Itinraires : Les traceurs de voie du XX° siècle

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  • « aucune lenteur n’est négligeable ». pour @vinvin, en écho à la lecture de son http://www.cles.com/itineraires/article/je-me-suis-desintoxique-de-twitter

    oculus mundi _
    le peuplier numineux écrin de l’étoile atteste
    en la celant cette vérité fragile, le monde,
    poids infime qui déséquilibre la balance.
    l’étoile déjà s’échappe et glisse le long du peuplier.
    frissonne toute chose dans la lente apnée nocturne,
    quand devant moi contient son regard
    sous la fente imperceptible du vent. il passe en silence
    et plus rien ne semble pouvoir peser pour un moment.

    intervention _
    aller se placer là où les perspectives s’emmèleraient,
    l’une sur l’autre venant argumenter la condition des choses,
    qu’elles se récitent selon un genre nouveau. qu’en est-il
    en effet si les pierres se taisent, s’affaissent, si rien ni personne
    n’intervient ; ou bien tout reste sans objet ni lien, immarcescible et nu...
    qu’en est-il alors de la narration, et le monde et même nos biens
    retomberaient déçus dans l’en deçà de la conscience.
    nous ne sommes pas si faibles que nous ne puissions
    nous augmenter de leur désir, lui rendre forme
    et s’il le faut prendre toute la place qui nous convient.

    la loi du vivant _
    sur un grand nuage passant se surimpriment
    les barres d’un code solaire, insaisissable clef d’accès
    au jardin sous la chaleur, et je comprends la soif,
    ce qui la prépare et ce qu’elle exprime, à quoi tient
    la disposition d’un peuplier et son double s’agitant
    comme en miroir au vent qui les scinde,
    celle plus volontaire d’un saule surgi tout cardé devant eux,
    la voie de l’herbe, tandis qu’on va sur le chemin.
    dans la lancée unique autour de laquelle tout s’organise,
    ce n’est pas la Centfonds, on le comprend,
    qui désaltère vraiment ce monde bruissant de tous ses corps
    labiles comme une interminable caresse dans l’air.

    lenteur _
    le train serein des nuits passées s’efface, sans
    que rien ne bouge, sans ressembler à aucun
    moment au quotidien. tout m’amène au seuil
    du travail. et je me souviens que cet effacement
    a sa valeur en lui-même. aller longtemps apprend
    à ne plus médire des circonstances de la fatigue.
    aucune lenteur n’est négligeable en regard
    de ce qui compte, l’inscription du monde,
    et la voie de sa restitution dans la lumière.

    quatre tirés d’un ensemble « aucune lenteur n’est négligeable », 1995 env. ;  c] bituur esztreym aka e-m gabalda, 2012, LAL1.3.
    note : la Centfonds (écho de Sept-Fons, presque) est une petite rivière passant dans le jardin de Cîteaux

  • CLES - Itinéraire : Retour de flamme féministe - Par Patrice van Eersel
    http://www.cles.com/itineraires/article/retour-de-flamme-feministe

    Une sorte de post-#féminisme pourrait-il subrepticement chambouler notre vision du monde ? « Les faiseuses d’histoires » se propose de le faire en trois actes. Dans l’Acte I, les philosophes Isabelle Stengers et Vinciane Despret, chercheuses et enseignantes à l’Université Libre de Bruxelles, s’appuient sur un texte fameux de Virginia Woolf (« Les trois guinées »), pour mener à deux une conversation sur le thème : « Et si nous refusions le jeu ? » Quel jeu ? Celui de continuer à croire que l’université donne sa chance aux femmes. Stengers et Despret n’y croient plus. Le leadership reste définitivement masculin. En fait, leur remise en cause vise le monde du travail tout entier – les femmes représentant les premières intruses à s’être immiscées, avant les prolétaires et les immigrés, dans un univers à 100% conçu pour l’élite des mâles blancs.