• Fonds vautours contre Argentine : et à la fin, qui va payer ? - regards.fr
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    Le bras de fer entre l’Argentine et les fonds vautours qui ont obtenu l’appui de la justice des États-Unis se poursuit. Des économistes américains se mobilisent. Certains en appellent même à l’intervention du Congrès pour limiter les conséquences potentiellement désastreuses des décisions du juge Griesa. Il serait utile que la mobilisation gagne l’Europe, alors que les mêmes fonds vautours ont aussi massivement investi sur les décombres de la crise bancaire espagnole.

    Comme on pouvait le prévoir, la crise de la dette de l’Argentine a franchi un nouveau palier avec la décision de la justice des Etats Unis, selon laquelle l’Argentine ne saurait rembourser ceux des créanciers qui avaient accepté la restructuration de la dette, tant que ne seraient pas satisfaites les exigences de fonds vautours d’un paiement intégral des titres qu’ils ont racheté à vil prix.

    Le 30 juillet, les créanciers de l’Argentine n’ont pas reçu leurs versements semestriels sur les obligations restructurées. L’Argentine avait fait le nécessaire en déposant le montant de l’échéance (539 millions de dollars) à la Bank of New York Mellon. Le juge fédéral américain Thomas Griesa a interdit à cette banque d’effectuer ce versement tant que les demandes des fonds vautours n’auront pas été préalablement satisfaites.
    Griesafaullt ?

    Comme le soulignent Joseph Stiglitz et Martin Guzman, « C’est la première fois dans l’histoire qu’un État se retrouve désireux et en mesure de rembourser ses créanciers, mais empêché de le faire par décision d’un juge ». Dans ces conditions disent-ils, il ne s’agit pas d’un défaut de l’Argentine mais d’un Griesafault. (#griesafault est devenu un mot vedette sur les réseaux). Les conséquences peuvent être désastreuses pour l’Argentine, alors même que sa situation économique n’est plus du tout aussi florissante qu’il y a quelques années lorsqu’elle connaissait une croissance annuelle de 7 à 8%. « L’Argentine est aujourd’hui dans une situation pour le moins paradoxale, explique l’économiste marxiste Pierre Salama, spécialiste de l’Amérique latine. Son économie génère de la croissance – de l’ordre de 3 % – et elle a des rentrées fiscales, du fait notamment des matières premières. Son problème tient au fait qu’en un peu plus de dix ans, elle est passée d’un libéralisme outrancier à une réglementation outrancière. L’économie aujourd’hui est davantage réglementée qu’elle n’est régulée ».

    La responsabilité des dirigeants argentins est fortement impliquée dans cette situation. Mais on ne saurait leur imputer celle d’avoir refusé de se soumettre au diktat des fonds vautours. Ils ont, au contraire, su négocier un accord de restructuration de la dette passée qui a été accepté par plus de 90% des créanciers. S’ils se pliaient aux conditions exigées par le juge Griesa, ils devraient faire de même pour les autres créanciers récalcitrants qui percevraient ainsi 15 milliards de dollars. Et comme une clause de la restructuration de la dette prévoit que l’ensemble des créditeurs y ayant consenti peuvent exiger les mêmes conditions que celles obtenues par les créanciers récalcitrants avant le 1er janvier 2015, l’Argentine se retrouverait redevable de 140 milliards de dollars supplémentaires.

    « Chaque citoyen argentin pourrait ainsi se retrouver redevable de plus de 3.500 dollars – soit plus d’un tiers du revenu par habitant annuel moyen, ont calculé Joseph Stiglitz et Martin Guzman. Appliquée dans une proportion équivalente aux États-Unis, une telle exigence reviendrait à imposer à chaque citoyen le paiement d’environ 20.000 dollars – tout cela dans le but de remplir les poches d’une poignée de milliardaires, déterminés à piller le pays ».......

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