« L’origine des problèmes aujourd’hui réside dans le dogme de la croissance économique »

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    _Ce mardi 4 novembre, Arte diffuse à 20h50 « Sacrée croissance ! » , le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin . Rencontre avec une journaliste, une réalisatrice et une écrivaine engagée._

    (...) Des alternatives au modèle capitaliste existent depuis les années 1960, voire avant. En quoi les alternatives actuelles sont-elles porteuses d’un changement systémique ?

    Il y a une différence très claire. Ceux qui se sont engagés dans des mouvements alternatifs après Mai 68 contestaient la société de consommation en recherchant une manière de vivre différente, hédoniste, et ils allaient pour cela vivre en Ardèche ou ailleurs dans une démarche, la plupart du temps, personnelle. Aujourd’hui, ceux qui sont impliqués dans des alternatives ont intégré les limites du système que j’ai citées, ils ont conscience des enjeux planétaires et ils recherchent collectivement des solutions, par exemple en reprenant en main la production alimentaire, comme à Toronto et à Rosario (en Argentine), en relocalisant la production énergétique, comme au Danemark et au Népal, ou en créant des monnaies locales, comme à Fortaleza (au Brésil) et en Allemagne. Un mot revient sans cesse à travers ces initiatives, c’est « résilience ». C’est le nouveau concept économique dont nous avons besoin.

    Comment le définissez-vous ?

    C’est la capacité à encaisser les chocs, car il faut admettre qu’il y en aura de plus en plus même si ce n’est pas facile à accepter. D’ailleurs, on est déjà dans la tourmente. Or plus on anticipera les chocs, comme le réchauffement climatique, et moins ils seront violents. Autrement dit, la résilience, c’est la recherche de l’autonomie en réduisant son empreinte écologique. Dennis Meadows [physicien américain et co-auteur du célèbre rapport Halte à la croissance ? en 1972, NDLR] l’explique très bien dans le film, c’est une démarche qui consiste à se dire : qu’est-ce que je peux faire à mon niveau pour éviter de rejeter du CO2 ? Comment je peux faire dans la vie de tous les jours ? Et cette réflexion est généralisable à l’échelle d’une famille, d’une usine, d’une région, etc. La bonne nouvelle, c’est que toutes les personnes que j’ai rencontrées et qui se sont engagées sur cette voie créent des liens entre elles et elles se portent bien, et même mieux qu’avant.(...)