La « marchandisation de l’humain », cet épouvantail !

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  • Aigreurs administratives : La « marchandisation de l’humain », cet épouvantail !
    http://aigreurs-administratives.blogspot.ch/2014/10/la-marchandisation-du-corps-cet.html

    Le mot d’ordre de la Manif pour Tous de demain est « l’humain n’est pas une marchandise ! ».

    Il n’a en lui-même rien de très original. La « marchandisation de l’humain », ou encore du "corps"humain, est une menace régulièrement brandie, à propos de la GPA, mais également de la prostitution... C’est également une thématique qui bénéficie à la fois d’une certaine coloration de gauche ( la dénonciation du « marché ») et d’une tonalité moralisante (on ne fait pas de son corps ce qu’on veut) et un peu antimoderne (l’aliénation de l’homme à lui-même par la technique et/ou la jouissance reine) qui la rend sympathique à une partie de la droite. C’est un axe de convergence entre les différentes factions et familles politiques qui gravitent autour de la Manif pour Tous.

    Il se trouve que depuis plusieurs semaines, je relis Marx, pour diverses raisons, mais en partie en réaction à ma lecture de Nos Limites. La pensée marxiste n’étant nullement étrangère à la genèse de cette notion d’une « marchandisation de l’humain », j’ai eu envie de partir d’elle pour exprimer mon irritation à propos de celle-ci.

    #marchandise #humain. #Karl_Marx

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      Et plus j’y pense, plus j’estime que c’est cette notion de devoir moral envers soi-même, qui est au coeur de la mobilisation contre la GPA, et non le risque hypothétique d’une « oppression » ou d’un « esclavage » des femmes porteuses.

      Si en effet on se situe dans une optique antilibérale, et qu’on estime que toute forme de travail salarié, dans le cadre de l’économie de marché actuelle, est traversée structurellement par des rapports d’exploitation, pourquoi accorder un statut spécifique, de « super exploitation », à la GPA (la prostitution, la pornographie, etc...) ? N’est-ce pas déguiser sous les allures d’une critique politique « objective » une conviction morale subjective, au risque de combattre un symptôme de l’exploitation de classe plutôt que ses causes ?

      Et si on se situe dans une optique libérale, et qu’on estime que le travail salarié « ordinaire », qui en d’autres temps ou pays a pu prendre la forme d’une exploitation à la limite de l’inhumain, voire de l’esclavage pur et simple, est arrivé dans notre pays à un point d’équilibre sinon absolument satisfaisant, du moins très vivable, pourquoi refuser par principe la possibilité d’un tel point d’équilibre pour la GPA ? Si on a confiance en la loi pour l’interdire, je n’arrive pas à comprendre pourquoi on n’aurait pas confiance en celle-ci pour en réguler l’application, pourquoi ce serait tout ou rien. Le problème ne serait pas tant la marchandisation de l’humain contre son gré, que la marchandisation contrainte (certes, dans certains cas, en matière de prostitution par exemple, il peut sembler techniquement difficile de toujours distinguer entre les situations contraintes et celles volontaires, et je peux entendre, je n’en sais rien, qu’on puisse argumenter au nom de la prudence, y compris dans le domaine de l’action policière et juridique, mais ça ne justifie pas à mes yeux d’identifier purement et simplement, par principe, exploitation et prostitution et exploitation, alors qu’il existe une prostitution volontaire, et même des prostituées volontaires et militantes féministes, qu’on silencie de fait sur leur propre vie).