

      Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile au CSP Genève, revient sur l’annonce faite par le gouvernement suisse de son soutien à la Grèce, notamment de l’accueil de 22 requérants d’asile mineurs non accompagnés. Alors que la communication officielle et les médias ont salué cet élan de générosité, l’auteur relativise. D’une part, par ce que le nombre est insignifiant face aux multitudes de personnes et d’enfants encore bloqués dans des conditions de vie insalubres et insécures. D’autre part, parce que la Suisse par ce geste ne fait qu’appliquer le règlement Dublin duquel elle est partie prenante. Rien d’héroïque à cela donc. Au contraire, la Suisse pourrait et se doit d’en faire plus.

      C’est à quel moment qu’il faut applaudir ?

      Le Secrétariat d’État aux Migrations a annoncé la semaine dernière que la Suisse renforçait son soutien à la Grèce dans le domaine de l’ « asile » de diverses manières : financer des projets humanitaires, fournir des tentes et des lits pour les camps de réfugiés, envoyer des garde-frontières en renfort, accueillir vingt-deux requérants d’asile mineurs non accompagnés en Suisse. Les médias ont repris l’information : la Suisse offre son « soutien » à la Grèce, « propose » d’accueillir des mineurs…

      Quelle hypocrisie !

      En effet, ces mesures ne sont que le corollaire bas de gamme d’une politique qui n’apparaît qu’en creux dans la communication de Karin Keller-Sutter et des autres dirigeants européens : utiliser la Grèce comme rempart contre les réfugiés. Les îles grecques sont débordées parce que les réfugiés ne peuvent plus circuler plus loin vers la riche Europe ? La situation dégénère ? Elle est catastrophique sur les plans humains et sanitaire ? Qu’à cela ne tienne : nous enverrons des couvertures à croix-blanche et de l’aspirine pour les malades. Et la Direction du Développement et de la Coopération d’être mise à contribution pour pallier quelque peu aux effets de cet endiguement prémédité… quelle faillite morale pour l’aide humanitaire suisse !

      Pire, nous (oui je dis « nous », car Karin Keller-Sutter nous représente) nous tressons des couronnes à annoncer que nous accueillerons généreusement vingt-deux requérants d’asile mineurs non accompagnés. Vingt-deux ? 40’000 personnes en demande d’asile s’entassent dans les îles grecques, plus de 5’000 d’entre elles sont des mineurs non accompagnés.

      Le chiffre annoncé par l’administration fédérale est dérisoire, mais il y a pire encore.

      Les autorités suisses présentent l’accueil de ces vingt-deux mineurs, qui doivent remplir la condition d’avoir de la famille en Suisse, comme un acte de solidarité… sauf qu’envoyer les requérants d’asile mineurs vers un pays où ils ont des proches qui peuvent s’occuper d’eux, c’est justement ce que prévoit le Règlement européen Dublin III à son article 8. Vous ne rêvez pas : sous l’emballage cadeau avec un joli nœud rose, le SEM n’annonce peut-être rien d’autre que la banale application du cadre légal en vigueur. C’est comme si en payant un arriéré d’impôts, vous envoyiez un communiqué de presse pour vous féliciter de votre généreux soutien à l’État. C’est à quel moment qu’il faut applaudir ?

      Sur le terrain, en Suisse, les permanences juridiques font en ce moment-même des pieds et des mains pour obtenir le regroupement familial de proches, coincés en Grèce, des personnes en demande d’asile en Suisse. Quand ces demandes ne sont pas refusées, elles traînent parfois pendant des mois. L’autorité fait donc montre d’un certain culot en annonçant simultanément une généreuse opération d’accueil de vingt-deux mineurs.

      Heureusement qu’il reste la société civile. Le prochain numéro de la revue Vivre Ensemble informe avec précision sur ce qui se passe en Grèce, lisez-le. Un Appel de Pâques, lancé par diverses organisations et personnalités, demande « au Conseil fédéral et au Parlement de faire venir en Suisse le plus grand nombre possible de réfugiés de la mer Égée », signez-le. En Suisse, le nombre de demandes d’asile est au plus bas depuis 2008 ; en mer Egée, la situation est catastrophique. Notre pays sera affecté par une crise économique post-covid-19 ? La Grèce ne le sera pas moins. C’est le moment de se montrer solidaires, et de démasquer les tartufes qui feignent de l’être.

      Aldo Brina, chargé d’information sur l’asile du CSP Genève

      https://asile.ch/2020/04/28/aldo-brina-cest-a-quel-moment-quil-faut-applaudir
      #Suisse

    • Finland preparing to fly 100 unaccompanied migrant children from Greece

      Finland is the latest EU country to announce it is preparing to fly about 100 unaccompanied children from overcrowded camps on the Greek islands to the capital Helsinki.

      On Thursday, Greece’s migration ministry announced it was preparing to fly around 100 unaccompanied children and about 30 adults, with relatives already in Finland, from the overcrowded camps on the Greek islands to the Finnish capital Helsinki.

      According to the Daily Sabah, the announcement came after a call between the Deputy Migration Minister Giorgios Koumoutsakos and Finland’s Interior Ministry Official Olli-Poika Parviainen.

      This was described by a spokesperson at Greece’s migration ministry as a “decision of practical solidarity,” on the part of Finland.

      According to the German press agency dpa, Switzerland has also announced it will fly out 22 unaccompanied children “in the next two weeks.”

      Transfering the vulnerable

      The latest UNHCR data for the week April 20-26 shows that despite efforts by the Greek authorities to transfer some of the most vulnerable from the Greek islands, there are still about 38,700 migrants living in overcrowded conditions on the islands.

      About a third of that population are children and about 13% of those are unaccompanied; the majority of them hail originally from Afghanistan.

      To date no new arrivals were regsitered on the islands, and about 139 of the most vulnerable were transferred out of the camps to hotels providing temporary accommodation in order to shield them during the coronavirus pandemic.

      On April 2, the Finnish interior ministry released a statement showing how it would apply for EU funding to host a total of 175 asylum seekers to be transferred from the Greek islands.

      https://www.infomigrants.net/en/post/24464/finland-preparing-to-fly-100-unaccompanied-migrant-children-from-greec

      #Finlande

    • Les relocalisations d’enfants mineurs non accompagnés sont possibles malgré le COVID-19

      C’est presque inimaginable. Les relocalisations d’enfants mineurs non accompagnés bloqués depuis des mois sur les îles grecques sont enfin possibles et ce malgré la fermeture des frontières dues au COVID-19. Il suffit de volonté politique et de bonne coordination pour permettre à des enfants non accompagnés (3 à 15 ans) bloqués depuis des mois en Grèce de faire le voyage vers le Luxembourg et l’Allemagne. Les images montrant des enfants très jeunes monter dans l’avion qui doit les mener en Allemagne font tellement de bien.

      https://www.youtube.com/watch?v=3UGhTJfbImQ&feature=emb_logo

      Elan de solidarité envers les enfants mineurs non accompagnés en Grèce

      Début mars, de nombreuses organisations humanitaires ont alerté les Etats membres de l’Union européenne sur la situation humanitaire inquiétante dans les centres hotspots en Grèce et demandé à ce que les enfants mineurs non accompagnés soient rapidement relocalisés. Plusieurs Etats ont répondu à cet appel. C’est le cas de l’Allemagne, la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, la France, l’Irlande, la Lituanie, le Luxembourg et le Portugal, qui se sont mis d’accord sur la relocalisation progressive de 1600 mineurs non accompagnés bloqués sur les îles grecques depuis des mois. Les promesses de relocalisation concernent aussi des mineurs non accompagné sans attaches familiales en Europe.

      Premières opérations de relocalisation

      Le 15 avril, 11 enfants se sont envolés vers le Luxembourg, le 18 avril 49 enfants (entre 3 et 15 ans) sont arrivés en Allemagne, d’autres opérations de relocalisations vont suivre ces prochaines semaines. La Suisse rejoindra l’effort avec le transfert imminent de 22 mineurs non accompagnés qui ont de la famille en Suisse (1).

      En Grèce, l’organisation METAdrasi a participé aux quatres missions d’accompagnement des enfants sélectionnés pour les relocalisations vers le Luxembourg et l’Allemagne et parle des missions les plus complexes et les plus exigeantes jamais réalisées sur les 5 100 missions entreprises au cours de neuf dernières années (2). Selon Lora Pappa, fondatrice de l’organisation “ces transferts représentent une grande réjouissance et montrent que les choses se font rapidement lorsqu’il y a la volonté politique.”

      La détermination de l’intérêt supérieur des enfants et le rôle des tuteurs

      De la récupération des enfants dispersés sur les îles, à leur embarquement en dernière minute sur les ferry en partance pour Athène, à l’entretien, aux examens médicaux, à leur décollage, il n’a fallu qu’une courte semaine pour organiser le départ de plus de 50 enfants entre 3 et 15 ans. Un véritable parcours du combattant.

      A commencer par l’entretien personnalisé appelé “BID” (Best Interest Determination). Cette étape est très importante puisqu’elle doit établir l’intérêt supérieur de l’enfant surtout lorsqu’il est supposé rejoindre non pas un père ou une mère, un frère ou une soeur, mais un cousin adulte, une tante éloignée ou … personne. En amont de cette étape, ce sont les tuteurs responsables de l’accompagnement de l’enfant dès son arrivée en Grèce qui connaissent le mieux le dossier de l’enfant. Leur rôle est donc principal (3).

      “C’est l’intérêt supérieur de l’enfant qui compte. Nos tuteurs sont en contact réguliers avec les enfants non accompagnés sur les îles et aussi sur le continent. Ce sont eux qui connaissent les enfants, leurs dossiers, leurs parcours, leurs liens familiaux en Europe lorsqu’il y en a. C’est pour ça que notre rôle est important dans l’organisation des relocalisations, ce que les autorités grecques et le Haut-commissariat des Nations unies (UNHCR) reconnaissent”, m’explique Lora Pappa.

      Dans quelques jours, l’Agence de droits fondamentaux de l’UE (FRA) publiera un document sur les bonnes pratiques de réinstallations d’enfants non accompagnés depuis la Grèce. Les recommandations se basent sur une recherche et près de 50 entretiens menés entre novembre 2019 et mars 2020 en Belgique, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Italie, Malte, aux Pays-Bas et au Portugal. L’une de ses recommandations est la création d’un pôle de tuteurs exclusivement destinés à l’organisation des relocalisations d’enfants mineurs non accompagnés. Le rapport mentionne d’ailleurs l’expertise de METAdrasi et recommande qu’elle puisse continuer de jouer un rôle clé dans cette procédure en collaboration avec le Centre national de la solidarité sociale (EKKA).

      Examens médicaux de rigueur

      L’autre étape importante est l’examen médical surtout avec l’épidémie du Covid-19. Aucun enfant malade n’est admis pour le transfert. Tous les enfants sélectionnés pour les relocalisation sont soumis au test de dépistage du Covid-19 ainsi qu’à d’autres examens médicaux. Pour l’instant les autorités n’ont pas annoncé avoir décelé de cas d’infection au Covid-19 parmi les requérants d’asile sur les îles. Seulement sur le continent dans trois camps différents placés en quarantaine (3).

      Renoncer aux conditions de relocalisations trop restrictives

      Le Luxembourg et l’Allemagne ont d’abord poser des conditions trop restrictives à la relocalisation. En acceptant initialement 12 enfants de Syrie âgés de moins de 14 ans sans perspectives de regroupement familial, le Luxembourg posait des conditions irréalisables car la grande majorité des enfants syriens ont de la famille dans d’autres pays européens et n’auraient pas été éligibles. L’Allemagne quant à elle demandait au départ que les enfants ne soient que des filles de moins de 14 ans ayant de graves problèmes de santé. Puis elle a inclu les garçons de moin de 14 ans sans restriction de pays d’origine et elle a accepté d’accueillir des enfants qui pour la plupart n’ont pas de famille en Allemagne.

      Le règlement Dublin établit les critère de responsabilité dans l’examen de la demande d’asile de mineurs non accompagnés. Il prévoit que ce dernier pourra rejoindre un membre de sa famille (père, mère frère, soeur) ou un proche (oncle, tante, cousin) situé dans un autre Etat Dublin en respectant le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et que si nécessaire les Etats membres peuvent déroger aux critères de responsabilité pour des motifs humanitaires et de compassions (article 8, para. 13, 16, 17). Ainsi la relocalisation d’enfants mineurs non accompagnés sans perspectives de regroupement familial est déjà prévu dans le règlement Dublin. Dans l’application de ce texte, les Etats parties, dont la Suisse, ont pour habitude de “minimiser leurs propres responsabilités et maximiser les responsabilités d’autrui” et ils ont longtemps agit, comme l’explique le Professeur Francesco Maiani, “à la limite de ce qui est permis par le Règlement (…) en imposant des exigences excessives de preuves de liens familiaux.”(5)

      Engagements de la Suisse

      Le 21 avril, la Suisse annonçait renforcer son aide aux mineurs dans les camps de réfugiés en Grèce avec un crédit supplémentaire de 1,1 million de francs pour des projets menés par des organisations d’aide. Cette aide avait déjà été annoncée en février dernier. En plus la Suisse a promis de faire venir 22 enfants non accompagnés qui ont de la famille en Suisse. Leur arrivée est imminente. Cette aide est un bon départ. Mais le gouvernement suisse doit aller plus loin.

      “La Suisse pourrait être un centre de transit pour les enfants mineurs non accompagnés devant rejoindre leur familles dans d’autres pays européens conformément à ce qui est prévu par le Règlement Dublin. La Suisse rendrait un immense service à la Grèce qui serait déchargée du travail administratif lourd impliquant les démarches compliquées de réunification. Cela aiderait surtout beaucoup les enfants concernés, confinés depuis des mois dans des camps invivables, dangereux et malsains. La Suisse devrait aussi envisager, comme d’autres pays européens, accueillir des enfants mineurs non accompagnés sans liens familiaux en Suisse,”suggère Lora Pappa.

      De plus en plus de voix s’élèvent pour que la Suisse fasse encore davantage pour la Grèce. Plus de 100 organisations humanitaires en Suisse, de nombreux commentateurs dans les médias suisses et certains politiciens et partis politiques suisses ont appelé le gouvernement suisse à accueillir une partie des réfugiés pris au piège dans le camp de réfugiés de Moria surpeuplé et insalubre sur l’île de Lesbos en Grèce.

      Peut-être que le vent tourne. Le 23 avril la Commission des institutions politiques du Conseil national s’est penchée sur la situation des réfugiés en Grèce. Elle a décidé de déposer une motion chargeant le Conseil fédéral de “s’engager au niveau européen pour une amélioration substantielle de la situation dans les îles égéennes et de s’investir en faveur d’une réforme des accords de Dublin, afin qu’une répartition plus juste et plus équilibrée des réfugiés soit opérée” (6).

      Comme l’explique Alexandra Dufresne (7) pour Swissinfo.ch “la Suisse est, par habitant, l’un des pays les plus riches du monde avec une forte tradition humanitaire. Elle dispose d’une communauté d’ONG exceptionnelle, bien organisée et solide, désireuse et disposée à aider.”

      Lire aussi :

      METAdrasi fondé par Lora Papa, reçoit le Prix Conrad N. Hilton pour son travail auprès des requérants d’asile en Grèce, Le temps des réfugiés, 15.10.2019
      Des suggestions pour une aide suisse efficace en Grèce, Le temps des réfugiés, 20.2.2020
      65 organisations demandent la relocalisation urgente de 1’800 mineurs non accompagnés bloqués sur les îles grecques, Le temps des réfugiés, 5.3.2020
      Agir pour éviter que le COVID-19 ne tue dans les camps de réfugiés et bien au-delà, Le temps des réfugiés,18.3.2020

      Relocation of unaccompanied children from Greece FRA input on the initiative of the European Commission and a group of Member States to relocate unaccompanied children, 17 mars 2020.
      Covid-19 : Evacuation of squalid greek camps more urgent that ever in light of the coronavirus pandemic, MSF, 3 April 2020.
      Amid Covid-19, Switzerland should heed calls to host trapped refugees, by Alexandra Dufresne, Swissinfo.ch

      https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2020/04/28/les-relocalisations-denfants-mineurs-non-accompagnes-sont-possibles-ma

    • Le Portugal va accueillir 500 mineurs isolés des îles grecques

      Le Portugal a annoncé mardi qu’il allait accueillir 500 mineurs non accompagnés vivant dans les camps surpeuplés des îles grecques. D’autres pays, dont l’Allemagne, l’Irlande, la France et le Luxembourg, sont également impliqués dans cette initiative.

      Ils vont bientôt pouvoir sortir de l’enfer des camps surpeuplés des îles grecques. Cinq cents mineurs non accompagnés vont être accueillis par le Portugal dès que les restrictions de mouvements imposées pour contenir la propagation du coronavirus seront levées, a déclaré mardi 12 mai le ministre portugais des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva.

      Cette annonce intervient alors que la députée socialiste Isabel Santos a annoncé samedi que 60 enfants des camps de réfugiés grecs devaient arriver au Portugal dans les prochaines semaines, sans donner de date précise.

      Au moins 5 200 mineurs isolés vivent en Grèce, dont une majorité dans les camps des îles de la mer Égée, dans des conditions déplorables dénoncées à plusieurs reprises par les ONG.

      D’autres pays, dont l’Allemagne, l’Irlande, la France et le Luxembourg, sont également impliqués dans cette initiative. Le premier transfert a eu lieu en avril quand 12 mineurs ont été accueillis au Luxembourg. L’Allemagne avait ensuite pris en charge 50 enfants.

      Lundi 11 mai, c’est le Royaume-Uni qui a accueilli 50 migrants, dont 16 mineurs, qui vivaient en Grèce. Ils ont été transférés en Angleterre dans le cadre de regroupements familiaux.

      Cependant, le chiffre avancé par le Portugal reste supérieur à celui des autres États membres de l’Union européenne. Le pays s’est illustré à plusieurs reprises en se montrant accueillant envers les migrants. Fin mars, en pleine pandémie de coronavirus, le Portugal avait annoncé la régularisation temporaire des immigrés en attente de titre de séjour. C’est le seul pays de l’UE à avoir pris une telle mesure.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/24747/le-portugal-va-accueillir-500-mineurs-isoles-des-iles-grecques?ref=tw
      #Portugal

    • Grèce : 50 premiers réfugiés mineurs relocalisés en #France en juillet

      La relocalisation en France des migrants mineurs non accompagnés de Grèce a pris du retard à cause de la pandémie de coronavirus, et les 50 premiers jeunes réfugiés partiront début juillet, a annoncé lundi le gouvernement grec.

      « Les procédures de relocalisation qui s’étaient arrêtées temporairement en raison de la crise sanitaire vont démarrer de nouveau au plus vite », a souligné le ministre délégué grec à la Politique migratoire et à l’asile, Georges Koumoutsakos, dans un communiqué.

      En janvier dernier, la Grèce et la France s’étaient mis d’accord sur la relocalisation de 400 demandeurs d’asile se trouvant dans les camps surpeuplés des îles grecques face à la Turquie.

      Outre ces 400 demandeurs d’asile, le communiqué du ministère aux migrations grec évoque également la relocalisation de 350 mineurs non accompagnés.

      « La crise du coronavirus a perturbé les relocalisations programmées mais la France reste cependant attachée à ses promesses envers la Grèce », a déclaré l’ambassadeur de France à Athènes, Patrick Maisonnave, après une rencontre lundi avec le ministre grec.

      Le nombre total des enfants non accompagnés en Grèce s’élève à environ 5.200, selon les autorités grecques. Une grande majorité vit dans des conditions insalubres dans des logements non adaptés aux enfants.

      Face à cette situation, plusieurs pays européens, l’Allemagne, la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la Finlande, la France, l’Irlande, la Lituanie, la Serbie, la Suisse, ont décidé de participer à un programme européen volontaire de relocalisation de 1.600 enfants non accompagnés depuis la Grèce.

      https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/250520/grece-50-premiers-refugies-mineurs-relocalises-en-france-en-juillet
      #volontariat #programme_volontaire

    • Germany takes in another 249 minors from Greece

      Germany has taken in an additional 249 refugee children from Greece, the country’s interior minister Horst Seehofer said Wednesday, noting that most of the minors are sick or the siblings of migrants that are already in Germany.

      “As the rates of coronavirus are currently at this low level, we decided as the Interior Ministry… to take in more children from Greece,” Seehofer said, noting that Germany had already received 47 refugee children in April.

      Seehofer said that some of his associates visited Greece last week to arrange the transfer of the children.

      Six of the youngsters who were too sick to travel last week will be transferred on a subsequent trip, he said.

      “I always said that my migration policy includes order but also humanity,” the German minister said.

      Luxembourg, Switzerland, Portugal and France are among the countries that have also taken in child refugees from Greece.

      Many of the children being relocated belong to the ranks of unaccompanied refugee minors in Greece, who number over 5,000.

      https://www.ekathimerini.com/253542/article/ekathimerini/news/germany-takes-in-another-249-minors-from-greece

    • Dutch government under growing pressure to take in child refugees

      Protests call for coalition to admit 500 unaccompanied minors from Greek islands.

      https://i.guim.co.uk/img/media/6d0d8c19c2b1db47ae947d35dbdff2f8cd33cb40/0_205_5555_3334/master/5555.jpg?width=605&quality=45&auto=format&fit=max&dpr=2&s=e4e80bb650fc57a6

      They have gathered in city squares, parks and on piers with the water lapping at their feet. In silent, physically distanced protests, demonstrators stand 1.5 metres apart, some holding signs saying “WeesWelkom” (be welcome – the word “Wees” also meaning orphan) and “500 Kinderen” (500 children).

      Since April, protests have taken place across the Netherlands to lobby the Dutch government to take in 500 unaccompanied children living in squalid camps on the Greek islands.

      Last October, the Greek government asked EU member states to shelter 2,500 lone children – about half the total on the Greek mainland and islands. After months of inaction, 11 EU member states, plus Norway and Switzerland, have promised a home for at least 1,600 young asylum seekers, who are mostly from Afghanistan, Pakistan and Syria. The Dutch government is not among them.

      Now the fragile, four-party, liberal-centre-right coalition led by Mark Rutte is coming under growing public pressure.

      One third of Dutch municipalities – a total of 119 local authorities representing 9 million people, as of June 5 – have said they are in favour of bringing 500 children to the Netherlands, according to the University of Utrecht. Big cities, such as Amsterdam, Arnhem and Utrecht, have offered to take in some children.

      About 100 prominent figures signed an open letter calling on the Dutch government to answer Greece’s “cry for help”. The campaign has drawn figures from all walks of life, ranging from the two-time Dutch EU commissioner Neelie Kroes to the indie music star Joshua Nolet.

      For several Mondays running, Nolet, who visited Greek island camps in 2016 and 2017, has filmed himself staging a one-man protest and encouraged his 32,000 followers to do the same.

      “There are 20,000 people living in a camp that has space for 3,000 asylum seekers,” he said, referring to the infamous Moria camp on Lesbos, where people queue for hours for food, water and to wash. “This is insane that we are letting this happen and it does not reflect the country that I grew up in.”

      For Rutte, the situation would be easier to dismiss if it didn’t chime with views of coalition partners. Two of four governing parties, the liberal D66 and the Christian Union, support the campaign, while a third, the Christian Democrat Alliance, is under pressure from its grassroots.

      Klaas Valkering, a CDA councillor in Bergen, North Holland, said 80 local CDA chapters supported his campaign to bring children to the Netherlands. “There are 500 children in a Greek refugee camp, all of them without any parents and that is why we need to help them.”

      Some local chapters are motivated by pure compassion, he said, while others also want to take a stand against the perceived rightward drift of the CDA. The debate has also played into what it means to be an EU member during a time of crisis.

      “European solidarity is not only Dutch intensive care patients using German intensive care-units,” Valkering told Trouw last month.

      The government argues there is a better way and last month pledged €3.5m-€4m to help children in Greece.

      Some of the money will help set up a guardianship scheme to represent the legal interests of unaccompanied children in Greece. The government has also promised to fund places in reception centres on the Greek mainland – although Greek officials have raised questions over when shelters would be up and running.

      A Dutch justice ministry spokesperson said a memorandum of understanding signed with the Greek government on 18 June included agreement on sheltering 48 children on the Greek mainland “as soon as possible, with a total capacity of 500 over three years”.

      “It is a more humane solution,” said Bente Becker, an MP and spokesperson on migration for Rutte’s VVD party. She said this “structural solution” would dissuade families from putting their lives in the hands of people smugglers, citing the model of the EU’s 2016 deal with Turkey.

      “It should not be a ticket to the Netherlands when you go to a Greek island,” she said. “What I don’t want to happen is that parents decide their children should be sent in a rubber boat in the Mediterranean sea, perhaps endangering their own lives.”

      Critics say the government is mistaken if it thinks it can fix Greece’s asylum system, riddled by accusations of misspent funds and inadequate processes.

      “The Greeks are ‘not able to solve’ the issue, said Sander Schaap at the Dutch Refugee Council. He described the plan to shelter children in Greece as “naive”. The government plan, Schaap contended, is “mostly an attempt to find a political solution to a political problem in the governing coalition”.

      Dutch politicians have been taking more restrictive positions on migration since the 1990s, said Saskia Bonjour, a political scientist at the University of Amsterdam. That tendency was reinforced by the country’s “strong radical right presence”, from Pim Fortuyn to Geert Wilders and Thierry Baudet. “There is a strong tendency in Dutch politics in general and on the mainstream right in particular to interpret the potential electoral success of the radical right as [meaning] general concerns aren’t being heard.”

      • This article was amended on 21 June 2020. An earlier version correctly translated “WeesWelkom” as “be welcome” but this was expanded to acknowledge the word play with “Wees” also meaning “orphan”.

      https://www.theguardian.com/world/2020/jun/21/dutch-government-under-growing-pressure-to-take-in-child-refugees
      #Pays-Bas

    • L’UE transfère des demandeurs d’asile vulnérables vers l’#Allemagne et la #Finlande

      Un premier transfert de 83 membres de familles avec des enfants gravement malades avait été effectué le 24 juillet entre la Grèce et l’Allemagne.

      Près de 100 demandeurs d’asile vulnérables, dont des mineurs, ont été transférés depuis la Grèce et Chypre vers l’Allemagne et la Finlande, a annoncé mercredi l’agence de coordination de l’asile pour l’Union européenne.

      L’opération fait partie d’un projet de l’UE de relocaliser 1 600 mineurs dans divers pays européens. Le projet est soutenu par la Commission européenne, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations.
      L’UE finance aussi les retours

      Une seconde opération, ne s’inscrivant pas dans le cadre du projet de relocalisation de l’UE, a eu lieu le 27 juillet avec le transfert entre Chypre et la Finlande, de 16 Somaliens et Congolais venant de familles monoparentales.

      Tous ont fait l’objet de tests de dépistage du Covid-19 avant de quitter Chypre et la Grèce, a affirmé le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).

      Le ministre grec des Migrations a annoncé de son côté mercredi avoir activé un dispositif financé par l’Union européenne de rapatriement volontaire pour 5 000 demandeurs d’asile, offrant 2 000 euros pour rentrer dans son pays.
      Désengorger les camps des îles grecques

      Le dispositif, destiné à désengorger les camps de migrants sur les îles de la mer Égée, surpeuplés, avait été annoncé en mars mais était resté inactif jusqu’ici en raison de la pandémie de Covid-19, a déclaré Notis Mitarachi. Les premiers vols devraient partir dans quelques semaines, a-t-il ajouté.

      La Grèce compte près de 5 000 migrants mineurs, la plupart vivant dans des conditions insalubres au sein de camps de réfugiés, ou dans des habitations inadaptées pour eux.

      En tout, le pays recense près de 120 000 réfugiés selon le HCR, dont plus de 26 000 dans des camps sur des îles de la mer Égée.
      D’autres pays prennent le relais

      Des dizaines de milliers de demandeurs d’asile ont été bloqués en Grèce depuis 2016 lorsqu’un certain nombre d’États européens ont fermé leurs frontières en réponse à l’afflux de migrants et de réfugiés, principalement depuis la Syrie en guerre.

      Plus d’une dizaine de pays européens ont accepté de faire une exception pour les mineurs. Un petit nombre d’entre eux a déjà été transféré au Portugal, au Luxembourg et en Allemagne.

      La Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la France, l’Irlande, la Lituanie, la Serbie et la Suisse ont également accepté d’en accueillir un certain nombre.

      https://www.lavoixdunord.fr/845360/article/2020-07-29/l-ue-transfere-des-demandeurs-d-asile-vulnerables-vers-l-allemagne-et-l

    • Germany sees political controversy over rescuing refugees from Greece

      Interior Minister Horst Seehofer has blocked individual German states from rescuing migrants from Greek refugee camps. The state governments are up in arms and are considering legal action.

      Several of Germany’s 16 states are considering banding together to defy the federal government’s plan to block them from bringing in refugees from the chronically overcrowded camps in Greece.

      Angela Merkel’s administration has blocked two German states — Berlin and Thuringia — from unilaterally flying a few hundred refugees out of the hopelessly overcrowded camps on the Greek islands.

      The two states are considering challenging the block in court, but given the humanitarian conditions at the Moria camp on Lesbos, they are also seeking political options to accelerate the process.

      Other states, including the most populous, North Rhine-Westphalia, have also said they would be prepared to take in refugees from the camps.

      Berlin’s Interior Minister Andreas Geisel this week called for a conference where state interior ministers can speak to Federal Interior Minister Horst Seehofer to resolve the issue. “We cannot simply shrug our shoulders and accept a ’No’ from #Horst_Seehofer to our readiness to help people in desperate circumstances,” he said.

      Crisis unfolding

      The humanitarian disaster unfolding at the Moria camp is all too clear — even to leading members of Angela Merkel’s Christian Democratic Union (CDU). One of them, North Rhine-Westphalia’s State Premier Armin Laschet even visited Moria last week. He had to abruptly cut short his visit for security reasons after crowds of refugees had gathered, reportedly under the impression he was Germany’s chancellor.

      Read more: Coronavirus crisis hampering Mediterranean migrant rescues

      But before his visit ended, Laschet — who does indeed have ambitions to take over from Merkel as chancellor — acknowledged that he was witnessing a “cry of the desperate.”

      The Moria camp is designed for just under 3,000 refugees, but according to the latest information, between 14,000 and 17,000 people live there and in unofficial camps around it. Violence between members of different nationalities and disputes with the local population have become recurrent.

      An EU solution, or a local one?

      Laschet’s state, North Rhine-Westphalia, has offered to accept several hundred particularly vulnerable people from the Greek camps, but only as part of a program coordinated by the federal government together with other EU countries.

      Meanwhile, Berlin’s and Thuringia’s offers to take in refugees unilaterally has only got them into a row with Seehofer, who once called immigration the “mother of all problems.”

      The fierceness of the dispute could have something to do with party politics: Both Berlin and Thuringia are governed by left-wing coalitions, Berlin’s one is led by the Social Democrats, while Thuringia’s is led by the socialist Left Party.

      Seehofer says the federal government has final say, and anyway, any solution to the refugee crisis has to be worked out by the European Union. “No country in the world can manage migration alone,” said Seehofer. “This makes it all the more important that we finally make visible progress in European asylum policy. We are on the right track, and I am not prepared to jeopardize that now.”

      States’ rights

      Ulrich Karpenstein, a lawyer at the Redeker, Sellner and Dahs law firm who drew up an assessment of whether the Federal Interior Ministry can refuse consent to the humanitarian programs of the states, does not agree with Seehofer.

      “You could just as easily say we need a UN solution, and as long as there’s no UN solution you can’t get people out of a humanitarian emergency,” he told DW. “It’s a purely political argument, but not a legal one.”

      On the basis of those humanitarian programs, a private organization Karpenstein co-founded, named “Flüchtlingspaten Syrien,” has been involved in bringing people out of desperate humanitarian circumstances in Syria.

      “According to German law, the state government can give certain groups of foreign nationals a residency permit if they are in an emergency humanitarian situation,” he told DW.

      The approval of the Federal Interior Ministry is necessary, but, he argues, the federal government cannot overrule the states if it believes that these people need help. “And that is not in dispute in the case of Moria — even the federal government has said it wants to help these people,” said Karpenstein.

      The state governments want to select refugees based on lists drawn up by organizations on the ground like the UNHCR or Doctors Without Borders.
      Unequal treatment

      In fact, Seehofer has approved earlier requests for people in need. There were, for example, programs to bring Yazidi people from Iraq as well additional contingents of Syrians. The difference is that those people did not come via another EU country, but directly from their home countries, usually in cooperation with the UNHCR.

      The EU has been at an impasse on this issue for years. The Mediterranean countries where the refugees arrive, such as Italy, Greece and Malta, want a fixed migrant distribution system among all EU countries.

      But other member states, especially in the eastern part of the EU, are flatly opposed to this “in any form,” as seven countries emphasized in a letter to the EU Commission in July. Seehofer believes that any compromise with them, no matter how small, is only possible if there is calm, in other words: if there are no new admission initiatives from German states.

      Seehofer is also facing strong opposition from left-wing parties and from the churches. But from a purely legal point of view, Seehofer has the power to enforce a uniformity of German refugee policy.

      https://www.dw.com/en/germany-greece-refugees-asylum-controversy/a-54538520

  • « Les leçons du Sras n’ont pas été tirées » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/060420/les-lecons-du-sras-n-ont-pas-ete-tirees?onglet=full

    Corée ou à Taïwan, qui ont tiré les leçons de 2003 et du Sras. Taïwan a commencé à faire des tests à partir du 11 janvier dernier, dès que la Chine a livré le séquençage du Sras-2. Certes, ces pays ont sans doute des capacités plus grandes que les nôtres à remonter les itinéraires des gens contaminés et à suivre leurs déplacements, mais notre manque d’humilité et notre méconnaissance du reste du monde nous rendent imperméables à ce que font ces pays considérés comme des démocraties imparfaites et des lieux exotiques. Si on avait été plus attentifs début janvier à ce qui se passait en Chine et aux mensonges des années Sras, on aurait certainement aujourd’hui beaucoup moins de morts, de gens confinés et une économie qui pourrait fonctionner.

    Une autre leçon importante est que même si on sait beaucoup de choses sur les liens entre santé animale et santé humaine, nous n’en avons pas tiré toutes les conséquences. Les pays frontaliers de la Chine ont, eux, bien compris qu’il y avait là un véritable sujet, que l’urbanisation galopante, la destruction des écosystèmes et l’ouverture des routes de la soie qui détruisent les jungles nous rapprochent des chauves-souris et des virus qu’elles abritent. En outre, la Chine n’a pas régulé les marchés d’animaux sauvages comme elle était censée le faire en 2004 et n’a pas ratifié la Convention de Washington de 1973 sur le commerce des espèces menacées d’extinction, dont le pangolin, suspecté d’être l’hôte du virus, fait partie. Le 24 février, elle vient d’interdire tout commerce et consommation d’animaux sauvages mais elle ne dit rien de leur usage en médecine traditionnelle. Ce non-respect des conventions internationales est peut-être une des raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas à avoir de données exactes sur le point de départ de l’épidémie et sur ce fameux marché de Wuhan.

    Les pays frontaliers de la Chine ont aussi conscience que celle-ci n’est pas transparente. On a commencé par dire que, contrairement à l’épidémie de Sras, la Chine avait joué la transparence, mais en réalité on voit bien que le chiffre des morts du Covid-19 est sans doute complètement sous-estimé. Une différence importante par rapport à 2003 est que la Chine est aujourd’hui toute-puissante et que personne n’ose la contredire, même quand elle fait de la propagande. Nous sommes éblouis par la puissance chinoise, et cela nous fait perdre notre sens critique. Quand les autorités ont annoncé qu’elles construisaient, à Wuhan, deux hôpitaux supplémentaires, tout en expliquant n’avoir que quelques centaines de cas de coronavirus, cela aurait dû nous alerter.

    Quelles différences faites-vous entre 2003 et aujourd’hui concernant le rôle de l’OMS ?

    Gro Harlem Brundtland en 2009. © DR Gro Harlem Brundtland en 2009. © DR
    Énormes. Il y a eu un véritable affaiblissement du système des Nations unies et du multilatéralisme, et la capacité d’action des agences onusiennes a beaucoup diminué en dépit du renforcement des règlements internationaux. Il faut aussi constater que la carrure du directeur général de l’OMS est importante. À l’époque du Sras, la Dr Gro Harle Brundtland, qui avait été première ministre de Norvège et également à l’origine de la Conférence de Rio de 1992 sur l’environnement et le développement, était extrêmement qualifiée et capable de mobiliser ses troupes et le monde entier. Elle parlait directement et frontalement aux chefs d’État et savait taper du poing sur la table, même face à une Chine récalcitrante mais moins puissante qu’aujourd’hui.

    Ce qu’on peut dire, c’est que le succès obtenu sur le Sras est dû à l’incroyable coopération de presque tous les gouvernements, des organisations internationales, des bailleurs de fonds, et ce sous le leadership et la neutralité de l’OMS. Aujourd’hui, l’OMS n’a émis qu’une seule recommandation fin février sur le trafic international, recommandation qui n’a été suivie d’aucun effet et je ne vois aucune équipe internationale qui se rende en Chine pour mieux comprendre ce qui s’est passé. La mission conjointe OMS-Chine qui a passé quelques jours en Chine en février, dont un seul à Wuhan, n’a certainement pu voir que la surface des choses et ce que les autorités chinoises voulaient bien montrer. Je ne pense pas qu’en 2003, la Chine aurait pu ainsi imposer sa version de l’histoire. Mais l’OMS est aussi ce que les États en font, les États ont repris la main, et c’est le chacun pour soi.

    Comment jugez-vous le calendrier des mesures adoptées par la France pour contrer l’épidémie ?

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    J’ai passé peu de ma carrière en France, mais je suis effarée par la manière dont les dispositifs de santé publique ont dysfonctionné, alors qu’on a déjà connu des épidémies importantes. Lorsque l’OMS a sorti fin janvier la liste de l’augmentation des cas pays par pays, il était encore temps de réagir. Il y a vraiment eu des signaux qui n’ont pas été entendus. Qu’il s’agisse du premier foyer d’épidémie en Haute-Savoie, de celui de Creil ou de Mulhouse, dépister à grande échelle, comme en Corée, aurait été la solution raisonnable, mais nous n’avions pas assez de tests, de masques et autres matériels de protection, c’est révoltant.

    Maintenant, il n’y a plus qu’à rester confinés et j’espère que les politiques et les scientifiques collaborent au niveau international et avec l’OMS pour décider des prochaines stratégies, et mettre au point des médicaments et des vaccins qui devraient être traités comme des biens communs hors du profit, mais peut-être est-ce un rêve…

    Je me souviens qu’au moment du Sras, beaucoup d’équipes sont venues au Viêtnam nous aider et apprendre de notre gestion de la crise. J’ai vu passer beaucoup de gens très qualifiés, mais quasiment personne de France, je ne sais pas vraiment pourquoi. Les intérêts nationaux ? Les intérêts économiques et la volonté de découvrir le virus et le vaccin les premiers ? Ou le sentiment qu’on peut faire mieux tout seul… Peut-être que le moment difficile que nous traversons pourra nous faire réfléchir à nos déterminismes. Car si les émergences de virus sont inévitables, les épidémies ne le sont pas.

    #Coronavirus #SRAS #OMS #Epidémie

  • Pendant la crise sanitaire, les entorses au droit du travail se multiplient - Page 3 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/040420/pendant-la-crise-sanitaire-les-entorses-au-droit-du-travail-se-multiplient

    « La direction nous a placés en chômage partiel pour 60 % de notre activité, mais elle nous demande de travailler 100 % de notre temps »

    Et comme pendant le confinement l’inspection du travail est au chômage technique...
    #travail

  • Cédric Durand : « L’enjeu de cette crise est de planifier la mutation de l’économie » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/030420/cedric-durand-l-enjeu-de-cette-crise-est-de-planifier-la-mutation-de-l-eco

    Des réflexions passionnantes sur le rôle de la décision démocratique quand elle est plus efficace que les marchés (notamment pour le temps long ou la gestion des crises).

    Un entretien avec Cédric Durand, économiste à l’université Paris-XIII, qui défend l’idée du développement d’une planification démocratique pour répondre à la crise sanitaire.

    Économiste à l’université Paris-XIII, Cédric Durand réfléchit avec Karl Marx à l’évolution de l’économie moderne. En 2015, dans Le Capital fictif (éditions Les Prairies ordinaires), il décrivait la fuite en avant mortelle du néolibéralisme par la financiarisation. Depuis, il travaille notamment sur la question de la planification qu’il considère être un sujet à nouveau d’actualité. Confrontées à leur impréparation et à leur insouciance, les économies néolibérales paniquent face à l’émergence du coronavirus et tentent de trouver des réponses par des ébauches de planification.

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    Pour Cédric Durand, cette crise révèle les limites de la coordination par les prix, et montre avec éclat le besoin d’une nouvelle planification, démocratique et sociale, à la fois pour gérer l’urgence sanitaire et pour reconstruire l’économie sur des bases durables.

    Cette crise inédite liée au coronavirus semble montrer avec éclat les limites de la gestion de la société par le marché et donc la nécessité d’une planification. Comment analysez-vous la situation ?

    Cédric Durand : Au cours des décennies du néolibéralisme, le marché a été paré de toutes les vertus : efficience dans l’allocation des ressources, dynamisme de la compétition, différenciation des produits de consommation. La crise en cours fait apparaître au grand jour que le marché a aussi de sérieuses limites.

    Cédric Durand, maître de conférences à Paris-XIII. © Raphael Schneider Cédric Durand, maître de conférences à Paris-XIII. © Raphael Schneider
    En situation d’urgence, la coordination de l’activité par les prix est inadéquate. Le fractionnement marchand est incapable d’atteindre des objectifs limités mais impérieux : produire des masques, du gel hydroalcoolique, des tests de dépistage, des respirateurs, répartir les stocks de médicaments. Il y a là un besoin flagrant de centralisation. L’appel général à la rescousse s’adresse à la puissance publique. Il s’agit d’une demande d’action collective qui transcende les acteurs privés et s’impose à eux. Elle procède d’une logique de priorité économique qui est contradictoire avec la logique de tâtonnement du marché.

    #PLanification #Marché #Coronavirus #Sortie_de_crise

  • Hôpital public : la note explosive de la Caisse des dépôts
    Laurent Mauduit et Martine Orange
    https://www.mediapart.fr/journal/france/010420/hopital-public-la-note-explosive-de-la-caisse-des-depots?onglet=full

    À la demande d’Emmanuel Macron, la Caisse des dépôts travaille à un plan pour l’hôpital public. Mediapart en révèle le contenu. Au lieu de défendre l’intérêt général, il vise à accélérer la marchandisation de la santé et sa privatisation rampante.

    ...
    La philosophie générale du plan. Tous les experts que nous avons interrogés – professeur de médecine, économistes, sociologue – portent sur cette note un regard similaire. S’ils relèvent ici ou là quelques avancées, ils constatent qu’elle ne tire aucun enseignement de la crise sanitaire historique que nous traversons et cherche à poursuivre et même à accélérer les processus de privatisation rampante et de marchandisation de la santé, qui étaient déjà à l’œuvre les années précédentes.

    ...
    Pierre-André Juven ajoute : « Ce document est le révélateur très net des orientations actuelles en matière de réformes de la santé : nécessité de faire plus de place au privé ; croyance forte dans l’innovation numérique comme solution au double enjeu de la qualité des soins et de la contrainte financière ; responsabilisation et individualisation face au risque. Les quatre points généraux du document ne sont qu’un coup de tampon aux stratégies édictées depuis plusieurs années. Loin de remettre en cause les orientations délétères des réformes conduites depuis plus de vingt ans, ils conduisent à accélérer la casse de l’hôpital public. Ce document n’est pas seulement la marque d’une volonté d’étendre l’emprise du privé au sein de l’hôpital public, il traduit la conception technophile, néolibérale et paternaliste qu’une grande partie des acteurs administratifs et des responsables politiques ont de la santé. »

    Interrogé également par Mediapart, le professeur André Grimaldi, fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux, juge aussi sévèrement cette note. Il souligne en particulier qu’elle présente le vice majeur de mettre sur un pied d’égalité l’hôpital public et d’autres établissements, dont les établissements privés de santé à but non lucratif (Espic), qui, même s’ils sont détenus par des mutuelles et des fondations, sont régis par d’autres règles, notamment celles de la concurrence, ce qui leur permet d’embaucher les soignants sous des contrats individuels, de faire leur mercato pour débaucher des professeurs de renom, avec les rémunérations afférentes. Cette mise sur un pied d’égalité de ces établissements a, selon lui, pour effet d’effacer la frontière entre public et privé et s’inscrit dans une logique de marchandisation.

    Jean-Paul Domin, professeur de sciences économiques à l’université de Reims et membre des Économistes atterrés, soulève, avant toute chose, une question de méthode : « N’y a-t-il pas un évident conflit d’intérêts à demander un rapport à la CDC sur l’hospitalisation ? La CDC, via une de ses filiales Icade santé, est un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative. Icade santé est détenue à hauteur de 38,8 % par la CDC et pour 18,4 % par Prédica SA (la filiale assurance du Crédit agricole). Icade s’est spécialisée sur le marché de l’immobilier sanitaire. Elle possède un portefeuille de 135 établissements de santé valorisé à hauteur de 5,5 milliards d’euros. Elle est déjà partenaire de marques reconnues (Elsan, Ramsay santé, Vivalto) ainsi que des groupes régionaux. Icade souhaite également investir le marché des Ehpad et annonce un accord de partenariat avec le groupe Korian. »

    #Politique-de-santé #Hôpitaux #Emmanuel-Macron #Ultralibéralisme #Privatisation

    • Pour Jean-Paul Domin, la critique est similaire : « C’est le truc à la mode. Les opérateurs complémentaires (mutuelles, assurances) se sont lancés en proposant des solutions de téléconsultation (la société Mesdocteurs.com est financée en partie par Axa, qui est au capital). La CDC oublie que cette fausse solution nécessite que l’ensemble des patients puisse avoir accès au très haut débit, ce qui n’est pas le cas pour tout le monde. L’accès à la télémédecine est marqué par de fortes inégalités. »

      Depuis quelques mois impossible pour moi d’avoir accès à mon compte « Amélie ». J’ai perdu mes codes, comme la fonction pour en demander de nouveaux en ligne est down, je fait une demande écrite par la poste. Un mois plus tard je reçoit le code, il marche pas mon compte est indiqué « indisponible pour l’instant - revenez plus tard ». Je téléphone à la secu, plus de 30 minutes d’attente avec la petite musique qui rend folle au prix standart + 6 centimes la minutes. L’opérateur me donne un nouveau code par SMS.
      Je vais sur Amélie et là encore ca marche pas « votre compte est indisponible pour l’instant - revenez plus tard » avec une image très mignonne et plus aucune fonction accessible meme la demande d’un nouveau code.
      N’étant pas super douée en informatique mais pas non plus totalement incapable je suis toujours dans l’incapacité d’avoir accès à mon compte Amélie. Ca implique que je peu pas avoir de justificatif pour prendre une mutuelle du coup j’ai du payé pas mal de frais médicaux de décembre à mars et j’ose pas imaginé ce que serait une téléconsultation avec ce système.

    • et puis après la lecture de cet article je tombe sur ceci qui m’aurais fait avalé mon dentier si j’en avait un !

      Coronavirus : « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », dit Paris à Pékin et Moscou

      https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/290320/coronavirus-la-solidarite-ca-ne-s-instrumentalise-pas-dit-paris-pekin-et-m

      La Chine et la Russie ne doivent pas « instrumentaliser » l’aide qu’elles apportent à d’autres dans la crise sanitaire du Covid-19, a déclaré dimanche une ministre française, déplorant des mises « en scène » à des fins de « propagande ».

      « La solidarité, ça ne s’instrumentalise pas », a lancé la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin dans l’émission « Questions politiques » de la radio France Inter, du journal Le Monde et de France Télévisions.

      « C’est parfois plus simple de faire de la propagande, des belles images et parfois d’instrumentaliser ce qui se passe », a-t-elle relevé. « Je vous parle de la Chine, de la Russie qui mettent en scène des choses », a-t-elle souligné.

    • Et je viens d’apprendre par la MDA que je vais pas pouvoir avoir de dédomagement pour mon expo qui à été annulée le 16mars car j’ai aucun moyen d’avoir cette « attestation de la sécurité sociale des artistes-auteurs de l’année en cours ou précédente ou tout document attestant de votre situation sociale en cours de validité » qui est bloqué sur Amélie et qui m’a déjà couté un bras et qui va me couter les deux jambes.
      https://www.cnap.fr/fonds-durgence
      et pour la seconde aide possible j’ai 0€ de revenus pour mars 2019 tout comme mars 2020, mes premières factures sont daté d’avril 2019....