Santé Canada interdit la citronnelle

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    • Un cas d’école de la technocratie économique en milieu libéral...

      Dans la foulée d’une réévaluation entamée en 2004 par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), l’organisme fédéral avait demandé aux fabricants de fournir des études prouvant la non-dangerosité de leur produit. C’était là une condition sine qua non au maintien de leur indispensable homologation.

      Mais ces études coûtent cher à produire — trop pour la taille modeste des entreprises impliquées, plaide-t-on chez les deux compagnies québécoises qui produisaient un chasse-moustiques contenant de la citronnelle, Héloïse et Druide. Au final, personne à travers le pays n’a été en mesure de fournir les documents demandés, a indiqué Santé Canada au Devoir mardi.

      Druide détenait la dernière homologation encore en vigueur : celle-ci vient à échéance le 31 décembre. À partir de cette date, les randonneurs, pêcheurs et autres jardiniers devront essentiellement se rabattre sur les produits à base de DEET pour éloigner les moustiques. Une solution qui « inquiète bon nombre de citoyens », pense la députée Libby Davies.

      « Aucun risque »

      Pourtant, jamais l’utilisation de la citronnelle dans les chasse-moustiques n’a causé le moindre incident, font valoir les défenseurs du produit. Sur son site Internet, Santé Canada reconnaît d’ailleurs n’avoir « détecté aucun risque pour la santé ». Mais pour les produits de la catégorie « insectifuge », l’agence exige des données sur l’innocuité — notamment des tests sur cinq générations d’animaux. En l’absence de problème, il faut tout de même prouver qu’il n’y a pas de problème.

      En 2006, un comité de cinq experts mandaté par Santé Canada avait conclu que la citronnelle n’était pas dangereuse. Les spécialistes rappelaient dans ce rapport que la plante asiatique est utilisée depuis longtemps comme chasse-moustiques (la première homologation en Amérique date de 1943) et qu’il n’existe aucune preuve permettant de croire qu’elle puisse être dangereuse pour l’homme.

      (...)

      Présidente des laboratoires Héloïse, Marie-Gabrielle Lamoureux estime qu’il y a un net désavantage pour les fabricants de produits à base naturelle. « Les demandes de Santé Canada sont très sévères, dit-elle. Même quand tu as l’homologation, si tu veux changer un mot sur l’étiquette, c’est compliqué et il faut payer. C’est un harcèlement sans fin. »

      Cela alors que les joueuses de l’industrie concurrente du DEET (un produit conçu comme dissolvant à plastique) sont toutes de grandes entreprises possédant les ressources pour répondre aux exigences de Santé Canada, dénonce Mme Lamoureux. Alain Renaud formule essentiellement les mêmes critiques.

      À Santé Canada, on rétorque que « la loi s’applique de la même façon pour tout le monde ».