Ce n’était qu’un adolescent ; un jeune homme noir bien dans ses Nike Shox, plein de vie et de rêves. Comme d’habitude, vacances scolaires oblige, il était sorti passer le temps avec ses amis. Attendu pour un dîner en famille, il n’avait pas prévu de rentrer tard. Il était loin de s’imaginer qu’il vivait ses dernières heures… Poursuivi par la police suite à une accusation de vol, il ne survivra pas, laissant derrière lui tout un quartier en deuil. S’en suivront des nuits de révoltes sans précédent, des incompréhensions, des doutes. De la colère, beaucoup de colère. Ceux-là mêmes qui étaient censés protéger cet adolescent l’ont précipité vers la fin de sa vie. Il ne s’appelait pas Mike Brown mais Bouna Traoré, n’habitait pas Ferguson mais Clichy Sous-Bois (2005, ndlr). Comme celles des 320 morts recensés en moins de cinquante ans, son histoire doit nous rappeler qu’en France aussi, la police tue.
D’une rive à l’autre, si les circonstances de ces drames ne sont jamais exactement les mêmes, elles ont toujours les mêmes causes et donc, les mêmes conséquences. Certes, Bouna Traoré n’a pas été abattu de six balles à bout portant mais sa mort est le résultat d’une pression policière qui vise principalement les habitants des quartiers populaires, d’origine étrangère en grande partie. Et malheureusement, ils sont des centaines, avant et après lui, à avoir été criblés de ces balles républicaines.