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  • 50 agents de la RATP sont-ils en grève illimitée depuis 5 ans ? | TF1 INFO
    https://www.tf1info.fr/societe/ratp-50-agents-de-la-regie-des-transports-parisiens-sont-ils-en-greve-illimi

    En région parisienne, les métros et RER sont très affectés par le mouvement de grève de ce 10 novembre. En marge de ce mouvement social d’ampleur, une information surprenante a été relayée : depuis près de 5 ans, la RATP ferait face à une grève illimitée d’une cinquantaine d’agents. Des éléments avancés par le Figaro et que TF1info est en mesure de confirmer.
    L’entreprise ne peut pas agir

    Une source proche de ces dossiers, contactée ce jeudi 10 novembre, indique que les éléments mis en avant par le quotidien sont justes. Les collaborateurs de la RATP qui sont en grève illimitée « ne touchent aucun salaire, mais conservent leur accès à la protection sociale de l’entreprise », nous précise-t-on.

    Comment font-ils pour vivre sans les ressources de leur travail ? Impossible de répondre à cette question, le profil de ces grévistes quelque peu particuliers n’étant pas détaillé. Tout juste nous confirme-t-on qu’ils ne peuvent « pas être licenciés », puisqu’ils se trouvent protégés par le droit de grève.

    Il faut souligner que cette situation ne concerne qu’un nombre très restreint de salariés au sein de la RATP, qui compte pas moins de 69.000 collaborateurs. Pour autant, au sein de l’entreprise, une telle forme de grève sur du très long terme est considérée comme un « dévoiement de la loi et du droit de grève ». Si bien que la RATP aurait « sollicité le législateur », a appris TF1info, afin que la position des quelques dizaines de salariés concernés puisse être éclaircie et régularisée.

    • la RATP aurait « sollicité le législateur », a appris TF1info, afin que la position des quelques dizaines de salariés concernés puisse être éclaircie et régularisée.

      Grève illimitée, 2 mots, c’est pas clair ? Il leur faut un dictionnaire aux managers ?

      Et donc, je poursuis la lecture, c’est aussi irrégulier, si ça a besoin d’être régularisé.

      On voit venir la régularisation par éjection unilatérale via licenciement pour faute grave, abandon de poste, illégal donc, et abus du non-droit de grève.

      Merci Macron !

    • Les syndicats assurent qu’ils alertent depuis longtemps sur la baisse d’attractivité de leurs métiers. Et la perspective très proche de la privatisation ne fait rien pour améliorer le tableau. L’ouverture à la concurrence des bus parisiens et de la petite couronne est en effet prévue pour le 1er janvier 2025. Progressivement, elle devrait concerner l’ensemble des transports publics d’Île-de-France, à l’horizon 2040 pour les métros et les tramways.

      Pour s’adapter à cette nouvelle donne, la RATP a commencé à modifier les conditions de travail, augmentant pour l’instant le temps de travail annuel de 20 heures. Les conducteurs et conductrices des lignes de bus concernés par la privatisation ont aussi reçu des documents leur expliquant qu’ils pourraient être transférés dans une autre entreprise. Et partout dans l’entreprise, l’angoisse monte, et les débrayages se multiplient, qu’ils soient courts ou qu’ils s’ancrent dans le temps, par exemple à l’atelier de réparation de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), où une cinquantaine de salarié·es organisent une grève tournante depuis fin octobre, comme Libération l’a raconté.

      La dégradation du rythme de passage des bus et des métros est désormais tangible pour les habitant·es de la région parisienne. Comme Mediapart l’a détaillé récemment, la RATP assume sa part de responsabilité concernant le manque de main-d’œuvre, mais précise aussi qu’elle a baissé son offre en concertation et avec l’accord de la Région. Ce que cette dernière dément de manière particulièrement véhémente.

      Pourtant, Île-de-France mobilités a bien décidé de maintenir une offre de transports inférieure à ce qu’elle était avant la pandémie, principalement sur le réseau de bus. Et le but est clair : faire des économies. Car IDFM est dans une très mauvaise passe financière. Il y a peu, Valérie Pécresse a rappelé qu’il manquait 950 millions d’euros annuels à l’autorité organisatrice des transports. Elle a demandé l’intervention de l’État, et menacé de faire passer le prix du passe Navigo mensuel de 75 à 100 euros. Un détail sur lequel Gabriel Attal a sans doute oublié de se prononcer sur BFMTV.

      https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/101122/greve-massive-la-ratp-mobilisation-chetive-ailleurs-pour-la-cgt

    • Une intox patronale pour disqualifier la #grève

      Contactés par CheckNews, deux représentants syndicaux assurent qu’ils n’étaient pas au courant de cette situation. « A première vue, ce ne sont pas des gens comme étant identifiés à la CGT », rapporte Vincent Gautheron, secrétaire de l’union syndicale CGT-RATP. Pour lui, ces 50 grévistes cités par l’entreprise « restent salariés dans le sens où juridiquement un contrat les lie à la RATP », mais ne le sont plus vraiment : « Ils n’ont plus de salaire RATP depuis cinq ans. Quand vous êtes toujours en grève au bout de cinq ans, ce n’est pas que vous êtes en grève, c’est que vous faites autre chose. » Vincent Gautheron fait le parallèle avec ce qui se passe pour certains salariés démissionnaires : « Ils ne viennent plus du tout mais ne font pas forcément la démarche administrative de démissionner, et la RATP est obligée de tenir un conseil de discipline pour constater que le salarié est licencié. » Sauf qu’un salarié déclaré comme étant en grève, lui, ne peut être licencié.

      « Pas intégrés dans la masse salariale »

      Quoi qu’il en soit, le secrétaire syndical s’étonne de l’accusation selon laquelle ces agents continueraient de jouir de tous les avantages offerts par l’entreprise. « S’ils bénéficient de la complémentaire santé, c’est qu’ils adressent à la mutuelle le règlement de leur forfait. Mais peut-être qu’au lieu que ça passe par la cotisation salariale, ils versent directement par chèque le règlement de leur adhésion », pose-t-il. En outre, juge Vincent Gautheron, « ce n’est pas possible non plus qu’ils bénéficient des avantages type chèques-cadeaux ou autres » qui, selon lui, sont versés « par l’intermédiaire du comité d’entreprise » et portent « sur la masse salariale » – terme désignant le cumul des rémunérations brutes des salariés de l’entreprise. « Si depuis cinq ans ils ne sont pas payés par la RATP, ils ne sont pas intégrés dans la masse salariale. »

      On aurait donc affaire à des individus toujours décomptés dans les effectifs de la RATP, sans pour autant s’être maintenus au travail. Baptiste Arsale, secrétaire général de l’Unsa Transport, suggère une autre piste : il pourrait s’agir d’individus périodiquement en grève mais en se déclarant systématiquement sur le même préavis de grève illimité. Quand un agent se déclare en grève, « plusieurs préavis » s’offrent à lui. « Pour cette journée du 10 novembre, tous les syndicats avaient un préavis de grève propre. » Et « effectivement, il y a trois préavis de grève illimités, dont un de la CGT, un de FO et un de l’Unsa. Le nôtre, par exemple, date de plus de quatre ans », détaille-t-il. Si ces préavis courent toujours, c’est que la grève illimitée ne prend fin que lorsque le syndicat qui a déposé le préavis prononce la reprise du travail. En dehors de ce prononcé, rien ne permet d’affirmer que la grève est terminée, pas même une reprise effective du travail.

      « Etat dramatique du dialogue social »

      De fait, estime Baptiste Arsale, « il y a sûrement 50 agents qui depuis cinq ans, à chaque fois qu’il y a une grève, se déclarent sur le préavis de grève illimité. S’il y a une grève demain ou la semaine prochaine, ils feront machinalement la même chose. Mais ça ne fait pas cinq ans qu’ils sont en grève ».

      Impossible de valider l’une ou l’autre des hypothèses des responsables syndicaux, puisque l’entreprise confirme la situation à la presse, tout en s’abstenant de donner le moindre détail sur celle-ci. Quelle que soit la situation réelle de ces salariés, les syndicats s’accordent sur le fait que l’« information » dégainée par l’entreprise vise uniquement à décrédibiliser le mouvement en cours. « La RATP joue sur des préavis de grève illimités qui ont été déposés il y a plusieurs années, en toute légalité. Ils s’en servent pour dire que tout le monde peut se mettre en grève facilement. Qu’ils veuillent modifier les règles, très bien, mais ça ne change rien à l’état dramatique du dialogue social à la RATP », déplore Baptiste Arsale. « Et puis, dit-il, on parle de 50 personnes sur plus de 60 000 salariés. »

      https://www.liberation.fr/checknews/50-salaries-en-greve-depuis-cinq-ans-les-syndicats-desamorcent-la-bombe-s

      #Ratp

    • Les pauvres, en plus, ils si prennent Jean Castex - le retour - dans les gencives :

      À l’appel des syndicats unis, les métros et RER franciliens ont été quasiment mis à l’arrêt ce jeudi, au lendemain de la validation par le Parlement de l’arrivée de

      Jean Castex au poste de PDG de la RATP.

      / ibid Mediapart 10.11.22

      Merci Macron !

  • Volocopters sur vertiports à Paris en 2024 | AFP | 10.11.22

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/101122/france-cinq-bases-de-taxis-volants-en-region-parisienne-en-2024

    https://insideevs.fr/news/575201/volocity-taxi-volant-electrique-paris (mars 2022)

    Deckard, enfin, nous y voilà !

    Cinq bases sont prévues à Paris et dans sa région afin d’accueillir [une dizaine] de taxis volants à l’horizon 2024, ont annoncé les promoteurs de ce projet qui souhaitent profiter de la vitrine des Jeux olympiques pour cette nouvelle offre de mobilité.

    Cet objectif, pour un service expérimental qui doit encore obtenir des feux verts réglementaires, a été évoqué jeudi lors de l’inauguration à l’aéroport de Pontoise-Cormeilles-en-Vexin (nord-ouest de Paris), du terminal passagers d’un « vertiport ».

    C’est dans ces installations à 35 km de la capitale française, que le gestionnaire d’aéroports Groupe ADP, la RATP, la région Ile-de-France et le constructeur aéronautique allemand Volocopter mènent depuis un an des essais d’engins à décollage et atterrissage vertical (VTOL de son acronyme en anglais) en conditions réelles.

    « Notre objectif est très clair, c’est qu’en 2024, Notre-Dame rouvre, que la France brille aux JO et que dans le ciel francilien on puisse voir voler les premiers VTOL en Europe », a déclaré jeudi le directeur général de l’Aviation civile, Damien Cazé.

    Ces appareils électriques vont devoir s’intégrer à la fois dans le trafic aérien et l’environnement urbain, sans négliger leur acceptabilité par la population.

    Les engins « VoloCity », à l’allure de gros insectes couronnés, pour leurs modèles biplaces, par 18 rotors, s’avèrent quatre fois moins bruyants que les hélicoptères, selon Volocopter.

    Deux lignes aériennes sont prévues, l’une entre Paris et Versailles, l’autre relierait les aéroports Charles-de-Gaulle et Le Bourget à Paris intramuros, selon ADP.

    Volocopter « est en train d’obtenir la certification européenne qui lui permettra de pouvoir voler sur tous les vertiports » concernés, selon ADP, qui espère un feu vert de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) en 2024.

    « La clé désormais est de nous préparer pour la certification, ce sera un gros défi pour les 18 prochains mois », a indiqué le PDG de Volocopter, Dirk Hoke.

    « Mais nous sommes sur la bonne voie pour voler à Paris lors de l’été 2024 », a assuré cet ancien haut responsable d’Airbus.

    Il s’est dit engagé à « prouver que la technologie est sûre » : les VoloCity seront soumis aux « mêmes règles de sécurité que les avions Airbus ou Boeing », soit une marge d’erreur technique acceptable de seulement un pour un milliard.

    A l’horizon 2024 « l’expérimentation envisagée reposera sur une flotte d’une dizaine de VoloCity prête à être déployée » en Ile-de-France, chaque appareil pouvant effectuer deux ou trois vols par heure grâce à des batteries rapidement interchangeables.

    Les VoloCity biplaces permettront de transporter un passager payant, l’autre place étant réservée à un pilote en attendant des versions autonomes.

    Le PDG D’ADP, Augustin de Romanet, a évoqué jeudi un coût comparable pour les clients à celui d’un trajet en VTC.

  • Accès à l’eau en Bretagne : les travers du porc | Mediapart | 04.11.22

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/041122/acces-l-eau-en-bretagne-les-travers-du-porc

    Alors que la péninsule, toujours confrontée aux pollutions de son littoral, sort d’une crise de l’eau potable sans précédent, le préfet du Finistère se prononcera dans quelques jours sur la demande d’agrandissement d’une des plus grandes porcheries de France, à Landunvez.

    Kristen Falc’hon + Inès Léraud

    • Les élevages intensifs, un système profondément aquavore

      L’exemple de la commune de Landunvez montre les conséquences d’une grande concentration d’animaux sur la ressource en eau disponible. Dans son étude d’impact, réalisée pour la régularisation de l’exploitation, le propriétaire d’Avel Vor déclare consommer annuellement 27 400 m³ d’eau pour l’ensemble de sa porcherie, soit l’équivalent de la consommation d’une commune de 500 habitants.

      Ce chiffre, avancé par l’éleveur lui-même, est vraisemblablement sous-évalué. Car si l’on se fie aux études de l’Institut du porc, la consommation annuelle d’Avel Vor serait plutôt de l’ordre de 40 000 m³ par an.

      pendant ce temps, les nappes se tirent :

  • Qui c’est les plus forts évidemment c’est les Verts | Mediapart | 31.10.22

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/311022/ecoterrorisme-faute-d-action-le-pouvoir-choisit-la-criminalisation

    Yannick Jadot [...] a été hué pendant son intervention [à Sainte-Soline], et sa voiture taguée.

    L’épisode témoigne d’une défiance d’une partie des activistes vis-à-vis d’une écologie perçue comme trop institutionnelle, malgré les brevets de militantisme dont peut se targuer l’ancien de Greenpeace. On peut trouver immature de rejeter des soutiens susceptibles de crédibiliser une cause auprès d’un public plus large. Mais la réaction ne devrait guère surprendre un Yannick Jadot ayant déclaré d’un ton paternaliste, au sujet des tableaux récemment aspergés par des militant·es écologistes : « Le climat mérite mieux que cette caricature imbécile. »

    Sandrine Rousseau, qui revendique une « écologie radicale » et une plus grande proximité avec ces mouvements non conventionnels, s’est justement montrée très distante vis-à-vis de l’incident. Interrogée sur cet épisode, elle a même remué le couteau dans la plaie, en déclarant que Yannick Jadot devait entendre que « là, on a besoin de retrouver l’écologie de combat ».

    L’un comme l’autre auront en tout cas offert, au plan médiatique, le spectacle d’une fracture ouverte au sein d’EELV, dont les querelles de lignes et de personnes restent pendantes six mois après une élection présidentielle ratée.
    [...]
    Quelles que soient les responsabilités des uns et des autres, il y a quelque chose de pathétique à voir se percuter, dans l’actualité, une mobilisation autour de nos capacités de subsistance, sa délégitimation confusionniste par le ministre de l’intérieur, et l’incapacité collective d’EELV à incarner positivement une alternative politique. Pour un parti quarantenaire, né sur un conflit plus que jamais présent dans la conversation publique, il y a une sérieuse introspection à accomplir.
    [...]
    Mais il est encore plus regrettable que l’écologie politique, qui devrait être un pilier incontournable de l’actuelle coalition des gauches, n’apparaisse encore et toujours que comme une « force vide ». C’est de ces deux réalités, profondes et graves, que témoigne l’actualité autour des mégabassines, bien loin des rodomontades fabriquées pour les chaînes tout info.

  • Bassines de Sainte-Soline : 4 à zéro pour Darmanin | AFP | 31.10.22

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/311022/bassines-interdiction-de-manifester-prolongee-les-opposants-quittent-les-l

    Au tribunal de Niort, la comparution immédiate de quatre hommes interpellés pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences », a été différée au 28 novembre, le temps qu’ils préparent leur défense.

    « C’est un procès politique. Notre combat est légitime. Il y a urgence climatique », a déclaré l’un des prévenus, enseignant retraité de 66 ans. Il a été placé sous contrôle judiciaire, comme les trois autres âgés de 29 à 44 ans ; une cinquantaine de personnes étaient venues les soutenir, sous grosse surveillance policière.

    « On nous bassine dans les médias que les quatre personnes ici présentes sont des écoterroristes : je ne vois pas ce que cela veut dire (...) On nous parle d’écoterrorisme, je parle d’écocide », a plaidé l’un de leurs avocats, Me Hanna Rajbenbach.

    Et depuis, Mediapart prend parti :

    « Écoterrorisme » : faute d’action, le pouvoir choisit la criminalisation

    En assimilant une partie des manifestants contre les mégabassines à des « écoterroristes », le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a laissé parler un imaginaire paranoïaque face aux alertes sur l’habitabilité de la Terre. En face, l’écologie partisane patauge dans ses querelles internes.

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/311022/ecoterrorisme-faute-d-action-le-pouvoir-choisit-la-criminalisation

  • « Écoterrorisme » : faute d’action, le pouvoir choisit la criminalisation
    par Mathieu Dejean, Fabien Escalona

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/311022/ecoterrorisme-faute-d-action-le-pouvoir-choisit-la-criminalisation

    Samedi 29 octobre, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), des milliers de personnes ont défilé à travers champ, en tentant d’éviter les chausse-trappes des gendarmes et policiers mobilisés en masse. Leur objectif : dénoncer et réclamer le démantèlement d’un chantier de « mégabassine », une retenue d’eau à des fins agricoles. Alors que l’interdiction de manifester a été prolongée, il restait quelques dizaines de protestataires sur place lundi soir.

    S’inscrivant dans le droit fil de luttes écolos emblématiques, contre l’extension d’un camp militaire dans le Larzac, contre un projet de centrale nucléaire à Plogoff (Finistère), ou encore contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), la bataille des « mégabassines » cristallise les inquiétudes à propos de la disponibilité et de l’accès égalitaire à une ressource vitale : l’eau.

    Au-delà des polémiques qui ont surgi à la suite de la manifestation, c’est ce qu’il faut d’abord retenir de l’événement. Qu’il s’agisse des contestataires sur place ou des nombreuses personnalités politiques de gauche venues les soutenir et inscrire le sujet à l’agenda institutionnel, on pourrait dire que tous et toutes ont pris au sérieux l’avertissement d’Emmanuel Macron en cette rentrée : « Nous vivons la fin de l’abondance. »

    Cette fin de l’abondance n’est bien sûr pas vécue pour tout le monde, et notamment par les secteurs privilégiés que la politique économique du pouvoir protège. A contrario, le spectre de la rareté est déjà bien connu par de nombreux ménages qui jonglent avec les dépenses contraintes et un reste à vivre famélique. C’est pourquoi la phrase présidentielle a choqué.

    Mais d’un point de vue collectif, il y a une part de vérité dans cette affirmation : nous avons indexé des manières de vivre et des aspirations sur des extractions insoutenables de matières et d’énergies. Plus exactement, nous vivons dans un système économique dont la reproduction repose sur une inlassable quête de croissance qui épuise à la fois la force humaine de travail et les ressources de l’écosystème, lequel s’en trouve déréglé.

    Le problème, c’est que l’exécutif et sa majorité semblent les premiers à ne pas se mettre en règle avec ce constat accablant. Celui-ci devrait pourtant inciter à mobiliser l’ensemble des énergies politiques et des savoirs disponibles pour sortir par le haut – c’est-à-dire dans la justice et la démocratie – de cette impasse de plus en plus criante. En l’occurrence, la logique à l’œuvre avec les mégabassines défie toute rationalité.

    Un symbole de la politique en temps de dérèglement climatique

    Déjà l’an dernier, 200 personnalités, dont des scientifiques, lançaient ce cri d’alerte dans une tribune du Monde : « Les mégabassines ne profitent qu’à une petite minorité d’irrigants qui vont continuer à s’agrandir pendant que leurs voisins disparaîtront. Elles ne visent qu’à maintenir en sursis face au changement climatique un type de productions intrinsèquement dépendantes des intrants chimiques, qui stérilisent les sols, font disparaître la faune et la flore, polluent les milieux aquatiques et l’eau du robinet. »

    Un peu comme ces magazines qui produisent des dossiers sur l’urgence climatique, mais se financent grâce à des publicités pour SUV, le gouvernement vit en plein hiatus.

    D’un côté, des objectifs climat sont annoncés haut et fort au niveau national et international, où il est de bon ton de fustiger les dirigeants souhaitant s’écarter des Accords de Paris (au demeurant insuffisants en eux-mêmes pour respecter les limites planétaires). D’un autre côté, on continue de jouer le jeu de la compétition économique internationale, de la protection des niveaux de profit, et de la répression des mobilisations écologistes.

    Le dispositif policier déployé pour la manifestation de Sainte-Soline annonçait déjà la couleur. Mais outre les manifestants malmenés, c’est le commentaire du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, dimanche 30 octobre, qui a le mieux illustré l’inanité de toute réflexion politique sérieuse sur l’enjeu de l’habitabilité de la Terre.

    Selon lui, la manifestation « extrêmement violente » a en effet été prise en main par « une quarantaine de personnes fichées S à l’ultragauche » dont « les modes opératoires relèvent – [il n’a] pas peur de le dire – de l’écoterrorisme ». Un terme qu’il a répété dans une autre intervention : « Je veux redire que cela relève de l’écoterrorisme. […] La main ferme de l’État sera au rendez-vous. »

    On aimerait d’abord que la fermeté de la personne ayant prononcé ces propos soit parfois dirigée vers les groupes politiques qui menacent, intimident et tabassent réellement, à savoir l’extrême droite qui pouvait par exemple tranquillement défiler dans les rues de Lyon (Rhône) il y a dix jours, en hurlant des slogans xénophobes.

    Sur le fond, l’adjectif choisi est évidemment d’une indécence la plus totale au regard de la mémoire des victimes du terrorisme, en plus de se situer à un niveau politique particulièrement médiocre. Le ministre ne fait que surenchérir à l’inflation des anathèmes envoyés aux activistes écologistes depuis des années, des « Khmers verts » aux « ayatollahs de l’écologie » en passant par les « djihadistes verts ».

    Une manière de dépolitiser en criminalisant, voire en pathologisant les contestataires. Comme jadis avec le groupe de Tarnac, les transformer en un collectif terroriste revient à évacuer la dimension politique de leur engagement, et à introduire un biais qui justifie la dimension d’exception de la loi mise en œuvre contre eux. « Cette stratégie discursive indécente ressemble à une entreprise pour faire oublier les crimes climatiques et leurs responsables », a dénoncé Attac dans un communiqué.

    Au passage, Gérald Darmanin oublie que si l’« écoterrorisme » a une parenté, c’est celle de Theodore Kaczynski, alias « Unabomber », qui a traumatisé les États-Unis en envoyant seize bombes qui ont fait trois morts et 23 blessés entre 1978 et 1995. En France, son seul fan connu ne se situe pas dans la mouvance écolo, mais du côté de l’extrême droite : Patrick Barriot, le référent santé de Marine Le Pen, se targue en effet d’avoir entretenu une longue correspondance avec le terroriste américain.

    À celles et ceux qui alertent sur notre subsistance à long terme, le gouvernement répond donc par la répression, la fin de non-recevoir, l’absence d’empathie envers des générations craignant pour leur avenir, et la non-prise en compte des arguments de fond mobilisés par le camp opposé aux mégabassines.

    Il se joue là un affrontement d’intérêts typique d’une ère politique où il ne s’agit plus seulement de se battre autour d’un surplus économique à partager, ou de l’égalité des droits déniée à telle ou telle minorité, mais autour de ressources existentielles.

    L’évanescence anormale d’Europe Écologie-Les Verts

    Le moment devrait être l’occasion pour les écologistes politiques de faire valoir le bien-fondé de leurs alertes et de leurs propositions, et d’être plus offensifs que jamais vis-à-vis du pouvoir en place. Pourtant, ce qu’il reste de leur présence samedi à Sainte-Soline – de nombreux élu·es d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) étaient présent·es – laisse un goût amer.

    L’ex-candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, qui avait orienté davantage son discours de campagne vers les déçu·es du macronisme que vers le mouvement climat, et fut beaucoup critiqué pour sa présence lors d’une manifestation de syndicats policiers où des slogans hostiles à la justice ont été proférés, a été hué pendant son intervention, et sa voiture taguée.

    L’épisode témoigne d’une défiance d’une partie des activistes vis-à-vis d’une écologie perçue comme trop institutionnelle, malgré les brevets de militantisme dont peut se targuer l’ancien de Greenpeace. On peut trouver immature de rejeter des soutiens susceptibles de crédibiliser une cause auprès d’un public plus large. Mais la réaction ne devrait guère surprendre un Yannick Jadot ayant déclaré d’un ton paternaliste, au sujet des tableaux récemment aspergés par des militant·es écologistes : « Le climat mérite mieux que cette caricature imbécile. »

    Sandrine Rousseau, qui revendique une « écologie radicale » et une plus grande proximité avec ces mouvements non conventionnels, s’est justement montrée très distante vis-à-vis de l’incident. Interrogée sur cet épisode, elle a même remué le couteau dans la plaie, en déclarant que Yannick Jadot devait entendre que « là, on a besoin de retrouver l’écologie de combat ».

    L’un comme l’autre auront en tout cas offert, au plan médiatique, le spectacle d’une fracture ouverte au sein d’EELV, dont les querelles de lignes et de personnes restent pendantes six mois après une élection présidentielle ratée. Le congrès imminent du parti, lors duquel la direction en sera renouvelée, permettra peut-être d’y voir plus clair. Le premier tour départageant les motions d’orientation aura lieu le 26 novembre, et le second tour le 10 décembre.

    Quelles que soient les responsabilités des uns et des autres, il y a quelque chose de pathétique à voir se percuter, dans l’actualité, une mobilisation autour de nos capacités de subsistance, sa délégitimation confusionniste par le ministre de l’intérieur, et l’incapacité collective d’EELV à incarner positivement une alternative politique. Pour un parti quarantenaire, né sur un conflit plus que jamais présent dans la conversation publique, il y a une sérieuse introspection à accomplir.

    « Notre raison a fait le vide [et] nous achevons notre empire sur un désert », a écrit un jour Albert Camus. La phrase menace d’être prophétique au regard du désastre écologique en cours à l’échelle planétaire. Il est regrettable que les « forces du vide », c’est-à-dire celles qui n’ont pas intérêt aux changements systémiques rendus nécessaires par cette situation, soient aujourd’hui si bien relayées au sein de l’État, par ceux-mêmes qui commandent à ses moyens de coercition.

    Mais il est encore plus regrettable que l’écologie politique, qui devrait être un pilier incontournable de l’actuelle coalition des gauches, n’apparaisse encore et toujours que comme une « force vide ». C’est de ces deux réalités, profondes et graves, dont témoigne l’actualité autour des mégabassines, bien loin des rodomontades fabriquées pour les chaînes tout info.

  • Dans les #Deux-Sèvres, la #mobilisation contre les #mégabassines atteint ses objectifs malgré son interdiction... et les lacrymogènes

    Plusieurs milliers de personnes et de nombreux élus ont manifesté, samedi 29 octobre, à #Sainte-Soline, contre le plus gros projet en cours de mégabassine, pour dénoncer l’#accaparement_de_l’eau par l’agro-industrie. À l’appel de 150 organisations, le rassemblement, qui dure depuis plusieurs jours, a été le théâtre de tensions avec les forces de l’ordre.

    SainteSainte-Soline (Deux-Sèvres).– Il est 15 h 15 ce samedi 29 octobre quand plus de deux cents personnes avancent pacifiquement au milieu de l’immense cratère de Sainte-Soline. Après avoir marché au pas de course depuis le camp de base, à deux kilomètres de là, déjoué plusieurs barrages de police et traversé des nuages lacrymogènes, dérouté les forces de l’ordre par la progression de trois cortèges distincts à travers champs, une partie de la foule manifestante a atteint son but : pénétrer à l’intérieur du chantier très protégé de la dernière mégabassine en cours d’aménagement dans les Deux-Sèvres.

    Cette gigantesque excavation artificielle, couverte de cailloux calcaires et bordée de massifs remblais encore inachevés, doit accueillir, pendant l’hiver, de l’eau pompée dans les nappes phréatiques afin de constituer une réserve pour arroser, l’été, les cultures irriguées du coin, maïs en tête. Avec une emprise au sol de 16 hectares – soit la taille de vingt-deux terrains de foot –, cette mégabassine est la plus grosse jamais construite dans les Deux-Sèvres. Un mur de gaz lacrymogènes chasse toutefois la foule au bout de quelques minutes.

    Qu’à cela ne tienne, la manifestation est une réussite aux yeux de celles et ceux qui l’ont organisée : 7 000 personnes selon leurs estimations ont pris part à la marche et ont réussi à s’approcher des grilles du chantier. Et ce malgré l’interdiction du rassemblement par la préfecture, le blocage des routes alentour depuis le matin et une mobilisation impressionnante des forces de l’ordre : quelque 1 600 gendarmes et policiers étaient mobilisés, tandis que plusieurs hélicoptères survolaient la manifestation.

    Malins, des activistes avaient commencé à installer le camp dès le début de la semaine et se trouvaient sur place avant que les accès ne soient bloqués. Chapiteaux, barnums, toilettes sèches… et des centaines de tentes ont poussé en quelques jours. La mobilisation se poursuit tout au long du week-end avec des concerts, une « assemblée des luttes », des balades archéologiques et naturalistes… et de nouvelles actions.

    « On voulait quelque chose de festif, un moment sympathique à partager ensemble », précisait en amont du rassemblement Léna Lazare des Soulèvements de la Terre - l’un des collectifs, avec Bassines non merci et environ 150 autres organisations, à l’origine de la mobilisation.

    Quatrième moment de la mobilisation antibassine après celle de Mauzé-sur-le-Mignon en septembre 2021, celle de Cramchaban en novembre, puis celle d’Épannes en mars – toutes trois dans le marais poitevin - la marche de Sainte-Soline, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Poitiers, avait pour but d’arrêter le prochain chantier qui démarrerait dans la région. Avec pour demande un moratoire sur la construction de ces équipements destinés à alimenter en eau une poignée d’agriculteurs. Il faut dire qu’entre-temps, un été de sécheresse record a posé avec une nouvelle urgence la question d’une gestion équitable de l’eau et ne fait que conforter les activistes dans leur combat.

    « On lutte contre un projet d’accaparement d’eau, explique Mélissa Gingreau, l’une des porte-paroles de Bassines non merci. On s’oppose à la construction de seize mégabassines dans les Deux-Sèvres. Mais si on ne veut pas qu’elles se construisent ici, on veut surtout qu’elles ne se fassent pas ailleurs. Car il s’agit d’une privatisation de l’eau au profit d’une minorité de gens. »

    La bassine de Sainte-Soline est destinée à l’usage de douze exploitants agricoles. Avec son tee-shirt « L’eau est un commun. Protégeons-là, partageons-là », le porte-parole de la Confédération paysanne, Nicolas Girod, défend l’idée qu’une autre agriculture est possible, qui stocke naturellement l’eau dans les sols. « Les mégabassines, ce sont des outils de l’agro-industrie qui font disparaître paysannes et paysans, tout comme les fermes-usines, les produits de synthèse, les OGM… Pomper une eau qui a réussi à s’infiltrer dans les sols est un non-sens écologique. Ce qu’il faut, c’est sortir des pratiques de monocultures intensives et retrouver des sols qui ne soient plus stériles. »

    Philippe Beguin, l’agriculteur qui a prêté le terrain pour le campement militant, a précisément fait ce chemin quand, il y a quelques années, il s’est fâché avec les concepteurs d’une autre mégabassine du secteur. « Ils ne répondaient pas précisément à mes questions. Or moi j’avais fait mes calculs, j’avais vu qu’avec les charges d’emprunt liées à cet équipement, on ne gagnerait pas plus d’argent en faisant du maïs irrigué qu’en faisant du blé en culture sèche », raconte-t-il à Mediapart.

    Il a fini par claquer la porte, remettant en cause le système dans lequel il était. « Je ne suis pas fier de ce que je faisais… Mais les paysans, on a été tellement formatés ! Beaucoup de mes voisins critiquent mon retournement, mais j’observe qu’avec la médiatisation du combat contre les mégabassines, certains changent aussi d’avis. »

    Aujourd’hui, Philippe a mis l’une de ses parcelles en jachère, car elle se trouve, entre mai et septembre, sur la zone de nidification d’un oiseau migrateur : l’outarde canepetière. Et là où il faisait du maïs et du tournesol irrigués, il fait désormais pousser du blé et du millet blanc destiné à l’alimentation d’oiseaux. Il a conservé un peu de tournesol et de maïs, mais « seulement là où il y a les bonnes terres profondes, sans irrigation, quitte à faire la moitié du rendement », dit-il.

    C’est bien à cette « agriculture de qualité », et non pas à « une agriculture destructrice de la faune et de la flore », qu’il faut parvenir, estime Lisa Belluco, députée EELV (Europe Ecologie Les Verts) de la 1re circonscription de la Vienne - circonscription voisine de celle de Sainte-Soline avec laquelle elle partage le même bassin versant. « Dans le secteur, ce sont 31 mégabassines que la préfecture veut faire passer. Si nous gagnons ici, nous gagnerons pour les autres projets. Si l’on prend en compte tous les usagers de l’eau, on voit bien que ce système ne peut pas fonctionner dans un contexte de changement climatique. »

    Comme elle, Manon Meunier, élue LFI (La France insoumise) à l’Assemblée nationale sur la Haute-Vienne, est venue manifester pour, dit-elle, « faire bifurquer l’agriculture ». « Il faut investir dans la transition agroécologique, dans une agriculture intensive en emploi. »

    Lors de son intervention en juillet dernier devant la commission Développement durable et aménagement du erritoire de l’Assemblée nationale, la climatologue coprésidente du Giec Valérie Masson-Delmotte ne disait pas autre chose. « Ces simples politiques de substitution et de bassines ne seront pas à l’échelle par rapport aux besoins, indiquait la scientifique. […] Là, on peut être dans des cas de mal-adaptation parce que l’on créerait du stockage et [...] on accentuerait le niveau de réduction des nappes. Il faut aussi se projeter sur ce que nécessiterait une adaptation à l’échelle d’ici à 2050, et là on se rend compte qu’on aura besoin de toute manière de changement dans les systèmes de production pour réduire les besoins d’irrigation, et pour parvenir du coup à un meilleur équilibre avec le climat tel qu’il évolue. »

    Dans les rangs militants, au-delà des organisations et des syndicats – des députés européens, le NPA (Nouveau parti anticapitaliste), la CGT et Solidaires sont également présents – on trouve aussi des gens des environs, secoués par l’« éco-anxiété », choqués par l’impasse dans laquelle nous conduit l’agro-industrie.

    C’est le cas de Pascale et Clara Niveau, mère et fille présentes depuis le début du mouvement. « Mes grands-parents étaient de petits paysans à quelques kilomètres d’ici, je suis attachée à cette paysannerie, ça fait de la peine de voir ce que devient la terre... », déplore Pascale. Clara, étudiante aux Beaux-Arts à Poitiers, porte dans son dos un panneau composé de tissus de récup’ avec les mots « eau voleur ». « J’essaie d’allier mon travail artistique avec ces sujets, dit-elle. Cela me préoccupe beaucoup... »

    Aïssate Ba, elle, est venue de plus loin avec un petit groupe militant originaire des Vosges. C’est la première fois que la chanteuse participe à une mobilisation contre les mégabassines. « Nous nous battons contre Vittel et ses déchets plastiques qui polluent les nappes phréatiques vosgiennes, raconte-t-elle à Mediapart. C’est tout aussi injuste que ce qui se passe ici. »

    Au cours de la marche vers la mégabassine, cible de nombreuses bombes lacrymogènes lancées dans les airs par les forces de police, de bombes assourdissantes, de grenades de désencerclement et de tirs de LBD planait la mort de Rémi Fraisse sous un tir de grenade, il y a précisément huit ans au cours de la contestation du barrage de Sivens. Hier, 50 personnes ont été blessées dans le cortège, parmi lesquelles cinq sont hospitalisées, indique la coordination de Bassines non merci. La police, de son côté, fait état de 61 blessés.

    Cette mobilisation grandissante et rejointe par de nombreux politiques finira-t-elle par être entendue ? Pour l’heure, le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, présidé par le socialiste Alain Rousset, continue de soutenir le modèle des mégabassines, qui bénéficie d’importants financements publics.

    Quelques heures avant le début de la marche, Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique, enfonçait le clou, avançant que les bassines étaient une solution face à la sécheresse. « On a la moitié des départements de France encore en situation de sécheresse. L’agriculture est en première ligne, et il nous faut des alternatives pour continuer à nourrir les Français », déclarait-il samedi matin sur France Inter.

    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/301022/dans-les-deux-sevres-la-mobilisation-contre-les-megabassines-atteint-ses-o
    #résistance #industrie_agro-alimentaire #eau #agriculture #cortèges #maïs #nappe_phréatique #extractivisme #manifestation #Soulèvements_de_la_Terre #Bassines_non_merci #sécheresse #gestion_de_l'eau #lutte #privatisation #agro-industrie #irrigation #répression

  • Gérald Darmanin a bien voté trois motions de censure avec les députés du Front national
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/10/28/gerald-darmanin-a-t-il-vote-trois-motions-de-censure-avec-les-deputes-du-fro

    Gérald Darmanin a été élu député du Nord en 2012 (sous les couleurs de l’UMP), puis une deuxième fois, en 2022 (sous l’étiquette de la majorité présidentielle). Il a toutefois laissé sa place à l’Assemblée un mois après, à la suite de sa nomination en tant que ministre de l’intérieur.
    Il a donc siégé près de quatre années sur les bancs de l’Assemblée nationale lors de la 14e législature. Au total, au cours de cette législature, sept motions de censure ont été envisagées, mais quatre seulement ont été débattues dans l’hémicycle. Et parmi elles, le ministre de l’intérieur avait bien voté en faveur de trois textes aux côtés des deux seuls députés élus sous l’étiquette Front national (ex-RN) : Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen.

    20 mars 2013 : la motion de censure déposée par Christian Jacob, alors président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, est rejetée. Au total, 228 députés ont voté pour (loin des 287 voix nécessaires). Le texte dressait un bilan critique des dix premiers mois de la présidence de François Hollande et de son gouvernement, alors dirigé par Jean-Marc Ayrault. Gérald Darmanin a voté en faveur de ce texte, aux côtés d’un autre membre du gouvernement actuel, le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Les députés FN, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, s’étaient également prononcés favorablement.

    19 février 2015 : en réaction au recours au 49.3 par le gouvernement pour faire passer la loi Macron, les présidents des groupes Les Républicains (LR) et Union des démocrates et indépendants (UDI), Christian Jacob et Philippe Vigier, déposent une motion de censure. Celle-ci est cependant rejetée : 234 députés ont voté pour alors qu’il en aurait fallu 289 pour faire tomber le gouvernement. Là encore, le député Darmanin a voté en faveur de cette motion, tout comme Gilbert Collard et Marion Maréchal.

    18 juin 2015 : en deuxième lecture du projet de loi Macron, le premier ministre Manuel Valls utilise à nouveau le 49.3. MM. Jacob et Vigier déposent derechef une motion de censure. Cette dernière est rejetée, avec moins de voix cette fois-ci (198 votes recueillis). Et là encore, Gérald Darmanin a suivi son groupe parlementaire, et voté en faveur de ce texte. Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard figurent parmi les députés ayant voté pour cette motion.

    Interrogé au sujet de ces votes, jeudi, sur France Inter, le locataire de la Place Beauvau, a reconnu avoir _« voté les motions de censure que mon groupe a déposées ». Mais selon lui, la situation actuelle « n’est pas comparable », « on n’a jamais été négocier avec Marion Maréchal des phrases dans la motion de censure », a-t-il affirmé. Cette accusation a été rejetée par les « insoumis ». « Gérald Darmanin, qui est un menteur structurel, (…) a dit qu’il y avait eu négociation. Mais personne n’a rien négocié », a réagi le leader des « insoumis », Jean-Luc-Mélenchon.

    • Flirt avec l’extrême droite : Darmanin sait de quoi il parle

      Le ministre de l’intérieur accuse la gauche de compromission avec le RN, en oubliant son propre bilan en la matière. De ses premiers pas aux côtés de Christian Vanneste à ses débats cordiaux avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, en passant par ses écrits dans une revue de l’Action française, les souvenirs sont pourtant nombreux.

      https://www.mediapart.fr/journal/politique/271022/flirt-avec-l-extreme-droite-darmanin-sait-de-quoi-il-parle?at_campaign=67&

      GéraldGérald Darmanin se considère bien souvent comme le videur du champ républicain. C’est lui qui décrète, sur la base de critères choisis par ses soins, qui mérite d’entrer dans cet espace et qui s’en voit exclu. Ces derniers temps, le ministre de l’intérieur concentre l’essentiel de son attention et de ses critiques sur La France insoumise (LFI) qu’il estime « prête à tout, par méchanceté, par désordre, par cynisme pour jouer contre les Français, s’allier avec le Front national, trahir leurs électeurs ».

      Comme l’avait fait Emmanuel Macron la veille, sur France 2, l’ancien élu sarkozyste s’est de nouveau exprimé jeudi matin sur la motion de censure de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), votée en début de semaine par le Rassemblement national (RN). « Y a-t-il eu une négociation de la honte entre La France insoumise et le Rassemblement national pour voter une motion de censure “acceptable” ? », a-t-il interrogé sur France Inter.

      S’appuyant sur de mystérieux on-dit – « Beaucoup de gens racontent, dans les couloirs de l’Assemblée… » –, démentis depuis, Gérald Darmanin a donc renvoyé dos à dos, pour la 1984e fois depuis son entrée au gouvernement, l’extrême droite et ce qu’il aime à qualifier d’« extrême gauche ». « La vérité, c’est que vous vivez grâce à l’opposition que vous jouez avec l’extrême droite », avait-il déjà rétorqué, mardi, à un député LFI qui l’accusait de « donner des gages à destination de l’extrême droite ».
      Une rhétorique ancienne

      La rhétorique n’est pas nouvelle dans la bouche de l’ancien maire de Tourcoing (Nord). Il l’utilise depuis des années contre tous ses adversaires politiques, pour peu qu’ils se revendiquent de gauche. En 2015, c’est l’ex-premier ministre Manuel Valls, aujourd’hui membre de la même majorité que lui, qui en faisait les frais. « Manuel Valls et Marine Le Pen, c’est Dupond et Dupont », déclarait à l’époque le député UMP (ex-Les Républicains, LR).

      Avant de poursuivre, toujours selon la même logique : « Je le vois dans ma région : si le Front national est prospère, c’est dans les coins socialistes, […] parfois simplement une désespérance sociale, en nommant M. Macron ministre de l’économie, en ne respectant pas les promesses du Bourget et en préférant les dîners en ville aux dîners avec les ouvriers. » À ce moment-là, Gérald Darmanin est encore très proche de Nicolas Sarkozy, dont il copie aujourd’hui le style et la manière.

      Or, on connait désormais la responsabilité de l’ancien président de la République dans la banalisation des idées et des figures d’extrême droite en France. Après tout, c’est lui qui, parmi les premiers, déclarait en 2012 que « Marine Le Pen est compatible avec la République ». Avant de se mettre au service de l’ex-chef de l’État – dont il fut plusieurs fois porte-parole –, Gérald Darmanin avait fait ses classes auprès d’un autre élu de l’UMP, considéré comme sulfureux dans ses propres rangs : Christian Vanneste.

      Sur tous les sujets, il était en communion idéologique totale avec moi. Il était plus que catholique, pratiquement intégriste.

      Christian Vanneste, ancien député UMP
      Partisan d’un rapprochement entre la droite de gouvernement et l’extrême droite, l’ancien député du Nord est principalement connu pour être l’auteur de nombreuses déclarations homophobes. Lorsque l’actuel ministre de l’intérieur devient son assistant parlementaire en 2004, Christian Vanneste a déjà été condamné en première instance pour avoir notamment déclaré que « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité » – le jugement a finalement été cassé en 2008.

      Des propos et un positionnement idéologique qui ne semblent guère perturber le jeune Gérald Darmanin, qui tweetera lui-même, quelques années plus tard : « Si je suis maire de Tourcoing, je ne célébrerai pas personnellement de mariages entre deux hommes et deux femmes » ; « Mariage homosexuel et adoption par les homosexuels, faut-il tout accepter sous prétexte que “la société évolue” ? » ; ou encore « Incapable de redresser le pays économiquement, le PS propose de néfastes réformes de société : vote des étrangers, mariage homo, euthanasie ».

      En 2008, l’assistant parlementaire qu’il est encore ira jusqu’à écrire quelques articles pour Politique Magazine, une revue liée au mouvement Restauration nationale, qui se réclame de Charles Maurras et de l’Action française. « Sur tous les sujets, il était en communion idéologique totale avec moi. Il était plus que catholique, pratiquement intégriste », confiera à son propos Christian Vanneste au journaliste Jean-Baptiste Forray dans La République des apparatchiks (Fayard, 2017).
      Une motion de censure votée avec l’extrême droite en 2015

      Devenu à son tour député en 2012 – il est alors le plus jeune élu de l’Assemblée nationale avec Marion Maréchal-Le Pen dont il loue l’« intelligence » et l’« ouverture » –, l’élu UMP n’éprouve aucune difficulté à voter une motion de censure avec les députés d’extrême droite trois ans plus tard, comme l’a récemment rappelé le socialiste Boris Vallaud. Ce qui ne l’empêchera pas de qualifier, toute honte bue, Christiane Taubira de « tract ambulant pour le Front national » – la réponse de l’ancienne garde des Sceaux vaut le détour.

      Les choses se sont accélérées depuis son ralliement à Emmanuel Macron, son entrée au gouvernement en 2017, et plus encore son arrivée place Beauvau en 2020. De sa volonté de déplacer les questions sociales vers les sujets identitaires à son recyclage de la sémantique de l’extrême droite, en passant par son obsession d’un prétendu « islamo-gauchisme » et de nébuleuses « listes communautaires », Gérald Darmanin a rapidement sombré dans la com’ au Kärcher de son mentor Sarkozy.

      Passé maître dans l’art du tweet intempestif, de la polémique stérile et du grand n’importe quoi, le ministre de l’intérieur est allé jusqu’à manifester sous les fenêtres de l’Assemblée nationale auprès de syndicats policiers dont il n’a jamais condamné les propos, quand bien même certains expliquaient que « le problème de la police, c’est la justice » ou remettaient en cause l’État de droit en espérant que « les digues céderont, c’est-à-dire les contraintes de la Constitution, de la loi ».

      Il a débattu cordialement avec Éric Zemmour et Marine Le Pen, qu’il a même jugée un peu « trop molle ». Il a balayé d’une pirouette humoristique une tribune de militaires favorables à une reprise en main musclée du pays. Il s’est précipité sur la moindre polémique montée en épingle par la droite extrême et l’extrême droite sur les réseaux sociaux. Il s’est plusieurs fois étendu dans les colonnes de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Et c’est lui qui, aujourd’hui, accuse la gauche de s’acoquiner avec « le diable ».

      Ellen Salvi

    • Dans l’affaire Sarko Kadhafi

      https://www.mediapart.fr/journal/france/251022/sarkozy-kadhafi-les-juges-ont-mis-un-terme-neuf-annees-d-une-enquete-explo

      Deux anciens ministres de l’intérieur, Claude Guéant et Brice Hortefeux, qui contestent eux aussi les faits, sont également poursuivis pour « association de malfaiteurs » et « financement illégal de campagne électorale », Claude Guéant ayant par ailleurs écopé de nombreux autres chefs de mis en examen au fil de l’enquête : « corruption », « blanchiment », « faux et usage de faux », etc.
      [...]
      En tant que trésorier de la campagne présidentielle de 2007, dont les comptes sont insincères d’après l’enquête, l’ex-ministre du budget et du travail Éric Woerth (actuellement questeur de l’Assemblée nationale) est pour sa part mis en examen pour « financement illégal de campagne électorale », qu’il dément lui aussi.

      En signifiant [le 21 octobre] la fin de son enquête dans cette affaire à nulle autre pareille, la juge Buresi met un terme à presque une décennie d’investigations tentaculaires, qui ont permis aux différents magistrats et policiers de l’Office anticorruption (OCLCIFF) qui se sont penchés sur le dossier de plonger au cœur de la raison d’État et de ses secrets, de pister son argent occulte et cerner ses diverses compromissions, qu’elles soient politiques, diplomatiques ou économiques.

    • y’a EADS dans l’affaire Libyenne aussi, mais ça prend le direction d’une négo entre le PNF et l’entreprise ; mise en examen d’au moins un ex dirigeants, et pour l’instant, « pas de commentaires ».

      Cette découverte a engendré la mise en examen d’un ancien dirigeant d’Airbus, Édouard Ullmo, et pourrait conduire l’entreprise à reconnaître les faits comme personne morale dans le cadre d’une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) qu’elle s’apprête à signer prochainement avec le Parquet national financier, d’après nos informations.

      Sollicité, le groupe Airbus n’a pas souhaité faire de commentaire.

      Et dans le tas, Djouhri.

      Quant à Alexandre Djouhri, lors de sa dernière audition, fin juillet, devant la juge Buresi, il s’est insurgé contre une enquête qu’il a qualifiée de… « monarchique ».

      « C’est une instruction politique », a dénoncé celui que plusieurs témoins ont décrit devant les policiers comme un homme dangereux.

    • Sinon, y’a probablement de bons exemples dans la Macronie, dont Jupiter sois même, mais bon, tout ce beau monde est présumé innocent, de toute manière intouchable et d’abord c’est que des médisance.

    • Chez Hollande :

      Huit ans plus tard, l’ex-ministre Kader Arif est (légèrement) condamné par la Cour de justice

      Par Michel Deléan / Mediapart

      L’ex-secrétaire d’État aux anciens combattants de François Hollande a été condamné ce mercredi à un an de prison avec sursis pour « prise illégale d’intérêts », « favoritisme » et « détournement de fonds publics » par la CJR.

      Bon, c’est pas Byzance non plus, on parle de 60 000 euros TTC à une société gérée par son frère.

    • l’article de Deléan donne un bon carnet d’adresses en Hollandie :

      Kader Arif avait dû démissionner en novembre 2014 après une perquisition dans ses bureaux au ministère. Son départ était intervenu après d’autres démissions de proches de François Hollande rattrapés par la justice ou le fisc, comme le ministre du budget Jérôme Cahuzac, la ministre déléguée à la francophonie Yamina Benguigui, les conseillers élyséens Aquilino Morelle et Faouzi Lamdaoui, ou encore le secrétaire d’État Thomas Thévenoud, abîmant la promesse d’une « République exemplaire ».

  • Dediabolisation Express - Merci Macron | Mediapart | 23.10.22

    https://www.mediapart.fr/journal/politique/231022/ces-six-mois-ou-le-rn-ete-dediabolise-de-facon-express

    Au début des années 1970, au lancement du Front national, les néofascistes d’Ordre nouveau étaient allés chercher Jean-Marie Le Pen, ex-député poujadiste, pour « dédiaboliser » leur mouvement. À la fin des années 1980, certains nouveaux entrants au FN voulaient à leur tour « dédiaboliser » le parti. À la fin des années 1990, Bruno Mégret s’est attelé à la même tâche, dans l’optique de rendre le FN fréquentable pour la droite. Chaque fois, le ripolinage a été entrepris, chaque fois, la peinture s’est bien vite écaillée.

    Christophe Gueugneau / Mediapart

  • Sarkozy suggère à Macron de conclure « un accord politique » [avec LR] | AFP | 23.10.22

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/231022/sarkozy-suggere-macron-de-conclure-un-accord-politique

    Le président Emmanuel Macron devrait se tourner vers la droite « de façon plus franche », l’exhorte dimanche son prédécesseur Nicolas Sarkozy, en lui suggérant de conclure « un accord politique » pour pallier son absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

    « Ce n’est faire injure à personne que de rappeler que le président Macron vient de la gauche », explique M. Sarkozy dans une interview-fleuve au Journal du Dimanche : « J’aimerais parfois qu’il franchisse le Rubicon de façon plus franche, car la France est aujourd’hui majoritairement du côté du parti de l’autorité, de la fermeté, de la liberté. Appelez cela centre droit, centre, droite républicaine, peu importe : l’axe stratégique du pays se trouve clairement là. »

    L’ancien président de la République (2007-2012) et fondateur des Républicains (LR) assume dans cet entretien son soutien à Emmanuel Macron
    [...]

    « injure à personne » ? euh, attends, mmmm, à « la gauche » peut-être ? :-)

  • Composer un monde en commun. Une théologie politique de l’#anthropocène

    Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les #crises induites par la #destruction de notre #habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de #propriété_privée ? Remettre en cause la #souveraineté des #États-nations ? Comment construire ensemble les #institutions_internationales qui permettraient de prendre soin de nos #communs_globaux que sont le climat mais aussi la #biodiversité, la #santé, les #cultures et jusqu’à la #démocratie ?

    Car c’est elle qui, aujourd’hui, est menacée par notre refus d’inscrire des limites à la toute-puissance de la #personnalité_juridique, des techniques extractivistes et de la #marchandisation du monde. Où trouverons-nous les ressources politiques, culturelles et spirituelles pour inventer ces limites et en faire une chance plutôt qu’une insupportable privation de liberté ?

    Un tel projet exige de refonder l’#utopie des #Lumières. Et pour cela, de puiser à la source du #christianisme, qui constitue l’une de ses matrices historiques. Il implique donc une révision de la manière dont le christianisme se comprend lui-même : expérience stylistique du retrait d’un Dieu qui s’efface pour nous ouvrir à un horizon démocratique qu’il nous revient d’imaginer ensemble ? Ou #religion d’un Christ glorieux qui légitimerait une souveraineté politique autoritaire, carnivore, phallocratique et colonialiste ? Telles sont quelques-unes questions que pose ce livre.

    Apprendre à y répondre participe peut-être de ce que les traditions bibliques nomment la sainteté.

    https://www.seuil.com/ouvrage/composer-un-monde-en-commun-gael-giraud/9782021474404

    #livre #Gaël_Giraud #communs #commons #Etat-nation #extractivisme #colonialisme #autoritarisme

  • Faut-il sauver les #dividendes ? (non) | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/191022/faut-il-sauver-les-dividendes-non

    C’est finalement de bonne guerre. Dans la lutte économique et sociale qui se développe désormais sur fond de hausse des prix, les classes détentrices du pouvoir économique déploient des trésors d’ingéniosité pour prouver que l’ordre social existant est bon et juste. Un des points centraux de ce combat concerne les dividendes, qui cristallisent souvent les critiques. Alors que les raffineurs des majors pétrolières étaient en grève, des litres d’encre ont été utilisés pour prouver que le problème ne tenait pas aux dividendes versés par ces mêmes entreprises.

    Parfois, ces défenses prennent des tours assez pathétiques. Comme cette chronique de l’humoriste et actionnaire de Total Gaspard Proust dans Le Journal du dimanche du 16 octobre qui, voulant faire pleurnicher le lectorat sur le « pouvoir d’achat des actionnaires de Total », rongé par l’avidité des salariés, tente de prouver la supériorité du dividende sur le salaire et qualifie celui-ci, avec une poésie toute masculiniste, de « dividende des sans-couilles ». Car, pour ce poète dominical, l’actionnaire prend des risques considérables, tandis que le salarié se contente passivement d’attendre que tombe chaque mois la certitude de son salaire.

    « Le dividende, chante avec lyrisme notre vengeur du Capital, est le salaire de celui qui a osé prendre le risque d’éventuellement tout perdre en investissant dans une boîte. » Mais l’Homère de l’actionnariat devra revoir quelques évidences. D’abord parce que « prendre le risque de tout perdre » en achetant des actions Total, un géant du pétrole, dans le premier quart du XXIe siècle, est assez risible.

    #actionnaires
    Depuis un certain 15 septembre 2008, les autorités publiques de l’ensemble des pays avancés garantissent la pérennité de ces entreprises géantes. Sans compter que, depuis trente ans, grâce à un habile chantage à l’emploi, ces mêmes entreprises bénéficient de ristournes fiscales, d’aides publiques diverses et d’#optimisations_fiscales. Tout cela va directement dans la poche des actionnaires et non des #salariés_et_salariées.

    Au reste, notre malheureux chroniqueur oublie trois points pourtant évidents, tant son amour de l’actionnaire l’aveugle. D’abord, si l’actionnaire perd « tout », le salarié perd aussi tout, notamment son seul moyen de subsistance, ce qui est autrement gênant que de perdre son épargne.

    Deuxième point : il arrive, à vrai dire souvent, depuis trois décennies, que, pour assurer la « valeur actionnariale » de l’entreprise, autrement dit pour satisfaire nos héros avides de risques que sont les actionnaires, on sacrifie par tonneaux entiers des salariés. Ce Proust des temps modernes a oublié de jeter un œil à l’état du salariat depuis trente ans (mais il est vrai que cela ne semble pas l’intéresser) : alors que les cours de la Bourse s’envolaient pour le plaisir des actionnaires, la précarité et le chômage de masse s’installaient. Car il faut bien trouver quelque part les moyens de « récompenser le risque ».

    Car, enfin, et c’est le troisième point, d’où nos valeureux Achille de la #Bourse tirent-ils leurs « récompenses » ? Ils se sont contentés d’acheter des actions, acte sans doute digne d’une épopée, mais qui n’explique guère la source de la #valeur qu’ils captent. Et s’il s’agissait du travail des salariés ? Eh oui, l’actionnaire touche bien un dividende et non un #salaire, pour une raison simple : il ne travaille pas dans cette entreprise et ce n’est pas lui qui participe à la transformation de son argent, matière morte sans le #travail qui lui permet de toucher sa « récompense ». Mettre ces deux éléments à égalité est une aberration.

  • De l’art de la réquisition illégale | Mediapart | 13.10.22

    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/131022/greve-dans-les-raffineries-le-gouvernement-met-de-l-huile-sur-le-feu

    Ce jeudi matin, dès l’aube, des policiers étaient présents en nombre devant la raffinerie TotalEnergies de Mardyck, près de Dunkerque. Quelques heures plus tard, ils annonçaient aux grévistes présents que des réquisitions allaient tomber. Au moins trois salariés grévistes ont reçu, en main propre et signées du préfet, des réquisitions les sommant de retourner au travail, sous peine d’une peine de prison de six mois et de 10 000 euros d’amende.
    [...]
    Emmanuel Gayat, avocat pour la CGT d’Esso-Exxonmobil et de Total, jeudi après-midi devant le tribunal administratif de Rouen. Il y plaidait au nom des quatre salariés grévistes d’Esso-Exxonmobil ayant reçu une réquisition la veille, mercredi 12 octobre. Dans sa requête au tribunal, il la considère comme « manifestement illégale en ce qu’elle porte atteinte au droit de grève hors des cas prévus par la loi et qu’elle ne respecte pas les conditions fixées par la loi pour une telle réquisition ».

    Question : ils peuvent pas tomber malade, les réquisitionnés ?

    Mais aussi :

    https://www.mediapart.fr/journal/france/131022/sur-les-piquets-de-greve-des-raffineries-de-normandie-la-colere-prend-de-l

    « Les salariés, et pas la CGT qui ne fait que nous assister, demandent 10 % d’augmentation pour compenser l’inflation »
    [...]
    Mais rien n’est encore joué. Et la poursuite d’un mouvement d’ampleur s’écrit toujours en pointillé. À une trentaine de kilomètres, en amont de la Seine, le mouvement semble battre de l’aile à la raffinerie Exxon de Port-Jérôme. « Après 24 jours de grève, le mouvement s’essouffle », concède Sébastien Pichault, délégué syndical FO côté raffinerie. « C’est dur humainement, physiquement et financièrement pour les salariés »
    [...]
    C’est dans cette raffinerie que le mouvement de grève a démarré il y a trois semaines.
    [...]
    Les salariés de l’autre raffinerie Exxon, située à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), viennent de voter l’arrêt de la grève.

    • Stratégie du choc, comme d’hab, j’imagine.

      Lors de l’audience, l’avocat a appris qu’une deuxième salve de réquisitions avait été envoyée dans l’après-midi pour les salariés d’Esso-Exxomobil de Gravenchon-Port-Jérôme. « Elles ont été envoyées à l’employeur avant d’être envoyées aux salariés, s’insurge l’avocat. L’employeur les a reçues à 13 heures, les salariés concernés à 15 heures, alors même qu’elles valaient pour des réquisitions commençant à 14 heures, une heure plus tôt. Ça n’a pas de sens, c’est complètement illicite et le préfet l’a reconnu à la barre… Ils ont vraiment fait ces réquisitions n’importe comment. »

      Et ce n’est pas tout. « Ce n’était pas une erreur de timing, précise l’avocat. Le préfet a envoyé les réquisitions d’abord à l’employeur, de manière à ce qu’il puisse s’en saisir à sa convenance et obliger les salariés à travailler quand il en aurait besoin. C’est comme si l’État se défaisait de son pouvoir de police administrative au profit d’un patron d’une entreprise privée. C’est inédit, je n’ai jamais vu ça ! »

      Du coup, sous le choc, ils peuvent pas tomber malade, les 4 réquisitionnés ?

  • 160 milliards d’aides publiques par an : un « pognon de dingue » po... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/111022/160-milliards-d-aides-publiques-par-un-pognon-de-dingue-pour-les-entrepris

    160 milliards d’aides publiques par an : un « pognon de dingue » pour les entreprises

    Des chercheurs lillois chiffrent à au moins 157 milliards d’euros par an les aides publiques à destination des entreprises, ce qui en fait le premier poste du budget de l’État.

    Les résultats de leur recherche : les aides publiques aux entreprises s’élèveraient au minimum à 157 milliards d’euros en 2019, soit près d’un tiers du budget de l’État (31 %) et plus de deux fois le budget de l’Éducation nationale ! Ce montant est du même ordre que celui annoncé par Gérald Darmanin en 2018, et aussi que celui publié par France Stratégie dans un rapport datant de 2020 qui estimait à 139 milliards d’euros par an minimum les aides à la production des entreprises en France. Fort de ces différentes évaluations, on commence donc à y voir un peu plus clair.

    Un capitalisme sous perfusion. Mesure, théories et effets macroéconomiques des aides publiques aux entreprises françaises
    http://www.ires.fr/index.php/etudes-recherches-ouvrages/etudes-des-organisations-syndicales/item/6572-un-capitalisme-sous-perfusion-mesure-theories-et-effets-macroeconomiques-d

  • En Tanzanie, TotalEnergies prépare une bombe climatique aux relents... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/051022/en-tanzanie-totalenergies-prepare-une-bombe-climatique-aux-relents-colonia
    #eacop

    En Tanzanie, TotalEnergies prépare une bombe climatique aux relents colonialistes
    #Les_Amis_de_la_Terre et #Survie publient une enquête inédite sur un futur oléoduc du géant pétrolier français en #Tanzanie. Ce projet écocidaire et néocolonial aura des impacts désastreux sur les plans humain, écologique et climatique. Mais la résistance s’organise.

    le #rapport de l’#ONG :

    https://www.amisdelaterre.org/wp-content/uploads/2022/09/eacop-la-voie-du-desastre-amis-de-la-terre-survie-oct-2022.pdf https://www.amisdelaterre.org/publication/eacop-la-voie-du-desastre

    • https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/05/tanzanie-le-projet-d-oleoduc-de-totalenergies-mis-en-cause-par-des-ong-pour-

      Un bilan carbone de 34 millions de tonnes de CO₂ par an
      Le rapport consacre aussi un long chapitre à l’impact environnemental de l’oléoduc, qui traversera plusieurs aires protégées. Il rappelle les risques d’accidents écologiques liés à la nature sismique de la zone et au passage de fréquents ouragans. Selon une étude réalisée par le cabinet E-Tech, spécialisé dans les industries extractives, cette réalité devrait conduire Eacop à renforcer ses dispositifs de prévention en multipliant notamment « les valves de blocage » le long de l’oléoduc pour maîtriser les fuites.

      Après trois années de bataille procédurale, la première audience sur le fond du procès engagé par Les Amis de la Terre et Survie contre TotalEnergies sur son devoir de vigilance devrait se tenir mercredi 12 octobre au tribunal judiciaire de Paris. Le rapport sur le volet tanzanien du projet a été versé aux pièces du dossier. Les ONG, qui demandent l’arrêt de ce projet pétrolier au cœur de l’Afrique des Grands Lacs, ne manqueront pas non plus de rappeler qu’elles comptent désormais dans leurs rangs le Parlement européen. Le 15 septembre, à l’initiative de l’eurodéputé français Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), celui-ci a voté, à une large majorité, une résolution d’urgence pour dénoncer son impact sur les populations, l’environnement et le climat.

      Le bilan carbone du projet s’élève à 34 millions de tonnes de CO₂ par an, davantage que les émissions de l’Ouganda et de la Tanzanie combinées. Les députés exigent l’arrêt des forages dans les aires protégées, ainsi que le report des travaux d’Eacop pendant un an, pour « étudier la faisabilité d’un tracé alternatif » permettant de préserver l’environnement et d’« envisager d’autres projets reposant sur les énergies renouvelables ». Les eurodéputés demandent également que soit mis fin aux violations des droits humains. Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, invité à venir s’exprimer devant la commission des droits humains du Parlement européen le 10 octobre, a décliné la proposition.

  • La méritocratie à la Française [des Telecom] | Mediapart | 01.10.22

    15 ans après, en appel, sursis et 15k€ pour les bouchers de FT ; on va quand même pas s’exciter pour quelques suicides :-)

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/300922/en-appel-les-anciens-dirigeants-de-france-telecom-condamnes-pour-harceleme

    La cour d’appel de Paris a condamné, le 30 septembre 2022, l’ancien PDG Didier Lombard et son bras droit Louis-Pierre Wenès à un an de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende [prise en charge par Orange]. En 2007 et 2008, leurs méthodes ont conduit à une vague de suicides dans l’entreprise.
    [...]
    peine allégée : condamnés en première instance [20 décembre 2019] également à un an de prison, mais avec quatre mois de prison ferme.
    [...]
    L’ancien directeur des ressources humaines, Olivier Barberot, ainsi que l’entreprise en tant que personne morale, condamnés en première instance, n’avaient pas fait appel.
    [...]
    La cour d’appel a par ailleurs largement réduit les sommes accordées aux syndicats ou à certaines victimes, par rapport à ce qu’ils avaient obtenu en première instance.
    [...]
    La décision ne remet pas en cause les indemnisations déjà décidées par Orange : en juillet 2019, à l’issue du procès mais avant sa condamnation, l’entreprise avait annoncé son intention de réparer sans attendre les « souffrances » infligées. Elle a rapidement mis en place une commission d’indemnisation.

    Selon les décomptes des syndicats, 1 800 dossiers de victimes ou d’ayants droit de personnes décédées ont été déposés en moins de deux ans, et au moins 1 400 ont donné lieu à une indemnisation, en moyenne de 15 000 euros par dossier : l’entreprise devrait débourser environ 30 millions d’euros dans ce cadre.

    • dans les commentaires de l’article :
      01/10/2022 08:42 PAR LA NÎMOISE

      En 2009, salaire lombard didier : 1 587 992 euros/an.

      [...]

      01/10/2022 02:54 PAR PROFDEPIPO

      « Mon client a 80 ans, il a une peine de prison avec sursis pour un an, il n’a plus d’activité, je ne vois pas dans quelles conditions il pourrait être davantage sanctionné. »

      Moi, je vois bien, Maître Veil.
      Saisie immédiate (pour lui et pour les autres) de toutes les rémunérations et gratifications perçues pendant les années concernées. A répartir entre les victimes et les familles des victimes décédées.
      Interdiction (pour lui et pour les autres) de siéger dans des conseils d’administrations d’entreprises. Avec ou sans limite de temps.
      Retrait de la Légion d’Honneur pour ceux qui l’ont (pour moi ça ne vaut rien, mais pour eux, ça doit compter).
      Pour ceux qui sont encore en âge de travailler, s’il en reste : interdiction d’occuper un poste de direction ou en rapport avec les RH dans une entreprise. Avec ou sans limite de temps autre que l’âge légal de la retraite.
      Pour ceux qui sont encore en âge de travailler, service bénévole dans une cellule de lutte contre le harcèlement (pas de contact avec le public, aucune équipe à leurs ordres, évidemment). Avec ou sans limite de temps autre que l’âge légal de la retraite.

      Je suis certaine qu’on peut encore trouver plein d’idées, en cherchant bien. J’imagine qu’aucune de celles-ci ne sont possibles en l’état actuel du droit. Dommage.

    • Israël déclare qu’il ne « reconnaîtra pas » les référendums d’annexion en Ukraine
      Agence France-Presse - 27 septembre 2022
      https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/270922/israel-declare-qu-il-ne-reconnaitra-pas-les-referendums-d-annexion-en-ukra

      Israël a déclaré mardi qu’il ne reconnaîtrait pas les résultats des « référendums » d’annexion, lancés vendredi dans quatre régions d’Ukraine sous contrôle total ou partiel russe.
      « Israël reconnaît la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et ne reconnaîtra pas les résultats des référendums dans les régions orientales de l’Ukraine », indique mardi soir un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
      La Russie et les autorités des régions qu’elle occupe en Ukraine ont affirmé mardi que le « oui » était largement en tête de ces « référendums » d’annexion.
      Après l’invasion en Ukraine en février, Israël a adopté une position prudente, faisant valoir des liens privilégiés avec les deux pays et il s’est abstenu de fournir des armes à l’Ukraine.
      L’Etat hébreu a toutefois envoyé des équipements défensifs, notamment des casques et des gilets par-balles à l’Ukraine. (...)

  • Ce que le gouvernement a fait aux #chômeurs | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/300922/ce-que-le-gouvernement-fait-aux-chomeurs

    La première réforme de l’#assurance-chômage est pleinement entrée en vigueur il y a tout juste un an, et nul ne sait combien de chômeurs elle a pénalisé. Si les chiffres sont invisibles, les conséquences sur la vie des gens sont brutales. Témoignages.

    Pas de bilan, pas de chiffres, pas de transparence. Un an après l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-chômage, aucune donnée n’est disponible sur ses effets concrets. Combien de personnes ont été percutées par les nouvelles règles ? Combien ont vu leurs droits rejetés ou réduits ? Et de quels montants ?

    À ce jour, et alors qu’une nouvelle réforme se profile, rien n’a été communiqué. Et aucun calendrier n’est annoncé pour dresser un premier bilan. Officiellement, il est « trop tôt », affirme l’#Unédic. « Une évaluation sera faite. Il faut se laisser plus de temps pour que ces analyses soient fiables », expliquait en juin 2022 Patricia Ferrand, présidente du gestionnaire de l’assurance-chômage.

    Pourtant, au printemps 2020, l’organisme avait été en mesure de publier un bilan précis et détaillé des premières mesures entrées en vigueur six mois plus tôt (et finalement suspendues en juillet 2020, pour cause de crise sanitaire).

    Ce premier état des lieux était redoutable : entre novembre 2019 et février 2020, 20 000 rejets d’ouverture de droits par mois avaient été observés. C’est la dernière donnée disponible sur les effets de la réforme. Pour tenter de mesurer son impact sur la vie des gens, Mediapart a recueilli les témoignages de femmes et d’hommes pénalisé·es par les nouvelles règles.

    Des droits plus difficiles à ouvrir : « Une carrière réduite à zéro, la dignité balayée avec »

    Six mois de travail sont désormais nécessaires pour ouvrir ou recharger des droits au #chômage, contre quatre mois auparavant. Cette règle, premier volet de la réforme de l’assurance-chômage, est celle qui était entrée en vigueur en novembre 2019, avant d’être suspendue.

    De nouveau opérationnelle depuis décembre 2021, la mesure a considérablement durci, voire rendu impossible l’accès aux allocations chômage. Solen en a fait la douloureuse expérience au printemps dernier. Elle a basculé sur le RSA, faute de pouvoir recharger ses droits.

    Âgée de 41 ans, elle est saisonnière « depuis très longtemps » dans le milieu agricole, en Bretagne. Avant cela, elle était guide nature. « Tous les ans, j’arrivais à rouvrir des droits, suite à mes contrats. Mais ça, c’est terminé. La réforme de l’assurance-chômage a signé la fin des droits rechargeables. Toute une carrière réduite à zéro, la dignité balayée avec... », résume-t-elle, le cœur lourd.

    Avant le grand chambardement de la réforme, une personne qui travaillait au moins 150 heures (environ un mois) pendant qu’elle percevait ses allocations allongeait d’autant la période de ses droits. C’est le principe du rechargement. La réforme a multiplié par six la durée nécessaire pour y prétendre.

    « Autant dire que c’est devenu impossible !, s’emporte Solen. Et c’est aberrant. Les saisonniers sont ciblés par la réforme. Peut-être qu’on ne travaille pas douze mois dans l’année mais quand on travaille, c’est six jours sur sept et dix heures par jour. Dans mon secteur, les gens font des métiers passions et sont hyper qualifiés. Mais maintenant, ils changent de voie à cause de la réforme. J’y pense aussi... Et après, on se plaint du manque de main-d’œuvre ? »

    Mediapart l’a déjà documenté, la réforme de l’assurance-chômage, qui devait être la solution miracle pour l’emploi et contre la précarité, fait désormais partie du problème de la pénurie de personnel. Nombre de saisonniers et de saisonnières ont fui, ayant trop à perdre.

    Pour appréhender les répercussions de ces nouvelles conditions d’affiliation, il faut s’en remettre, pour l’heure, à l’étude d’impact de l’Unédic, réalisée avant la réforme.

    Selon les prévisions de l’époque, le passage de quatre à six mois nécessaires pour bénéficier d’une allocation pouvait retarder d’un an ou plus l’ouverture de droits de 190 000 personnes. Et retarder de moins d’un an l’ouverture de droits de 285 000 autres. L’étude d’impact soulignait également que les moins de 26 ans, touchés par la mesure, seraient « surreprésentés » : 160 000 concerné·es la première année de mise en œuvre.

    Nouvelle règles de calcul : quand le travail pénalise

    C’est le volet qui a le plus bouleversé les règles de l’assurance-chômage en tapant, parfois fort, sur les allocations. Il est entré en vigueur le 1er octobre 2021 et redéfinit la manière de calculer le salaire journalier de référence (SJR) qui détermine le montant des allocations-chômage.

    Avant la réforme, seules les périodes travaillées par un·e salarié·e étaient prises en compte dans le calcul. Pôle emploi faisait une moyenne de ses salaires touchés. Désormais, une partie des périodes d’inactivité sont également comptabilisées. Cela sanctionne les parcours professionnels fractionnés, pour celles et ceux qui multiplient les contrats, entrecoupés de périodes de chômage.

    Selon les évaluations menées en amont par l’Unédic, 1,15 million de personnes ont pu être pénalisées la première année, avec une baisse moyenne d’allocation de 17 %.

    Et jusqu’à 40 % en moins pour 400 000 personnes.

    C’est précisément la baisse subie par Solen, la travailleuse agricole. Avant d’être privée de ses droits au chômage, elle avait pu bénéficier de quelques mois d’allocation, dont le montant avait été recalculé fin 2021. Bilan : 400 euros en moins. « Je suis passée de 900 euros mensuels à 500 euros », détaille Solen, qui dit aujourd’hui « survivre » depuis le passage de cette réforme « qui précarise grandement » et lui a infligé une double peine. D’abord un calcul moins favorable puis un rejet de droits.

    Saskia*, 59 ans, contractuelle dans l’Éducation nationale, a aussi beaucoup perdu depuis les nouvelles règles. « Je suis passée de 630 euros à 430 euros par mois, souffle-t-elle. Mon mari est instituteur, il ne gagne pas grand-chose non plus. On fait avec... », ajoute-t-elle avec pudeur.

    Depuis plus de dix ans, Saskia signe, chaque automne, « un contrat précaire » qui couvre environ la moitié de l’année, pour à peine 700 euros mensuels. Le reste du temps, elle travaille, le plus possible.

    Et c’est devenu un problème.

    « Je n’ai jamais attendu que mes droits s’épuisent pour retravailler et j’ai accepté toutes les missions qui m’ont été proposées. Et c’est ça qui me pénalise ! », lance Saskia, encore sidérée par l’effet produit. « Je ne m’y attendais pas du tout, je réalise aujourd’hui que je n’aurais pas dû travailler pour pouvoir bénéficier d’un calcul du chômage plus favorable. »

    Elle cite en exemple ses collègues : « Elles ont attendu d’avoir consommé leurs droits, sans travailler entre deux contrats. Et perçoivent toujours 630 euros d’allocation. Moi, les vacations – et donc le travail – m’ont mise dedans. C’est injuste ! »

    Pour ne rien arranger, la contractuelle a dû ferrailler contre un « effet de bord » inattendu de la réforme. Mediapart l’avait raconté dès le mois de janvier 2022 : une règle censée être protectrice a fini par se retourner contre bon nombre de demandeuses et demandeurs d’emploi.

    Annexée à la réforme, cette mesure entend compenser onze mois de confinements et couvre-feux en 2020 et 2021, en allongeant automatiquement la « période d’affiliation » de toutes les nouvelles et nouveaux inscrits. Dit autrement, Pôle emploi va chercher plus loin dans le passé professionnel des emplois et salaires pour compenser l’éventuelle inactivité de ces onze mois.

    Le mécanisme est pensé pour offrir aux demandeurs et demandeuses d’emploi une meilleure allocation. Mais il peut produire l’effet inverse. Avec un montant calculé sur trois ans au lieu de deux, Saskia a ainsi perdu 100 euros supplémentaires. « Je devais me contenter de 350 euros par mois ! J’ai sollicité le médiateur régional et obtenu gain de cause. Maintenant, j’ai bien droit à 430 euros. »

    Depuis les révélations de Mediapart sur cet « effet de bord » de la réforme, nombre de dossier d’allocataires pénalisé·es ont connu une issue favorable, grâce aux médiations. Mais encore faut-il être au courant que ce mécanisme existe. Le médiateur national de Pôle emploi, qui avait alerté dès le début, s’était d’ailleurs exaspéré de cette « aberration ».

    Dégressivité pour les salaires élevés : « 1 500 euros en moins » en un mois

    La réforme de l’assurance-chômage a introduit une dégressivité du montant des allocations visant les salarié·es qui percevaient un salaire de plus de 4 500 euros brut mensuels avant d’être au chômage. Après six mois d’inscription à Pôle emploi, leur allocation diminue de 30 %.

    Florencia* a ainsi perdu 1 500 euros brut, en basculant dans son septième mois de chômage. « Ça fait une sacrée différence... », commente-t-elle sobrement, en reprenant ses calculs.

    La trentenaire, ex-cadre, s’agace de cette règle, sur le fond comme sur la forme. Elle ironise sur la communication de l’exécutif : « Parler de dégressivité, ça fait punchy, presque comme une offre commerciale. Mais ce n’est ni plus ni moins qu’une baisse ! »

    Cette mesure a été poussée, dès 2018, par Aurélien Taché. Ancien socialiste, élu député La République en marche en 2017, il a été corapporteur du projet de loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Il a contribué à la réforme, en ouvrant le débat sur la dégressivité, et l’a défendue avec ferveur avant de (re)prendre un virage, à gauche toute. Député Nupes depuis juin 2022, il siège avec le groupe écologiste et ne manque pas une occasion de dénoncer les nouvelles règles contre les chômeurs et les chômeuses.

    En 2018, le même promettait qu’il n’y aurait aucun « tour de vis généralisé sur les droits des demandeurs d’emploi » et présentait la dégressivité comme une forme de « justice sociale ». « On sait que pour les cadres ayant des hauts revenus, il n’y a quasiment pas de chômage, argumentait ainsi Aurélien Taché dans Le Parisien. La justice sociale, ce n’est pas de couvrir pendant deux ans des gens qui ont de très hauts revenus et pourraient retrouver un emploi. »

    Un argument qui fait bondir Florencia. « On n’est jamais autant intéressant que quand on est déjà en poste, surtout en étant cadre. On n’est jamais désirable quand on est au chômage ! »

    Étant maman d’un jeune enfant, sa recherche d’emploi s’est avérée plus complexe encore. « Quand vous êtes mère et cadre, il y a cet imaginaire sublime de la “working mum sur tous les fronts”. En entretien, sous couvert de bienveillance, les recruteurs essaient de savoir à quel point vous êtes employable. “Quel âge à votre enfant ? Vous avez un mode de garde ? Vous vous sentez capable d’avoir un poste aussi exigeant ?” Donc, non, ce n’est pas si simple de retrouver un emploi, même quand on a eu des hauts revenus. »

    Florencia a d’ailleurs fini par accepter un travail beaucoup moins bien rémunéré que son ancien poste et même... moins rémunéré que son allocation chômage. Et la dégressivité n’a rien à voir dans l’affaire.

    Droits post-démission : un parcours du combattant pour peu de bénéficiaires

    Investissement, patience et sueurs froides. Le chemin vers la démission-reconversion de David* n’a pas été dénué d’embûches. Salarié disposant d’une situation confortable, il a souhaité entrer dans ce dispositif permettant de bénéficier de droits au chômage après une démission, en cas de solide projet de reconversion professionnelle.

    Il ne s’agit pas d’une règle désavantageuse de la réforme de l’assurance-chômage mais bien de « droits supplémentaires » sur lesquels il est intéressant de s’attarder. Car ils n’ont pas profité à grand monde.

    Promesse phare d’Emmanuel Macron en 2017, cette possibilité a été inscrite dans la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », et est entrée en vigueur en novembre 2019, en même temps que les premières règles de la réforme de l’assurance-chômage.

    Dans ce dispositif, David voit l’occasion de quitter son emploi pour se lancer dans « un projet entrepreneurial », longuement mûri. Avant de démissionner, il prend, comme indiqué par Pôle emploi, rendez-vous avec une conseillère en évolution professionnelle pour présenter et préparer son projet.

    « C’est là que le problème prend sa source, mais je ne l’ai compris que plus tard, soupire David. La conseillère me dit que toutes les conditions sont réunies pour que ça marche. Pourtant, je vois que le simulateur de Pôle emploi indique qu’il y a un blocage de cinq jours pour m’accorder des droits. Il faut avoir travaillé 1 300 jours [dans les 60 mois qui précèdent – ndlr] et je n’en ai que 1 295. Ces cinq jours en moins ne semblent pas du tout l’alerter. Elle n’y voit pas de problème. »

    Pour recouper les informations, il se déplace tout de même à Pôle emploi, où le discours est le même, selon lui. « On me répond qu’il n’y aura pas de problème mais on me refuse un écrit pour l’attester. Ma conseillère en évolution professionnelle me rassure et promet de l’indiquer dans mon dossier. Je me sens en confiance, je crois fondamentalement ce qu’elle me dit. »

    David s’attaque à la réalisation de son dossier, qui sera présenté à une commission paritaire interprofessionnelle (baptisée Transition Pro) chargée de reconnaître, ou non, le « caractère réel et sérieux » du projet professionnel.

    « Cette commission vous accorde une sorte de “bon à la démission”. Préparer le dossier est exigeant et très chronophage. Ça m’a pris trois mois et demi », se souvient David.

    À l’arrivée, une bonne nouvelle l’attend. Son projet est qualifié de sérieux. Il peut démissionner et dispose d’un délai de six mois pour s’inscrire à Pôle emploi, ce qu’il ne tarde pas à faire. Mais la machine s’enraye. « Déjà, j’ai attendu un mois pour que ma demande d’indemnisation soit traitée. Un mois, sans ressources. »

    Quand la réponse tombe, c’est pire qu’une douche froide. « Mes droits sont refusés car il me manque... cinq jours ! Je ne vais pas vous mentir, à ce moment-là, il y a de quoi être anxieux ! J’ai démissionné, je n’ai plus de revenus et on m’explique que je n’aurai droit à rien, contrairement à tout ce qui a été dit auparavant ! »

    David formule un premier recours. Refusé. « C’est niet, il manque cinq jours. » Il fait appel à la médiation régionale qui permet une issue favorable. Ses droits seront finalement ouverts après deux longs mois sans aucune ressource. « Ce dispositif a beaucoup de failles, conclut-il. La première étant que tous les organismes ne semblent pas avoir le même niveau d’information. Il y a beaucoup trop de prise de risque. »

    Déjà, en 2021, le médiateur national de Pôle emploi éreintait, dans son rapport annuel, « l’esprit de ce nouveau droit [qui] semble être dévoyé par une procédure trop complexe » et jugeait « urgent de mener une réflexion sur l’articulation des interventions des différents acteurs qui gèrent ce dispositif ».

    D’ailleurs, la mesure est loin d’avoir eu le succès escompté. 17 000 à 30 000 bénéficiaires étaient attendus chaque année. Or, en trois ans ans, seules 25 000 personnes y ont eu droit, selon le bilan publié récemment par l’Unédic.

    Les périodes de confinement de 2020 et 2021 ont certes ralenti la montée en charge du dispositif, mais son « régime de croisière », qui semble désormais atteint selon l’Unédic, oscille « entre 1 000 et 1 500 personnes par mois », soit la fourchette la plus basse des objectifs de départ.

    Cette promesse tenue aura en tout cas été bien utile à l’exécutif, qui l’a souvent brandie pour justifier chaque mauvais coup porté aux chômeurs et aux chômeuses depuis 2017. N’hésitant pas à parler, comme Aurélien Taché en son temps, d’une « logique de justice », voire « d’équilibre entre des droits supplémentaires » et des règles plus sévères.

    Avec 25 000 « droits supplémentaires » sur trois ans d’un côté et, de l’autre, plus d’un million de chômeurs et chômeuses potentiellement lésé·es en 12 mois, on cherche encore l’équilibre. Mais on voit bien vers qui penche la balance des perdants et des perdantes.