• Pour des raisons contemporaines de recherche, je me vois plongées dans l’#histoire_suisse... et alors, vu que j’ai fait le boulot de transcription (sélective) de cette vidéo, je la partage ici, qui sait, peut-être quelqu’un pourra s’en servir un jour...

    Le #réduit_national (vidéo de 1965)

    http://www.rts.ch/archives/tv/information/3448207-le-reduit-national.html

    Interview avec le colonel-brigadier et dirigeant d’« Armée et Foyer » Emile Privat :
    – journaliste : "Ceci nous amène à une grande idée qu’il faut que nous rappelions ici, que l’on vous doit et dont tout le peuple vous est reconnaissant. C’est le système de défense nouveau que vous avez introduit depuis la frontière jusqu’au coeur du pays pour défendre toute notre population avec le maximum de chances possibles, c’est-à-dire le Réduit national. (...) Est-ce que vous pouvez nous parler du rapport du Rütli ?"
    – Privat : "Tirant la conclusion de ce que la Suisse se trouvait pour la première fois entourée sur l’ensemble de ses frontières par un seul groupe de belligérants, le Général Guisan a décidé de commencer la défense à la frontière avec de faibles effectifs, ensuite, sur le plateau, à l’intérieur, avec des effectifs plus étoffés et finalement, avoir le gros de l’armée dans les Alpes, dans la partie du territoire la plus difficile à s’emparer. Donner l’impression à celui qu’on appelait l’agresseur éventuel que finalement il ne parviendrait pas à s’emparer du territoire car il resterait au minimum un certain nombre de kilomètres carrés indépendants.

    Colonel-commandant Robert Frick : "Cette idée du Réduit national n’était pas née au moment où la situation est devenue ce que nous savons d’encerclement complet du pays. Elle était plus ou moins prévue après la marche rapide des armées allemandes en France et on est retournés à une solution maintes fois que dans les stratégies précédentes avaient été envisagées. Nous étions incontestablement, cette fois, dans l’obligation de prendre cette décision et pas une seule autre. J’aimerais souligner combien cette décision a été pour le Général pénible, dramatique, presque tragique. Il nous fallait prendre une décision qui permette non pas de défendre toutes les frontières et chaque mètre de terrain à l’intérieur du pays depuis la frontière jusqu’à vers l’intérieur. Il fallait à ce que moment-là chercher à conserver un morceau du sol national où le gouvernement, le commandement et les éléments essentiels de la nation puissent résister longtemps, jusqu’au moment où, peut-être, une table de conférence permette de retrouver tout le pays et la partie abandonnée. Cette décision fut lourde, très lourde, et c’est bien la raison pour laquelle le Général a décidé de la communiquer personnellement à tous les commandants de régiments et de bataillons qu’il a réunis au Rütli. Il voulait leur expliquer, parce qu’il en était besoin, pourquoi nous allions en fait non pas renoncer de propos délibéré, mais assez rapidement dans l’évolution de la bataille, à la partie essentielle du pays : toutes les grandes villes du plateau, la grande majorité des industries, la plus grande partie de la population, tout était là et il n’était pas question de prendre le tout dans le Réduit, parce qu’on n’aurait pas pu le garder de cette façon-là. Le rapport du Rütli a servi militairement beaucoup, par les chefs qui s’y sont trouvés, l’armée a été orientée et les soldats dans leur majorité, ont compris. En revanche, le pays, lui, comprenait moins bien. Vous ne pouvez pas faire comprendre à un Argovien, à un Fribourgeois du plateau ou à un Bernois du plateau ou à un Vaudois du plateau que l’armée va passer là au travers en abandonnant assez rapidement la bataille et en abandonnant aussi les populations à l’adversaire. Ce sont des choses extrêmement pénibles, et le Général, homme de ce pays comme il l’était, ne pouvait pas prendre une telle décision avec facilité. Il l’a prise, il l’a tenue, et nous aurions pu, si les circonstances avaient été telles, y résister très longuement. Et ainsi, s’y justifiait la pénible décision du militaire Guisan qui était tellement contre le citoyen Guisan"

    #Suisse #WWII #Deuxième_guerre_mondiale #stratégie_militaire #rapport_du_Rütli (1940) #Général_Guisan #Alpes