Philae : les observations à la surface de la comète sont « une très grosse surprise »
▻http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/11/13/philae-peut-transmettre-des-informations-tant-qu-il-dispose-de-puissance_452
JeanB : Les intruments de Rosetta et/ou Philae sont-ils capables de mesurer le rapport deutérium/hydrogène, très important pour comprendre l’origine des océans terrestres ?
Philippe Lamy : Tout à fait. La signature de l’origine de l’eau se fait par le rapport deutérium/hydrogène, qui a déjà été mesuré par l’instrument Rosina sur l’orbiteur Rosetta. Le deutérium est un isotope de l’hydrogène qui a été créé à l’époque du Big Bang. Le résultat est connu, mais sous « embargo » par l’équipe de Rosina. Une première série de publications devrait sortir dans quelques semaines dans la revue Science.
(…)
Matthieu : Parmi les missions de Philae, quelles sont celles qui risquent d’être compromises ?
Philippe Lamy : Je ne pense pas que des mesures seront compromises pour des questions de piles. La capacité de la pile a été dimensionnée pour que l’ensemble des instruments puissent fonctionner au moins une fois. Si tout se passe bien, le programme initial où tous les instruments effectuent leurs mesures devrait se dérouler normalement.
Beaucoup de mesures sont purement passives : température, mesures physiques, et peuvent être effectuées sans risques. Mais le système de forage est-il capable de fonctionner sans ancrage, là est la question. Mais ce sera tenté.
L’objectif minimal est pratiquement atteint…
Le baroud d’honneur de Philae
▻http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/11/14/01008-20141114ARTFIG00300-le-baroud-d-honneur-de-philae.php
En cas de succès du forage, la poussière récoltée devait être vaporisée puis analysée par l’instrument COSAC chargé d’identifier la nature des molécules organiques qui recouvrent la comète. Ce sont ces molécules qui pourraient avoir ensemencé les océans avec les briques élémentaires indispensables à l’apparition de la vie lors des grands bombardements cométaires vécus par la Terre primitive.
« Nous avons sacrifié l’analyse par l’instrument Ptolémée : nous n’avions pas le temps de prendre deux échantillons », a regretté Philippe Gaudon. L’analyseur de gaz, plus gourmand en énergie que Cosac, se contentera des quelques bouffées d’air cométaire « respirées » au sol et pendant la descente.
S’ils n’auront pas donné leur pleine mesure, pris par le temps, tous les instruments de Philae auront alors fonctionné au moins une fois. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la sonde-marteau de l’instrument MUPUS a tenté de s’enfoncer dans le sol pour analyser les proprités thermiques, électriques et mécaniques du sol. La même nuit, l’analyseur APXS a lui aussi été déployé pour essayer de déterminer la composition élémentaire du sol. « Nous avons reçu les données, mais elles sont en cours d’analyse, prévenait vendredi Philippe Gaudon. Nous ne sommes pas encore sûrs que tout a bien fonctionné ». Les autres instruments, SESAME (acoustique), ROLIS (images du sol), ROMAP (champ magnétique et plasma), CIVA (images panoramiques) et CONSERT (structure interne) ont chacun pu mener une séquence d’observation à son terme.