• « Plantes, science moderne et pensée magique. Entretien avec l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi »
    http://jefklak.org/?p=1441

    En dehors des usages médicinaux, comment cette prodigalité de la nature se manifeste-t-elle à travers les plantes ?

    La magie se perpétue de multiples façons. Maintenant, on use de ce charme quotidien qui consiste à mettre des fleurs dans la ville, partout, tout le temps. L’explication la plus vraisemblable est celle-ci : comme on n’a plus de transcendance, qu’on ne projette pas une vie après la mort, et qu’on est dans du vide de ce côté-ci, il faut qu’il soit aussi « agréable » que possible, qu’il fasse le mieux possible diversion. Voici cinq ou six siècles, les jardins n’avaient de fleurs qu’au printemps, en mai ; ensuite c’était fini, jusqu’en mai de l’année suivante. Puis on a introduit des fleurs d’Amérique, elles ont donné les floraisons d’été, et puis des plantes d’Asie, de Chine, du Japon, devenues nos fleurs d’automne, comme le chrysanthème, qui est désormais passé du cimetière à la ville. On fait des suspensions de chrysanthèmes en novembre (on en voit à Forcalquier, à Paris – au jardin du Luxembourg, à Jussieu), et quand ces fleurs-là sont gelées, on allume les éclairages de Noël, un printemps électrique qui dure de novembre à janvier, jusqu’au moment où on va mettre en terre les premières pensées. On ne peut plus se passer de printemps, parce qu’on n’a plus d’espérance.

    #nature #transcendance

  • Tuer pour la croissance
    http://jefklak.org/?p=1308

    Tribune pour une organisation entre les ZAD et contre les violences policières

    Au lendemain de la mort de Rémi F., Thierry Carcenac a eu cette phrase stupéfiante : « Mourir pour des idées, c’est une chose mais c’est quand même relativement stupide et bête. » À cette fripouille, nous rétorquons : « Tuer pour ses intérêts et pour la croissance, c’est abject, même si c’est relativement banal, à l’échelle de la planète. »

    Car s’il faut voir dans cette mort la conséquence d’une idée, c’est de celle qui anime obsessionnellement tous les gestionnaires du monde, du cadre de PME aux chefs d’État en passant par le moindre élu local : la croissance à tout prix ; l’emploi même s’il est inutile ou nuisible ; le développement infini, pour rester ou devenir plus attractif que le voisin et consolider leur pouvoir.

    Le même jour, Carcenac a aussi poussé ce cri du cœur : « Si tous les chantiers qui déplaisent doivent être protégés ainsi, où va–t-on ? ». Effectivement, où va-t-on si les gens se mêlent de leurs affaires et que les représentants ne peuvent plus s’en occuper à leur place, en s’en mettant plein les poches avec leurs petits copains entrepreneurs ? C’est la crainte qui se répand ces jours-ci dans l’oligarchie française : qu’il ne soit plus possible d’engager des travaux d’infrastructure industrielle dans le pays sans que surgissent des opposants informés, déterminés et librement organisés. Qu’il ne soit plus possible de faire tourner la machine à cash sans que de simples citoyens posent bruyamment les questions qui fâchent : ce projet, pour quoi faire ? au profit de qui ? et avec quelles retombées sur notre milieu de vie ?

    C’est pour cela qu’il est si important, pour l’État, qu’un mouvement de jeunesse n’émerge pas, qui mettrait en question à la fois les moyens (policiers) et les finalités (capitalistes) de son action. Où irait-on si lycéens et étudiants réclamaient le désarmement de la police, en dénonçant de concert les crimes racistes commis ordinairement dans les banlieues et la répression sauvage des manifestations anti-capitalistes ? Où irait-on si les différentes Zones à Défendre contre les projets industriels et commerciaux scélérats continuent de se relier, de se coordonner, de se fédérer, en paroles et en actes ? Difficile pour sûr de savoir où cela nous mènera, mais s’engager sur ce chemin est la plus belle chose qui puisse nous arriver.

    #Sivens #ZAD #Groupe_Marcuse

  • Le sel de la terre
    http://jefklak.org/?p=367

    Pendant que les opérations militaires se déchainent sur Gaza, le collectif Activestills, composé de photographes israéliens, palestiniens et internationaux, rappelle par l’image la lutte au long cours que mènent les activistes palestiniens pour leur liberté et leur terre. Un quotidien fait d’occupations, de camps montés ad hoc pour protester contre la colonisation israélienne et répéter qu’on ne peut faire taire par les armes. Source : Jef Klak

  • Qui est Jef Klak ?
    http://jefklak.org/?page_id=498

    Il aura fallu deux ans depuis les premières discussions dans un rade jusqu’à ce pavé au creux de vos mains. Deux piges de rencontres, d’idées farfelues, d’envies folles et de ricochets. Ce qui est beau et difficile, ce n’est pas d’éditer une revue, sans capital de départ, en toute indépendance, ni de trouver des plumes et des sujets.
     
    Ce qui est beau et difficile, c’est de fabriquer du collectif, de connaître et reconnaître l’autre, les autres, et s’interroger ensemble :
    Sommes-nous condamnés à l’utopie ? À qui profite l’enquête sociale ? Les images changent-elles le monde ? Les lieux communs ont-ils été rayés de la carte ? Quels petits déjeuners pour les grands soirs ?
     
    Entre 20 et 30 personnes selon les réunions, la météo et les humeurs, ont peu à peu construit une pensée commune. Une pensée commune, ce n’est pas une pensée bloc ni triste, c’est au contraire l’expression de contradictions, d’inconnues, de confrontations, d’enrichissements mutuels. Pour donner à nos échanges un nom collectif, nous avons choisi celui de l’homme de la rue : c’est Fulano de Tal en espagnol, Marko Marković en bosnien, madame Michu, Momo ou monsieur Dupont en Hexagone. Jef Klak, d’origine flamande l’a emporté au tie-break.
     
    Ne pas redire. Aller chercher du politique là où il se terre, accueillir de nouveaux langages, mélanger les styles, se moquer du vrai pour lui préférer l’intense... Aussi avons-nous choisi la contrainte, le jeu pour point de départ. Une comptine servira de fil conducteur à Jef Klak : chaque numéro aura un thème dans l’ordre de Trois p’tits chats – Marabout, Bout d’ficelle, Selle de ch’val, Ch’val de course, etc. Et chaque thème sera déplié selon les questions sociales et esthétiques que l’on pourra affronter : Marabout aborde la magie, les relations entre croire et pouvoir (voir page 48 et notre dossier), Bout d’ficelle explorera les tissus – urbain, organique, textile –, les nœuds, les coutures... On vous laisse imaginer la suite.
     
    Jef Klak, c’est un collectif, une revue papier tous les six mois (à pagination variable), un disque de création sonore, un site Internet et un journal mural. Nous ne consacrons aucune page à la publicité et ne sommes rattachés à aucun groupe. Nous avons reçu des aides ponctuelles pour l’impression de ce numéro et sommes toutes et tous bénévoles. Jef Klak se prolongera de votre lecture, des sentiments, des discussions et des joutes qu’elle suscitera. Un collectif n’est jamais figé. Ni éternel.