Un héritage indien et africain
S’il est élu, Zohran Mamdani, conseiller local dans le quartier de Queens, deviendrait le premier maire musulman de la ville. Il est arrivé à New York à l’âge de sept ans après avoir vécu à Kampala, en Ouganda, où il est né en 1991, puis en Afrique du Sud.
« Sa victoire et son parcours illustrent les possibilités offertes par l’Amérique et témoignent de la beauté et de l’héritage des parcours de la diaspora dans ce pays, a indiqué la militante et avocate américano-érythréenne Semhar Araia au site Africa Report. Pour les diasporas africaines et asiatiques, et plus particulièrement pour les enfants d’immigrés, son parcours et sa vision témoignent de nos propres expériences. »
Zohran Mamdani, qui a obtenu la nationalité états-unienne en 2018, est né dans une famille où les idées, les arts, mais aussi la politique – notamment la défense de la cause palestinienne –, occupent une place de premier plan.
Son père, Mahmood Mamdani, né en Ouganda dans une famille d’origine indienne – des Gujaratis, musulmans d’obédience sunnite provenant de l’État du Gujarat (Nord-Ouest) – et diplômé de Harvard, est un universitaire renommé, professeur d’anthropologie à l’université Columbia, spécialisé dans l’étude des questions postcoloniales.
En 2021, le magazine britannique Prospect le classait dans sa liste annuelle des « 50 penseurs qui reconstruisent le monde », relevant qu’il considère les États-Unis « comme une colonie de peuplement en raison de son traitement des peuples autochtones, qui n’ont toujours pas de protections constitutionnelles complètes ».
Sa mère, Mira Nair, est une productrice et réalisatrice indo-états-unienne, qui s’est fait connaître à l’international en 1988 par son film Salaam Bombay[1] , Caméra d’or au Festival de Cannes. Elle a rencontré Mahmood Mamdani en Ouganda pendant le tournage de Mississippi Masala (1991), qui raconte notamment l’histoire d’un couple d’origine indienne installé à Kampala et chassé par le régime du dictateur Idi Amin Dada en 1972.
C’est ce qui était arrivé à Mahmood Mamdani, forcé de vivre dans un camp de réfugié·es en Grande-Bretagne, juste après être retourné dans son pays à l’issue de dix ans passés aux États-Unis comme étudiant, où il avait activement participé au mouvement pour les droits civiques. Il était retourné en Ouganda, a-t-il écrit, « en tant que nationaliste panafricain convaincu » mais il avait été « expulsé peu après en tant qu’Asiatique ».
Mardi, lors de la soirée électorale, tous deux étaient présents sur la scène à ses côtés, ainsi que sa femme Rama Duwaji, une illustratrice née au Texas et d’origine syrienne de 27 ans qui collabore notamment au New Yorker.
La victoire de Zohran Mamdani s’explique par une campagne dynamique et joyeuse, portée par des milliers de volontaires qui ont fait du porte-à-porte et nourri les réseaux sociaux du candidat. Il s’y est mis en scène, multipliant les interventions, montrant ses dons linguistiques, en bengali bien évidemment, mais n’hésitant pas à s’adresser à la communauté latina en espagnol [2] – « Je ne serai pas toujours bon en espagnol, mais je n’arrêterai jamais », lance-t-il. Il a été soutenu par des célébrités comme l’actrice et mannequin Emily Ratajkowski.
« C’était incroyable de voir ce que nous avons construit pendant tant de mois », a-t-il déclaré dans une de ses premières interventions télévisées après sa victoire. [3]