▻http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/06/comment-troll-eric-zemmour-attire-piege-255313
Bien sûr, Eric Zemmour n’est pas un troll à proprement parler : il opère à visage découvert, il ne s’invite pas mais est invité, il ne pourrit pas vraiment la conversation puisqu’il l’anime. Mais il importe dans le champ médiatique quelques techniques identifiées du trolling numérique :
l’attaque tous azimuts ;
le refus de l’affiliation : dès qu’on pense pouvoir l’identifier à un courant politique, il s’en distingue (à l’inverse, par exemple, de Robert Ménard qui fut troll un temps, avant de devenir clairement lepéniste) ;
l’égo démesuré : à peine éditorialiste, Eric Zemmour n’hésite pas à remettre en cause dans son dernier livre les travaux de Robert Paxton, historien qui a consacré sa vie à des travaux d’un sérieux guère contredit ;
le refus de la vérité admise : au nom de l’esprit critique, de la pensée contre soi, du droit à la remise en question, il peut raconter n’importe quoi puisque tout l’objet de son propos n’est pas d’être vrai en lui-même, mais d’être distinct de la vérité admise.
Et c’est là tout le génie du troll. En remettant en question une vérité admise, il fait apparaître la communauté de ceux qui la partagent. Et ensuite, il se sert de cette apparition (qui prend en général la forme d’une indignation) pour renforcer son discours : à savoir qu’il est impossible de remettre en question quoi que ce soit, qu’il existe une pensée unique défendue par une élite qui transcende les clivages apparents.