#Enfants pauvres placés de force en Suisse : ils parlent - Le nouvel Observateur
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Jusqu’en 1981 en Suisse, 100 000 enfants de la pauvreté ont été placés de force dans des familles ou des institutions. De plus en plus de victimes franchissent le mur de la honte pour demander reconnaissance et réparation. Rencontres avec notre partenaire swissinfo.ch.
« Je suis né à Fribourg en 1954 dans une grande misère et j’ai été confié à l’assistance publique à 3 ans avec mes deux frères. J’ai connu la malnutrition, les sévices corporels et autres abus sexuels. Mais surtout le manque d’affection. A côté de l’orphelinat, il y avait des militaires. Un jour, j’étais seul dans la cour et un officier dans son bel uniforme a parlé avec moi. Le lendemain, il m’a apporté un jouet, et je lui ai demandé : “tu ne voudrais pas être mon papa ?” Il m’a expliqué que ce n’était pas si simple.
Dès 14 ans, j’ai été placé chez des paysans : il fallait trimer et je m’endormais à l’école. En trois ans, j’ai gagné 15 francs. Je suis ensuite retourné en institution et j’ai passé un CFC de ferblantier, mais j’ai dû arrêter ce travail après quatre ans pour cause de problèmes physiques. Ce qui m’a soutenu dans ma vie, c’est le sport. A force d’efforts, je suis devenu maître de sport.
Un fois ouvert l’accès aux archives, j’ai appris que ma mère n’était pas partie, comme on me l’avait dit, mais que, abandonnée par mon père, un vagabond, elle ne pouvait pas nous nourrir. Elle avait demandé de l’aide, mais non, les autorités nous ont séparés. J’ai aussi découvert que j’avais une sœur de 66 ans dans le canton d’Argovie. Je l’ai rencontrée, quelle émotion ! “