« Vie sauvage » : à la marge

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  • Vie Sauvage de Cédric Kahn avec Mathieu Kassovitz, l’histoire de la #famille Fortin | Cinematraque
    http://www.cinematraque.com/2014/10/vie-sauvage-un-derapage-nauseabond/#

    Car, en fin de compte, l’histoire que raconte Kahn n’est pas si différente de la #narration des faits divers qui ont eu la faveur des journaux télévisées ces derniers mois. Rappelez-vous, il s’agissait de ces pères auxquels les institutions avaient décidé de retirer la garde de leurs enfants, au profit de ces mères à qui la justice donne tous les droits ; ces braves papas capables de prendre d’assaut des grues de chantier pour crier au monde leur désespoir. À la télévision, comme dans Vie Sauvage, les #femmes ne font que de la figuration, et l’homme est présenté comme victime du #système. Or, ces actions concertées étaient inspirées, voire mise en place, par des collectifs #masculinistes, dont les partisans théorisent une société où les droits des hommes seraient menacés par la toute-puissance des femmes. Un mouvement qui s’impose de plus en plus, à l’image d’autres forces #réactionnaires, pour faire face aux maigres victoires des #féministes à travers le monde. Cette ambivalence du #film, et la gêne qui s’en dégage, semblent avoir été au cœur de discussions avec la scénariste, mais l’on peut également se demander si elle n’est pas à l’origine du refus de Kassovitz d’assurer la promotion du film.

    • Dommage que le cinéaste n’ait pas su maîtriser l’aspect idéologique de son film, car il illustre, en filigrane et avec brio, la difficulté de s’opposer à la marche du monde et de construire d’autres modes de vie que celui imposé par l’idéologie capitaliste. Ainsi, tout part de la réaction d’une mère qui, avec le temps, ne supporte plus le quotidien qu’elle avait pourtant choisi. Vivre en marge exige des sacrifices, que le temps se charge de rendre difficilement supportables. La douceur d’une vie « confortable » que propose la société de consommation est évidemment séduisante. Mais ce que montre très bien Kahn, c’est que l’idéologie consumériste a parasité depuis longtemps l’utopie communautaire et la notion même de marginalité. Si le fait de vivre en symbiose avec la nature peut exercer un pouvoir de fascination sur les enfants, le temps, pour eux aussi, fait son travail. Une fois adolescents, les élans du cœur, l’envie de plaire, les forcent à prêter allégeance à ce que combat leur père. De la même manière, la bulle que se fabriquent les camarades de Paco, singeant le fantasme qu’ils se font du mode de vie des amérindiens, ne résiste pas aux mensonges et à la jalousie, ni même aux institutions. Ainsi, un jeune homme reprochera à Paco de ne pas mettre ses enfants à l’école, pourtant premier symbole du formatage du « système ». Tout aussi intéressante est la façon dont le cinéaste confronte l’évolution des expériences communautaires. À celle, pacifiste, d’inspiration soixante-huitarde, s’oppose celle aujourd’hui pratiquée par les zonards, autrement appelés « punks à chien », chez qui la violence fait partie du dialogue social. Deux utopies communautaires qui ne peuvent s’assimiler et s’opposeront probablement toujours. Une réflexion pessimiste, mais intelligente, qui ne rachète pas malheureusement les principaux défauts du film.