Que reste-t-il des frontières ? - Sciences

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  • L’Europe s’enferme dans sa forteresse

    Amnesty International critique la politique migratoire de l’Union européenne. De plus en plus refermée sur elle même, la forteresse Europe se construit parfois au mépris des droits des migrants et des réfugiés.


    http://fr.myeurop.info/2014/07/10/l-europe-s-enferme-dans-sa-forteresse-14148

    #migration #asile #réfugiés #frontière #Forteresse_Europe #Forteresse_européenne #UE #politique_migratoire

    • L’expression « Europe forteresse » me semble problématique sur le plan analytique pour décrire de manière adéquate la politique migratoire de l’UE. Ceci pour les raisons suivantes : 1) l’image du « mur » associé à celle de la forteresse ne reflète pas la réalité de la frontière qui n’est plus seulement et n’a d’ailleurs jamais été cette ligne fixe séparant des unités souveraines mais tend de plus à prendre une forme pixelisée (contrôles dans les aéroports), à être internalisé (contrôle des populations « illégales » à l’intérieur) ou externalisé ( politique de visas, rôle des consulats dans l’attribution des visas). L’expression « forteresse administrative » employée par Stéphane Rozière (http://www.franceculture.fr/emission-planete-terre-que-reste-t-il-des-frontieres-2014-02-12) me semble à la limite plus pertinente. Pour les mutations des formes et mode de conceptualisation de la frontière, voir : http://ceriscope.sciences-po.fr/node/12 2) Aucune frontière n’a jamais été hermétique à 100%. Le contrôle aux frontières de l’UE est loin d’être « efficace » et tant mieux. 3) Les frontières se font de plus en plus « smart », s’adaptant grâce à des évolutions technologies aux types de flux migratoires parcourant l’UE. 4) Le contrôle aux frontières relève moins d’une « guerre » aux migrants que d’une logique de management. Nous sommes dans une logique de suspicion et de gestion des "risques migratoires"néo-libérale. On est dans le domaine du calcul de coûts (voir tous les débats sur le prétendue pression des immigrés sur ce qu’il reste Welfare State). Les migrants relèvent d’avantage de la catégorie des indésirables que de celle de la guerre et de l’ennemi. Les enquêtes menées auprès des agents de Frontex montrent que , pour faire court, les gardes-frontières ne disent pas « on les arrêtent/ malmènent/ tuent /refoulent car ils sont des ennemis mais parce qu’ils sont bêtes de venir ». Il s’agit de rendre le départ moins attractif, de montrer que l’investissement qu’implique le voyage ne vaut pas le coup. Sur Frontex voir : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1468-5965.2009.00807.x/abstract;jsessionid=B4176D9A6D2AE488D527E6B44C673633.f04t01?den
      La politique migratoire de l’UE n’en est pas moins dégueulasse mais je pense qu’il est nécessaire de bien cerner les mécanismes à l’œuvre.En effet, toute résistance est toujours déterminée dans une certaine mesure par la configuration particulière de la relation de pouvoir dans laquelle elle s’insère.

    • Honnêtement je ne sais pas. C’est clair que dénoncer le « management sécuritaire » a une portée évocatrice et mobilisatrice moins grande que le recours à l’expression « forteresse migratoire ».
      Je pense que la réflexion sur les pratiques de résistances à ces logiques sécuritaires doivent : 1) être plus attentif aux résistances des sujets concernés eux-même plutôt que de se situer sur le plan des institutions judiciaires et de la pseudo « société civile » européenne 2) Mener une réflexion plus large sur l’articulation entre la liberté de circulation fondée sur le marché et le management sécuritaire des migrations. Dans l’optique sécuritaire, il ne s’agit pas tant de restreindre la liberté de circulation en soi mais de filtrer entre « bons » et « mauvais » flux et de créer des régimes de circulation différenciés y compris pour les ressortissants de Schenghen comme le montre les régimes de surveillance et de contrôle des mobilités roms. En effet, en mettant en avant « la liberté de circulation » comme principe général et abstrait on risque rapidement de légitimer tout le discours néo-libéral sur l’ouverture des marchés sous-tendant la construction européenne. Du coup, il est très facile après pour des argumentaires protectionnistes et/ou nationalistes à la Soral &Co de vous ranger dans le camp du « capital transnational » favorisant l’"immigrationisme". Hors, régimes sécuritaires et logiques de marché se complètent mutuellement et doivent être critiquées de pair. D’où toute l’ambiguïté de critiquer la politique migratoire de l’UE tout en se référant aux mêmes « principes fondateurs » de l’UE.