Theodor Eicke — Wikipédia

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  • To shield drone operators from too much reality, let’s overlay big smiley face on images of disemboweled humans !
    http://www.cpsa-acsp.ca/papers-2013/Fitzsimmons.pdf

    "To reduce RPA operators exposure to the stress-inducing traumatic imagery associated with conducting airstrikes against human targets, the USAF should integrate graphical overlays into the visual sensor displays in the operators’ virtual cockpits. These overlays would, in real-time, mask the on-screen human victims of RPA airstrikes from the operators who carry them out with sprites or other simple graphics designed to dehumanize the victims’ appearance and, therefore, prevent the operators from seeing and developing haunting visual memories of the effects of their weapons. As envisioned, these overlays would automatically appear on the operators’ video monitors when they launch a weapon at a target on the ground so as not to interfere with the operators’ other vital mission tasks"

    #drones #USAF #USA #war #psychology

    • Deuxième piste pour protéger nos cybersoldats au psychisme fragile du stress induit par la mort de leurs victimes : les éloigner de l’état d’esprit civil et de leur famille, par exemple en les transférant dans un loitain pays de l’OTAN :

      To help shield RPA operators from the stress- aggravating effects of having to frequently transition between a war fighter and civilian mentality , RPA units should be deployed on standardized combat tours in locations far from their homes and families. Ideally, units should be deployed outside of the United States to, for instance, the territory of another NATO member state, the conflict zone where the ir aircraft are being used, or a ship at sea, in order to make it difficult and costly for the members of the unit to travel to and from their homes on a regular basis.

    • La seconde piste est excellente - l’encasernement est une recette qui fonctionne bien depuis l’antiquité pour éviter que les tueurs ne soient trop contaminés par l’affligeante rationalité sociale des civils qui s’entêtent à ne pas considérer les humains comme essentiellement des cibles potentielles.

      Ceci dit je préfère les gros smileys pour cacher les morceaux sanguinolents - mon côté technophile probablement... Une façon de réaliser un peu l’expression populaire « Ah Dieu ! Que la guerre est jolie ! »

    • Je viens de lire un article dans la revue DSI de septembre précisément sur ce sujet.

      DSI n°106, septembre 2014
      http://www.dsi-presse.com/?p=6944

      Une mort trop distante ?
      Par Philippe Vittel, capitaine de frégate, stagiaire au sein de la 21ème promotion de l’école de guerre.

      Dont le chapeau (que je recopie, - pas de version en ligne) dit :

      Le concept de guerre à distance est aujourd’hui très souvent associé à la seule mise en œuvre des drones armés. L’utilisation de ces appareils soulève, au travers des difficultés notamment rencontrées par les pilotes américains à concilier dans une même journée leur métier de « tueur à distance » et leur statut de citoyen ordinaire, un grand nombre de questions. Les polémiques actuelles ne doivent cependant pas occulter le fait que la guerre moderne a éloigné les combattants de leurs cibles potentielles bien avant l’emploi des drones.

      Il cite, entre autres, l’exemple récent des frappes ayant ouvert le conflit libyen, menées par des avions français basés en France. Et donc, dont les pilotes retrouvaient leur foyer une fois la mission accomplie.

      Son point de vue, me semble-t-il, c’est qu’outre la préparation au spectacle de la violence (que le smiley proposé dans le titre permettrait justement d’économiser-, il ne faut pas oublier de préparer à tuer et donc :

      Au contraire de la préparation précédente, il est indispensable de déshumaniser son ennemi pour être certain que le jour venu le combattant soit en mesure de délivrer la mort.

      Et sa conclusion est qu’il ne faut pas oublier d’inclure ce point dans la formation des opérateurs du futur drone MALE armé…

    • Les théories concernant la déshumanisation (et à l’inverse, l’obstacle que le lien social met en travers de l’efficacité tactique) sont développées par Grossman dans ’On Killing’ (d’ailleurs cité dans l’article). Il y montre les méthodes de désensibilisation qui permettent avec l’intermédiation technologique de faire passer mentalement l’adversaire de l’état d’humain social à celui de cible. Ce qui est nouveau est qu’au lieu d’introduire de la distance, la technologie peut rapprocher.

      Sur le point de la transition entre combat et société civile dans les deux sens, la situation des opérateurs de drones n’est que le paroxysme d’une problématique apparue avec l’expérience Américaine au Vietnam et décrite allégoriquement par Haldeman dans The Forever War... Rien de nouveau dans le concept, mais peut-être que le rythme quotidien en fait quelque chose qu’on ne peut plus mettre sous le tapis.

    • Un chirurgien en ophtalmologie réputé, à l’époque où je l’interrogeais sur les connaissances scientifiques en cours, suite au film de Wenders « jusqu’au bout du monde », m’avait dit que les pilotes d’avion de chasse (type mirage) avaient des capteurs neuronaux branchés sur les centres de la vision pour déclencher leur tir, car la vitesse de réaction de leur main n’était pas assez rapide.

      La phrase d’Einstein résonne toujours « … ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement. »

      Les soldats sont déjà privés de leur cerveau, psychiquement, par manipulations mentales diverses ou psychiatriquement bromure, LSD, drogues. Le principal est qu’ils ne puissent pas se rendre compte de ce qu’ils font, seulement obéir et appuyer sur un bouton puis qu’ils oublient que cela à tuer.
      Je ne sais comment tourner ma phrase correctement, je trouve que les membres de la société civile sont aussi embarqués dans un processus qui leur échappe, ils sont tout autant déconscientisés du rôle indirect qu’ils jouent dans ces massacres pourtant fait au nom de l’ensemble des membres de la société, personne ne pense y participer en payant ses impôts ou sa TVA à l’état français, en laissant son argent à la banque, en riant au barbecue électrique du soir avec le type qui vient d’appuyer sur le bouton toute la journée, ou comprend que seulement par son inengagement il accepte tacitement qu’en son nom on tue.

      #industrie_de_l'armement #conscience #mort_indirect

    • Le problème me rappelle les commandants des camps nazis.

      Le plus connu d’eux, Rudolf Höss, rentrait tranquillement dans son appartement de fonction embrasser sa femme et ses enfants après une journée de travail épuisante à Auschwitz.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Rudolf_H%C3%B6ss#Vie_quotidienne_de_H.C3.B6.C3.9F

      Le notoire Amon Göth aimait abattre du juif à coup de fusil à lunettes pendant qu’il prenait son café du matin.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Amon_G%C3%B6th

      Pourtant la plupart des hommes ont besoin de passer par les mains d’un spécialiste pour la formation de bourreaux comme Theodor Eicke, chef du camp de Dachau, avant d’être capable d’assassiner calmement et avec conviction.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Theodor_Eicke#SS_et_camps_de_concentration

      Avec Papa Eicke, surnom qui lui est donné par les gardiens de camp, on passe de la brutalité indisciplinée de la SA à la terreur planifiée de la SS. Ses résultats font forte impression sur Himmler qui le promeut SS-Brigadeführer le 30 janvier 1934.

      Eicke fait preuve d’un antisémitisme et d’un antibolchevisme radicaux. Il proclame « sa haine contre tout ce qui est non allemand et non national-socialiste ». Il impose aux gardiens une obéissance aveugle et inconditionnelle envers lui, en tant que commandant du camp, mais aussi envers la SS et le Führer. Ces "qualités" impressionnent Heinrich Himmler qui le nomme, le 4 juillet 1934 inspecteur des camps de concentration et commandant des unités Totenkopf (Inspekteur des Konzentrationslager und Führer des SS Totenkopfverbände).
      ...
      L’attitude inflexible de Eicke et sa détermination à exploiter sans mesure la main-d’œuvre concentrationnaire ont une profonde influence sur le personnel des camps de concentration. L’endoctrinement permanent, la brutalité d’Eicke lui-même, empêchent tout sentiment d’humanité des gardiens : Eicke voulait supprimer chez les SS tout sentiment de pitié à l’égard des internés. Ses discours, les ordres dans lesquels il insistait sur le caractère criminel et dangereux de l’activité des internés, ne pouvaient rester sans effets.

      « Sans cesse endoctrinées par lui, les natures primitives et frustes [des gardiens] concevaient à l’égard des prisonniers une antipathie et une haine difficilement imaginables pour les gens du dehors. »

      Dans tous les camps se mettent en place une violence et une cruauté contrôlées et disciplinées, un véritable système de terreur bien codifié qui se poursuivra après le départ de Eicke. Il aura notamment formé des commandants de camp comme Rudolf Höß à Auschwitz, Franz Ziereis à Mauthausen et Karl Otto Koch à Sachsenhausen et Buchenwald.

      Après la lecture de ce texte je trouve un peu leger le slogan de manif traditionnel « Polizei - SA - SS », mais l’idée me prend de scander « opérateur de drônes - SA - SS ». Bof, ça ne rime pas, il n’y a pas de rythme, alors on laisse tomber :-(