Le Jardin de Babylone - Bernard Charbonneau (Encyclopédie des nuisances, 2002)

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  • France : Le sel de la terre accaparée - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/France-Le-sel-de-la-terre

    Face à cette hydre de l’accaparement spéculatif, de nombreuses luttes paysannes, syndicales ou autonomes, souvent discrètes mais jamais découragées, ambitionnent de remettre en question la propriété privée de la terre ou de se réapproprier la production alimentaire. Ces luttes sont de moins en moins cloisonnées à la profession agricole et peut rassembler autant des jeunes paysans sans terre que des ruraux excédés par la bétonisation de leur territoire. Un terreau de résistances riches en imaginaires fertiles pour défricher de nouveaux rapports collectifs à la terre et s’émanciper d’un modèle agricole productiviste définitivement à bout de souffle.

    • Plus discret et plus complexe, en France, l’#accaparement des terres se manifeste sous de multiples visages. En 30 ans, les surfaces urbaines ont augmenté de plus de 40 %, avalant des kilomètres de terres agricoles pour toujours plus de zones pavillonnaires sordides et autres « zones d’activités ». Cette bétonisation généralisée est partie pour s’amplifier dans les années à venir. Dans leur projet de réforme territoriale, les socialistes ont voté l’an dernier la « loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des #métropoles », dite loi Mapam. Il s’agit entre autres de créer par décret des métropoles de plus de 400 000 habitants, futurs porte-avions de la croissance. Nos campagnes ne seront plus à terme que des espaces récréatifs pour urbains en mal de nature ou des zones de production industrielle au service de villes-monstres.

      C’est exactement ça. Cf le Jardin de Babylone, de Charbonneau http://seenthis.net/messages/273520
      #banlieue_totale #urbain_diffus

  • Le Dark Tourism
    Ne vous arrêtez pas avant 30 secondes de visualisation.
    Belle étude indirecte de la MORT @aude_v @lan02
    http://www.dailymotion.com/video/x2x1qgv_le-dark-tourism-une-nouvelle-tendance-de-voyage_news?from_relat


    Ambroise Tézenas a parcouru le monde pour découvrir ce qu’on appelle le « dark tourism » ou « visiteur de la désolation ».

    Ça me rappelle les personnes qui allaient sur la frontière turque en 2012 pour voir les bombardements à distance en Syrie.
    #antarctique #népal #syrie #auschwitz #pripiat #fukushima #tsunami #jfk

    • @aude_v
      J’ai tendance à croire que le Dark Tourism s’applique aux sites où les cendres sont « encore chaudes » ou peuvent encore être attisées. Je veux dire qu’il y a un aspect pionnier dans ces visites. Un petit quelque chose que l’on ne verra plus pareil dans quelques années.
      Cela n’exclut pas des sites déjà anciens, si tant est que l’on apporte un regard neuf.
      Par exemple, visiter Tchernobyl en y regardant la nature reprendre ses droits, est un point de vue terriblement contemporain au regard de la crise environnementale, impossible il y a 20 ans, différent dans 10 ans, c’est maintenant ou jamais.
      Autre exemple, visiter le lieu de l’assassinat de JKF à Dallas avec des pièces récentes de l’enquête en tête, c’est faire parti des premiers à faire corroborer ces éléments jusqu’alors cachés, comme dans une chasse au trésor.

    • @aude_v on est d’accord mais à ce moment là le terme tourisme ne s’applique plus vraiment. Une visite d’un lieu de mémoire n’est pas du même ordre que la fascination d’un désastre humain observé d’un point de vue consumériste sensationnaliste (consommer de la sensation lugubre comme d’autres des heures de sieste au soleil). Qu’il y ait par exemple des gens pour aller observer en live depuis la frontière turque les bombardements à distance en Syrie, ça fout un peu la nausée.

    • Cela semble être en contradiction avec le tourisme « traditionnel » critiqué (entre autre) dans Offensive « L’horreur Touristique » - 2008, dans l’édito :
      « Dans une société polluée et agressive, les individus stressés et oppressés par un travail rationalisé cherchent une compensation thérapeutique. Le monde idéalisé, épargné des ravages de la société industrielle que promeuvent les voyagistes les attire. […] »
      Mais :
      « plus une zone apparaît protégée, plus elle attire, car la recherche d’authenticité est devenu le leitmotiv de l’industrie touristique. »
      Après avoir tout ravagé, le tourisme se concentre sur les ravages eux-mêmes, toujours dans l’idée d’authenticité. Comme les baroudeurs de l’extrême sont toujours des défricheurs pour l’industrie touristique : ça restez dans la même logique.

      https://offensiverevue.wordpress.com/2015/02/02/offensive-14

      https://offensiverevue.files.wordpress.com/2015/02/offensive14.pdf

  • Le Commandant Cousteau « faisait chier les poissons », assassinait des requins et faisait péter les récifs à la dynamite
    http://www.slate.fr/story/103933/commandant-cousteau-poissons

    L’émission Là-bas si j’y suis a mis en ligne une chronique hilarante sur le malaise que suscite aujourd’hui Le Monde du silence, documentaire océanographique culte qui ressemble avec le recul à un carnage en haute mer...(Permalink)

    #environnement #océan

    • Les passionnés de la nature sont à l’avant-garde de sa destruction : dans la mesure où leurs explorations préparent le tracé de l’autostrade, et où ensuite pour sauver la nature ils l’organisent. Ils écrivent un livre ou font des conférences pour convier l’univers à partager leur solitude : rien de tel qu’un navigateur solitaire pour rassembler les masses. L’amoureux du désert fonde une société pour la mise en valeur du Sahara. Cousteau, pour faire connaître le « monde du silence », tourna un film qui fit beaucoup de bruit. Le campeur passionné par les plages désertes fonde un village de toile. Ainsi, réaction contre l’organisation, le sentiment de la nature aboutit à l’organisation.

      En réalité il n’y a probablement pas de solution au sein de la société industrielle telle qu’elle nous est donnée. L’organisation moderne nous assure le superflu en nous privant du nécessaire.

      http://seenthis.net/messages/273520

  • « C’est une nouvelle prompte à relancer de plus belle la guerre entre les "pro" et les "anti" loup. Samedi 6 juin, Romain Ferrand, âgé de 16 ans, affirme avoir été attaqué par une meute de loups à Seyne-les-Alpes, à la lisière de la forêt de la Blanche, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Vendredi soir, vers minuit, l’adolescent indique avoir entendu des aboiements et des meuglements dans l’exploitation bovine de son père, déjà attaquée par le passé par des prédateurs. Il raconte à La Provence qu’il a vu des yeux briller dans le noir et réussi à dénombrer neuf carnivores adultes et quatre louveteaux. "Encerclé par la meute", le jeune homme, qui portait des béquilles, dit avoir tiré en l’air, mettant les loups en fuite alors qu’ils étaient à une vingtaine de mètres de lui. "J’ai eu la peur de ma vie, je suis sûr qu’ils m’auraient sauté dessus", confie-t-il au quotidien régional. »

    http://ecologie.blog.lemonde.fr/2015/06/08/les-loups-attaquent-ils-encore-les-enfants

    #loup #petit_chaperon_rouge #histoire #médias #fact_checking

  • La civilisation libérale réalise le fondement social de tout régime totalitaire - L’Etat, Bernard Charbonneau, 1949

    C’est dans l’#économie libérale que s’est élaboré le plus efficacement le monde totalitaire. Dès le début du XIXème siècle la centralisation politique s’est renforcée d’une organisation économique qui tendait à concentrer la puissance en un seul point d’où dépendait tout le reste. Ainsi s’est formée une #humanité habituée à subir, et à subir sans comprendre, pour laquelle le mot de #liberté s’est vidé progressivement de tout contenu. Si nous considérons la tendance de la #technique actuelle à réserver la connaissance à une minorité de spécialistes comme elle réserve la puissance à quelques patrons ou directeurs, sa tendance à s’étendre méthodiquement à tout, sans autre principe que celui de l’efficacité pratique, alors nous pouvons bien affirmer qu’en dehors de toute volonté politique consciente le monde libéral tendait bien à devenir un monde totalitaire, où la #démocratie sociale devenait aussi absurde que la démocratie politique.

    La démocratie tend au partage de la vérité et de la puissance entre tous les #citoyens, la technique tend au #monopole de la vérité autant qu’à celui du pouvoir. Nous payons chaque perfectionnement d’une complication et d’une contrainte, - le tout est de savoir si ce perfectionnement vaut ce prix. Comme le rouage s’ajoute au rouage, l’explication s’ajoute à l’explication, et dans la mesure où l’organisation englobe de nouveaux domaines, elle multiplie les interférences. Ainsi, le sens commun à tous les hommes ne suffit plus, l’individu ne peut plus réaliser la condition de base de toute démocratie : une connaissance élémentaire de ses intérêts matériels, car ceux-ci dépendent d’une foule d’éléments qu’il ne peut plus atteindre directement. Pour juger sérieusement de son #salaire, il lui faut désormais connaître le mécanisme de la #monnaie, le système fiscal, l’économie française et sa situation dans l’économie européenne : une #culture politique et juridique du niveau de la licence en #droit. Dans ces conditions le citoyen ordinaire n’essaie même plus de comprendre, il se jette sur l’explication que lui prépare la #propagande ; atrophiant son aptitude à s’expliquer, la complexité du monde actuel le livre au simplisme du #slogan. Plus les techniques deviennent hermétiques et rigoureuses, plus leur vulgarisation devient vulgaire : l’image ou l’incantation qui s’adresse aux nerfs de la foule compense la formule mathématique qui s’adresse à l’intellect du technicien.

    Submergé par la multiplicité des faits où l’économie complique la #politique et la politique l’économie, l’individu se détourne d’un #pouvoir qui n’a plus de sens pour lui ; sa condition étant d’être dépassé, sa réaction est de s’abandonner. Dans la #nation, dans l’#armée, dans le parti, et dans un #syndicalisme bureaucratisé, il n’est plus qu’un rouage habitué à subir l’impulsion d’un état-major d’administrateurs. Le sens commun - et son représentant le Parlement - n’a plus d’autorité ; dans une société technicisée, ce sont les bureaux qui gouvernent. Le Parlement n’est que le mensonge [...] qui permet aux hommes d’esquiver le problème posé par la fin du bon sens.

    Partout où pénètre la technique recule la liberté, car à la différence de la pensée libérale, ses vérités sont sans appel et leur exécution automatique. La technique comme la #loi impose à tous la même discipline, et partout où elle s’établit, s’établit la loi qui peut seule rendre ses applications possibles : la discipline totalitaire dans ce qu’elle a d’apparemment légitime ne fait qu’exprimer en clair la discipline industrielle. Ainsi sous le couvert du #libéralisme, l’évolution économique réalise dans la vie quotidienne des individus la condition fondamentale du #régime_totalitaire : la démission de l’homme, qu’il s’agisse de l’#indifférence atone du plus grand nombre à des déterminations qui les dépassent ou de la participation frénétique de quelques-uns.

    [...] L’#impuissance individuelle mène au culte de la puissance collective. Quand l’#individu se tourne vers lui-même, il ne trouve qu’incertitude, vide et débilité ; mais quand il considère le monde qui le domine il voit triompher la force. Tout le dissuade de chercher l’autorité autant que le pouvoir en lui-même pour le tourner vers la puissance collective. Tandis que se dressent toujours plus haut des buildings ; dans la fissure de la rue passe l’individu, perdu dans la foule, mais suivi par les contraintes de l’argent et de la loi comme par son ombre ; et sur lui s’effondrent guerres et révolutions, qu’il ne peut que suivre. Alors écrasé, il compense ses complexes d’infériorité individuelle par ses complexes de supériorité collective : celle de sa nation, de son parti ou de sa classe. La révolte de l’individu alimente ainsi les forces qui l’anéantissent.

    #système_technicien #brown_tech

    • Le régime totalitaire vient comme un voleur ; il nous surprend à coup sûr parce-que nous l’attendons monstrueux alors qu’il n’a rien d’étonnant. Progressivement, dans le calme de ce que nous croyons être le temps normal, il s’est adapté à nous, et surtout nous nous sommes adaptés à lui. Il n’est plus loin ; au jour le jour il a déjà fait presque tout le chemin et il n’a plus qu’un pas à faire pour être là.
      [...] Le mal totalitaire n’est pas un fléau étranger qui fondra sur nous à la fin des temps, il grandit en nous dans le silence. Dans la vie quotidienne et dans l’esprit - ou plutôt dans l’absence d’esprit qui y préside : plus que dans nos fureurs, dans notre ennui ; plus que dans nos crises, dans nos petites habitudes. C’est là qu’il nous faudra le découvrir et le combattre. Tout homme doit se préparer à ce jour, et ce jour c’est aujourd’hui.

      #totalitarisme

    • Celui qui voudra résister le moment venu doit savoir qu’il ne sera pas placé d’un coup en face du choix. Le régime totalitaire consacrera l’état de fait plus qu’il ne rompra avec lui ; il nous aura lentement possédés de l’intérieur plus qu’il ne nous forcera de l’extérieur. [...] Songeons que notre régime totalitaire ne se présentera pas sous l’uniforme de l’envahisseur, mais dans l’exaltation de la puissance nationale ; non comme une subversion, mais un effort vers l’ordre universel. En apparence il sera moins un déchaînement de haine que l’irrésistible jaillissement d’un hymne de fraternité ; une unanimité dans laquelle le refus de l’individu ne sera plus affirmation légitime mais scandale.

    • Relu encore à l’instant.

      « perfectionnement » me semble ici très bon et très juste, mais « technique », « la technique » (ne parlons pas du « sens commun » et du « bon sens ») ne passent décidément pas.

      Termes décidément bien trop fourre-tout, qui recèlent autant sinon plus de problèmes cruciaux qu’ils n’apportent de clarifications - en particulier, dans ce que les premiers participent d’un dualisme « nature » vs « artifice » non dit ni assumé qui vient conditionner l’entendement beaucoup trop à mon goût.. (comme on le peut constater régulièrement dans les prises de position des militants « anti-industriels » qui se réclament de ce même Charbonneau).

      de même, l’emploi des catégories « totalitaires » et « libéralisme » me semble ici des plus casse-gueule - et aujourd’hui dépassé pour essayer de saisir les rapports sociaux que nous vivons.

    • Je suis assez d’accord sur l’opposition nature vs artifice, opposition que dépasse le concept d’#écoumène (dont les techniques humaines sont partie prenante cf http://seenthis.net/messages/166201). Cela dit quand Charbonneau parle de technique (même si c’est pas explicite) il parle de technique hétéronome, qui s’autonomise et échappe à la maîtrise commune, par opposition à l’outil convivial (concept forgé plus tard par Illich).
      Sur le glissement vers le totalitarisme en revanche l’analyse de Charbonneau me semble garder sa pertinence. Je trouve que le dernier paragraphe mentionné donne un éclairage saisissant à « l’esprit charlie » et aux derniers propos bellicistes de l’exécutif.

    • @paulo merci

      @koldobika

      Je me suis plongé il y a des mois dans tout ce que j’ai pu lire de Berque sur le web (il y a de la matière), et c’est passionnant, mais je pense que, de par sa singularité dans le paysage intellectuel, (en tout cas, dans le mien), c’est un auteur qui mérite d’être médité et digéré. Je n’ai pas fini d’y revenir.
      Son point de vue déplacé par rapport à la tradition occidentale « classique » et l’étendue de sa culture sont stimulants par l’emploi créatif qu’il en fait, et la notion d’écoumène m’a évidemment beaucoup plu.

      Mais il me semble que son travail reproduit néanmoins des biais fondamentaux, à travers une forme - c’est ce qu’il me semble y lire, je reste néanmoins prudent - d’humanisme universaliste abstrait. Par exemple, je n’ai pas lu chez lui de réflexion sur les rapports humains, les rapports sociaux de domination, (lesquels mettent pourtant en scène la notion de nature de façon récurrente) - j’ai l’impression qu’il y a là l’habituel point aveugle masculin et blanc, aisé, que l’on rencontre trop souvent. Dans ce que j’ai lu, les rapports de domination - sexe, race, exploitation économique - sont quasi-absents, sinon, pour les derniers, du point de vue de leurs conséquences écologiques. Je peux me tromper et avoir manqué cela. Mais j’aimerais les voir explicitement pris en compte : il font partie du milieu, de « l’écoumène », non ? Nous n’appréhendons pas le milieu tou-te-s depuis le même point.

      Pour se déprendre un peu plus du piège de ce dualisme nature-culture, pour être intellectuellement mieux armés face à lui, à défaut de prétendre en finir, les travaux de Colette Guillaumin, qui partent justement des rapports de domination, et en particulier d’appropriation, et qui lient la catégorie « nature » et son emploi à ces rapports sociaux, me semble ouvrir des pistes plus intéressantes dans ce qu’elle proposerait une explication matérialiste de l’existence de cette catégorie - la « nature » ne devant alors son caractère distinct, extérieur... qu’au fait de son appropriation par les humains. Mais là aussi, c’est une lecture que j’ai besoin de digérer - et aussi, en partie, de parvenir à mettre la main dessus (bouquins épuisés, hélas).

    • @martin5 c’est vrai qu’il manque tout ce pan social chez Berque, et ça donne à son propos quelque-chose de très universitaire, qui aime bien causer au calme d’un salon. Autant il a une approche très « habitée » de la question du paysage, autant pour ce qui est des rapports sociaux c’est l’angle mort, ça donne l’impression qu’il parle du rapport d’un humain isolé avec le monde, ou alors d’une culture mais en n’en retenant que la situation géographique et historique et pas les rapports sociaux ni de genre, tout juste aborde-t-il les modes de production, à gros traits.
      J’ai déjà vu passer le nom de Colette Guillaumin, à l’occasion j’en lirai un bout (j’ai déjà une trop grosse pile de bouquins à lire qui m’attend, je m’en sors pas).

    • Du coup je suis retourné plus en profondeur à un autre de ses bouquins, plus récent, que j’ai sous la main (#Le_jardin_de_Babylone), lu il y a trop longtemps.
      Il me semble que Charbonneau - outre des formulations chrétiennes fatigantes : « fils d’Adam » toi même, Bernard ! y donne à lire sans masque la rigidité et les limites d’une pensée banalement conditionnée par les concepts auxquels elle a recours. Si dans un court prologue il semble admettre l’historicité de celui de « nature », c’est ensuite pour en faire à nouveau un absolu et recourir au détour d’un chapitre ou d’un autre à celui de « nature humaine ». Il ne s’agit pas seulement de nature vs technique hétéronome, mais bien d’une incapacité à penser les animaux humains en termes de rapports sociaux, avec leur plasticité, leur historicité.
      Sitôt qu’il s’aventure un peu trop sur ce terrain là, comme p 171 de l’édition de l’EdN :

      si le progrès est illimité, la nature humaine, heureusement, reste immuable : on ne nous a pas encore proposé un superman avec un troisième oeil et des pinces greffées

      (j’italise)
      ,
      la rigidité du paradigme chrétien dans lequel il patauge semble le réduire à recourir immédiatement à une caricature grossière - celle que l’on retrouve, intacte, chez PMO, Escudero, etc, et avec laquelle se complaisent leurs soutiens. Il me semble qu’une pensée engluée dans le dualisme nature vs artifice/technique se condamne à tomber dans ce travers - se privant de la capacité à envisager les rapports sociaux, et donc les pratiques, dans toute leur profondeur en termes de production historique, pratiquant parmi elles une coupure... artificielle entre prétendus « naturels » et soi-disant "artificiels" , absolutisant nécessairement une conception particulière de l’"humain". Sur ce sujet, la confrontation avec la pensée d’une #Hannah_Arendt (#Condition_de_l'homme_moderne) me semble assez éclairante quant à l’espèce d’archaïsme dont on peut dire qu’il caractérisait déjà à l’époque la pensée de Charbonneau.
      Comme si le renoncement à un ancrage dogmatique tel que le sien était pour lui voué à menacer la capacité de juger le présent !

      Incidemment, l’évocation de la pêche et de la chasse est pour lui l’occasion de pages consacrées à une impudente apologie de la prédation et de l’appropriation conçues comme le rapport le plus intime possible avec "la nature" , qui après tout passait peut-être inaperçue il y a quelques décennies ? (Mais qui me semble remarquablement consistante avec la critique que fait Colette Guillaumin du concept de nature comme face mentale, idéologique, de pratiques d’appropriation, comme avec la critique qu’esquisse #Florence_Burgat dans #Pourquoi_l'humanité_est_elle_carnivore )

      je cite :

      La relation du chasseur et du pêcheur à la nature est totale , parce qu’elle est une relation active . L’employé parisien qu’hypnotise le jeu de son bouchon le long des quais de la Seine est plus près de la vie primitive que le touriste qui contemple les glaciers du Spitzberg

      .
      (p 179, même édition, et j’italise à nouveau)

      L’a priori complaisant quant à une conception de « la vie primitive » se donne à lire sans fard ni doute...
      La suite qui, au prétexte de condamner « l’errance moderne », méprise grossièrement le nomadisme, n’est pas meilleure.

      Le lyrisme torrentiel et la verve de l’auteur dissimulent donc à mon sens très efficacement la superficialité et les a-priori avec lesquels sa pensée entre, comme pensée (de fait, fort peu) dans la foisonnante description qu’il donne du moment historique qu’il se trouve vivre : si son regard de chrétien contribue assurément à lui conserver une vive sensibilité à la brutalité des changements imposés par l’industrialisation, si sa culture de chrétien lui fournit la palette pour la peindre d’une façon des plus saisissantes (je ne lui conteste évidemment pas cela), se référer à lui en ignorant le lieu tout de même particulier, et lui même problématique et critiqué, depuis lequel son regard se porte , se référer à lui en ignorant ses biais, ses points aveugles pose un problème qu’il me semble nécessaire de souligner , puisqu’il s’avère qu’aujourd’hui encore, beaucoup de celleux qui disent s’en inspirer ne le remarquent pas, puisqu’ellils se satisfont de les reproduire quasiment à l’identique.

      Je ne leur reproche pas de lire ni de s’inspirer d’un auteur chrétien : après tout, je ne me cache pas de m’être abondamment nourri des écrits de Léon Bloy, Georges Bernanos, Simone Weil,... Jacques Ellul et Bernard Charbonneau himself, pour n’en citer que quelques un-e-s.
      Je leur reproche de le faire en perdant de vue que ceux-ci sont critiquables, aussi précieux et féconds soient-ils ; et que pour y nourrir notre pensée, nous ne sommes en rien tenus de l’encager dans ce qui fut leur paradigme.

  • Sans aucune retenue, journal de la forêt de Sivens, 2014

    https://sniadecki.wordpress.com/2015/01/14/sans-aucune-retenue

    Les zones humides, on n’en a rien à foutre
    ou
    Comment, après avoir dévasté la nature, la société industrielle et écologiste achève de la détruire en « l’aménageant »

    1. Ce bulletin, qui paraîtra quotidiennement pendant sept jours, tiendra sur le projet d’aménagement d’une retenue d’eau sur la rivière Tescou, dans la forêt de Sivens, des propos qui seront, justement, sans retenue et sans ménagement. Y seront posées certaines questions que le mouvement esquive : des tendances technocratiques de l’écologie à la question de la violence comme méthode de lutte.

    Avec un beau PDF téléchargeable !

    #Sivens, #Rémi_Fraisse

  • Avec Center Parcs, deviens gardien de la forêt... - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6641

    Devenir « gardien de la #forêt ». C’est l’animation que propose sans rire et sans honte la société Center Parcs pour éduquer les enfants au respect de la #nature. Au même moment, les travaux pour le Center Parcs de #Roybon détruisent des centaines d’hectares de zones humides. Le #greenwashing atteint des sommets de #cynisme .

    #administration_du_désastre #déménagement_du_territoire
    http://seenthis.net/messages/273520

    • Pour un homme des villes, vivre physiquement et spirituellement, c’est retourner à la nature. Accablés de vêtements et d’artifices, nous nous étendons nus sur le sable. Ce sont les hommes de l’auto et de l’avion qui escaladent à pied les montagnes. La sympathie pour les sociétés indigènes aboutira tout au plus à un folklore pour touristes plaqué sur un abîme d’uniformité. On enfermera les derniers hommes sauvages, comme les derniers grands mammifères, dans des réserves soigneusement protégées, où ils joueront le rôle du primitif devant un public de civilisés. Le parc national n’est pas la nature, mais un parc, un produit de l’organisation sociale : le jardin public de la ville totale. C’est la terre entière qui devrait devenir un parc national ; tandis que la masse humaine irait vivre sous cloche dans quelque autre planète.

      Les passionnés de la nature sont à l’avant-garde de sa destruction : dans la mesure où leurs explorations préparent le tracé de l’autostrade, et où ensuite pour sauver la nature ils l’organisent. Ils écrivent un livre ou font des conférences pour convier l’univers à partager leur solitude : rien de tel qu’un navigateur solitaire pour rassembler les masses. L’amoureux du désert fonde une société pour la mise en valeur du Sahara. Cousteau, pour faire connaître le « monde du silence », tourna un film qui fit beaucoup de bruit. Le campeur passionné par les plages désertes fonde un village de toile. Ainsi, réaction contre l’organisation, le sentiment de la nature aboutit à l’organisation.

      En réalité il n’y a probablement pas de solution au sein de la société industrielle telle qu’elle nous est donnée. L’organisation moderne nous assure le superflu en nous privant du nécessaire.

      http://seenthis.net/messages/273520

  • Les mots et techniques de communication du pouvoir pour imposer les projets inutiles - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6600

    Surtout, ce qui est censé « compenser » le scandale va en fait dans le même sens. Car la destruction comme la préservation des territoires par l’Etat, ces deux moments de leur aménagement, se font au détriment de leur usage commun par les populations locales qui s’en servent encore de garde-manger et de pharmacie. C’est notamment ainsi que les voient les vieilles paysannes et les jeunes « zadistes » qui n’ont pas intégralement délégué leur (sur)vie aux industries agro-alimentaires et pharmaceutiques.

    Ce que désigne l’aménagement du territoire apparaît ici clairement. Dans la plupart des cultures, les terroirs et les paysages étaient le produit de celles et ceux qui y vivaient ; tout cela est désormais « géré » d’en haut et de loin, par l’Etat central dépositaire de « l’intérêt général », lequel se mesure à la croissance du PIB, saupoudrée de « mesures écologiques ».

    Le territoire est ainsi soustrait aux gens qui y vivent et mis au service de l’accroissement du capital. Ce qui implique de faire la guerre aux usages vernaculaires et, si nécessaire, de déménager sans ménagement les populations locales.

    Construire l’acceptation sociale

    Toutes ces expropriations se sont faites sans trop d’opposition dans l’après-guerre, tant qu’il y eut un large consensus des communistes et des gaullistes en faveur du Progrès. Les choses se sont ensuite gâtées, notamment avec le « grand projet » de nucléarisation de l’Hexagone qui aboutit en 1977 au même crime que celui du 26 octobre 2014 : Vital Michalon est tué par une grenade offensive.

    Dans les années 1980, l’Etat crie alors à l’aide : comment donner un vernis démocratique aux projets mûrement imposés par les élites ? Et les sociologues de proposer un nouvel outil, la « démocratie technique » : au-delà de la propagande, il s’agit d’aménager la contestation, de l’intégrer au processus de décision pour mieux la gérer, la cantonner à un rôle de contre-expertise technique et anéantir en elle toute opposition politique.

    Il faut organiser des « forums hybrides » (Michel Callon) associant les représentants de l’Etat aux délégués des associations et autres organisations paragouvernementales, afin que la « société civile » puisse discuter et par là même valider démocratiquement les décisions prises par la technocratie.

    Il faut « cartographier les controverses » (Bruno Latour) et, si besoin, créer de toutes pièces des associations afin que, lors de ces débats, il y ait des acteurs de la « société civile » favorables aux projets des élites. Chacun verra alors qu’« en bas », il y a des « pour » et des « contre », que les choses sont « complexes » et qu’il vaut mieux laisser l’Etat savant s’en charger.

    #gpii #aménagement_du_territoire #administration_du_désastre #ruralité #déracinement
    lien avec http://seenthis.net/messages/273520

  • SANS AUCUNE RETENUE
    FORÊT DE SIVENS
    les 7 numéros du bulletin quotidien (semaine du 25 octobre 2014)

    http://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/sivens-sans-retenue

    Les zones humides, on n’en a rien à foutre
    ou
    Comment, après avoir dévasté la nature, la société industrielle et écologiste achève de la détruire en « l’aménageant »

    "Les passionnés de la nature sont à l’avant-garde de sa destruction."
    Bernard Charbonneau, Le Jardin de Babylone

    1. Ce bulletin, qui paraîtra quotidiennement pendant sept jours, tiendra sur le projet d’aménagement d’une retenue d’eau sur la rivière Tescou, dans la forêt de Sivens, des propos qui seront, justement, sans retenue et sans ménagement. Y seront posées certaines questions que le mouvement esquive : des tendances technocratiques de l’écologie à la question de la violence comme méthode de lutte.

    2. Les arbres tombent, les opposants restent. À la fin du déboisement, la résistance au barrage du Testet a pris un nouveau cours. Pourtant, elle parle toujours le même langage : celui du moratoire et de la contre-expertise, tenu par les écologistes légalistes du collectif « Sauvegarde du Testet ». Ce collectif a vu disparaître, avec la zone humide, son argument principal de protection et de conservation de la nature. Pourtant, la lutte continue : et au-delà de l’écologie, sur quoi se fonde t-elle ?

    • Un barrage contre le pacifisme
      Dialogue (Première partie)
      (extrait, troisième bulletin)

      Oui, j’ai vu des arbres que je fréquente depuis des années être abattus par les machines de mort, j’ai vu les gens y grimper à l’aube pour les protéger, j’ai vu les tentatives de ralentir les robocops avec des barricades et des cocktails Molotov – quelle naïveté, vu comment ils sont équipés.

      Tu penses que nous ne sommes pas assez « équipés » ? Moi, je suis pour la résistance active, mais sans moyens violents. Je suis pacifiste.

      Pourquoi te sens-tu obligé de me dire cela, et d’un ton si supérieur ? Aurais-tu du mépris pour celles et ceux qui, comme moi, ne se définissent pas comme « pacifistes » ?

      Non, aucun mépris, excuse-moi. Je pense même qu’il s’agit d’une composante indispensable de la lutte. Tu me confonds peut-être avec d’autres gens, ceux qui se disent « légalistes », cherchent à négocier avec les autorités et se démarquent des « occupants » et des « violents ». En ce qui me concerne, je n’hésite pas à violer la loi pour défendre mes idées. Mais si je combats la violence de ce système, c’est parce que je m’oppose à toute forme de violence. Je suis donc pacifiste.

      Je trouve bizarre la manière dont tu te définis et dont tu parles des autres composantes de ta lutte. Nous, dans la Résistance, nous ne nous divisions pas en légalistes, pacifistes et violents. Il y avait les maquisards qui vivaient armés dans la clandestinité, la population qui nous soutenait matériellement et les gens qui, au sein de l’administration, faisaient les faux papiers et transmettaient certaines informations – c’est grâce à l’union de ces trois composantes qu’il y a eu de la résistance en France, et il aurait été désastreux de se dissocier de l’une. Votre distinction – car tu n’es pas le seul à parler en ces termes – a forcément pour effet de stigmatiser ce qu’il faudrait soutenir en priorité : celles et ceux qui prennent le risque de menacer le bon déroulement du programme de destruction concocté par les autorités.

      Soit, mais nos situations n’ont rien à voir – et il faut s’y adapter. On ne peut comparer le nazisme et ce que je combats : Carcenac est un escroc, mais ce n’est pas un Hitler qui assassine à tour de bras. Les gendarmes mobiles commettent des exactions, mais ils ne tirent pas à balles réelles.

      C’est vrai, mais tu m’as dit toi-même que les logiques économiques et politiques qui poussent à faire ce barrage, elles menacent la vie et donc l’humanité. Et tu vois bien que ce barrage, il est fait contre vous. Contre votre monde, vos idéaux et vos pratiques pacifistes. Si vous n’arrêtez pas le chantier, vous allez sortir de cette lutte affaiblis, collectivement et individuellement. Il faut donc résister, tous ensemble. A chacun de faire ce qu’il peut en fonction de ce qu’il sait et se sent capable. Pour gagner un combat, de toute façon il faut de tout et ne pas reculer devant l’épreuve de force. L’essentiel, c’est de ne pas se dissocier des autres – çà, c’est faire le boulot du pouvoir : « diviser pour mieux régner ».

      Il faut de tout, certes, mais tout n’est pas toujours possible ensemble – quand des gens lancent de loin des cailloux sur les flics qui encerclent les militants pacifistes enterrés, c’est stupide et dangereux. De toute façon, je ne pense pas qu’il soit possible de battre l’Etat sur son propre terrain. Je ne pense même pas qu’il soit souhaitable d’entrer dans ce jeu-là, nous n’avons rien à y gagner.

      Vu le rapport de force, tu as peut-être raison. Mais je crois tu ne m’as pas bien comprise : pour moi, le problème n’est pas de savoir si on est prêt ou pas à recourir à la violence – ça, c’est une question personnelle, qui dépend de notre histoire, de l’Histoire aussi, des circonstances, etc. Mon propos n’a jamais été de dire que seuls les maquisards avaient fait le bon choix. Le problème à mes yeux, c’est que tu te définisses d’une manière qui donne le mauvais rôle à certains de tes camarades ; c’est que les adjectifs définissant les différentes branches de la lutte sont des catégories policières qui aboutissent, en te posant comme innocent, à montrer implicitement du doigt les autres comme criminels. Là, tu fais le jeu du pouvoir, qui cherche toujours à discréditer ses opposants comme « violents », voire « terroristes ». Dis moi seulement, d’où vient cette question de la « violence » ?

    • Un pacifiste contre le barrage ?! (extrait, quatrième bulletin)

      A Sivens on s’enterre, on « prend racine » pour barrer le chemin aux machines ; on replante, dans la forêt changée en lit de copeaux, de jeunes arbrisseaux. Ces pratiques pacifistes portent en leur sein le souci de donner aux médias qui la relaient une « bonne image » de la lutte, mélangé de considération morale quant à l’usage de la violence. Nous vivons dans une société en état de paix ; c’est à dire où la violence emprunte des voies tellement détournées qu’elle parvient à ne plus être identifiée sous ce nom, et que l’emploi de sa forme la plus brute et matérielle – caillou & flashball – nous terrifie. Cet effet de répulsif moral que suscite tout emploi de la violence directe, matérielle n’est qu’un exemple de la prédominance, là comme partout, de la représentation sur la réalité. Mais qu’on se le dise : qui se bat par les images aura de l’influence dans un monde d’images, et contribuera à renforcer ce monde, contre lequel par ailleurs nous luttons.

      L’influence par le symbole est peut-être nécessaire, aussi, à la lutte ; mais lorsqu’elle demeure si négligeable et si parallèle qu’elle échoue à enrayer une destruction bien réelle, il n’est plus possible de s’en tenir là. Alors se repose la vieille question des moyens et des fins. Toute l’équivoque vient de ce que nous souhaitons obtenir des conséquences pratiques par des moyens symboliques : faire cesser le travail des machines en infléchissant à notre égard l’opinion publique, qui ainsi gagnée à la cause infléchira elle-même le gouvernement, qui par crainte de la « mauvais presse » qui découlerait de leur obstination ordonnera aux différents acteurs économiques et politiques du projet de cesser les travaux. Nous voulons être indirectement efficaces. Mais il y a là une contradiction dans les termes. Est efficace ce qui va au but par les moyens les plus directs. Notre but est de faire cesser les travaux du barrage. La réprobation morale de la violence doit laisser place à une stratégie d’ensemble. Tous les fronts de tous les mondes doivent être occupés. Celui des images, éminemment contemporain, en est un. Beaucoup plus désuet, comme tout ce qui s’exerce sans médiation, le sabotage en est un autre.

      On ne mesure pas la force et la justesse d’une lutte aux moyens employés, qu’ils soient violents ou non. Il faut laisser l’image de la résistance pacifiste populaire contre la violence d’État comme modèle de la lutte aux journalistes amateurs de clivages simples. On considérera peut-être les chances de réussite d’une lutte à sa capacité à ne jamais se laisser réduire à un principe – à une image –, mais à occuper tous les principes et toutes les images – et donc à les subvertir. Cessons de nous enfermer dans des identités figées et pensons plutôt à comment agir de conserve, divergentes méthodes pour un objectif identique : l’abandon immédiat et définitif du projet de barrage, l’expropriation du Conseil Général et la réappropriation de la forêt de Sivens.

    • Protéger la croissance
      Recréer la nature
      (extrait, sixième bulletin)

      En agriculture, par exemple, la campagne est désormais mesurée et chiffrée dans ses moindres détails. Depuis quelques années, l’ensemble des terres agricoles (champ cultivé, prairie, bois, causse, estives, etc.) est photographié par vue aérienne. Ces photos sont numérisées et chaque agriculteur doit déclarer tous les ans ce qu’il fait sur ses terrains (quelle culture ? quelles bêtes ? combien ?). Ces déclarations sont enregistrées dans des bases de données de l’administration. Un pré devient alors un « îlot », un arbre devient un « élément paysager », et un troupeau qui pâture devient un « chargement » qu’il convient de maîtriser dans un « plan de gestion pastorale ». Il n’y a plus un bout de paysage auquel on n’attribue pas une valeur, une réalité augmentée, quelque part dans l’ordinateur d’un bureaucrate : un potentiel agronomique, un atout touristique ou une biodiversité remarquable. Cette façon de simplifier et d’appauvrir la réalité, de tout transformer en chose, permet de comparer n’importe quel endroit avec n’importe quel autre et d’en faire ce que l’on veut. On peut ainsi échanger tel endroit contre tel autre, on peut même détruire telle « zone humide » pour la « recréer » artificiellement ailleurs.

      Cet univers technocratique, c’est la violence normale du monde moderne. Quelle que soit la taille d’un projet d’aménagement, que la destruction à laquelle on assiste soit petite ou grande, tout ce que l’on peut dire, si l’on n’utilise pas le langage des gestionnaires, est considéré comme irrationnel, subjectif, emprunt de sentiments intempestifs. On ne décide plus de nos conditions de vie (là où on habite, comment on travaille, comment on vit avec nos voisins, etc.). Les décisions qui ont le plus de conséquences sur nos vies dépendent d’experts et de programmes nationaux ou européens. Ainsi, le mode de vie moderne exige de ne pas trop s’attacher à ce qui nous entoure et de s’adapter sans cesse aux évolutions de ce monde et aux exigences de la relance de l’économie.

  • EDF échappera-t-elle à la « mobilisation universelle » en faveur du #Climat ?
    http://www.bastamag.net/Les-centrales-a-charbon-d-EDF-trop

    Deux ministres du gouvernement, Laurent Fabius et Ségolène Royal, viennent d’appeler à « une mobilisation universelle et immédiate » sur le changement climatique, qu’ils considèrent comme « une menace grave pour la biodiversité, la sécurité alimentaire et la santé ». Il était temps alors que les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevées depuis 800 000 ans, selon le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). (...)

    En bref

    / #Europe, #Le_défi_du_réchauffement_climatique, Climat, Pollutions

    #Pollutions_

    • #foutage_de_gueule ou #administration_du_désastre
      Quel crédit donner à un gouvernement qui crée les conditions idéologiques et militaires où les défenseurs de l’environnement en viennent à se faire tuer par la gendarmerie, et qui dans le même temps ose parler de « mobilisation universelle et immédiate pour le climat ». Soit ils se foutent clairement de nous, soit ils nous préparent un monde inhabitable où nos campagnes et lieux de vie seront saccagés pendant que d’autres lieux seront inhabités et sanctuarisés et que les ressources seront rationnées.
      http://seenthis.net/messages/252655#message252787

      tout le fossé qu’on voit chez nous entre les gens ordinaires et une forme d’écologie bureaucrate qui déploie des moyens fous pour réintroduire trois ours dans les Pyrénées et produit dans le même temps un urbanisme invivable. Qui veut scinder la nature : sanctuarisée en dehors de là où on vit, saccagée sans complexe autour de nous. Le fameux modèle illusoire de la #wilderness

      voir aussi http://seenthis.net/messages/273520
      Et comme disait à juste titre Charbonneau Ce seront les divers responsables de la ruine de la terre qui organiseront le sauvetage du peu qui en restera, et qui après l’abondance géreront la pénurie et la survie. Car ceux-là n’ont aucun préjugé, ils ne croient pas plus au développement qu’à l’écologie : ils ne croient qu’au pouvoir.
      Intérêts court-termistes de l’#oligarchie et #gpii imposés militairement aujourd’hui, écodictature imposée militairement demain.