Éditocrates sous perfusion : une gabegie « oubliée » par les médias dominants - Acrimed

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    un extrait du récent livre de Sébastien Fontenelle, Éditocrates sous perfusion : les aides publiques à la presse, trente ans de gabegie.

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    En trois ans, par exemple, entre 2009 et 2011 : Le Monde, qui est toujours considéré comme le journal français « de référence » – pour la pureté, peut-être, de ses appels à réduire la dépense publique –, a reçu, constate la Cour, 55.3 millions d’euros. « Hors aides indirectes. » Médaille d’argent : Le Figaro de Serge Dassault – l’industriel assisté qui ne manque jamais une occasion d’exiger qu’ « on supprime toutes les aides » – a été nanti, dans les mêmes conditions, de 51,6 millions d’euros.

    Dans la famille des magazines : Le Point, l’hebdomadaire de Franz-Olivier Giesbert, dont les dossiers sur « les tricheurs du chômage » ou « la France des assistés » sont passés à la postérité, a été nanti de 13.5 millions d’euros – quand L’Express, un peu mieux traité, a reçu 18,6 millions. Le Nouvel Observateur, dirigé, à ce moment-là, par le même Laurent Joffrin qui, en 1984, chantait dans Libération les vertus de l’« initiative » privée, a été mieux gâté, avec 23.4 millions d’euros.

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    Or – comble de malchance : quelques mois après que la Cour des comptes a publié ces premières données chiffrées, le ministère de la Culture et de la Communication, met en ligne, sur son site, et dans un très louable souci de « transparence », une liste des sommes versées en 2012 aux « 200 titres de presse les plus aidés ». Le Monde, toujours juché sur la première marche du podium, a reçu, cette année-là, 18.6 millions d’euros. Le Figaro, 18.2 millions. Le Nouvel Observateur, 9.3 millions. L’Express, 7.2 millions. Et Le Point, 4.8 millions [3]… Le Monde diplomatique, par comparaison, pointe à la 178e place [4]. Et publie un article taquin, pour rappeler :

    « Il y a trente ans, le Parti socialiste proclamait : “ Un réaménagement des aides à la presse est indispensable. […] Il faut mettre un terme à un système qui fait que les plus riches sont les plus aidés, et les plus pauvres les plus délaissés. […] La réforme des aides à la presse devrait également mieux différencier la nature des titres et ne pas traiter de la même façon la presse politique et d’informations générales et la presse récréative. Elle devrait distinguer, en particulier en matière d’aides postales, la presse bénéficiant d’un fort volume de publicités et celle qui en est dépourvue.“ Les données officielles récemment rendues publiques ainsi que les derniers arbitrages présidentiels en matière de presse démontrent que cette analyse, à laquelle nous ne pouvons que souscrire, n’a pas reçu le moindre début d’exécution. Faute de quoi, comment expliquer que Télé 7 jours ait reçu trente-huit fois plus d’argent public que Le Monde diplomatique ? »

    Et quant à l’hebdomadaire de gauche Politis, qui se reconnaît, lui aussi, à son refus de se soumettre aux normes de l’éditocratisme : il n’apparaît tout simplement pas au classement des 200 titres de presse les plus aidés par l’État…

    #presse

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    Ce sont là de rondelettes sommes, dont le montant ne manque pas d’impressionner, lorsqu’elles sont allouées à des professionnels dont l’apport à la pratique du métier de journaliste a pour une importante part consisté, cependant même que l’État leur permettait d’arrondir leurs fins de mois, à répéter obsessionnellement qu’il fallait que l’État réduise sa dépense publique. Et de fait : l’image de ces publications sort un peu abîmée de la révélation du montant des subsides dont les gave « la masse grisâtre de l’État », car les réseaux sociaux, dont le contrôle leur échappe, ne manquent pas de pointer leur tartuferie. (...) Source : (...)