Ukraine : la double défaite de Petro Porochenko

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    Ukraine : la double défaite de Petro Porochenko

    Daniel Vernet- 24.09.2014 - 8 h 01


    Petro Porochenko, le 18 septembre 2014 à Washington. REUTERS/Yuri Gripas

    Vladimir Poutine voulait une sorte de cogestion de l’Ukraine, il l’a eue. Les Ukrainiens n’ont pas pu lui résister et les Européens ont compris trop tard que le président russe n’allait pas reculer.

    Le président ukrainien Petro Porochenko a été reçu avec tous les honneurs à la Maison blanche et il a eu le privilège, rare, de s’adresser aux deux chambres du Congrès américain. C’est une satisfaction plus que symbolique. Il a reçu le soutien de Barack Obama, même s’il n’a pas arraché d’engagement pour les livraisons d’armes qu’il réclamait pour une armée ukrainienne dépassée face à la Russie. Comme on lui demandait s’il avait obtenu tout ce qu’il voulait, il a répondu très diplomatiquement « tout ce qui était possible ».
    Un succès apparent

    Quelques jours auparavant, la Rada, le parlement ukrainien, et le Parlement européen avaient ratifié l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne, cet accord qui avait mis le feu aux poudres en novembre 2013. Le président d’alors, Viktor Ianoukovitch, avait, sous la pression de Moscou et malgré ses précédents engagements, refusé de signer le texte, ouvrant la voie aux grandes manifestations de la place Maïdan à Kiev, à sa démission, à l’annexion de la Crimée par la Russie et à la guerre dans le sud-est du pays.

    La signature de l’accord d’association est donc un succès apparent pour Petro Porochenko, mais elle a été obtenue après une guerre qui a fait quelque 2.600 morts et au prix de concessions à Moscou, de la part du gouvernement de Kiev comme de Bruxelles. Elle arrive après une double défaite, militaire et politique, pour le président ukrainien.

    Petro Porochenko a dû se résoudre, le 5 septembre, à accepter un cessez-le-feu avec les rebelles prorusses selon les termes mêmes qui avaient été griffonnés par Vladimir Poutine lors d’une visite en Mongolie. Il n’avait guère le choix.

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    Les concessions politiques ne s’arrêtent pas là. Lors d’une réunion tripartite –Union européenne, Russie, Ukraine–, il a été décidé que la levée des barrières douanières entre l’UE et l’Ukraine, qui est partie de l’accord d’association et qui inquiète Moscou, serait repoussée de plusieurs mois et n’entrerait en vigueur que progressivement.

    Vladimir Poutine voulait une sorte de cogestion de l’Ukraine. Il l’a obtenue des Ukrainiens qui ne sont pas en mesure de lui résister et des Européens qui ont pris conscience un peu tard que le président russe ne laisserait pas sans réagir le plus grand Etat slave après la Russie lui échapper.