Passionnante et très détaillée critique de la biologie de synthèse et de sa présentation dans la revue « Pour la science ». Avec un parallèle sur cette conception de la biologie et l’industrialisation des machines. Chez @tranbert.
François Képès, rationalisateur des machines vivantes | Et vous n’avez encore rien vu...
▻https://sniadecki.wordpress.com/2014/10/09/sniadecki-kepes
Ne rien comprendre, mais asservir
La modélisation informatique est la seule approche théorique dont veulent aujourd’hui entendre parler les scientifiques, quelque soit leur domaine : celle qui permet de calculer et de prévoir. Elle évite d’avoir à penser son objet dans sa spécificité et par là de comprendre véritablement ce qu’il est et par suite ce que l’on fait de lui.
Pourtant, nos biotechnologues ne manquent jamais de souligner que l’approche que promeut la biologie de synthèse « aiderait à comprendre le vivant en le fabriquant »
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Mais comment espérer comprendre quoi que ce soit en niant l’existence, en supprimant, en détruisant ce qu’il s’agit justement de comprendre ? Car réduire le vivant à la machine, c’est en faire quelque chose que nous connaissons : quelque chose qui fonctionne « comme prévu », qui produit l’effet que l’on en attend ; et rien d’autre. Alors que ce qu’il s’agit de comprendre dans le vivant, c’est précisément son caractère dynamique, imprévisible et capricieux ; bref, ce dont ne sera jamais pourvu une machine, à savoir son activité autonome.
Si les biotechnologues comme François Képès parviennent un jour à fabriquer un « système vivant » selon « les principes fondamentaux de l’ingénierie rationnelle », ce n’est pas à une meilleure connaissance et compréhension du « monde vivant » qu’ils vont parvenir, puisqu’ils font tout pour le simplifier, l’appauvrir et le réduire à la machine, mais seulement à une meilleure manière de l’asservir aux impératifs du rendement industriel et de la rentabilité économique.
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