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  • Alain Damasio : « Et si l’on battait le capitalisme sur le terrain du désir ? »

    Joseph Confavreux | 21 août 2022 à 16h04 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/210822/alain-damasio-et-si-l-battait-le-capitalisme-sur-le-terrain-du-desir

    « Nous autres humains modernes ne naissons pas vivants : on le devient. Nous avons désormais à le devenir. Ça se conquiert et ça se construit », écrit Alain Damasio dans le texte d’ouverture du dernier numéro de la Revue du Crieur.

    Pour mettre en pratique ses intuitions, il a cofondé une « école des vivants », qui n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais entend œuvrer pour la construction d’une « polytique » du vivant, à même d’articuler luttes sociales et écologistes.

    Battre le capitalisme, ce « sac pratique où jeter tout ce qui merde », suppose en effet de s’aventurer aussi sur le terrain du désir, de l’intimité, de l’attention… Et de ne pas demeurer figé dans la mauvaise alternative qui opposerait une approche « latourienne », attentive aux terrestres mais peu soucieuse du capitalisme, et une vision « lordonienne » qui reproche aux disciples de Bruno Latour de « pleurnicher le vivant ».

    https://festival-avignon.com/fr/audiovisuel/transmettre-le-vivant-grand-entretien-avec-alain-damasio-227550

    https://seenthis.net/messages/961450

  • Dionys Mascolo, une éthique de la résistance intellectuelle
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/120822/dionys-mascolo-une-ethique-de-la-resistance-intellectuelle

    En réconciliant pensée et action, Marx et Bakounine, révolution et amitié, le philosophe communiste a conçu une théorie de l’insoumission que l’on redécouvre opportunément, à l’heure de la contestation néoconservatrice des savoirs critiques.

    #Des_idées_oubliées_pour_rénover_la_gauche #Dionys_Mascolo,_idées

  • La fonction répressive du plein emploi
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/120822/la-fonction-repressive-du-plein-emploi

    De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles. Aujourd’hui : pourquoi le nouveau plein emploi n’est pas le paradis des travailleurs.

    #L'étrange_plein-emploi #croissance,_plein_emploi,_chômage,_conjoncture,_Inflation,_productivité

    • La fonction répressive du plein emploi, Romaric Godin
      De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles.

      Aujourd’hui : pourquoi le nouveau plein emploi n’est pas le paradis des travailleurs.

      Pourquoi la croissance de l’#emploi ne parvient-elle pas à renforcer la position des salariés et à conduire à des augmentations de #salaire ? Pour tenter de trouver une réponse, il faut comprendre en quoi l’explication la plus évidente n’est pas pertinente. Car la croissance à elle seule ne suffit pas à expliquer l’évolution de l’emploi. Autrement dit, les économies actuelles créent plus d’emplois qu’elles ne créent de « richesses », ces jobs sont donc le fruit d’une réduction globale de la productivité du travail.

      Les chiffres, de ce point de vue, sont sans équivoque. En France, par exemple, le PIB du deuxième trimestre 2022 est supérieur de 0,9 % à celui du dernier trimestre 2019, alors que l’emploi est supérieur de 3,5 %. On a donc produit un peu plus avec beaucoup plus d’employés. Aux États-Unis, la productivité du travail dans le secteur non agricole calculée par le bureau fédéral du travail a reculé de 4,6 % au deuxième trimestre et de 7,7 % au premier trimestre.

      Ces chiffres expliquent en grande partie l’incapacité de la courbe de Phillips (lire le premier volet de la série : Le Lien brisé entre emplois et inflation) à fonctionner aujourd’hui. Si les emplois créés le sont dans un contexte d’activité faible, la condition même d’existence de ces emplois est de ne pas coûter trop cher.

      Pour le dire autrement : la croissance des salaires est largement déterminée par la croissance de la productivité. Lorsqu’une unité de travail permet de produire plus, le profit est plus grand, et, en théorie, une partie de ce profit peut être rendu au travail. Dans ce cas, la progression du salaire réel est possible puisque le #capital peut se rémunérer sur les gains de productivité.

      Mais lorsque ces gains sont faibles ou n’existent pas, voire, comme actuellement, lorsque la #productivité se réduit, la profitabilité des entreprises dépend nécessairement de la compression des salaires et, lorsque cela est possible, de la hausse des prix. C’est ainsi que l’on peut se trouver dans une situation comme la nôtre : de l’emploi, mais pas de hausse des salaires réels.

      La vraie question se déplace alors. Pendant deux siècles, les gains de productivité ont été la condition sine qua non de la croissance, des créations d’emplois et de l’amélioration des salaires réels. Certes, les luttes sociales et les réglementations étaient nécessaires pour arracher des concessions dans le partage de la valeur ajoutée, mais ces concessions étaient possibles et même largement souhaitables pour le développement de la consommation et donc de nouveaux marchés.

      Ce moteur semblant très largement éteint ou réduit, le système économique se mue progressivement en un régime différent où il faut plus de main-d’œuvre, parce que la croissance du chiffre d’affaires dépend plus directement du travail (on doit travailler plus pour produire plus et non plus travailler moins pour produire plus), mais où il faut aussi de la main-d’œuvre meilleur marché.

      Ce phénomène n’est pas nouveau, le ralentissement des gains de productivité a commencé voici cinq décennies. Et c’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’essentiel des réformes néolibérales visant à affaiblir le travail et à « libéraliser » l’emploi. Mais ce phénomène structurel s’est encore accéléré après les crises de 2008 et 2020.

      La nature des emplois créés

      Dans un contexte où il faut vendre plus et produire moins cher, sans gains de productivité, la solution réside dans l’élargissement du domaine du marché à des activités gérées jusqu’ici par la puissance publique ou la sphère domestique (services à la personne, transports, énergie, etc.) et dans l’élargissement des sources d’approvisionnement vers des pays à faible coût de main-d’œuvre. Et cela modifie profondément la structure de l’emploi et son rapport général macroéconomique.
      Jusque dans les années 1970-80, les emplois détruits par les gains de productivité étaient remplacés par d’autres emplois industriels, fruit du réinvestissement des profits et des perspectives de demande alimentées par la hausse des salaires. Mais dans ce « nouveau monde », cette logique ne prévaut plus. Les emplois grignotés par les maigres gains de productivité industrielle se retrouvent dans les secteurs de services, ce qui abaisse la productivité globale. Dans un premier temps, cela crée du chômage massif qui, par ailleurs, aide à discipliner le monde du #travail.

      Puis, progressivement, le nouveau système économique se met en place. La marchandisation de la vie quotidienne s’accélère et avec elle les activités de services à la personne. Parallèlement, comme l’a indiqué l’économiste Jason E. Smith dans un ouvrage traduit récemment en français (et présenté ici), les besoins de l’économie se concentrent sur le développement massif de deux domaines principaux. D’une part, celui chargé de contrôler et de rendre plus efficaces les travaux de services où l’on doit gagner le peu de productivité qu’il est possible de réaliser. D’autre part, tous ceux chargés de renforcer la circulation de la production.

      Toutes ces activités se résument à deux grands secteurs d’emplois : les services à la personne (livraison, santé, assistance à l’enfance ou à la vieillesse, etc.) et les services aux entreprises (encadrement, sécurité, informatique, marketing, publicité, etc.). En fin de processus, lorsque la marchandisation et la mondialisation ont atteint un niveau très élevé, ces emplois occupent tout l’espace économique. Les chiffres récents viennent confirmer cette hypothèse.

      En France, les services marchands représentent 72,6 % des créations d’emplois entre le dernier trimestre 2019 et le deuxième de 2022, soit plus de 547 000 emplois. L’industrie, sur la même période, a détruit 12 000 emplois. Et si l’on s’en tient au premier trimestre, pour lequel nous disposons du détail des créations d’emplois, on constate que la plus forte hausse en pourcentage depuis fin 2019 est le secteur « information-communication » (+ 7,2 %), tandis que la plus forte hausse en valeur absolue revient aux « services aux entreprises » (188 400 emplois, soit 29 % du total du secteur privé).

      Mais la France n’est pas isolée. Aux États-Unis, le même phénomène se constate également. Dans le dernier rapport sur l’emploi de juillet, le secteur qui produit le plus d’emplois est celui des services aux entreprises avec, entre février 2020 et juillet 2022, pas moins de 986 000 emplois créés, soit davantage que l’ensemble du secteur privé sur la même période (+ 629 000).

      Gérer les contradictions

      Le problème, c’est que ces emplois sont par nature peu productifs. Ils sont donc nécessaires au fonctionnement de l’économie, mais font peser un risque sur la rentabilité future des entreprises. En régime capitaliste, la productivité est la mesure avancée de la croissance à long terme.

      Mais à présent, la situation est délicate : pour tenter de renforcer la rentabilité de l’économie, seuls les services du type de ceux que l’on a décrits peuvent se développer et doivent ainsi augmenter leur chiffre d’affaires, donc embaucher. Mais ces embauches, en raison de leur faible productivité intrinsèque, pèsent de plus en plus sur la rentabilité. C’est une fuite en avant et une contradiction interne majeure qui ne peut se résoudre que par des moyens de contournement.

      Depuis 2008, l’argent facile assuré par les banques centrales pour les entreprises permettait d’assurer un moyen de dépasser temporairement cette contradiction. C’est ce qui a donné lieu au phénomène bien connu d’entreprises « zombies », entreprises peu productives, voire peu rentables, qui survivaient grâce aux crédits ou au soutien d’actionnaires réalisant sur les marchés de confortables plus-values par ailleurs.

      À cela s’ajoutait une pression sur les gouvernements pour baisser les impôts sur les entreprises ou renforcer les subventions. En France, on se souvient évidemment du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), pérennisé en 2019 sous forme de baisses de cotisations, mais on pourrait aussi évoquer la baisse des impôts de production ou de l’impôt sur les sociétés et les diverses exonérations de cotisations sociales. Tout cela permet de maintenir la rentabilité d’entreprises peu profitables mais riches en emplois.

      Avec la crise sanitaire, ce phénomène s’est généralisé et amplifié via de généreuses aides publiques qui ont formé une forme de « sécurité sociale des entreprises ». Et sans doute cette générosité publique n’est-elle pas pour rien dans la reprise de l’emploi. Les zombies sont plus vivants que jamais.

      Mais cette situation n’améliore pas pour autant celle des salariées et salariés, en lutte constante pour leur survie, dans ces entreprises qui exercent une pression sur les rémunérations et les conditions de travail. Ce n’est pas pour rien que les problèmes liés à l’intensification du travail sont de plus en plus fréquents dans les sociétés occidentales. Il faut gagner là où cela est possible de plus en plus de productivité, mais si ces gains sont minimes voire nuls, la pression sur le personnel est immense.
      Lorsque survient l’inflation importée par un choc externe, la pression sur ces entreprises et leurs salariés se fait encore plus forte. Une partie des entreprises peuvent augmenter leurs prix, mais sans gains de productivité, cette augmentation n’est pas redistribuée au personnel mais utilisée pour redistribuer aux actionnaires ou investir dans les activités de contrôle et de circulation.

      On a la preuve de ce phénomène en regardant la nature de l’investissement au premier semestre en France. Sur les six premiers mois de l’année, l’acquis de croissance de l’investissement en biens manufacturés du secteur privé non financier, autrement dit l’investissement productif, est de - 2,2 %, le même acquis pour l’investissement en services marchands est de + 5,4 %. Et les postes « services aux entreprises » et « information-communication » mènent la hausse.

      Le plein emploi répressif

      Dès lors, les créations d’emplois s’expliquent, mais aussi l’incapacité de ces créations à tirer les salaires vers le haut. Car la situation de contradiction interne sur les salariés se poursuit plus que jamais. Se met alors en place un système où le salarié est piégé : inflation ou pas, il est toujours trop cher (comme l’est la protection sociale).

      On semble donc assister à une nouvelle forme de « plein emploi ». Jusqu’ici, le #plein_emploi était la terreur des classes dirigeantes. En 1943, dans un texte célèbre, Aspects politiques du plein emploi, l’économiste Michał Kalecki estimait que les classes dominantes ne pouvaient accepter le plein emploi, qui renversait le rapport de force naturel au sein du capitalisme. La crise des années 1970 est venue confirmer cette analyse qui, au reste, était traduite sur le plan économique par la courbe de Phillips.
      Qu’en est-il aujourd’hui ? Cette crainte du plein emploi est toujours d’actualité, on l’a vu, et les banques centrales mènent une politique de lutte contre l’inflation en tentant de faire remonter le chômage. Mais le plein emploi a pris aujourd’hui une nouvelle forme et cela change tout.
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      Par la nature des emplois créés et la situation d’un capitalisme de bas régime, le plein emploi actuel prend une forme particulière. Il ne renforce pas le pouvoir des salariés, mais au contraire les maintient dans des logiques de faibles rémunérations et de conditions de travail dégradées.

      Certes, ceci conduit à des formes de rébellion qui peuvent entraîner des pénuries de main-d’œuvre dans certains secteurs. Mais ces pénuries n’amènent pas pour autant de vrai changement en termes de situation des travailleurs parce que le tissu économique, soumis à la pression de la faible productivité, ne le supporte pas.

      Aussi voit-on émerger une situation nouvelle : le plein emploi dans le capitalisme de bas régime est un plein emploi répressif qui permet de justifier des politiques antisociales et n’est pas synonyme d’améliorations salariales. Pour contraindre les travailleurs à accepter les emplois mis sur le marché sans broncher dans les conditions dictées par le capital, l’État renforce alors les contraintes sur le monde du travail.

      La politique de l’actuel gouvernement français en est l’illustration parfaite : les créations d’emplois le conduisent à proclamer la nécessité de « travailler plus » et lui permettent de justifier une réforme répressive de l’#assurance-chômage et du #RSA.

      En réalité, on peut même imaginer que les deux réalités se chevauchent : pour imposer ce plein emploi répressif, une poussée de chômage n’est pas inutile. Elle permet de discipliner à nouveau le monde du travail et de l’amener à se contenter de ce que lui donne le capital. Ceci doit sans doute inciter à modifier la réflexion de Kalecki : ce que les classes dominantes refuseront toujours politiquement, c’est un plein emploi qui remet en cause leur pouvoir. Mais l’émergence d’un plein emploi qui le renforce est désormais un fait nouveau à prendre en considération.

      #chômeurs #chômage

  • Villes en déclin : à Cleveland, une radiographie de l’abandon
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/120822/villes-en-declin-cleveland-une-radiographie-de-l-abandon

    Dans une riche enquête sur la ville de Cleveland, les politistes Max Rousseau et Vincent Béal explorent les mécanismes du déclin urbain et de la défection de l’État. Par l’agriculture urbaine et leurs tactiques de survie, les populations tentent d’y façonner de nouveaux communs, enserrés dans le carcan du capitalisme.

    #Au_détour_des_livres #Capitalisme,_Cleveland,_géographie,_Etats-Unis,_villes_en_déclin,_urbanisme,_livres

  • Quand le Sénat américain ignore la grammaire des affaires
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/120822/quand-le-senat-americain-ignore-la-grammaire-des-affaires

    Impôt minimal pour les multinationales, taxe sur les rachats d’actions, contreparties aux aides d’État… même si le plan climat et le plan pour la lutte contre l’inflation adoptés par le Sénat américain ne sont pas aussi ambitieux qu’espéré, ils ouvrent des brèches dans des dogmes acceptés depuis des décennies.

    #Fiscalité #fiscalité,_finances_publiques,_impôt_minimum,_Etats-Unis,_multinationales,_subventions

  • Le lien brisé entre emploi et inflation
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/110822/le-lien-brise-entre-emploi-et-inflation

    De l’emploi, mais des revenus en berne et une activité au ralenti. La situation est complexe. Pour essayer de la comprendre, Mediapart propose une série de deux articles. Aujourd’hui : pourquoi l’emploi ne permet-il pas une hausse des salaires réels ?

    #L'étrange_plein-emploi #plein-emploi,_conjoncture,_emploi,_Inflation,_croissance,_taux_d’intérêt

  • La sécheresse aggrave la crise énergétique en Europe
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/090822/la-secheresse-aggrave-la-crise-energetique-en-europe

    Déjà fortement ébranlé par les menaces de pénurie de gaz, le système électrique européen voit les productions s’effondrer, en raison de la #sécheresse installée depuis le début de l’année. Jamais les prix de l’#électricité n’ont été aussi élevés sur le continent.

    Depuis plusieurs semaines, les autorités allemandes surveillent avec inquiétude les eaux du #Rhin. Dans quelques jours, une des principales voies commerciales de l’Europe risque d’être fermée : le cours du fleuve est à son plus bas niveau depuis 2018 – dernière année où la circulation fluviale avait dû être interrompue sur le Rhin, en raison du manque d’eau – et pourrait devenir rapidement impraticable, coupant tout le transport fluvial. Au risque d’aggraver la crise énergétique : le Rhin est la voie privilégiée pour transporter le charbon pour les centrales thermiques de l’ouest du pays, mais aussi pour le transport du pétrole pour tous les pays que le fleuve traverse (Pays-Bas, Allemagne, France et Suisse).

    Alors que les menaces russes de pénurie gazière mettent déjà le système à rude épreuve, les difficultés qui pèsent désormais sur les approvisionnements des centrales au charbon, devenues un ultime recours en Allemagne, viennent compliquer encore la situation. « Les transports de charbon sont déjà réduits en raison du bas niveau des eaux, car peu de bateaux sont utilisables et ceux qui le sont transportent moins de marchandises », a déjà prévenu l’énergéticien allemand EnBW dans un communiqué. « Les coûts de transport du charbon ont donc augmenté, ce qui augmente à leur tour les coûts d’exploitation des centrales à charbon. »

    De son côté, le groupe d’énergie allemand Uniper, qui vient d’être renfloué par le gouvernement, a indiqué qu’il prévoyait de réduire la production de certaines de ses centrales de charbon, en raison des problèmes d’acheminement sur le Rhin. La Suisse, elle, réfléchit à utiliser ses stocks stratégiques afin d’assurer l’approvisionnement en essence et en diesel.

    L’arrêt de la circulation sur le Rhin est la dernière mauvaise nouvelle. Mais la sécheresse a commencé bien avant à prélever une lourde dîme sur le système énergétique en Europe, déjà bouleversé depuis la crise de l’été dernier, puis par la guerre en Ukraine. Toute une partie des moyens de substitution sur lesquels le continent comptait pour pallier les risques de pénuries de gaz et la cherté du pétrole s’est évanouie, faute de pluie.

    Ces tensions se traduisent dans les prix. Jamais le prix de l’électricité n’a été aussi élevé en Europe. À l’exception de l’Espagne et du Portugal, qui ont obtenu de la Commission européenne d’être sortis du marché unique de l’électricité (le prix du MWh est pour eux autour de 150 euros), le cours du MWh s’est installé en moyenne autour de 400-470 euros ce 9 août sur le marché spot. Soit le double du prix de juin, alors que les menaces de pénuries de gaz et les problèmes d’EDF étaient déjà parfaitement connus !

    Le manque d’eau a touché dès les premiers mois de l’année la production hydraulique, qui représente quelque 13 % de la production. En Espagne et en Italie, la production hydroélectrique a diminué de plus de 40 % au premier semestre et les réserves d’eau étaient inférieures de moitié à la normale. Début juillet, un rapport de la Commission européenne sur la sécheresse en Europe, soulignait que la production d’électricité hydraulique avait diminué de 5 039 GWh en Italie, de 3 030 GWh en France, de 2 244 GWh au Portugal par rapport à la moyenne observée entre les années 2015-2021. Sans être grand devin, il avertissait que la situation risquait d’empirer durant l’été dans nombre de pays.

    L’Italie est sans doute un des plus touchés. La production hydroélectrique (47 Twh/an environ) est une des composantes essentielles de son système. La baisse des niveaux d’eau dans les barrages alpins, la chute des niveaux du Pô (20 % de la production hydroélectrique du pays) déstabilise toute la production. L’Italie, qui dépendait lourdement du gaz russe, est obligée non seulement de négocier de nouveaux contrats gaziers plus chers, mais d’importer aussi massivement de l’électricité, faute de production suffisante. À 19 heures, une des heures de pointe sur le marché européen de l’électricité, ce 9 août, le prix spot du MWh en Italie du Nord frise les 600 euros !

    La France est tout autant concernée. L’hydroélectricité représente plus de 10 % de la production électrique du pays. Mais depuis le début de l’année, les réserves d’eau des barrages alpins d’EDF ont diminué de plus du tiers. Le débit du Rhône est inférieur de moitié par rapport à l’an dernier. Responsable des multi-usages (agriculture, population, tourisme) de l’eau sur ces territoires, EDF a dû restreindre la production, d’autant qu’il faut aussi passer la saison hivernale.

    Dans le même temps, la production nucléaire du groupe, déjà diminuée de plus du tiers à la suite de problèmes de corrosion sur certains réacteurs, est menacée par le réchauffement de la température des fleuves et les faibles débits de certaines rivières. Bien qu’il ait obtenu des dérogations sur les normes de température des circuits de refroidissement des réacteurs, EDF a dû réduire sa production nucléaire, et pourrait même être contrainte d’arrêter certains réacteurs – Tricastin (Drôme), Golfech (Tarn-et-Garonne) et Saint-Alban (Isère).

    Alors que la canicule et la sécheresse sévissent dans toute l’Europe, la Norvège a annoncé le 8 août qu’elle étudiait la limitation de ses exportations d’électricité vers le reste de l’Europe, si le niveau de ses barrages ne remontait pas afin d’assurer sa sécurité électrique cet hiver. Les barrages norvégiens sont à leur plus bas niveau depuis 1996, faute d’une pluviométrie suffisante depuis le début de l’année. Le gouvernement norvégien n’exclut pas d’imposer des mesures de restriction si la situation ne s’améliore pas.

    L’annonce du gouvernement norvégien est en train de donner des sueurs froides à ses voisins. Bien qu’elle ne fasse pas officiellement partie de l’Europe, la Norvège est un acteur essentiel dans l’équilibre du marché électrique du continent. Outre sa production gazière, elle exporte massivement son hydroélectricité vers la Suède, la Finlande, les Pays-Bas ou l’Allemagne. En octobre dernier, le Royaume-Uni a inauguré un nouveau réseau haute tension lui permettant d’importer 1,4 GW de Norvège.

    L’annonce d’une possible limitation des exportations norvégiennes serait un nouveau coup porté au système électrique européen. D’autant que tous ses voisins ont choisi de développer la production électrique par éoliennes pour remplacer les énergies fossiles. Or cette production est à son niveau le plus bas : il n’y a pas ou peu de vent actuellement en raison des canicules successives et de la permanence d’anticyclones.

    À l’exception de l’énergie solaire, qui ne représente que 5 % en moyenne en Europe (mais bien plus en Europe du Sud) , le marché électrique européen ne tient donc plus qu’avec les centrales thermiques, fonctionnant notamment au gaz. Si la sécheresse perdure, les tensions risquent de s’exacerber. Et en dépit de toutes les admonestations de la Commission européenne, l’exemple de la Norvège, privilégiant la préservation de sa sécurité électrique et sa population, pourrait créer un précédent et faire école ailleurs.

  • Avec le psychiatre catalan Tosquelles, pour « penser avec les pieds »
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/110822/avec-le-psychiatre-catalan-tosquelles-pour-penser-avec-les-pieds

    Catalaniste, marxiste et républicain, Francesc Tosquelles a réinventé la psychiatrie, depuis la ligne de front de la guerre civile espagnole ou plus tard, sur les hauteurs d’un village de Lozère. Des essais et expositions donnent accès à sa pensée.

    #Au_détour_des_livres #François_Tosquelles,_folie,_Santé,_livres,_Catalogne,_asile

  • Sorare, la start-up française reine des cartes à jouer virtuelles, ... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/010822/sorare-la-start-francaise-reine-des-cartes-jouer-virtuelles-dans-le-viseur

    Grâce à un mélange de paris sportifs et d’achats-ventes en cryptomonnaie d’images numériques de footballeurs, Sorare est devenue l’étendard de la « French Tech ». Mais l’Autorité nationale des jeux réfléchit à classer ses activités dans la catégorie lourdement encadrée des jeux de hasard.

    La star de la « French Tech » a fini par attirer l’attention des autorités. BFM Business a révélé le 29 juillet que Sorare, l’entreprise valorisée 4,3 milliards de dollars qui propose un jeu spéculatif basé sur l’achat de cartes de footballeurs virtuelles, a été l’objet d’une mise en garde de l’Autorité nationale des jeux (ANJ).

    Le régulateur des jeux d’argent doit rencontrer les responsables de la start-up, dont Mediapart a justement interrogé le modèle il y a quelques jours. Au centre des discussions : la statut du service proposé par Sorare, qui pourrait être considéré comme une plateforme de paris sportifs déguisés. Ces paris en ligne sont fortement régulés en France, leurs opérateurs devant bénéficier d’une licence spécifique, tout en contrôlant l’identité réelle de tous leurs abonné·es. Ils sont aussi soumis à une fiscalité plus lourde et à l’obligation de mettre en place des mesures pour éviter l’addiction aux jeux.

    La France n’est pas la première à s’interroger : au Royaume-Uni, le régulateur des jeux d’argent s’interroge également sur le statut de Sorare, et la Suisse a interdit le jeu, en attendant la fin des négociations avec l’entreprise.

    « Ce que proposent Sorare et de nombreux acteurs est un nouveau modèle qui n’entre dans aucun cadre existant », a affirmé en réponse Nicolas Julia, le fondateur et PDG de Sorare, disant s’appuyer sur « de solides arguments juridiques », tout en reconnaissant comprendre les interrogations et discuter « proactivement » avec les autorités.

    En France, les jeux d’argent et de hasard sont définis comme des opérations pouvant « faire naître l’espérance d’un gain qui serait dû, même partiellement, au hasard », en échange d’un « sacrifice financier » de la part des participant·es.

    Or, Sorare propose d’acheter, via des NFT, des cartes représentant des joueurs réels, qui sont ensuite mises en compétition dans des tournois virtuels. Et les récompenses que permettent d’obtenir ces cartes évoluent en fonction des statistiques des joueurs réels qu’elles représentent. Et les cartes sont un actif objet de spéculation.

    Jeu de spéculation et de football, Sorare place ses utilisateurs et utilisatrices dans la peau d’un manager qui compose des équipes en achetant aux enchères des cartes de footballeurs 100 % numériques, mais certifiées uniques par les fameux NFT (non-fungible tokens), ces titres de propriété d’objets numériques.

    Les performances des joueurs dans la vie réelle attribuent un score à chaque carte, qui permet aux managers Sorare de gagner de l’argent ou de nouvelles cartes dans des compétitions virtuelles organisées deux fois par semaine. Et les cartes peuvent être revendues à tout moment à d’autres participant·es sur une Bourse en ligne.

    L’engouement financier pour cette nouveauté semble sans limites : il fallait débourser 619 000 euros en janvier pour acquérir l’image de l’attaquant norvégien Erling Haaland, 425 000 euros pour celle de Kylian Mbappé quatre mois plus tard, et quelque 2 500 euros pour celle du gardien de la cinquième équipe du championnat de Corée du Sud, Kim Dong-Heon.

    Lancé en 2019, le jeu est valorisé aujourd’hui 3,6 milliards d’euros, après avoir réalisé la plus grosse levée de fonds de l’histoire de la French Tech : 680 millions de dollars fin 2021. Dans le sillage des premiers investisseurs, parmi lesquels le fonds de Xavier Niel, Kima Ventures, en 2019, une quinzaine de fonds d’investissement, notamment anglais et américains, se sont précipités pour rejoindre l’aventure, aux côtés de footballeurs comme Antoine Griezmann, Gerard Piqué et plus récemment Kylian Mbappé.

    Sorare ne totalise pas plus de 137 000 joueurs possédant au moins une carte dans le monde et une centaine de salariés (chiffre qui sera porté à deux cents à la fin de l’année selon sa projection), mais elle a immédiatement été rentable et sa croissance est insolente (+ 274 % au premier semestre 2022 par rapport au premier trimestre 2021).

    Pour les défenseurs d’un internet libre et commun, les NFT confinent au contraire à l’absurde. « On crée de la propriété artificielle, voire fallacieuse, souffle Pouhiou, dont le pseudo cache le codirecteur de l’association Framasoft, pilier du logiciel libre. On crée de la rareté là où il y a une abondance naturelle. Mais en payant un NFT, vous n’achetez rien d’autre que le fait que quelqu’un, en l’occurrence Sorare, écrive dans un grand livre de comptes que vous êtes le propriétaire d’un lien renvoyant vers une image. Vous n’achetez pas un contrat, mais la croyance en ce contrat. »

    Sorare sublime les vertus spéculatives des NFT en s’appuyant sur la passion planétaire pour le ballon rond. « Faire du trading, c’était redondant et pas très fun. Avec Sorare, je mêle ma passion et mon investissement », explique Alexandre, alias « Moalito », 26 ans. « Sorare est certes plus volatil que la Bourse, mais c’est aussi beaucoup plus divertissant », confirme « Johnny ».

    Sorare s’estime protégée de l’implosion parce que ses cartes ont une utilité, à la différence des autres NFT. Selon l’analyse optimiste de rigueur chez les cybermanagers, le marché des joueurs-collectionneurs-spéculateurs et la promesse financière de Sorare seraient donc arrimés à l’audience du football davantage qu’aux oscillations des cryptomonnaies.

    La start-up envisage d’ailleurs « de n’avoir que des monnaies courantes pour collectionner des cartes Sorare », consciente que la volatilité de l’ether rebute les nouveaux adeptes.
    Jeu de hasard ou non ?

    Robuste ou non, Sorare est une vitrine à double tranchant pour la French Tech. Comme beaucoup de start-up, l’entreprise a bénéficié d’un prêt de 500 000 euros de la Banque publique d’investissement lors de sa première levée de fonds, en mai 2019. Lauréate 2022 du programme « Next40 », classement des 40 entreprises les plus prometteuses, elle a aussi bénéficié d’un lien privilégié avec les services du secrétariat d’État à la transition numérique, pour un accompagnement réglementaire.

    De plus, Sorare bénéficie d’un flou juridique propice à sa croissance. Ses produits ne sont pas considérés comme des jeux de hasard, malgré un « risque d’addiction indéniable », regrette Thomas Amadieu, sociologue à l’école de management ESSCA , qui constate que le nombre d’accros aux jeux a plus que doublé en dix ans, pour atteindre 1,4 million.

    « On mesure encore mal le phénomène Sorare, mais il est de mon point de vue inquiétant, car il risque de démocratiser la spéculation boursière auprès de toute une génération, prévient-il. Spéculer devient un jeu. »

    #NFT #Foot #Sorare #Speculation #Jeux_hasard

  • Atos, Belmer et McKinsey 💓 | Mediapart | 29.07.22

    la saga McK continue !

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/280722/crise-chez-atos-le-directeur-demissionnaire-empoche-18-million-d-euros-de-

    Rodolphe Belmer [démissionnaire, empoche 1.8 million pour quitter le navire] a sollicité McKinsey pour plusieurs missions de conseil au cours de son mandat, toutes entourées d’une même opacité, comme l’ont pointé L’Obs et le site spécialisé Consultor.

    L’ex-directeur général Rodolphe Belmer, lui-même passé par le bureau de Paris de McKinsey de 1998 à 2001, s’est adjoint les services de ce cabinet de conseil pour une facture de plusieurs millions d’euros par semestre, selon les informations de Mediapart. « C’est un tabou total, et la direction refuse toujours de nous partager la moindre information sur le recours à McKinsey », commentait auprès de L’Obs Gaël Pradier, délégué syndical Force ouvrière.

    Interrogé sur le coût exact de cette mission, le groupe n’a pas voulu commenter, se contentant d’affirmer que les termes du contrat « sont tout à fait dans les standards du marché ». « L’entreprise n’avait pas besoin de McKinsey, d’autant qu’elle dispose de nombreuses compétences en interne », dénonce un ancien cadre, qui souhaite garder l’anonymat.

  • Génocide au Rwanda : non-lieu pour Vénuste Nyombayire | AFP | 21.07.22

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/210722/genocide-au-rwanda-non-lieu-pour-venuste-nyombayire

    28 ans après les faits, 11 ans après la 1ere plainte en France.

    Un juge d’instruction parisien a rendu un non-lieu au bénéfice de Vénuste Nyombayire, un Rwandais qui était accusé de massacres dans un orphelinat qu’il dirigeait pendant le génocide des Tutsi en 1994, a appris jeudi l’AFP de sources proches du dossier, confirmées par une source judiciaire.

    L’ordonnance de non-lieu a été rendue le 9 juin, selon la source judiciaire.

    Vénuste Nyombayire avait fait l’objet en décembre 2011 d’une plainte du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) qui l’avait retrouvé en Seine-et-Marne, en région parisienne.

    Il était accusé d’être impliqué dans l’exécution d’employés de SOS Villages Enfants de la préfecture de Gikongoro (sud-ouest) et d’une quinzaine d’orphelins tutsis.

    Il avait été mis en examen en 2013 par un juge d’instruction parisien.

    « C’est un non-lieu définitif », a confirmé son avocat, Me Emmanuel Bidanda. « M. Nyombayire a toujours rejeté les accusations portées contre lui et se réjouit que la justice ait acté qu’elles étaient infondées », a-t-il déclaré à l’AFP.

    En 2012, Courrier International tirait déjà le portrait du monsieur :

    https://blog.courrierinternational.com/afrikarabia/2012/05/26/france-rwanda-le-parquet-de-paris-pour-la-premiere-fois-

    La France est aussi fière de sa justice et de son hospitalité que de son aide bienveillante en 94.

  • Un livreur Deliveroo fait reconnaître en appel qu’il aurait dû être salarié | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/130722/un-livreur-deliveroo-fait-reconnaitre-en-appel-qu-il-aurait-du-etre-salari

    Il avait été le premier à obtenir gain de cause aux prud’hommes face à Deliveroo, en février 2020. Il est désormais le premier à avoir fait condamner la plateforme de livraison de repas devant la cour d’appel de Paris. Le 6 juillet, la cour a condamné Deliveroo pour « travail dissimulé » face à un livreur ayant exercé avec son application entre septembre 2015 et avril 2016.

    #deliveroo #travail_dissimulé #harcèlement

    • Les juges ont estimé que ce travailleur censément indépendant a réussi à « caractériser la fictivité de son indépendance à l’égard de la société Deliveroo et l’existence d’une véritable relation de travail ». Il aurait donc dû être employé sous le statut de salarié, et bénéficier des avantages qui y sont attachés : congés payés, paiement des heures supplémentaires, protection sociale complète.

      L’entreprise, qui n’a pas encore indiqué si elle allait aller en cassation, devra lui verser environ 30 000 euros, au motif de la rupture de son contrat, assimilée par la justice à un licenciement illicite, du rappel des heures supplémentaires, du paiement de ses frais professionnels, de l’indemnité de six mois de salaire pour « travail dissimulé », mais aussi en réparation du harcèlement moral qu’il a subi.

      « C’est une décision très réaliste par rapport à nos conditions de travail à cette époque, réagit auprès de Mediapart le jeune homme, qui ne souhaite pas que son identité soit divulguée. Avant Deliveroo, j’étais déjà livreur salarié. Et je suis passé de ce statut de salarié à un état où j’étais soi-disant mon propre patron, mais où toutes les décisions étaient prises par l’entreprise, de façon unilatérale, sans aucune discussion. »

      Cet arrêt est une sérieuse épine dans le pied pour l’entreprise, qui a déjà été condamnée en avril au pénal à 375 000 euros d’amende, pour « le détournement planifié et généralisé » du statut d’indépendant sur la période 2015-2017 – le livreur victorieux était partie civile dans ce dossier.

      Deliveroo met en effet souvent en avant ses six victoires judiciaires face à d’anciens coursiers sur ce thème, dont deux arrêts de la cour d’appel de Paris. Laquelle vient donc de modifier sa vision de ce type de dossiers.

      « Quand Deliveroo gagne, c’est surtout qu’il y a un problème de manque de preuves, car les coursiers ne disposent souvent pas de tous les éléments pour appuyer leur témoignage », déclare Kevin Mention, l’avocat du travailleur. Il relève par exemple que la cour a contredit ses deux précédentes décisions, en convenant que la géolocalisation des coursiers permettait leur surveillance étroite.

      Les critères permettant d’établir l’existence d’une situation de salariat sont connus, et avaient fait l’objet de vifs débats lors du procès pénal. Pour la cour d’appel, ils étaient dans ce cas également tous réunis. Elle a retenu que Deliveroo avait donné au livreur « des directives sur sa façon de se vêtir, de procéder à la prise en charge des commandes et à leur livraison, ainsi que sur la gestion de son emploi du temps et sur le lieu d’exercice de la prestation ». L’entreprise a aussi « contrôlé l’application » de ces directives, et elle « elle exerçait un pouvoir de sanction ».

      L’entreprise ne partage pas cette analyse, et répète que « les livreurs partenaires de Deliveroo bénéficient de conditions qui sont celles des travailleurs indépendants » : « Ils sont libres de se connecter quand ils le souhaitent, d’où ils le souhaitent, d’accepter ou de refuser chaque prestation qui leur est proposée, de travailler avec d’autres plateformes s’ils le souhaitent, ne sont pas tenus de porter des vêtements siglés Deliveroo. »

      Un ton « agressif et menaçant »

      Le coursier victorieux se dit particulièrement satisfait d’avoir obtenu la condamnation de l’entreprise pour harcèlement moral. « C’est un bonus, dit-il. Je pensais que sans justificatif médical décrivant l’impact sur la santé, il était impossible d’obtenir ce type de condamnation. Mais les juges ont dû estimer que c’était très flagrant. Je ne suis pas celui qui a subi le pire, mais j’ai gardé des preuves, contrairement à d’autres. »

      Parmi ces preuves, plusieurs SMS et mails, individuels ou collectifs, décrivant les règles à observer pendant les livraisons et menaçant très régulièrement de pénalités financières ou de rupture de collaboration tous les récalcitrants. « Le ton agressif et menaçant employé par les personnes en charge de la coordination des coursiers », ainsi que « les pressions exercées » ont « excédé l’exercice d’un pouvoir normal de direction », a tranché le tribunal.

      « Des coursiers nous disent que des échanges de ce type sont assez fréquents, rapporte Kevin Mention. C’est une pression permanente, qui va beaucoup plus loin que les ordres classiques, et la précarité ne fait qu’accentuer les choses, avec la menace de mettre fin aux contrats. »

      Pour l’entreprise, la décision de justice « porte sur une relation ancienne, différente du modèle actuel » et n’entraîne donc pas de conséquence sur son modèle actuel. Le danger se rapproche pourtant. Fin juin, Deliveroo a été condamnée pour la première fois en première instance pour des faits intervenus après 2017, et donc sur une période qui n’avait pas été couverte par la condamnation au pénal.

      Et selon Kevin Mention, une seconde enquête pénale est en cours, pour la période courant depuis 2018. « Des coursiers ont déjà été auditionnés un peu partout en France », glisse l’avocat. Il annonce aussi avoir été mandaté « par une centaine de livreurs » pour préparer le dépôt d’une plainte sur la période 2018-2021.

      Enfin, le 1er septembre, le tribunal judiciaire de Paris devrait donner le montant auquel sera condamnée à payer Deliveroo à l’Urssaf, au titre de ses manquements dans le versement des cotisations sociales à l’État : puisque ses coursiers sont des salariés, l’entreprise doit payer les cotisations, et des pénalités. L’Urssaf lui réclame près de 10 millions.

  • Reprise en main d’EDF par Macron | Mediapart | 08.07.22

    https://www.mediapart.fr/journal/economie/080722/edf-derriere-l-etatisation-l-effondrement-financier

    « On a volontairement fait crever la bête », s’indigne Héloïse*, cadre du groupe, dénonçant pêle-mêle l’absurde déréglementation du marché de l’énergie au seul bénéfice de fournisseurs alternatifs qui n’apportent rien, l’arrogance et l’incompétence de l’État actionnaire, la médiocrité des présidents successifs. Sans aller aussi loin dans l’expression, beaucoup de salariés mais aussi de connaisseurs du monde de l’énergie partagent l’analyse.

    « Tout ce qui arrive était prévisible, écrit à l’avance. Depuis plus de dix ans, on assiste à une succession de décisions communautaires, gouvernementales, qui ont mis à sac EDF. Avec la crise de l’énergie, la guerre en Ukraine, on découvre aujourd’hui l’ampleur du dogmatisme de la Commission européenne, de la croyance au marché : nous n’avons ni stratégie ni sécurité énergétique. Et EDF, qui était le champion européen, est à terre. Quel bilan ! », s’indigne un connaisseur du dossier.
    [...]
    [un autre] redoute que l’État ne profite de l’affaiblissement d’EDF pour réimposer d’une façon ou d’une autre le projet Hercule, conduisant au démantèlement du groupe. Beaucoup de salariés entretiennent la même crainte. Emmanuel Macron n’a jamais caché combien il tient à ce projet conçu dès 2016. Et le président n’a pas caché non plus son mécontentement après s’être heurté à une opposition forte à la fois au sein de l’entreprise et à la Commission européenne. Convaincu de la pertinence de « son projet » sans jamais l’avoir expliqué, même lors de la campagne présidentielle, il semble décidé à le reprendre.
    [...]
    Dès cet été, il n’est pas assuré que la Corse ne souffre pas de coupures d’électricité. Cet hiver, la menace de coupures arbitraires pourrait toucher tout le territoire. Le gouvernement, d’ailleurs, s’y prépare. Selon nos informations, un décret est en cours de rédaction pour permettre des coupures d’électricité et mesures de délestage chez les particuliers, sans que celles-ci donnent lieu à indemnisation, à la différence de ce qui est fait pour les entreprises.

  • Leur sobriété et la nôtre | Tribune | 04.07.22

    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040722/leur-sobriete-et-la-notre

    faites ce que je dis, pas ce que je fais

    Les 400 puits de pétrole et le gigantesque oléoduc entre l’Ouganda et la Tanzanie qui composent le projet EACOP menacent d’émettre 34 millions de tonnes équivalent CO2 par an. Petit ordre de grandeur : la réduction d’émissions annuelle permise par une division par 2 de l’éclairage public extérieur en France ne représenterait que 0,5% de ce qu’émettra EACOP. Alors peut-être est-il temps de fermer le robinet des pipelines avant celui du lavabo quand on se brosse les dents ?

    #Engie #Total #foutage_de_gueule

  • Rare visite de parlementaires français à Gaza
    Agence France-Presse - 30 juin 2022 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/300622/rare-visite-de-parlementaires-francais-gaza

    Une délégation de sénateurs français s’est rendue jeudi dans la bande de Gaza, rare visite de parlementaires étrangers dans l’enclave palestinienne gouvernée par le Hamas islamiste et sous blocus israélien depuis 2007.

    Emmenée par Christian Cambon (LR), président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, la délégation a effectué la première visite sénatoriale depuis 2004 à Gaza, territoire palestinien auquel l’accès restreint par Israël nécessite des autorisations préalables pour des représentants étrangers.

    « Je suis particulièrement heureux que nous ayons pu avoir cette autorisation de venir à Gaza, qui n’est pas une autorisation facile à obtenir », a déclaré M. Cambon à l’AFP.

    « Ce qui nous a intéressés (...) ce n’est pas seulement d’être le porteur d’un message d’amitié mais aussi de toucher du doigt un certain nombre de réalisations car la France ne fait pas que tenir de belles paroles mais elle agit », a-t-il ajouté.

    Les six sénateurs de la commission des Affaires étrangères, dont le déplacement d’une semaine en Israël et dans les Territoires palestiniens est axé sur la processus de paix, ont visité dans le nord de Gaza une station d’épuration —un projet de l’Agence française pour le développement (AFD).

    Ils se sont également entretenus avec des responsables de l’Unrwa, agence onusienne d’aide aux réfugiés palestiniens, acteur fondamental dans l’enclave minée par la pauvreté, le chômage et les guerres.

    En 2019, une délégation de députés membres du groupe d’amitié France-Palestine à l’Assemblée nationale s’était rendue à Gaza.

    « Les parlementaires sont des gens qui ont une parole parfois plus libre que nos ministres, même parfois que nos diplomates et donc il faut se servir de cette liberté pour essayer d’explorer toutes les solutions qui doivent mener un jour à la paix », a affirmé M. Cambon dans les locaux de l’Institut français de la ville de Gaza.

    Plus de 2,3 millions de Palestiniens vivent dans le bande de Gaza, où le Hamas, organisation jugée terroriste par l’Union européenne, et Israël se sont livré quatre guerres depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes en 2007.

    La délégation, composée de Pierre Laurent (PCF), Sylvie Goy-Chavent (LR), Nicole Duranton (LREM), Guillaume Gontard (EELV) et Olivier Cigolotti (UC), doit rencontrer vendredi le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, en Cisjordanie occupée. Elle avait rencontré en début de semaine des parlementaires et des responsables israéliens.

    #GAZA

  • Sur le manque de saisonniers pour la saison touristique, j’ai vu passer une fois une mention sur Twitter, mais j’ignore si c’est pertinent dans l’analyse (mais ça me semble intéressant) : avant la réforme de l’assurance chômage, on rechargeait ses droits au bout d’un mois. Après la réforme c’est six mois. Et en ce moment c’est quatre mois parce que la situation est mauvaise.

    Six questions sur la réforme de l’assurance chômage
    https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/271537-six-questions-sur-la-reforme-de-lassurance-chomage

    Pour recharger ses droits, entre le 1er novembre 2019 et le 31 juillet 2020, il fallait avoir travaillé au moins six mois, au lieu d’un mois avant la réforme. Comme pour l’ouverture des droits au chômage, le seuil de rechargement des droits a été fixé temporairement à quatre mois. Ce seuil est maintenu tant que la situation économique reste dégradée.

    Et donc ce que j’ai lu (et que j’aimerais confirmer ou infirmer), c’est que depuis la réforme, ces emplois saisonniers ne permettent pas de recharger ses droits. Du coup, la réforme Borne de l’assurance-chômage serait un facteur extrêmement aggravant du manque de saisonniers cet été.

    • (Je dois dire que l’idée est séduisante : l’idée qu’une réforme néolibérale, à peine mise en place, détruit illico une des principales activités économiques du pays – le tourisme –, ce serait pas mal. Mais justement, il faut toujours se méfier des analyses séduisantes des interwebz.)

    • merci, même si je ne suis pas sûr de tout comprendre, mais effectivement, on ne peut pas ignorer l’impact de la réforme sur les saisonniers

      • l’étude d’impact de l’Unédic d’avril 2021 mentionnait les conséquences lourdes pour les saisonniers, nombreux…

      Assurance chômage et saisonniers : le « système était devenu hypocrite », juge Emmanuel Macron - La Voix du Nord
      https://www.lavoixdunord.fr/1110894/article/2021-12-08/assurance-chomage-et-saisonniers-le-systeme-etait-devenu-hypocrite-juge

      Selon l’étude d’impact de l’Unédic réalisée en avril, ce passage à 6 mois conduira au cours de la première année d’application à retarder l’ouverture de droits à 475 000 personnes, notamment des jeunes ou des saisonniers qui multiplient les contrats courts.

      (à noter, dans le même article de la VdN du 8/12/2021, le présipotent se réjouissait ouvertement

      « Nous nous sommes habitués à un système qui n’était plus juste, où il suffisait d’aller travailler quatre mois dans les stations de sport d’hiver pour avoir le chômage tout le reste de l’année », a expliqué le chef de l’Etat, invité de France Bleu Pays d’Auvergne à l’occasion de son déplacement dans la région.
      […]
      Avec la nouvelle mouture de l’assurance chômage, « on retrouve des choses qui sont de bon sens », a assuré le chef de l’Etat à l’occasion d’un déplacement entamé mardi dans le Cher et dans l’Allier.

      du coup, en reformulant, l’ancien régime de l’assurance chômage fonctionnait comme une subvention aux employeurs de saisonniers en permettant à ceux ci d’être indemnisés, aux frais de la collectivité, entre les saisons et donc de garantir l’existence d’une force de travail précaire disponible en saison. Sur un modèle finalement similaire au régime dit de l’annexe 10, fondateur du statut d’intermittent du spectacle et qui permettait d’externaliser, sur la collectivité, la charge de l’entretien d’une masse de travailleurs précaires.

      Dans les deux cas, la chasse idéologique à "l’assistanat" fait disparaître les ressources complémentaires mutualisées dont bénéficiaient les salariés "à éclipse" (saisonniers, intermittents) enchaînant contrats et indemnisations et donc, indirectement, leurs employeurs qui étaient dispensés d’assurer le maintien de cette force de travail lorsqu’ils ne l’employaient pas directement.

      Le marasme évident du secteur du spectacle vivant ne serait donc pas seulement conjoncturel, contrecoup de l’impact du covid, mais aussi structurel du fait de l’impact, différé et masqué par la crise sanitaire, de la réforme du régime des intermittents.

      En somme, les secteurs du spectacle vivant d’abord, du tourisme maintenant se voient privés du soutien que constituait la prise en charge collective des périodes non travaillées et se retrouvent confrontés à la prise en charge directe de l’ensemble des coûts de maintien d’une force de travail disponible.

    • Autre cause  : le manque de logements. Les saisonniers ne vont pas claquer tout leur salaire dans le logement pour bosser. Donc, ils ne viennent plus.
      Dans les zones touristiques, la spéculation immobilière des résidences secondaires est un fléau  : elle éloigne de + en + les «  jeunes du coin  » qui logent donc de + en + loin et sont d’autant moins disponibles que les transports ne sont jamais pensés pour les locaux laborieux qui ont — par ailleurs — de + en + de mal à assurer l’entretien des tape-cul qui leurs servent de bagnole, sans compter les zones d’exclusion, l’explosion des tarifs de stationnement depuis leur municipalisation et le prix délirant du carburant.
      Grosso merdo, l’entre-soi des mieux lotis commencent à bien porter ses fruits pourris.

      Sans compter que la généralisation des lits froids coulent les communes qui ne peuvent ne fonctionner que 2 mois par an.

    • c’est exactement ça : parmi le demi million de personnes, chiffre estimé par l’Unédic, qui voient disparaître un revenu de complément, une (très ?) grande partie sont contraints de trouver un « vrai boulot » (!?) dont un pourcentage certainement non négligeable se trouve ailleurs que dans les secteurs liés au tourisme

    • sauf erreur de ma part,les intermittents du spectacle (annexe 8 et 10) -si ils effectuent 507h d’emploi avant la date anniversaire - ne sont pas impactés car leur alloc est fondée sur un #salaire de référence et non pas sur un "salaire journalier de référence" (#SJR) que la réforme a judicieusement décidé de réduire à rien chez bon nombre de chômeurs en activité à temps réduit en divisant les salaires effectivement perçus par une durée abstraite, le nombre de jours ouvrables de la période de référence pour l’ouverture de droits, plutôt que le nombre de jours sous contrat.
      https://www.unedic.org/sites/default/files/2022-04/Dossier%20de%20synthèse%20Intermittents%20du%20spectacle.pdf

      les femmes en première ligne
      https://seenthis.net/messages/936307
      « Une réforme inefficace, injuste et punitive »
      https://seenthis.net/messages/931532

      #chômage #assurance_chômage #Unedic #chomeurs #chômeuses #saisonniers #chômeurs_en_activité_à_temps_réduit #revenu #droit_au_chômage

    • A ajouter aux intermittents et saisonniers, les auteurs et autrices dont le statut d’exception a sauté pour être modifié, les rapprochant d’un statut de salariés mais non salariés (ni chômage, ni congés) de sorte que les auteurs/autrices payent désormais leurs cotisations sociales équivalentes à une part patronale, notamment pour la retraite (cf IRCEC qui se gave). Et le plus lourd tribu est … pour les femmes :/
      http://caap.asso.fr/spip.php?article985

      Et merci @simplicissimus pour tes recherches et ton texte.

      #précaires #en_marche_arrière

    • l’étude d’impact de l’Unédic est là :
      https://www.unedic.org/sites/default/files/2021-04/Impact%20evolution%20regles%20assurance%20chomage%201er%20juillet%202021_3.p

      le chiffre de 475000 pour le retard de l’ouverture des droits se trouve (en fait, se reconstitue) page 8 :
      • retard de l’ouverture des droits d’un an ou plus : 190 000
      • de moins d’un an : 285 000

      le montant total d’allocations économisé (p. 7) 2,3 Mds € en régime de croisière

      l’impact sur l’allocation journalière (p. 12)
      (nb de personnes en fonction de la réduction de l’AJ
      ne tenir compte que du vert foncé, le rose pâle étant la distribution avant intervention du mécanisme de plancher)

      Les demandeurs d’emploi concernés sont principalement des personnes s’inscrivant à la suite de CDD ou d’interim

      (p. 13)

      impact sur le montant ET la durée de l’AJ (p. 15)
      (graphique pas facile à lire…
      bleu-vert : rythme de travail à 100% ( c-à-d 100% de la période de référence travaillée) ; le dégradé de marron correspond à des pourcentages décroissant dudit rythme de travail, entre 80% et 100%, marron foncé, entre 57% et 80%, marron moyen, moins de 57% (mais plus de 10%) jaune-marron
      durée d’indemnisation en abscisses, montant (mensuel) de l’AJ en ordonnées,
      les montants et les durées dans les encadrés aux couleurs correspondantes
      ne pas tenir compte du point le plus bas (sans plancher et donc fictif)
      ouf…)

  • AFP : même pas peur | 06.06.22

    Dans la dernière brève sur le nouveau cas de tir aux pigeons par les flics à vélo de Paris 18e ce samedi :

    « Encore un abus de pouvoir inacceptable. La peine de mort pour un refus d’obtempérer. Le préfet approuve ? Le ministre félicite ? La honte c’est quand ? », a tweeté samedi soir le chef de file de la France Insoumise (extrême gauche), Jean-Luc Mélenchon, à une semaine du premier tour des élections législatives.

    EXTRÊME gauche ! rien que ça

    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/050622/paris-un-blesse-et-un-mort-lors-d-un-controle-les-policiers-en-garde-vue

    • Même topo « élément de language » passé en loucedé par Clément Beaune dans une interview duel avec Manon Aubry sur Mediapart :

      https://www.mediapart.fr/journal/international/070622/desobeir-l-europe-le-debat-manon-aubry-clement-beaune

      j’ai toujours été clair sur le fait que je ne traçais pas de signe égal entre l’extrême droite, dont le PiS [Pologne] fait partie, et l’extrême gauche, dont je considère que la Nupes fait partie, mais je ne rentrerai pas dans ce débat.

      oui, surtout ne pas entrer dans ce débat, placer le terme « extrême gauche » et entretenir le bruit de fond "péril rouge" ; évoquer [invoquer] le vieil épouvantail rance de l’extrême gauche révolutionnaire violente, Brigades Rouges ou Action Directe ; léger anachronisme ; légère exagération ; et du flou mémoriel collectif sort l’égalité improbable : Nupes (2022) = Extrême gauche (1970). OMG ! Bientôt le retour de la chienlit !

      La ficelle est énorme, mais plus c’est gros, plus ça porte.

  • « Malgré que ses analyses aient été balayées par les résultats du premier tour, #Bruno-Latour, qui avait soutenu Y. Jadot, continue à mener une opération de police sur l’écologie politique, avec des arguments plus que contestables. Quelques éléments en thread 👇 » Philippe Vion-Dury


    Dans un entretien à Mediapart, le philosophe dit ne pas croire qu’Emmanuel Macron l’ait lu et s’inspire de sa pensée, contrairement à ce que le président a récemment affirmé. L’auteur de « Où atterrir ? » réfléchit désormais à l’avenir possible de la « classe écologique » dont il prédisait l’hégémonie, après que le candidat pour lequel il avait appelé à voter a recueilli moins de 5 % des suffrages.
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/230422/macron-la-gauche-l-ecologie-les-lecons-presidentielles-de-bruno-latour

    Un entretien dans Médiapart carrément réactionnaire ! Quand on parle de #nation-écologique, c’est grave. Qu’il soit celui qui défende les choix stratégiques d’#EELV et en ces mots, en dit long...

    • « De l’itw où Macron le cite, Bruno Latour (BL) retient le concept de "nation écologique", voyant là l’occasion d’un concept. De tous les mots qui pourraient ressaisir l’idée de communauté au sens écologique, y en a-t-il un pire ?
      D’autant que la nation est précisément ce qui unit à partir d’une exclusion. Étrange de la part de BL qui dans son mémo propose une classe écologique en refusant tout antagonisme de classe (contre qui se définit-elle ?).

      On sent la référence implicite aux concepts d’#écologie-de-guerre et de #patriotisme-écologique lancés par Pierre Charbonnier pour lesquels j’ai émis quelques critiques par ailleurs : Il me semble qu’il y a de nombreux soucis dans cette analyse de Charbonnier sur l’"écologie de guerre" et le tournant que représenterait l’#Ukraine. Le concept me semble fébrile et passer à côté de plusieurs choses. https://legrandcontinent.eu/fr/2022/03/18/la-naissance-de-lecologie-de-guerre

      Concernant le résultat d’EELV, BL n’en démord pas, il faut recommencer. Et il faut le faire seul. Car #LFI, c’est pas l’écologie 🚔
      Le problème est que Jadot a été trop sérieux, pas que son programme était surnuméraire ou ses assises idéologiques introuvables. »

      "Mais là on arrive à quelque chose de tout à fait grave pour un intellectuel présenté comme la star de l’écologie : la méconnaissance totale de l’histoire de l’écologie politique. Je vous laisse découvrir ce passage"

      " La plupart des courants de l’écologie politique sont révolutionnaires. C’est un fait. Écologie sociale. Écosocialisme. Écologie anti-industrielle. L’écologie s’est en permanence hybridée avec l’anarchisme et le socialisme, entre autres, c’est archi documenté. La nuance est dans la conquête du pouvoir, peut être. Ça c’est plus récent. Mais c’est que de facto, l’écologie ne pouvait s’associer au communisme marxiste de l’après guerre, ultra dominant.

      Modeste dans son attitude l’écologie politique ? Mais c’est effacer d’un trait le Larzac, les faucheurs, toutes les utopies locales, les luttes menées depuis la Guerre des demoiselles.... Table rase : l’écologie est devenu un sympathique concile social democrate.

      Et pour les jours heureux, on repassera. Je vous laisse lire :"

      « Non seulement là encore des pans entiers de l’écologie politique sont abattus (le buen vivir, l’abondance frugale, les liens qui libèrent, la sensibilité au vivant, etc), mais BL nous ramène dans une vision absolument austère, négative, privative, bref livre les armes à nos ennemis.

      Par ailleurs, le problème des Insoumis, c’est qu’ils veulent se servir de l’Etat pour changer la vie, alors que BL préférerait qu’on se contente d’en discuter en infra.
      On a besoin d’un État "apprenant". On est étonné que BL s’étonne que ses élèves finissent à #McKinsey. On attendant impatiemment là aussi la définition du concept.

      Pour être sûr de son coup, BL met un dernier coup de pelle dans la nuque de l’écologie politique... Qui ne doit en fait pas être politique mais "esthétique". Bon bah là on comprendre que trois entrechats à peine séparent les sociaux libéraux de gauche et de droite.

      L’écologie politique a toujours été qu’un certain mode d’organisation de la société détruit nos liens aux mondes dont nous sommes faits et dont nous dépendons. Donc il faut changer de mode d’organisation, autrement dit rompre avec le syst capitaliste, productiviste, industriel...

      Mais ce n’est pas étonnant que cela échappe à BL, puisque selon lui, le capitalisme... N’existe pas ! Même les plus ultraliberaux doivent se fendre la poire en lisant ça. »

      "Je suis passablement agacé, vous l’aurez compris, mais moins par les positions politiques de Latour ou par sa philosophie qui offre des prises intéressantes sur notre contemporanéité, mais par le manque de culture en philosophie politique et surtout en écologie politique.
      En réalité, je ne suis pas certain que Bruno Latour soit un écologiste. Je pense que c’est un épistémologue et un philosophe qui a raccroché les wagons au train en marche.
      A-t-il lu avec attention : Illich, Khor, Schumacher, Léopold, Charbonneau, Ellul, Naess, Gorz, et tous ceux que oublié de citer, les moins connus, les oubliées, les précurseurs, les anarchistes comme Reclus, Kropotkine, ceux qui annonçaient notre catastrophe ?
      S’est-il intéressé à ces trois siècles de luttes violentes menées pour protégés l’intégrité des mondes et leurs vivants ?"❞

      https://twitter.com/PhilGood_Inc/status/1517870292932116480?cxt=HHwWgICylam_x5AqAAAA

  • Présidentielle 74 : leçons d’une « candidature des luttes » | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/310322/presidentielle-74-lecons-d-une-candidature-des-luttes

    En 1974, des militants veulent voir Charles Piaget, le syndicaliste emblématique de Lip, se présenter à la présidentielle. D’autres critiquent cette possible aventure électorale. Autour de cet épisode, c’est toute la question du « débouché politique » des luttes sociales qui est posée. Une enquête de la « Revue du crieur » dont le nouveau numéro est publié jeudi 31 mars.

    #Politique #Elections #Mouvement_ouvrier #1974 #Charles_Piaget

  • Retraites agricoles : des revalorisations bas de gamme, surtout pou... | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie/280322/retraites-agricoles-des-revalorisations-bas-de-gamme-surtout-pour-les-femm

    Le gouvernement vante la revalorisation des pensions agricoles. Or, non seulement il n’en est pas à l’origine, mais les amendements portés par sa majorité en ont largement réduit la portée et ont échoué à résorber les inégalités femmes-hommes.

    https://www.dropbox.com/s/2uixdplk6p60ros/article_1020692.pdf?dl=0