la faute des gendarmes, le mensonge de l’Etat

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  • Révélations sur les conversations des #gendarmes lors de la mort de Rémi #Fraisse
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/11/12/revelations-sur-les-conversations-des-gendarmes-lors-de-la-mort-de-remi-frai

    L’enquête sur la mort de Rémi Fraisse, le jeune #manifestant de 21 ans, tué par une #grenade_offensive lancée par un gendarme lors des affrontements entre des opposants au projet de barrage de #Sivens (Tarn) et des #militaires, dans la nuit du 25 au 26 octobre, se révèle de plus en plus embarrassante pour les autorités.

    Selon des informations du Monde, les gendarmes ont tout de suite eu conscience de la gravité de la situation face à laquelle ils se trouvaient. C’est ce que révèle un procès-verbal daté du 29 octobre auquel nous avons eu accès, qui retranscrit les conversations des militaires sur place, enregistrées par la caméra d’un gendarme qui filme les affrontements.

    Lors de cette nuit, les militaires, équipés de jumelles à vision nocturne, voient un manifestant s’effondrer juste après le jet d’une grenade offensive, entre 1 h 40 et 1 h 50 du matin. A 1 h 53, un militaire ordonne : « Stop pour les F4 ! Il est là-bas le mec. OK, pour l’instant, on le laisse. » Les F4 désignent les grenades #lacrymogènes instantanées (GLI), dont l’usage a été aussi suspendu depuis par Beauvau.

    « IL EST DÉCÉDÉ LE MEC ! LÀ, C’EST VACHEMENT GRAVE »

    Au milieu des cris, un autre gendarme tente de se rassurer : « C’est bon, il va se relever ! Il va se relever, c’est bon ! » Rémi Fraisse ne se relève pas. Sept minutes passent. A 2 heures, « On y va ! », un peloton fait une sortie pour récupérer le blessé. Sur procès-verbal, les enquêteurs de la section de recherches de Toulouse relèvent alors que le chef de l’unité demande à un de ses hommes « de soutenir ceux qui sont allés chercher le manifestant », sans préciser en quoi cela consiste.

    Les militaires ramènent le corps inerte de Rémi Fraisse. « Il respire ou quoi ? », s’inquiète le supérieur. L’infirmier de l’escadron tente alors les gestes de premiers secours. A 2 h 03, un gendarme s’écrie : « Il est décédé, le mec ! Là, c’est vachement grave… Faut pas qu’ils le sachent ! »

    Cette dernière phrase prononcée dans le feu de l’action vise les manifestants, selon la thèse avancée par le service de #communication_de_la_gendarmerie, contacté mardi 11 novembre. « Il fallait éviter que ceux qui agressaient les gendarmes ne redoublent d’ardeurs en apprenant la mort de Rémi Fraisse. » En aucun cas, affirme-t-on, il ne s’agirait d’une volonté d’étouffer l’affaire, la gendarmerie avançant pour preuve que le #parquet a été avisé dans les minutes suivantes et une enquête judiciaire diligentée dans l’heure.

    Les rentranscriptions des conversations des gendarmes au moment du décès de Rémi Fraisse jettent cependant une nouvelle ombre dans un dossier où les autorités ont – au minimum – failli dans leur communication. Le ministre de l’intérieur, #Bernard_Cazeneuve, a notamment été critiqué pour être resté silencieux pendant plus de quarante-huit heures.

    Un article de médiapart retraçant la chronologie des faits démontrait déjà que l’on avait bien affaire une politique délibérée d’#occultation des faits (premiers constats médicaux sur le corps deux heures après concluant à l’effet dune grenade, etc)
    http://seenthis.net/messages/309739

    #parole_de_flic #mensonge_d'état

  • Intouchables #gendarmes, par Cyril Lemieux - Libération
    http://www.liberation.fr/chroniques/2014/11/07/intouchables-gendarmes_1138764

    De ce point de vue, l’attitude de Manuel #Valls a de quoi rassurer les forces de l’ordre. Ses propos, comme la très forte probabilité que l’enquête en cours n’aboutira à aucune poursuite pénale, leur démontrent que l’Etat contribue à placer quasi exclusivement du côté des professionnels qu’ils sont, et non pas du côté des profanes qu’ils administrent, le pouvoir de définir ce que sont les erreurs qu’eux-mêmes peuvent commettre. L’objectif - permettre aux forces de l’ordre de travailler sereinement - semble être atteint. Cependant, c’est au prix d’un message assez étrange adressé à la population. Un message qu’on pourrait formuler ainsi : « Il est vrai que les gens chargés de votre sécurité peuvent porter atteinte à votre intégrité physique et même, vous ôter la vie, ou l’ôter à votre enfant ou à l’un de vos proches. Mais cela ne veut pas dire qu’ils commettent ce faisant une erreur. Sachez en tout cas que vous n’êtes pas les mieux placés pour savoir s’ils en commettent vraiment une ». Pas sûr qu’un tel message contribue à créer, entre les forces de l’ordre et la population, un climat aussi serein que ça.

    #impunité #état

    • La tribune de Cyril Lemieux date probablement d’avant la sortie du papier de Mediapart (http://seenthis.net/messages/309739) établissant avec précision la chronologie : mort de Fraisse, au vu et au su des gendarmes responsables (qui ne l’ont pas pas « trouvé dans la forêt », contrairement à ce que l’on nous a raconté), premières et rapides constatations médicales, fausses déclarations initiales du procureur et de deux ministres (faut enquêter, la vérité viendra, etc).
      Autant de signaux du fumée, de falsifications et de manœuvres dilatoires qui ont été assez assez efficaces pour masquer en partie les responsabilités et émonder - provisoirement ? - l’émotion populaire.

      Quant à ce centrement de l’article sur la définition de l’"erreur" par ses acteurs eux mêmes, c’est faire accroire à la possibilité d’une police régulée, correcte, plus professionnelle, etc. Mais pour l’heure, les « comités d’usagers de cette institution » qui viennent en contrebalancer la propagande, les énoncés, ce sont les famille et amis de victimes, les asso et collectifs qui s’opposent à la police et à son monde.

      Cazeneuve déclarant « ce n’est pas une bavure » le dit pour couvrir les troupes. Il est néanmoins plus proche du vrai que notre sociologue.

      Les tribunes de presse servent souvent d’alibi à des organes ultra #doxiques et donnent le plus souvent l’impression (comme ce fut le ças de celle de Morin dans Le monde, sur le même thème avec ses « saboteurs idiots », http://seenthis.net/messages/308811) qu’on ne présente un point de vue critique que si il charrie avec lui ce qu’il faut de légitimation de l’existant ou des fables qui se racontent à sont sujet. Ersatz de pluralisme.

      #flics_porcs_assassins