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  • Les communistes de conseils - Chroniques critiques
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    Les communistes de conseils

    Publié le 6 Février 2024

    Les partis d’avant-garde sont présentés comme incontournables pour guider les masses selon le modèle marxiste-léniniste. Pourtant, les soulèvements révolutionnaires éclatent de manière spontanée Les communistes de conseils soulignent l’importance des pratiques d’auto-organisation dans la dynamique révolutionnaire.

    La révolution n’est plus considérée comme désirable. L’utopie communiste reste associée à l’URSS. Pourtant, la critique la plus percutante du stalinisme provient également de courants révolutionnaires. Cependant, leur analyse de la contre-révolution bureaucratique a sombré dans l’oubli au profit de l’anti-totalitarisme médiatique des Nouveaux philosophes. Le communisme de conseils propose de remplacer les institutions bourgeoises par des institutions prolétariennes, à l’image des soviets qui émergent dans la révolution russe de 1905.

    Ce courant est attaqué par Lénine dans sa brochure Le gauchisme, la maladie infantile du communisme. Cette tradition politique et intellectuelle remet en cause le mode de production capitaliste mais aussi l’État moderne. Des textes de Karl Korsch, Paul Mattick, Anton Pannekoek, Otto Rühle et Helmut Wagner sont regroupés dans le livre Communistes de conseils contre capitalisme d’État.



    Critique du bolchevisme

    En 1920, Otto Rühle publie « Moscou et nous ». Il critique la IIIe Internationale dirigée par la Russie bolchévique. Lénine impose un modèle de révolution qui doit s’appliquer à tous les pays, quel que soit leur contexte local. « Nous sortons le schéma révolutionnaire standard (brevet Lénine) de la poche, nous l’appliquons… hourra ! ça marche… et crac ! la révolution a gagné ! », ironise Otto Rühle. Surtout, ce modèle de révolution repose sur un parti qui impose le centralisme, la discipline et le pouvoir des chefs. Les masses doivent se contenter d’obéir docilement. Au contraire, Otto Rühle insiste sur l’importance de la liberté et de l’autonomie.

    Dans le « Rapport sur Moscou », Otto Rühle revient sur la critique du parti hiérarchisé. Dans différents pays comme en Allemagne, les partis communistes locaux reçoivent leurs ordres de Moscou. Ce sont des structures hiérarchisées. Ensuite, les partis tentent d’encadrer les masses. Ce qui limite la créativité et l’initiative du prolétariat. La révolution ne doit pas être guidée par un parti mais doit être prise en main par l’ensemble de la classe prolétarienne.

    Les méthodes de la discipline et de la réglementation ne permettent pas à la révolution de se déployer. « Elles étouffent l’initiative, paralysent l’activité révolutionnaire, portent préjudice à la combativité, amoindrissent le sens de la responsabilité. Or il s’agit ici de provoquer l’initiative des masses, de les libérer de l’autorité, de développer leur conscience de soi, de les éduquer à l’action autonome et ainsi accroître leur intérêt pour la révolution », souligne Otto Rühle.

    En 1934, Helmut Wagner publie ses « Thèses sur le bolchévisme ». Le parti de Lénine parvient à fédérer la paysannerie et la classe ouvrière. Il adopte les méthodes de la social-démocratie russe, mais surtout de la petite-bourgeoisie jacobine qui dirige la Révolution française. Le parti bolchévique impose une direction autoritaire et centralisée qui s’appuie sur des révolutionnaires professionnels.

    Les dirigeants bolchéviques s’opposent à l’auto-organisation du prolétariat. Ils s’appuient sur les soviets uniquement pour prendre le pouvoir. « Dès l’instant où les bolchéviques ont considéré les soviets comme des organes d’insurrection et non plus comme des organes de la classe ouvrière, il est devenu plus évident que pour eux les soviets n’étaient qu’un instrument qui permettait à leur parti de s’emparer du pouvoir », analyse Helmut Wagner. Les bolchéviques parviennent à prendre le contrôle des syndicats. Ils imposent la subordination du prolétariat à l’organisation bureaucratique et s’opposent à l’autodétermination de la classe ouvrière.



    Critique du léninisme

    En 1935, Paul Mattick se penche sur « Les divergences de principes entre Rosa Luxemburg et Lénine ». Ces deux figures de la social-démocratie s’opposent au réformisme de la IIe Internationale. Elles se distinguent également par leur attachement à relier la théorie et la pratique. Cependant, elles proposent des voies différentes, voire opposées. Rosa Luxemburg critique le réformisme théorisée par Édouard Bernstein. Elle observe qu’il n’est pas possible de remettre en cause la domination d’une classe sur une autre par des moyens légaux. Lénine partage cette critique. Mais des divergences stratégiques apparaissent à travers l’analyse de la révolution de 1905 en Russie.

    Lénine propose la gestion de l’économie par l’État. Il diffère des sociaux-démocrates dans la méthode, mais pas dans les objectifs. Il ne propose pas des réformes, mais une insurrection pour s’emparer de l’État afin de gérer la production. Lénine considère également que les prolétaires ne peuvent pas développer une conscience révolutionnaire. Si les ouvriers se contentent de revendications réformistes et syndicales, c’est le Parti qui doit leur apporter la conscience révolutionnaire. Lénine insiste sur le rôle d’une avant-garde hiérarchisée et disciplinée. « Il faut que la direction du Parti acquiert une influence sur les masses, et cette influence importe plus que le sort des masses elles-mêmes. Que les masses s’organisent en soviets ou en syndicats, voilà qui reste absolument secondaire ; qu’elles soient dirigées par les bolchéviques, voilà l’essentiel », ironise Paul Mattick.

    Au contraire, Rosa Luxemburg insiste sur la conscience agissante des masses. Ce sont les prolétaires qui, à travers leur lutte et leurs actions, développent eux-mêmes une conscience révolutionnaire. Les partis ont d’ailleurs beaucoup de mal à comprendre les révoltes sociales qui reposent le plus souvent sur la spontanéité. L’expérience montre que « c’est justement pendant la révolution qu’il est extrêmement difficile à un organisme dirigeant du mouvement ouvrier de prévoir et de calculer quelle occasion et quels facteurs peut déclencher ou non des explosions », souligne Rosa Luxemburg. La révolution russe de 1905 révèle un soulèvement spontané de masse. Les dirigeants ont du mal à formuler des mots d’ordre avant que la masse des prolétaires se lance à l’assaut. Rosa Luxemburg observe même que, durant les moments révolutionnaires, ce sont les ouvriers les moins politisés et organisés qui se montrent les plus actifs.

    Critique du Parti communiste

    Anton Pannekoek publie « Au sujet du Parti communiste » en 1936. Il revient sur les origines du mouvement communiste portée par une jeunesse ouvrière qui s’oppose à la guerre et aux compromissions de la social-démocratie. Cependant, le parti bolchevik lance une IIIe Internationale pour instaurer des partis communistes dans différents pays d’Europe. La fraction la plus consciente de la classe ouvrière doit représenter l’ensemble du prolétariat pour prendre le pouvoir. Cette théorie s’appuie sur l’exemple de la révolution russe qui a permis à une minorité de militants de s’emparer du pouvoir d’État. Cependant, le tsarisme s’apparente à un régime autoritaire traditionnel. Au contraire, les pays occidentaux s’appuient sur l’économie capitaliste.

    Si une poignée d’insurgés suffit pour chasser un tyran, seule la puissance de la classe ouvrière peut renverser le capitalisme. « La véritable révolution prolétarienne sera déterminée par le monde capitaliste existant ; la véritable révolution communiste viendra de la conscience de classe du prolétariat », rappelle Anton Pannekoek. La classe ouvrière en Europe et en Amérique se compose d’anciens paysans et travailleurs indépendants qui découvrent le règne de la machine et la discipline du travail collectif. Ce qui permet de forger rapidement une conscience de classe.

    Cependant, l’objectif du Parti consiste à obtenir l’adhésion massive des travailleurs, et non d’en faire des combattants indépendants. Les partis communistes s’appuient sur les élections et le parlement, mais aussi sur le contrôle des syndicats. Les grèves sont l’école du communisme. Les travailleurs découvrent l’importance de leur force collective et de la solidarité face au patronat. « Leur désir de comprendre s’en trouve accru et ce qu’ils apprendront est sans doute la plus importante leçon, à savoir que seul le communisme pourra les libérer », souligne Anton Pannekoek. Le Parti communiste s’appuie sur cette conscience révolutionnaire pour attirer les ouvriers par des promesses lointaines.

    Meeting du Soviet de Petrogard

    Critique de l’antifascisme

    En 1937, Helmut Wagner publie « L’anarchisme et la révolution espagnole ». En Espagne, l’anarchisme semble particulièrement implanté et influent auprès des ouvriers et des paysans. Cependant, durant la révolution de 1936, les militants anarchistes délaissent leurs principes pour adopter des pratiques similaires à celles des bolcheviks durant la révolution russe. Les anarchistes prêchent la collaboration de classe au nom de l’antifascisme. Surtout, les anarchistes se sont ralliés au gouvernement de Front populaire et ont soutenu la bourgeoisie lorsqu’elle a attaqué les organisations ouvrières. « Les anarchistes ont aidé à organiser un pouvoir politique bourgeois mais n’ont rien fait pour la formation d’un pouvoir politique prolétarien », observe Helmut Wagner.

    La production de marchandises et l’argent perdurent malgré l’autogestion des usines. Les anarchistes imposent le contrôle des syndicats sur la production dans les usines plutôt que de permettre une véritable auto-organisation des ouvriers. Surtout, les anarcho-syndicalistes réduisent les problèmes économiques à de simples problèmes techniques qui peuvent se gérer par un bureau de statistiques. Les anarchistes et les bolchéviques s’accordent pour considérer comme l’enjeu central l’administration technique de la production.

    En 1939, Otto Rühle publie « La lutte contre le fascisme commence par la lutte contre le bolchévisme ». Il attaque le « fascisme rouge » qui règne en URSS. Il observe le rôle central de l’État dans les régimes staliniens comme dans les régimes fascistes. Otto Rühle dénonce également le bolchévisme de Lénine qui considère la révolution comme un parti d’avant-garde qui doit diriger les masses. La discipline, la hiérarchie et le centralisme prédominent dans cette stratégie.

    Lénine pense que son parti social-démocrate peut gagner de l’influence dans la Russie tsariste. Cependant, la révolution de 1917 bouleverse son projet. Ce n’est pas un parti d’avant-garde qui impulse la révolution. Ce sont les ouvriers et les paysans qui s’auto-organisent à travers les soviets. Lénine s’appuie alors sur ces structures pour prendre le pouvoir, avant de les abandonner une fois qu’il prend la direction de l’État.

    Perspectives révolutionnaires

    Ces textes des théoriciens du communisme de conseils n’ont pas pris la poussière. Ils soulèvent des enjeux toujours actuels, mais que la vieille gauche préfère étouffer. Certes, ces auteurs s’appuient surtout sur la critique de l’URSS. Les débats enflammés autour de la nature du régime stalinien semblent lointains. Cependant, les analyses de classe du capitalisme bureaucratique comme du capitalisme libéral restent pertinentes. Comprendre les structures d’une société et les rapports de classes demeure une grille d’analyse précieuse.

    Surtout, les communistes de conseils attaquent le modèle marxiste-léniniste. Si le bolchevisme semble dépassé, la critique des avant-gardes politiques reste percutante. Tous les partis de gauche et d’extrême-gauche se perçoivent comme une élite intellectuelle et militante qui doit éduquer et guider les masses. Au contraire, il semble important de souligner les capacités d’auto-organisation du prolétariat. Un mouvement comme les Gilets jaunes suffit à observer que tous les partis sont dépassés dès qu’une révolte spontanée éclate. Ce qui ne les empêche pas de se proposer pour la structurer, l’encadrer, la centraliser.

    Le communisme de conseils reste le courant politique le plus précieux en raison de sa critique des partis d’avant-garde et de son attachement à l’auto-organisation. Néanmoins, la plupart des théoriciens du communisme de conseils peuvent basculer dans le travers inverse. Une posture spontanéiste peut se contenter d’attendre la révolution tomber du ciel, tout en ironisant sur le réformisme des luttes syndicales. Une ultra gauche moribonde peut tomber dans ce travers du refuge confortable de la théorie face aux tumultes sociaux. Cependant, il semble indispensable d’affirmer l’importance des luttes sociales et des pratiques concrètes pour ne pas sombrer dans l’idéologie conseilliste repliée sur elle-même.

    Il reste important d’insister sur l’importance de s’organiser et de lutter. Tout en évitant les travers de la bureaucratisation et des hiérarchies. Il reste indispensable de diffuser des pratiques d’auto-organisation et d’action directe collective. La conscience révolutionnaire se forge avant tout dans les grèves et les pratiques de lutte. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Rosa Luxemburg, figure majeure de ce courant malgré des illusions parlementaristes. Des moments de grèves contribuent davantage à la réflexion collective que des tracts ou des revues. Le communisme de conseils doit se revigorer dans les luttes sociales pour ouvrir de véritables perspectives révolutionnaires.

    Source : Karl Korsch, Paul Mattick, Anton Pannekoek, Otto Rühle, Helmut Wagner, Communistes de conseils contre capitalisme d’État, Eterotopia, 2023

  • Fascisation démocratique : édito n°58- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/12/fascisation-democratique-edito-n-58.html

    La classe médiatico-politique se livre à un déferlement raciste. Les débats dans les vieux médias tournent au nauséabond. De CNews à France Inter, de Zemmour au Parti communiste, l’idéologie réactionnaire et raciste devient la nouvelle pensée (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • La liberté ouvrière au XIXe siècle- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/11/la-liberte-ouvriere-au-xixe-siecle.html

    Germinal (2021) L’histoire de la France au XIXe siècle se construit à travers les luttes ouvrières. La classe majoritaire construit son autonomie et ses contre-pouvoirs à travers les journaux, les associations et les syndicats. La classe ouvrière (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Syndicalisme et Gilets jaunes- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/12/syndicalisme-et-gilets-jaunes.html

    La révolte spontanée des Gilets jaunes a suscité le mépris et l’hostilté des directions syndicales. De leur côté, les Gilets jaunes considèrent les syndicats comme une composante du système à abattre. Néanmoins, des syndicalistes de lutte (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

    • Raniero Panzieri, Mario Tronti, Gaspare De Caro, Toni Negri (Turin, 1962)

      Conférence de Potere operaio à l’Université de Bologne en 1970.

      Manifestation de Potere operaio à Milan en 1972.

      Negri lors de son procès après la rafle du 7 avril 1979

      #Toni_Negri
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Toni_Negri

      Lénine au-delà de Lénine, Toni Negri (extrait de 33 Leçons sur Lénine), 1972-1973
      http://revueperiode.net/lenine-au-dela-de-lenine

      Domination et sabotage - Sur la méthode marxiste de transformation sociale, Antonio Negri (pdf), 1977
      https://entremonde.net/IMG/pdf/a6-03dominationsabotage-0-livre-high.pdf

      L’Anomalie sauvage d’Antonio Negri, Alexandre Matheron, 1983
      https://books.openedition.org/enseditions/29155?lang=fr

      Sur Mille Plateaux, Toni Negri, Revue Chimères n° 17, 1992
      https://www.persee.fr/doc/chime_0986-6035_1992_num_17_1_1846

      Les coordinations : une proposition de communisme, Toni Negri, 1994
      https://www.multitudes.net/les-coordinations-une-proposition

      Le contre-empire attaque, entretien avec Toni Negri, 2000
      https://vacarme.org/article28.html

      [#travail #multitude_de_singularités à 18mn] : Toni Negri, 2014
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/actualite-philosophique-toni-negri-5100168

      à l’occasion de la parution du Hors-Série de Philosophie Magazine sur le thème, les philosophes et le #communisme.

      Socialisme = soviets + électricité, Toni Negri, 2017
      http://revueperiode.net/les-mots-dordre-de-lenine

      L’appropriation du capital fixe : une métaphore ?
      Antonio Negri, Multitudes 2018/1 (n° 70)
      https://www.cairn.info/revue-multitudes-2018-1-page-92.htm

      Domination et sabotage - Entretien avec Antonio Negri, 2019
      https://vacarme.org/article3253.html

    • Les nécros de Ration et de L’imMonde ont par convention une tonalité vaguement élogieuse mais elles sont parfaitement vides. Celle de l’Huma parait plus documentée mais elle est sous paywall...

      edit L’Huma c’est encore et toujours la vilaine bêtise stalinienne :

      Figure de prou de "l’opéraïsme" dans les années 1960, arrêté durant les années de plomb en Italie, penseur de la "multitude" dans les années 2000, le théoricien politique, spécialiste de la philosophie du droit et de Hegel, est mort à Paris à l’âge de 90 ans.
      Pierre Chaillan

      (...) Figure intellectuelle et politique, il a traversé tous les soubresauts de l’histoire de l’Italie moderne et restera une grande énigme au sein du mouvement communiste et ouvrier international . Né le 1er août 1933 dans l’Italie mussolinienne, d’un père communiste disparu à la suite de violences infligées par une brigade fasciste, Antonio Negri est d’abord militant de l’Action catholique avant d’adhérer en 1956 au Parti socialiste italien, qu’il quittera rapidement.

      Le théoricien, animateurs de “l’opéraïsme”

    • Un journaliste du Monde « Gauchologue et fafologue / Enseigne @sciencespo » diffuse sur X des extraits de l’abject "Camarade P38" du para-policier Fabrizio Calvi en prétendant que cette bouse « résume les critiques ».
      Mieux vaut se référer à EMPIRE ET SES PIÈGES - Toni Negri et la déconcertante trajectoire de l’opéraïsme italien, de Claudio Albertani https://infokiosques.net/spip.php?article541

    • #opéraïsme

      http://www.zones-subversives.com/l-op%C3%A9ra%C3%AFsme-dans-l-italie-des-ann%C3%A9es-1960

      Avant l’effervescence de l’Autonomie italienne, l’opéraïsme tente de renouveler la pensée marxiste pour réfléchir sur les luttes ouvrières. Ce mouvement politique et intellectuel se développe en Italie dans les années 1960. Il débouche vers une radicalisation du conflit social en 1968, et surtout en 1969 avec une grève ouvrière sauvage. Si le post-opéraïsme semble relativement connu en France, à travers la figure de Toni Negri et la revue Multitudes, l’opéraïsme historique demeure largement méconnu.

      Mario Tronti revient sur l’aventure de l’opéraïsme, à laquelle il a activement participé. Son livre articule exigence théorique et témoignage vivant. Il décrit ce mouvement comme une « expérience de pensée - d’un cercle de personnes liées entre elles indissolublement par un lien particulier d’amitié politique ». La conflictualité sociale et la radicalisation des luttes ouvrières doit alors permettre d’abattre le capitalisme.

    • IL SECOLO BREVE DI TONI NEGRI, Ago 17, 2023,
      di ROBERTO CICCARELLI.

      http://www.euronomade.info/?p=15660

      Toni Negri hai compiuto novant’anni. Come vivi oggi il tuo tempo?

      Mi ricordo Gilles Deleuze che soffriva di un malanno simile al mio. Allora non c’erano l’assistenza e la tecnologia di cui possiamo godere noi oggi. L’ultima volta che l’ho visto girava con un carrellino con le bombole di ossigeno. Era veramente dura. Lo è anche per me oggi. Penso che ogni giorno che passa a questa età sia un giorno di meno. Non hai la forza di farlo diventare un giorno magico. È come quando mangi un buon frutto e ti lascia in bocca un gusto meraviglioso. Questo frutto è la vita, probabilmente. È una delle sue grandi virtù.

      Novant’anni sono un secolo breve.

      Di secoli brevi ce ne possono essere diversi. C’è il classico periodo definito da Hobsbawm che va dal 1917 al 1989. C’è stato il secolo americano che però è stato molto più breve. È durato dagli accordi monetari e dalla definizione di una governance mondiale a Bretton Woods, agli attentati alle Torri Gemelle nel settembre 2001. Per quanto mi riguarda il mio lungo secolo è iniziato con la vittoria bolscevica, poco prima che nascessi, ed è continuato con le lotte operaie, e con tutti i conflitti politici e sociali ai quali ho partecipato.

      Questo secolo breve è terminato con una sconfitta colossale.

      È vero. Ma hanno pensato che fosse finita la storia e fosse iniziata l’epoca di una globalizzazione pacificata. Nulla di più falso, come vediamo ogni giorno da più di trent’anni. Siamo in un’età di transizione, ma in realtà lo siamo sempre stati. Anche se sottotraccia, ci troviamo in un nuovo tempo segnato da una ripresa globale delle lotte contro le quali c’è una risposta dura. Le lotte operaie hanno iniziato a intersecarsi sempre di più con quelle femministe, antirazziste, a difesa dei migranti e per la libertà di movimento, o ecologiste.

      Filosofo, arrivi giovanissimo in cattedra a Padova. Partecipi a Quaderni Rossi, la rivista dell’operaismo italiano. Fai inchiesta, fai un lavoro di base nelle fabbriche, a cominciare dal Petrolchimico di Marghera. Fai parte di Potere Operaio prima, di Autonomia Operaia poi. Vivi il lungo Sessantotto italiano, a cominciare dall’impetuoso Sessantanove operaio a Corso Traiano a Torino. Qual è stato il momento politico culminante di questa storia?

      Gli anni Settanta, quando il capitalismo ha anticipato con forza una strategia per il suo futuro. Attraverso la globalizzazione, ha precarizzato il lavoro industriale insieme all’intero processo di accumulazione del valore. In questa transizione, sono stati accesi nuovi poli produttivi: il lavoro intellettuale, quello affettivo, il lavoro sociale che costruisce la cooperazione. Alla base della nuova accumulazione del valore, ci sono ovviamente anche l’aria, l’acqua, il vivente e tutti i beni comuni che il capitale ha continuato a sfruttare per contrastare l’abbassamento del tasso di profitto che aveva conosciuto a partire dagli anni Sessanta.

      Perché, dalla metà degli anni Settanta, la strategia capitalista ha vinto?

      Perché è mancata una risposta di sinistra. Anzi, per un tempo lungo, c’è stata una totale ignoranza di questi processi. A partire dalla fine degli anni Settanta, c’è stata la soppressione di ogni potenza intellettuale o politica, puntuale o di movimento, che tentasse di mostrare l’importanza di questa trasformazione, e che puntasse alla riorganizzazione del movimento operaio attorno a nuove forme di socializzazione e di organizzazione politica e culturale. È stata una tragedia. Qui che appare la continuità del secolo breve nel tempo che stiamo vivendo ora. C’è stata una volontà della sinistra di bloccare il quadro politico su quello che possedeva.

      E che cosa possedeva quella sinistra?

      Un’immagine potente ma già allora inadeguata. Ha mitizzato la figura dell’operaio industriale senza comprendere che egli desiderava ben altro. Non voleva accomodarsi nella fabbrica di Agnelli, ma distruggere la sua organizzazione; voleva costruire automobili per offrirle agli altri senza schiavizzare nessuno. A Marghera non avrebbe voluto morire di cancro né distruggere il pianeta. In fondo è quello che ha scritto Marx nella Critica del programma di Gotha: contro l’emancipazione attraverso il lavoro mercificato della socialdemocrazia e per la liberazione della forza lavoro dal lavoro mercificato. Sono convinto che la direzione presa dall’Internazionale comunista – in maniera evidente e tragica con lo stalinismo, e poi in maniera sempre più contraddittoria e irruente -, abbia distrutto il desiderio che aveva mobilitato masse gigantesche. Per tutta la storia del movimento comunista è stata quella la battaglia.

      Cosa si scontrava su quel campo di battaglia?

      Da un lato, c’era l’idea della liberazione. In Italia è stata illuminata dalla resistenza contro il nazi-fascismo. L’idea di liberazione si è proiettata nella stessa Costituzione così come noi ragazzi la interpretammo allora. E in questa vicenda non sottovaluterei l’evoluzione sociale della Chiesa Cattolica che culminò con il Secondo Concilio Vaticano. Dall’altra parte, c’era il realismo ereditato dal partito comunista italiano dalla socialdemocrazia, quello degli Amendola e dei togliattiani di varia origine. Tutto è iniziato a precipitare negli anni Settanta, mentre invece c’era la possibilità di inventare una nuova forma di vita, un nuovo modo di essere comunisti.

      Continui a definirti un comunista. Cosa significa oggi?

      Quello che per me ha significato da giovane: conoscere un futuro nel quale avremmo conquistato il potere di essere liberi, di lavorare meno, di volerci bene. Eravamo convinti che concetti della borghesia quali libertà, uguaglianza e fraternità avrebbero potuto realizzarsi nelle parole d’ordine della cooperazione, della solidarietà, della democrazia radicale e dell’amore. Lo pensavamo e lo abbiamo agito, ed era quello che pensava la maggioranza che votava la sinistra e la faceva esistere. Ma il mondo era ed è insopportabile, ha un rapporto contraddittorio con le virtù essenziali del vivere insieme. Eppure queste virtù non si perdono, si acquisiscono con la pratica collettiva e sono accompagnate dalla trasformazione dell’idea di produttività che non significa produrre più merci in meno tempo, né fare guerre sempre più devastanti. Al contrario serve a dare da mangiare a tutti, modernizzare, rendere felici. Comunismo è una passione collettiva gioiosa, etica e politica che combatte contro la trinità della proprietà, dei confini e del capitale.

      L’arresto avvenuto il 7 aprile 1979, primo momento della repressione del movimento dell’autonomia operaia, è stato uno spartiacque. Per ragioni diverse, a mio avviso, lo è stato anche per la storia del «manifesto» grazie a una vibrante campagna garantista durata anni, un caso giornalistico unico condotto con i militanti dei movimenti, un gruppo di coraggiosi intellettuali, il partito radicale. Otto anni dopo, il 9 giugno 1987, quando fu demolito il castello di accuse cangianti, e infondate, Rossana Rossanda scrisse che fu una «tardiva, parziale riparazione di molto irreparabile». Cosa significa oggi per te tutto questo?

      È stato innanzitutto il segno di un’amicizia mai smentita. Rossana per noi è stata una persona di una generosità incredibile. Anche se, a un certo punto, si è fermata anche lei: non riusciva a imputare al Pci quello che il Pci era diventato.

      Che cosa era diventato?

      Un oppressore. Ha massacrato quelli che denunciavano il pasticcio in cui si era andato a ficcare. In quegli anni siamo stati in molti a dirglielo. Esisteva un’altra strada, che passava dall’ascolto della classe operaia, del movimento studentesco, delle donne, di tutte le nuove forme nelle quali le passioni sociali, politiche e democratiche si stavano organizzando. Noi abbiamo proposto un’alternativa in maniera onesta, pulita e di massa. Facevamo parte di un enorme movimento che investiva le grandi fabbriche, le scuole, le generazioni. La chiusura da parte del Pci ha determinato la nascita di estremizzazioni terroristiche: questo è fuori dubbio. Noi abbiamo pagato tutto e pesantemente. Solo io ho fatto complessivamente quattordici anni di esilio e undici e mezzo di prigione. Il Manifesto ha sempre difeso la nostra innocenza. Era completamente idiota che io o altri dell’Autonomia fossimo considerati i rapitori di Aldo Moro o gli uccisori di compagni. Tuttavia, nella campagna innocentista che è stata coraggiosa e importante è stato però lasciato sul fondo un aspetto sostanziale.

      Quale?
      Eravamo politicamente responsabili di un movimento molto più ampio contro il compromesso storico tra il Pci e la Dc. Contro di noi c’è stata una risposta poliziesca della destra, e questo si capisce. Quello che non si vuol capire è stata invece la copertura che il Pci ha dato a questa risposta. In fondo, avevano paura che cambiasse l’orizzonte politico di classe. Se non si comprende questo nodo storico, come ci si può lamentare dell’inesistenza di una sinistra oggi in Italia?

      Il sette aprile, e il cosiddetto «teorema Calogero», sono stati considerati un passo verso la conversione di una parte non piccola della sinistra al giustizialismo e alla delega politica alla magistratura. Come è stato possibile lasciarsi incastrare in una simile trappola?

      Quando il Pci sostituì la centralità della lotta morale a quella economica e politica, e lo fece attraverso giudici che gravitavano attorno alla sua area, ha finito il suo percorso. Questi davvero credevano di usare il giustizialismo per costruire il socialismo? Il giustizialismo è una delle cose più care alla borghesia. È un’illusione devastante e tragica che impedisce di vedere l’uso di classe del diritto, del carcere o della polizia contro i subalterni. In quegli anni cambiarono anche i giovani magistrati. Prima erano molto diversi. Li chiamavano «pretori di assalto». Ricordo i primi numeri della rivista Democrazia e Diritto ai quali ho lavorato anch’io. Mi riempivano di gioia perché parlavamo di giustizia di massa. Poi l’idea di giustizia è stata declinata molto diversamente, riportata ai concetti di legalità e di legittimità. E nella magistratura non c’è più stata una presa di parola politica, ma solo schieramenti tra correnti. Oggi, poi abbiamo una Costituzione ridotta a un pacchetto di norme che non corrispondono neanche più alla realtà del paese.

      In carcere avete continuato la battaglia politica. Nel 1983 scriveste un documento in carcere, pubblicato da Il Manifesto, intitolato «Do You remember revolution». Si parlava dell’originalità del 68 italiano, dei movimenti degli anni Settanta non riducibili agli «anni di piombo». Come hai vissuto quegli anni?

      Quel documento diceva cose importanti con qualche timidezza. Credo dica più o meno le cose che ho appena ricordato. Era un periodo duro. Noi eravamo dentro, dovevamo uscire in qualche maniera. Ti confesso che in quell’immane sofferenza per me era meglio studiare Spinoza che pensare all’assurda cupezza in cui eravamo stati rinchiusi. Ho scritto su Spinoza un grosso libro ed è stato una specie di atto eroico. Non potevo avere più di cinque libri in cella. E cambiavo carcere speciale in continuazione: Rebibbia, Palmi, Trani, Fossombrone, Rovigo. Ogni volta in una cella nuova con gente nuova. Aspettare giorni e ricominciare. L’unico libro che portavo con me era l’Etica di Spinoza. La fortuna è stata finire il mio testo prima della rivolta a Trani nel 1981 quando i corpi speciali hanno distrutto tutto. Sono felice che abbia prodotto uno scossone nella storia della filosofia.

      Nel 1983 sei stato eletto in parlamento e uscisti per qualche mese dal carcere. Cosa pensi del momento in cui votarono per farti tornare in carcere e tu decidesti di andare in esilio in Francia?

      Ne soffro ancora molto. Se devo dare un giudizio storico e distaccato penso di avere fatto bene ad andarmene. In Francia sono stato utile per stabilire rapporti tra generazioni e ho studiato. Ho avuto la possibilità di lavorare con Félix Guattari e sono riuscito a inserirmi nel dibattito del tempo. Mi ha aiutato moltissimo a comprendere la vita dei Sans Papiers. Lo sono stato anch’io, ho insegnato pur non avendo una carta di identità. Mi hanno aiutato i compagni dell’università di Parigi 8. Ma per altri versi mi dico che ho sbagliato. Mi scuote profondamente il fatto di avere lasciato i compagni in carcere, quelli con cui ho vissuto i migliori anni della mia vita e le rivolte in quattro anni di carcerazione preventiva. Averli lasciati mi fa ancora male. Quella galera ha devastato la vita di compagni carissimi, e spesso delle loro famiglie. Ho novant’anni e mi sono salvato. Non mi rende più sereno di fronte a quel dramma.

      Anche Rossanda ti criticò…

      Sì, mi ha chiesto di comportarmi come Socrate. Io le risposi che rischiavo proprio di finire come il filosofo. Per i rapporti che c’erano in galera avrei potuto morire. Pannella mi ha materialmente portato fuori dalla galera e poi mi ha rovesciato tutte le colpe del mondo perché non volevo tornarci. Sono stati in molti a imbrogliarmi. Rossana mi aveva messo in guardia già allora, e forse aveva ragione.

      C’è stata un’altra volta che lo ha fatto?

      Sì, quando mi disse di non rientrare da Parigi in Italia nel 1997 dopo 14 anni di esilio. La vidi l’ultima volta prima di partire in un café dalle parti del Museo di Cluny, il museo nazionale del Medioevo. Mi disse che avrebbe voluto legami con una catena per impedirmi di prendere quell’aereo.

      Perché allora hai deciso di tornare in Italia?

      Ero convinto di fare una battaglia sull’amnistia per tutti i compagni degli anni Settanta. Allora c’era la Bicamerale, sembrava possibile. Mi sono fatto sei anni di galera fino al 2003. Forse Rossana aveva ragione.

      Che ricordo oggi hai di lei?

      Ricordo l’ultima volta che l’ho vista a Parigi. Una dolcissima amica, che si preoccupava dei miei viaggi in Cina, temeva che mi facessi male. È stata una persona meravigliosa, allora e sempre.

      Anna Negri, tua figlia, ha scritto «Con un piede impigliato nella storia» (DeriveApprodi) che racconta questa storia dal punto di vista dei vostri affetti, e di un’altra generazione.

      Ho tre figli splendidi Anna, Francesco e Nina che hanno sofferto in maniera indicibile quello che è successo. Ho guardato la serie di Bellocchio su Moro e continuo ad essere stupefatto di essere stato accusato di quella incredibile tragedia. Penso ai miei due primi figli, che andavano a scuola. Qualcuno li vedeva come i figli di un mostro. Questi ragazzi, in una maniera o nell’altra, hanno sopportato eventi enormi. Sono andati via dall’Italia e ci sono tornati, hanno attraversato quel lungo inverno in primissima persona. Il minimo che possono avere è una certa collera nei confronti dei genitori che li hanno messi in questa situazione. E io ho una certa responsabilità in questa storia. Siamo tornati ad essere amici. Questo per me è un regalo di una immensa bellezza.

      Alla fine degli anni Novanta, in coincidenza con i nuovi movimenti globali, e poi contro la guerra, hai acquisito una forte posizione di riconoscibilità insieme a Michael Hardt a cominciare da «Impero». Come definiresti oggi, in un momento di ritorno allo specialismo e di idee reazionarie e elitarie, il rapporto tra filosofia e militanza?

      È difficile per me rispondere a questa domanda. Quando mi dicono che ho fatto un’opera, io rispondo: Lirica? Ma ti rendi conto? Mi scappa da ridere. Perché sono più un militante che un filosofo. Farà ridere qualcuno, ma io mi ci vedo, come Papageno…

      Non c’è dubbio però che tu abbia scritto molti libri…

      Ho avuto la fortuna di trovarmi a metà strada tra la filosofia e la militanza. Nei migliori periodi della mia vita sono passato in permanenza dall’una all’altra. Ciò mi ha permesso di coltivare un rapporto critico con la teoria capitalista del potere. Facendo perno su Marx, sono andato da Hobbes a Habermas, passando da Kant, Rousseau e Hegel. Gente abbastanza seria da dovere essere combattuta. Di contro la linea Machiavelli-Spinoza-Marx è stata un’alternativa vera. Ribadisco: la storia della filosofia per me non è una specie di testo sacro che ha impastato tutto il sapere occidentale, da Platone ad Heidegger, con la civiltà borghese e ha tramandato con ciò concetti funzionali al potere. La filosofia fa parte della nostra cultura, ma va usata per quello che serve, cioè a trasformare il mondo e farlo diventare più giusto. Deleuze parlava di Spinoza e riprendeva l’iconografia che lo rappresentava nei panni di Masaniello. Vorrei che fosse vero per me. Anche adesso che ho novant’anni continuo ad avere questo rapporto con la filosofia. Vivere la militanza è meno facile, eppure riesco a scrivere e ad ascoltare, in una situazione di esule.

      Esule, ancora, oggi?

      Un po’, sì. È un esilio diverso però. Dipende dal fatto che i due mondi in cui vivo, l’Italia e la Francia, hanno dinamiche di movimento molto diverse. In Francia, l’operaismo non ha avuto un seguito largo, anche se oggi viene riscoperto. La sinistra di movimento in Francia è sempre stata guidata dal trotzkismo o dall’anarchismo. Negli anni Novanta, con la rivista Futur antérieur, con l’amico e compagno Jean-Marie Vincent, avevamo trovato una mediazione tra gauchisme e operaismo: ha funzionato per una decina d’anni. Ma lo abbiamo fatto con molta prudenza. il giudizio sulla politica francese lo lasciavamo ai compagni francesi. L’unico editoriale importante scritto dagli italiani sulla rivista è stato quello sul grande sciopero dei ferrovieri del ’95, che assomigliava tanto alle lotte italiane.

      Perché l’operaismo conosce oggi una risonanza a livello globale?

      Perché risponde all’esigenza di una resistenza e di una ripresa delle lotte, come in altre culture critiche con le quali dialoga: il femminismo, l’ecologia politica, la critica postcoloniale ad esempio. E poi perché non è la costola di niente e di nessuno. Non lo è stato mai, e neanche è stato un capitolo della storia del Pci, come qualcuno s’illude. È invece un’idea precisa della lotta di classe e una critica della sovranità che coagula il potere attorno al polo padronale, proprietario e capitalista. Ma il potere è sempre scisso, ed è sempre aperto, anche quando non sembra esserci alternativa. Tutta la teoria del potere come estensione del dominio e dell’autorità fatta dalla Scuola di Francoforte e dalle sue recenti evoluzioni è falsa, anche se purtroppo rimane egemone. L’operaismo fa saltare questa lettura brutale. È uno stile di lavoro e di pensiero. Riprende la storia dal basso fatta da grandi masse che si muovono, cerca la singolarità in una dialettica aperta e produttiva.

      I tuoi costanti riferimenti a Francesco d’Assisi mi hanno sempre colpito. Da dove nasce questo interesse per il santo e perché lo hai preso ad esempio della tua gioia di essere comunista?

      Da quando ero giovane mi hanno deriso perché usavo la parola amore. Mi prendevano per un poeta o per un illuso. Di contro, ho sempre pensato che l’amore era una passione fondamentale che tiene in piedi il genere umano. Può diventare un’arma per vivere. Vengo da una famiglia che è stata miserabile durante la guerra e mi ha insegnato un affetto che mi fa vivere ancora oggi. Francesco è in fondo un borghese che vive in un periodo in cui coglie la possibilità di trasformare la borghesia stessa, e di fare un mondo in cui la gente si ama e ama il vivente. Il richiamo a lui, per me, è come il richiamo ai Ciompi di Machiavelli. Francesco è l’amore contro la proprietà: esattamente quello che avremmo potuto fare negli anni Settanta, rovesciando quello sviluppo e creando un nuovo modo di produrre. Non è mai stato ripreso a sufficienza Francesco, né è stato presa in debito conto l’importanza che ha avuto il francescanesimo nella storia italiana. Lo cito perché voglio che parole come amore e gioia entrino nel linguaggio politico.

      *

      Dall’infanzia negli anni della guerra all’apprendistato filosofico alla militanza comunista, dal ’68 alla strage di piazza Fontana, da Potere Operaio all’autonomia e al ’77, l’arresto, l’esilio. E di nuovo la galera per tornare libero. Toni Negri lo ha raccontato con Girolamo De Michele in tre volumi autobiografici Storia di un comunista, Galera e esilio, Da Genova a Domani (Ponte alle Grazie). Con Mi chael Hardt, professore di letteratura alla Duke University negli Stati Uniti, ha scritto, tra l’altro, opere discusse e di larga diffusione: Impero, Moltitudine, Comune (Rizzoli) e Assemblea (Ponte alle Grazie). Per l’editore anglo-americano Polity Books ha pubblicato, tra l’altro, sei volumi di scritti tra i quali The Common, Marx in Movement, Marx and Foucault.

      In Italia DeriveApprodi ha ripubblicato il classico «Spinoza». Per la stessa casa editrice: I libri del rogo, Pipe Line, Arte e multitudo (a cura di N. Martino), Settanta (con Raffaella Battaglini). Con Mimesis la nuova edizione di Lenta ginestra. Saggio sull’ontologia di Giacomo Leopardi. Con Ombre Corte, tra l’altro, Dall’operaio massa all’operaio sociale (a cura di P. Pozzi-R. Tomassini), Dentro/contro il diritto sovrano (con G. Allegri), Il lavoro nella costituzione (con A. Zanini).

      A partire dal prossimo ottobre Manifestolibri ripubblicherà i titoli in catalogo con una nuova prefazione: L’inchiesta metropolitana e altri scritti sociologici, a cura di Alberto De Nicola e Paolo Do; Marx oltre Marx (prefazione di Sandro Mezzadra); Trentatré Lezioni su Lenin (Giso Amendola); Potere Costituente (Tania Rispoli); Descartes politico (Marco Assennato); Kairos, Alma Venus, moltitudo (Judith Revel); Il lavoro di Dioniso, con Michael Hardt (Francesco Raparelli)

      #autonomie #prison #exil

    • Le philosophe italien Toni Negri est mort

      Inspirant les luttes politiques en Italie dans les années 1960 et 1970, son travail a également influencé le mouvement altermondialiste du début du XXIe siècle.


      Toni Negri, à Rome (Italie), en septembre 2010. STEFANO MONTESI - CORBIS / VIA GETTY IMAGES

      Il était né dans l’Italie fasciste. Il disparaît alors que l’extrême droite gouverne à nouveau son pays. Le philosophe Toni Negri, acteur et penseur majeur de plus d’un demi-siècle de luttes d’extrême gauche, est mort dans la nuit du 15 au 16 décembre à Paris, à l’âge de 90 ans, a annoncé son épouse, la philosophe française Judith Revel.

      « C’était un mauvais maître », a tout de suite réagi, selon le quotidien La Repubblica, le ministre de la culture italien, Gennaro Sangiuliano. « Tu resteras à jamais dans mon cœur et dans mon esprit, cher Maître, Père, Prophète », a écrit quant à lui, sur Facebook, l’activiste Luca Casarini, l’un des leaders du mouvement altermondialiste italien. Peut-être aurait-il vu dans la violence de ce contraste un hommage à la puissance de ses engagements, dont la radicalité ne s’est jamais affadie.

      Né le 1er août 1933 à Padoue, Antonio Negri, que tout le monde appelle Toni, et qui signera ainsi ses livres, commence très tôt une brillante carrière universitaire – il enseigne à l’université de Padoue dès ses 25 ans –, tout en voyageant, en particulier au Maghreb et au Moyen-Orient. C’est en partageant la vie d’un kibboutz israélien que le jeune homme, d’abord engagé au parti socialiste, dira être devenu communiste. Encore fallait-il savoir ce que ce mot pouvait recouvrir.

      Cette recherche d’une nouvelle formulation d’un idéal ancien, qu’il s’agissait de replacer au centre des mutations du monde, parcourt son œuvre philosophique, de Marx au-delà de Marx (Bourgois, 1979) à l’un de ses derniers livres, Inventer le commun des hommes (Bayard, 2010). Elle devient aussi l’axe de son engagement militant, qui va bientôt se confondre avec sa vie.

      Marxismes hétérodoxes

      L’Italie est alors, justement, le laboratoire des marxismes dits hétérodoxes, en rupture de ban avec le parti communiste, en particulier l’« opéraïsme » (de l’italien « operaio », « ouvrier »). Toni Negri le rejoint à la fin des années 1960, et s’en fait l’un des penseurs et activistes les plus emblématiques, toujours présent sur le terrain, dans les manifestations et surtout dans les usines, auprès des ouvriers. « Il s’agissait d’impliquer les ouvriers dans la construction du discours théorique sur l’exploitation », expliquera-t-il dans un entretien, en 2018, résumant la doctrine opéraïste, particulièrement celle des mouvements auxquels il appartient, Potere Operaio, puis Autonomia Operaia.

      Des armes circulent. Le terrorisme d’extrême droite et d’extrême gauche ravage le pays. Bien qu’il s’oppose à la violence contre les personnes, le philosophe est arrêté en 1979, soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de l’homme politique Aldo Moro, accusation dont il est rapidement blanchi. Mais d’autres pèsent sur lui – « association subversive », et complicité « morale » dans un cambriolage – et il est condamné à douze ans de prison.
      Elu député du Parti radical en 1983, alors qu’il est encore prisonnier, il est libéré au titre de son immunité parlementaire. Quand celle-ci est levée [par un vote que le parti Radical a permis de rendre majoritaire, ndc], il s’exile en France. Rentré en Italie en 1997, il est incarcéré pendant deux ans, avant de bénéficier d’une mesure de semi-liberté. Il est définitivement libéré en 2003.

      Occupy Wall Street et les Indignés

      Il enseigne, durant son exil français, à l’Ecole normale supérieure, à l’université Paris-VIII ou encore au Collège international de philosophie. Ce sont aussi des années d’intense production intellectuelle, et, s’il porte témoignage en publiant son journal de l’année 1983 (Italie rouge et noire, Hachette, 1985), il développe surtout une pensée philosophique exigeante, novatrice, au croisement de l’ontologie et de la pensée politique. On peut citer, entre beaucoup d’autres, Les Nouveaux Espaces de liberté, écrit avec Félix Guattari (Dominique Bedou, 1985), Spinoza subversif. Variations (in)actuelles (Kimé, 1994), Le Pouvoir constituant. Essai sur les alternatives de la modernité (PUF, 1997) ou Kairos, Alma Venus, multitude. Neuf leçons en forme d’exercices (Calmann-Lévy, 2000).
      Ce sont cependant les livres qu’il coécrit avec l’Américain Michael Hardt qui le font connaître dans le monde entier, et d’abord Empire (Exils, 2000), où les deux philosophes s’efforcent de poser les fondements d’une nouvelle pensée de l’émancipation dans le contexte créé par la mondialisation. Celle-ci, « transition capitale dans l’histoire contemporaine », fait émerger selon les auteurs un capitalisme « supranational, mondial, total », sans autres appartenances que celles issues des rapports de domination économique. Cette somme, comme la suivante, Multitude. Guerre et démocratie à l’époque de l’Empire (La Découverte, 2004), sera une des principales sources d’inspiration du mouvement altermondialiste, d’Occupy Wall Street au mouvement des Indignés, en Espagne.

      C’est ainsi que Toni Negri, de l’ébullition italienne qui a marqué sa jeunesse et décidé de sa vie aux embrasements et aux espoirs du début du XXIe siècle, a traversé son temps : en ne lâchant jamais le fil d’une action qui était, pour lui, une forme de pensée, et d’une pensée qui tentait d’agir au cœur même du monde.
      Florent Georgesco
      https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/12/16/le-philosophe-italien-toni-negri-est-mort_6206182_3382.html

      (article corrigé trois fois en 9 heures, un bel effort ! il faut continuer !)

    • Pouvoir ouvrier, l’équivalent italien de la Gauche prolétarienne

      Chapeau le Diplo, voilà qui est informé !
      En 1998, le journal avait titré sur un mode médiatico-policier (« Ce que furent les “années de plomb” en Italie »). La réédition dans un Manière de voir de 2021 (long purgatoire) permis un choix plus digne qui annonçait correctement cet article fort utile : Entre « compromis historique » et terrorisme. Retour sur l’Italie des années 1970.
      Diplo encore, l’iconographie choisit d’ouvrir l’oeil... sur le rétroviseur. J’identifie pas le leader PCI (ou CGIL) qui est à la tribune mais c’est évidement le Mouvement ouvrier institué et son rôle (historiquement compromis) d’encadrement de la classe ouvrière qui est mis en avant.

      #média #gauche #Italie #Histoire #Potere_operaio #PCI #lutte_armée #compromis_historique #terrorisme

      edit

      [Rome] Luciano Lama, gli scontri alla Sapienza e il movimento del ’77
      https://www.corriere.it/foto-gallery/cultura/17_febbraio_16/scontri-sapienza-lama-foto-6ad864d0-f428-11e6-a5e5-e33402030d6b.shtml

      «Il segretario della Cgil Luciano Lama si è salvato a stento dall’assalto degli autonomi, mentre tentava di parlare agli studenti che da parecchi giorni occupano la città universitaria. Il camion, trasformato in palco, dal quale il sindacalista ha preso la parola, è stato letteralmente sfasciato e l’autista è uscito dagli incidenti con la testa spaccata e varie ferite». E’ la cronaca degli scontri alla Sapienza riportata da Corriere il 18 febbraio del 1977, un giorno dopo la “cacciata” del leader della CGIL Luciano Lama dall’ateneo dove stava tenendo un comizio. Una giornata di violenza che diventerà il simbolo della rottura tra la sinistra istituzionale, rappresentata dal Pci e dal sindacato, e la sinistra dei movimenti studenteschi. Nella foto il camion utilizzato come palco da Luciano Lama preso d’assalto dai contestatori alla Sapienza (Ansa)

    • ENTRE ENGAGEMENT RÉVOLUTIONNAIRE ET PHILOSOPHIE
      Toni Negri (1933-2023), histoire d’un communiste
      https://www.revolutionpermanente.fr/Toni-Negri-1933-2023-histoire-d-un-communiste

      Sans doute est-il compliqué de s’imaginer, pour les plus jeunes, ce qu’a pu représenter Toni Negri pour différentes générations de militant.es. Ce qu’il a pu symboliser, des deux côtés des Alpes et au-delà, à différents moments de l’histoire turbulente du dernier tiers du XXème siècle, marqué par la dernière poussée révolutionnaire contemporaine – ce « long mois de mai » qui aura duré plus de dix ans, en Italie – suivie d’un reflux face auquel, loin de déposer les armes, Negri a choisi de résister en tentant de penser un arsenal conceptuel correspondant aux défis posés par le capitalisme contemporain. Tout en restant, jusqu’au bout, communiste. C’est ainsi qu’il se définissait.

    • À Toni Negri, camarade et militant infatigable
      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/181223/toni-negri-camarade-et-militant-infatigable

      Toni Negri nous a quittés. Pour certains d’entre nous, c’était un ami cher mais pour nous tous, il était le camarade qui s’était engagé dans le grand cycle des luttes politiques des années soixante et dans les mouvements révolutionnaires des années soixante-dix en Italie. Il fut l’un des fondateurs de l’opéraïsme et le penseur qui a donné une cohérence théorique aux luttes ouvrières et prolétariennes dans l’Occident capitaliste et aux transformations du Capital qui en ont résulté. C’est Toni qui a décrit la multitude comme une forme de subjectivité politique qui reflète la complexité et la diversité des nouvelles formes de travail et de résistance apparues dans la société post-industrielle. Sans la contribution théorique de Toni et de quelques autres théoriciens marxistes, aucune pratique n’aurait été adéquate pour le conflit de classes.
      Un Maître, ni bon ni mauvais : c’était notre tâche et notre privilège d’interpréter ou de réfuter ses analyses. C’était avant tout notre tâche, et nous l’avons assumée, de mettre en pratique la lutte dans notre sphère sociale, notre action dans le contexte politique de ces années-là. Nous n’étions ni ses disciples ni ses partisans et Toni n’aurait jamais voulu que nous le soyons. Nous étions des sujets politiques libres, qui décidaient de leur engagement politique, qui choisissaient leur voie militante et qui utilisaient également les outils critiques et théoriques fournis par Toni dans leur parcours.

    • Toni Negri, l’au-delà de Marx à l’épreuve de la politique, Yann Moulier Boutang
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/toni-negri-lau-dela-de-marx-a-lepreuve-de-la-politique-20231217_Z5QALRLO7

      Il n’est guère de concepts hérités du marxisme qu’il n’ait renouvelés de fond en comble. Contentons-nous ici de quelques notions clés. La clé de l’évolution du capitalisme, ne se lit correctement que dans celle de la composition du travail productif structuré dans la classe ouvrière et son mouvement, puis dans les diverses formes de salariat. Le Marx le plus intéressant pour nous est celui des Grundrisse (cette esquisse du Capital). C’est le refus du travail dans les usines, qui pousse sans cesse le capitalisme, par l’introduction du progrès technique, puis par la mondialisation, à contourner la « forteresse ouvrière ». Composition de classe, décomposition, recomposition permettent de déterminer le sens des luttes sociales. Negri ajoute à ce fond commun à tous les operaïstes deux innovations : la méthode de la réalisation de la tendance, qui suppose que l’évolution à peine perceptible est déjà pleinement déployée, pour mieux saisir à l’avance les moments et les points où la faire bifurquer. Deuxième innovation : après l’ouvrier qualifié communiste, et l’ouvrier-masse (l’OS du taylorisme), le capitalisme des années 1975-1990 (celui de la délocalisation à l’échelle mondiale de la chaîne de la valeur) produit et affronte l’ouvrier-social.

      C’est sur ce passage obligé que l’idée révolutionnaire se renouvelle. L’enquête ouvrière doit se déplacer sur ce terrain de la production sociale. La question de l’organisation, de la dispersion et de l’éclatement remplace la figure de la classe ouvrière et de ses allié.e.s. L’ouvrier social des années 1975 devient la multitude. Cela paraît un diagramme abstrait. Pourtant les formes de lutte comme les objectifs retenus, les collectifs des travailleuses du soin, de chômeurs ou d’intérimaires, les grèves des Ubereat témoignent de l’actualité de cette perspective. Mais aussi de ses limites, rencontrées au moment de s’incarner politiquement. (1)

      https://justpaste.it/3t9h9

      edit « optimisme de la raison, pessimisme de la volonté », T.N.
      Ration indique des notes qui ne sont pas publiées...

      Balibar offre une toute autre lecture des apports de T.N. que celle du très recentré YMB
      https://seenthis.net/messages/1032920

      #marxisme #mouvements_sociaux #théorie #compostion_de_classe #refus_du_travail #luttes_sociales #analyse_de_la tendance #ouvrier_masse #ouvrier_social #enquête_ouvrière #production_sociale #multitude #puissance #pouvoir

    • Décider en Essaim, Toni Negri , 2004
      https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=pqBZJD5oFJY

      Toni Negri : pour la multitude, Michael Löwy
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/12/18/toni-negri

      Avec la disparition d’Antonio Negri – Toni pour les amis – la cause communiste perd un grand penseur et un combattant infatigable. Persécuté pour ses idées révolutionnaires, incarcéré en Italie pendant de longues années, Toni est devenu célèbre grâce à ses ouvrages qui se proposent, par une approche philosophique inspirée de #Spinoza et de #Marx, de contribuer à l’émancipation de la multitude

      .

    • Un congedo silenzioso, Paolo Virno
      https://ilmanifesto.it/un-congedo-silenzioso


      Toni Negri - Tano D’Amico /Archivio Manifesto

      Due anni fa, credo, telefona Toni. Sarebbe passato per Roma, mi chiede di vederci. Un’ora insieme, con Judith, in una casa vuota nei pressi di Campo de’ Fiori (un covo abbandonato, avrebbe pensato una canaglia dell’antico Pci). Non parliamo di niente o quasi, soltanto frasi che offrono un pretesto per tacere di nuovo, senza disagio.

      Ebbe luogo, in quella casa romana, un congedo puro e semplice, non dissimulato da nenie cerimoniose. Dopo anni di insulti pantagruelici e di fervorose congratulazioni per ogni tentativo di trovare la porta stretta attraverso cui potesse irrompere la lotta contro il lavoro salariato nell’epoca di un capitalismo finalmente maturo, un po’ di silenzio sbigottito non guastava. Anzi, affratellava.

      Ricordo Toni, ospite della cella 7 del reparto di massima sicurezza del carcere di Rebibbia, che piange senza ritegno perché le guardie stanno portando via in piena notte, con un «trasferimento a strappo», i suoi compagni di degnissima sventura. E lo ricordo ironico e spinoziano nel cortile del penitenziario di Palmi, durante la requisitoria cui lo sottopose un capo brigatista da operetta, che minacciava di farlo accoppare da futuri «collaboratori di giustizia» allora ancora bellicosi e intransigenti.

      Toni era un carcerato goffo, ingenuo, ignaro dei trucchi (e del cinismo) che il ruolo richiede. Fu calunniato e detestato come pochi altri nel Novecento italiano. Calunniato e detestato, in quanto marxista e comunista, dalla sinistra tutta, da riformatori e progressisti di ogni sottospecie.

      Eletto in parlamento nel 1983, chiese ai suoi colleghi deputati, in un discorso toccante, di autorizzare la prosecuzione del processo contro di lui: non voleva sottrarsi, ma confutare le accuse che gli erano state mosse dai giudici berlingueriani. Chiese anche, però, di continuare il processo a piede libero, giacché iniqua e scandalosa era diventata la carcerazione preventiva con le leggi speciali adottate negli anni precedenti.

      Inutile dire che il parlamento, aizzato dalla sinistra riformatrice, votò per il ritorno in carcere dell’imputato Negri. C’è ancora qualcuno che ha voglia di rifondare quella sinistra?

      Toni non ha mai avuto paura di strafare. Né quando intraprese un corpo a corpo con la filosofia materialista, includendo in essa più cose di quelle che sembrano stare tra cielo e terra, dal condizionale controfattuale («se tu volessi fare questo, allora le cose andrebbero altrimenti») alla segreta alleanza tra gioia e malinconia. Né quando (a metà degli anni Settanta) ritenne che l’area dell’autonomia dovesse sbrigarsi a organizzare il lavoro postfordista, imperniato sul sapere e il linguaggio, caparbiamente intermittente e flessibile.

      Il mio amico matto che voleva cambiare il mondo
      Toni non è mai stato oculato né morigerato. È stato spesso stonato, questo sì: come capita a chi accelera all’impazzata il ritmo della canzone che ha intonato, ibridandolo per giunta con il ritmo di molte altre canzoni appena orecchiate. Il suo luogo abituale sembrava a molti, anche ai più vicini, fuori luogo; per lui, il «momento giusto» (il kairòs degli antichi greci), se non aveva qualcosa di imprevedibile e di sorprendente, non era mai davvero giusto.

      Non si creda, però, che Negri fosse un bohèmien delle idee, un improvvisatore di azioni e pensieri. Rigore e metodo campeggiano nelle sue opere e nei suoi giorni. Ma in questione è il rigore con cui va soppesata l’eccezione; in questione è il metodo che si addice a tutto quel che è ma potrebbe non essere, e viceversa, a tutto quello che non è ma potrebbe essere.

      Insopportabile Toni, amico caro, non ho condiviso granché del tuo cammino. Ma non riesco a concepire l’epoca nostra, la sua ontologia o essenza direbbe Foucault, senza quel cammino, senza le deviazioni e le retromarce che l’hanno scandito. Ora un po’ di silenzio benefico, esente da qualsiasi imbarazzo, come in quella casa romana in cui andò in scena un sobrio congedo.

  • Karl Marx et les organisations ouvrières- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/10/karl-marx-et-les-organisations-ouvrieres.html

    Marx n’est pas qu’un philosophe qui se cantonne à l’abstraction conceptuelle. Marx demeure avant tout un militant révolutionnaire. La théorie doit avant tout permettre de passer à l’action. Marx intervient dans diverses organisations ouvrières. Il (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Les limites du mouvement des Gilets jaunes- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/11/les-limites-du-mouvement-des-gilets-jaunes.html

    Le mouvement des Gilets jaunes a occupé une grande partie de l’actualité et des débats politiques durant l’année 2019. Cette révolte des bas revenus a sérieusement ébranlé le pouvoir. Mais, parmi les nombreux commentaires sur les Gilets, peu (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Retour sur la révolte des Gilets jaunes- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/10/retour-sur-la-revolte-des-gilets-jaunes-8.html

    Photos de Serge d’Ignazio Le mouvement des Gilets jaunes apparaît comme la révolte sociale en France la plus importante du XXIe siècle. L’action directe et l’auto-organisation fondent la dynamique de ce mouvement incontrôlable. Mais il semble (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Sociologie du mouvement des Gilets jaunes- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/10/sociologie-du-mouvement-des-gilets-jaunes.html

    Le mouvement des Gilets jaunes est devenu un événement social et politique incontournable. Seule une immersion et une participation active à ce mouvement peut permettre de comprendre sa dynamique singulière. Le recul de l’analyse doit permettre de (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • La question algérienne en France- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/08/la-question-algerienne-en-france.html

    La Marche (2013) Identité nationale, Islam, immigration : derrière les débats qui secouent le monde médiatique la question algérienne est souvent occultée. Les enjeux qui traversent la société de l’autre rive de la méditerranée sont ignorés. (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • Le féminisme ludique de Fifi Brindacier - Chroniques critiques
    http://www.zones-subversives.com/2022/07/le-feminisme-ludique-de-fifi-brindacier.html

    La traduction française de Fifi Brindacier propose une version édulcorée et assagie. « Une anarchiste en camisole de force », ironise Christina Heldner. La narration foisonnante se réduit à un pauvre petit récit d’aventures linéaires. La version française subit de nombreuses coupes. « Et de se demander, vraiment, quel intérêt pouvaient bien avoir ces livres dont on avait censuré toute la puissance, toute la liberté, tout le plaisir », interroge Christine Aventin. L’éditeur Hachette estime que la bonne moralité doit régner sur la littérature jeunesse. Il censure les passages dans lesquels Fifi manque de respect à l’autorité, mais aussi la créativité des histoires qu’elle invente. Ce qui révèle la dimension subversive et politique de la fiction.

    Fifi est devenue un personnage incontournable avec des adaptations pour la télé, le cinéma, la comédie musicale, le jeu vidéo, le musée ou le parc d’attractions. Mais le texte original semble le plus souvent oublié. Ce qui permet de lisser les aspects transgressifs du personnage. « Déminage idéologique, transformation de la loser en outsider, et ré-insertion dans les lois du marché », déplore Christine Aventin.

    Le personnage de Fifi est créé par Astrid Lindgren dans le cadre de la « Bibliothèque rose ». Les livres destinés à la jeunesse se distinguent entre ceux réservés aux garçons et ceux qui s’adressent aux filles. Mais Fifi remet en cause ce cadre conformiste. Fifi émerge donc dans la niche culturelle la plus mineure et la moins légitime : celle de l’édition pour enfants réservée aux filles. « Choisir la créativité comme mode d’action et faire des zones les plus dominées de la culture populaire un terrain privilégié de la lutte politique », propose Christine Aventin.

    https://cdn.kobo.com/book-images/300f7dc5-6aa5-48de-aa9e-f57d0909ca22/353/569/90/False/feminispunk-1.jpg

    #féminisme #fiction #littérature #livre

  • La révolte de Katniss Everdeen- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/08/la-revolte-de-katniss-everdeen.html

    La saga Hunger Games s’est imposé comme un succès auprès de la jeunesse. Son héroïne, Katniss Everdeen, incarne la révolte contre un pouvoir autoritaire. Surtout ce récit futuriste propose une critique de la société capitaliste du XXI siècle. La (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • La philosophie de James Bond- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/08/la-philosophie-de-james-bond.html

    James Bond passe pour un valet de l’impérialisme aux idées réactionnaires. Mais une analyse plus subtile le présente comme un dandy anticonformiste qui défend des valeurs humanistes face à des puissances capitalistes. Malgré le ton léger et les (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • La défaite en chantant
    http://www.zones-subversives.com/2023/07/la-defaite-en-chantant-edito-n-56.html

    Depuis son élection à la tête de la CGT, Sophie Binet multiplie les interventions médiatiques. L’ancienne bureaucrate étudiante de l’Unef est saluée pour sa fraîcheur et son renouveau. La chef de la CGT se confie notamment sur le bilan du dernier mouvement social sur les retraites. Il faut reconnaître à Sophie Binet le talent d’adopter le ton de la sincérité voire même de la modestie. Elle reconnaît volontiers la faible implantation syndicale en dehors de quelques bastions hérités du siècle dernier. Mais reconnaître les limites de la CGT permet avant tout de justifier la défaite. Défaite... le mot est rarement prononcé. Deux ans de plus pour un taf de merde payé des miettes : voilà le seul résultat concret obtenu par une intersyndicale supposée responsable et pragmatique.

    Sophie Binet préfère voir le verre à moitié plein. La bataille de l’opinion a été remportée de manière écrasante et un mouvement de masse a émergé. Mais pour quels résultats ? La question reste rarement posée. Même dans les médias pseudo alternatifs qui cuisinent Sophie Binet avec la férocité d’un journaliste de France Inter face à un membre du gouvernement. La CGT communique notamment sur les adhésions en masse. Sans doute pour préparer des défaites encore plus massives. Pour la CGT, il n’y a pas eu une défaite humiliante. Il y a simplement un méchant Macron qui bafoue tous les droits et méprise l’opinion. Difficile de dire le contraire. Mais trop facile de s’arrêter à cet aspect.

    Le mouvement contre la réforme des retraites n’a pas été un véritable mouvement social. Il n’y avait pas de grèves reconductibles qui permettent de briser la routine du travail pour créer de la solidarité de classe. C’était un mouvement d’opinion porté par des fonctionnaires en pré-retraites. Mais aucun débordement ne s’observe. Les actions de blocage sont portées par la CGT et visent davantage à soutenir des secteurs syndiqués plutôt qu’à élargir la lutte. Les militants autonomes et même le résidu de Gilets jaunes n’ont pas été capables d’impulser des blocages de sites de production qui permettent d’attaquer le profit d’une entreprise et de mettre en actions ses salariés.

    Mais il faut retenir de ce mouvement la sagesse de Laurent Berger. Si le pouvoir refuse de dialoguer avec des bureaucrates syndicaux prêts au moindre compromis, c’est la faillite du modèle démocratique. Les médias prétendent et espèrent que cette situation va profiter à Le Pen et à sa boutique fasciste. Mais le chef de la CFDT, qui a le mérite de la lucidité, confie redouter des révoltes plus sauvages et spontanées en dehors d’un encadrement syndical.

    Les manifs de nuit qui ont éclaté après le 49.3 apparaissent comme la véritable nouveauté. Des jeunes se rassemblent, se rencontrent, se réapproprient l’espace urbain pour en faire un terrain de jeu. Les aspects ludiques se confondent avec la joie d’en découdre avec une police comme incarnation de l’État. Ces manifs sauvages préfigurent la révolte qui a éclaté après la mort de Nahel. Certes, ce mouvement apparaît comme plus éphémère et spontané que la mobilisation syndicale. Mais quelques nuits d’émeutes ont suffit pour déstabiliser davantage le pouvoir qu’en plusieurs mois de manifestations syndicales.

    L’attitude de la gauche face à ce véritable mouvement social s’est, une fois de plus, révélée lamentable. Dans le meilleur des cas, la gauche reprend le discours victimaire de la police qui malmène les "racisé.e.s". Mais ce discours s’accompagne d’un jugement moral sur une jeunesse supposée depolitisée qui ne s’attaquerait pas aux bonnes cibles. "Or, la révolte ne manque pas d’objectifs : comicos, mairies, prisons, casernes, boutiques, écoles. Tout ça, on aimerait suggérer à celles et ceux qui qualifient cette révolte de « nihiliste », que ça dessine une cohérence...",souligne un texte lucide : https://paris-luttes.info/quelques-remarques-sur-la-revolte-17253 Ce qui nous rappelle que la gauche se compose avant tout de profs et de travailleurs sociaux qui jouent un rôle d’encadrement des pauvres et de contrôle social.

    Même si cette révolte ne doit pas être idéalisée. Elle ne va pas laisser de traces immédiates. Les émeutes ne débouchent pas vers des luttes pour empêcher des expulsions locatives par exemple. Surtout, les manifestations n’ont pas duré. Mais la dimension éphémère et spontanée de ce moment insurrectionnel fait aussi sa force. Les commerçants et les politiciens savent que la braise n’a pas eu le temps de s’éteindre. La bourgeoisie craint de rallumer l’incendie. Il semble désormais important de s’organiser face à la police, mais aussi face aux bailleurs qui expulsent et aux patrons qui exploitent. Il devient indispensable de tisser une solidarité pour relever la tête et ne plus se laisser faire.

  • 🔴 Comment une ancienne dirigeante de la CGT a-t-elle pu être nommée préfète par Macron ? 🙃 😆

    Maryline Poulain, ancienne membre de la direction confédérale de la CGT et référente du travail en direction des travailleurs migrants, vient d’être nommée préfète déléguée à l’égalité des chances auprès de la préfète de la région Grand Est, préfète de la zone de défense et de sécurité Est, préfète du Bas-Rhin, par Emmanuel Macron, sous conseil du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (...) L’ancienne syndicaliste a répondu très favorablement à cette nomination, en expliquant être « très fière et honorée » et en n’oubliant pas de remercier chaleureusement Macron, Borne et Darmanin pour cette place offerte en tant que haute-fonctionnaire de l’appareil d’État (...)

    #CGT #Maryline_Poulain #préfecture #Darmanin #macronie #nomination #BasRhin #bureaucratie #collaborationdeclasse #pouvoir #étatisme... 🤑 💩

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    > Décret du 13 juillet 2023 portant nomination de la préfète déléguée pour l’égalité des chances auprès de la préfète de la région Grand Est, préfète de la zone de défense et de sécurité Est, préfète du Bas-Rhin - Mme POULAIN (Marilyne)

    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047836698

    🔴 ▶️ " ...elle garde avec le #PCF et avec la centrale cégétiste des liens privilégiés. Fabien #Roussel, qu’elle apprécie beaucoup, l’a chaleureusement complimentée pour sa promotion... "


    https://www.dna.fr/politique/2023/07/20/la-cegetiste-marilyne-poulain-nommee-prefete-a-l-egalite-des-chances-dans-le-bas

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    ⏩ Lire l’article complet (via le site trotskyste et très orthodoxe « RP ») :

    ▶️ https://www.revolutionpermanente.fr/Comment-une-ancienne-dirigeante-de-la-CGT-a-t-elle-pu-etre-nomm

  • Le théâtre et les luttes sociales- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/07/le-theatre-et-les-luttes-sociales.html

    Un nouveau théâtre politique ressurgit depuis le début du XXIe siècle. Auparavant, les années 1980 imposent une restauration esthétique qui vise à la dépolitisation de l’art. Les spectacles participent alors à la reproduction des idéologies (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo

  • L’aventure de Socialisme ou barbarie- Zones subversives
    http://www.zones-subversives.com/2023/07/l-aventure-du-groupe-socialisme-ou-barbarie.html

    Le groupe Socialisme ou Barbarie reste connu pour sa critique de l’URSS comme capitalisme bureaucratique. Néanmoins, il regroupe surtout des militants révolutionnaires attachés à l’auto-organisation des luttes. L’émergence de structures autonomes de (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo