A vous faire haïr encore plus les critiques musicaux snobs, arrogant·e·s, imbu·e·s, élitistes. Ils·elles sont destructeurs·trices. Ils peuvent toujours bousiller, c’est facile quand eux ne savent globalement rien faire de leurs dix doigts à part démolir en écrivant à la suite les uns des autres les mots qui tuent. La critique de la journaliste du WP est de ce niveau et c’est crasseux.
Il se trouvent que par le plus grand des hasards, j’ai des enregistremens de Dejan Lazic, non pas parce que c’est lui, mais parce qu’il joue un répertoire que j’adore : Brahms et Schubert en particulier, Scarlatti et quelques belles pièces de Rachmaninoff.
Ce pianiste joue avec une belle sensibilité, prend des tempos plus lents que les autres pianistes en général, de sorte qu’on entend bien les richesses harmoniques et toutes les voix mélodiques y compris celles qu’on n’imaginait pas exister dans ces morceaux qu’on a entendu des centaines de fois. Il joue plus doux , léger, simple. Pas de fioriture, il ne crâne pas. Son jeu est humble et réfléchi et c’est assez rare. C’est peut-être ce qui n’a pas plus à madame la critique qui doit aimer les trucs qui explosent et qui en foutent plein la vue. Je sais pas.
J’ai un fichier de lui dans la sonate en si de Schubert. Une oeuvre merveilleuse techniquement pas très difficile (j’en ai joué deux mouvements ;) ), mais c’est très long. Sa vision de l’oeuvre de schubert est asez proche de ce que le compositeur semblait vouloir pour sa musique (cf. sa biographie par Brigitte Massin, 1 000 pages qui se lisent comme un roman passionnant) : une approche modeste, modeste, et modeste. Il y a une certain forme de minimalisme dans l’oeuvre de schubert, formidable mélodiste, et paradoxalement une richesse harmonique avec des passages harmoniques invraissemblables (on est au début du XIXe siècle...). Et il se trouve que Dejan Lazic a parfaitement bien compris cela et que son interprétation de la sonate en si de Schubert est ce que j’ai entendu de plus beau, de plus profond depuis très très longtemps.
Au début du siècle, un critique se plaignait que la musique de Schubert était chiante parce que c’était toujours très répétitif et que du coup on s’endormait. On lui aurait répondu : « qu’importe si on s’endort, si en se réveillant, on se retrouve au Paradis »..
▻http://www.dejanlazic.com
Un pianiste à connaître et à aimer.