Comment les scientifiques produisent des fantômes

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  • Une proposition d’explication scientifique sur les sensations de présence fantomatique par la mise en cause de facteur neurologiques.

    L’article de présentation par l’équipe de recherche :
    http://actu.epfl.ch/news/des-neuroscientifiques-reveillent-les-fantomes-dan

    Article grand public du journal Le Monde
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/06/comment-les-scientifiques-produisent-des-fantomes_4519780_1650684.html

    L’article scientifique publié
    http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822%2814%2901212-3

  • Comment les scientifiques produisent des fantômes
    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/06/comment-les-scientifiques-produisent-des-fantomes_4519780_1650684.html

    Les neurologues de l’EPFL ont donc émis l’hypothèse que ce sentiment de présence relevait d’une difficulté à conjuguer ces différents sens pour établir une perception « cohérente et unitaire de notre propre corps ». Pour s’en assurer, ils sont allés voir leurs collègues du département de robotique. Ensemble, ils ont conçu un appareil capable de produire de la discordance temporelle et spatiale. Les yeux bandés, le sujet de l’expérience tend son bras puis le déplace devant son corps, le doigt dans un capteur. Derrière lui, un robot reproduit ces mouvements en lui touchant le dos. « Pour le cerveau, il y a un conflit spatial, explique Olaf Blanke, directeur du centre de neuroprothèses de l’EPFL et premier signataire de l’article. Un mouvement effectué devant soi ne doit pas se traduire par une sensation dans le dos. Mais ce conflit, il le résout. » Les sujets sains ont ainsi affirmé avoir éprouvé le curieux sentiment de se toucher eux-mêmes le dos. Faux dans la réalité, mais cohérent.

    Les chercheurs ont ensuite ajouté une discordance temporelle. Cette fois, le robot reproduisait les mouvements avec un décalage d’une demi-seconde. Dans ces conditions asynchrones, plusieurs sujets ont eu l’impression que ce n’était ni eux-mêmes, ni le robot qui leur titillait le dos mais une autre, voire plusieurs autres personnes.
    (…)
    Giulio Rognini, du département de neurosciences cognitives de l’EPFL, décrypte le résultat : « Notre cerveau possède plusieurs représentations de notre corps. Dans des conditions normales, il est capable de les rassembler en une perception unitaire de nous-même. Mais lorsque le système dysfonctionne, par maladie ou robot, une deuxième représentation de notre corps est parfois induite et n’est pas ressentie comme “moi” mais comme autrui, comme une présence. »

    La vidéo
    http://www.youtube.com/watch?v=GnusbO8QjbE

    Le résumé de l’article
    Neurological and Robot-Controlled Induction of an Apparition : Current Biology
    http://www.cell.com/current-biology/abstract/S0960-9822(14)01212-3

    Tales of ghosts, wraiths, and other apparitions have been reported in virtually all cultures. The strange sensation that somebody is nearby when no one is actually present and cannot be seen (feeling of a presence, FoP) is a fascinating feat of the human mind, and this apparition is often covered in the literature of divinity, occultism, and fiction. Although it is described by neurological and psychiatric patients and healthy individuals in different situations, it is not yet understood how the phenomenon is triggered by the brain. Here, we performed lesion analysis in neurological FoP patients, supported by an analysis of associated neurological deficits. Our data show that the FoP is an illusory own-body perception with well-defined characteristics that is associated with sensorimotor loss and caused by lesions in three distinct brain regions: temporoparietal, insular, and especially frontoparietal cortex. Based on these data and recent experimental advances of multisensory own-body illusions, we designed a master-slave robotic system that generated specific sensorimotor conflicts and enabled us to induce the FoP and related illusory own-body perceptions experimentally in normal participants. These data show that the illusion of feeling another person nearby is caused by misperceiving the source and identity of sensorimotor (tactile, proprioceptive, and motor) signals of one’s own body. Our findings reveal the neural mechanisms of the FoP, highlight the subtle balance of brain mechanisms that generate the experience of “self” and “other,” and advance the understanding of the brain mechanisms responsible for hallucinations in schizophrenia.