Bon, il y a un peu de triche - une tête en phase de ré-entrée atmosphérique, un spot laser en plus ça ne lui fera ni chaud ni froid... Mais par contre en phase ascendante le propulseur est très vulnérable - ses parois latérales sont fines et ne sont absolument pas conçues pour encaisser quelque contrainte autre que la poussée verticale. La validation du concept a eu lieu en 1985 lorsque le « Mid-Infrared Advanced Chemical Laser » a détruit un premier étage d’un Titan monté sur un banc d’essai simulant les contraintes en phase de poussée... J’exagère donc un peu en parlant d’années 80 - à cette époque c’était hautement expérimental et on voyait surtout des lasers dans les vues d’artiste de la SDI. En 83 un Boeing NKC-135 gréé avec un laser à CO2 a abattu un AIM-9L Sidewinder - on s’amusait bien en labo.
En 1991, après avoir bien galéré à chasser le Scud sauvage dans le désert Irakien, les Américains se sont rappelé de l’existence de tout ça et se sont dit qu’il serait temps de le packager en quelque chose d’opérationnel pour la prochaine fois que quelqu’un les menace avec des missiles balistiques... C’est le programme Boeing YAL-1 : ▻http://en.wikipedia.org/wiki/Boeing_YAL-1 - premier vol en 2001, retraite en 2012 - il a permis de beaucoup apprendre au sujet de l’intégration d’un laser sur une plate-forme aérienne et confirmer la faisabilité de la destruction au laser d’un missile balistique en phase d’ascension par un avion en patrouille à bonne distance mais la conclusion en a encore une fois été que ce n’est pas mûr pour un usage opérationnel, entre autres à cause de la puissance insuffisante des lasers disponibles.
Les années 80, c’était aussi l’époque de la fin du programme de laser anti-satellite des Russes - moins avancé que ne le craignaient les Américains qui y fantasmaient le grand méchant équivalent du ’missile gap’ de la fin des années 50. Conçu pour détruire des satellites, ses problèmes de guidage et la puissance insuffisante des lasers testés ne lui ont permis que d’être capable de dégrader les optiques orbitales. Cf. ▻http://www.nytimes.com/1989/08/19/opinion/the-myth-of-the-soviet-killer-laser.html pour le moment de la prise de conscience de l’erreur de jugement monumentale.
Au sujet du coût, ▻http://www.nationaldefensemagazine.org/archive/2001/September/Pages/Directed-Energy6955.aspx donnait en 2001 le coût d’un tir de laser chimique de champ de bataille à 8k USD (déjà un progrès stellaire par rapport au coût d’un missile) et explique que les lasers tout-éléctriques abaissent ce coût à un niveau insignifiant.