Berlin 1989, le jeune homme et le mur
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« We can be heroes, just for one day » / « Nous pouvons être des héros, juste pour une journée ». Il est des chansons qui ouvrent des horizons. Surtout quand on a 24 ans, qu’on n’arrive pas à garder un boulot et qu’à vrai dire on ne sait pas trop quoi faire de sa vie. L’hymne berlinois de David Bowie en tête et deux valises sous le bras, Thierry Noir décide, au début de l’année 1982, d’aller tenter sa chance là-bas, à Berlin. Vue de Lyon, c’est la ville où « tout » se passe : c’est l’époque de la NDW, la Neue Deutsche Welle (la « Nouvelle vague allemande »), et la scène punk y est en effervescence. Et puis il y a ce mouvement des squatteurs dont les affrontements avec la police passent en boucle aux informations. Celui qui, petit, rêvait de devenir pirate est fasciné par ce climat contestataire et ce bouillonnement artistique alternatif. Tout le conforte dans son attirance pour Berlin : Iggy Pop et David Bowie ne viennent-ils pas de vivre là-bas quelques années d’émulation créatrice intense ?
Je suis allée à Berlin la première fois en 1986, une gamine. Un de mes associés de l’époque était membre de Peuple et culture et m’avait proposé ce séjour d’une semaine à la thématique alléchante, les murs peints. C’était la grande époque des fresques murales, timidement inaugurées en France. A Berlin ouest, cela revêtait un caractère particulier, les bâtiments (des squats pour la plupart) voués à la démolition bénéficiaient d’un statut particulier dès lors qu’une fresque murale y était peinte.
Nous étions partis à cinq en 504 break par un froid exceptionnel pour la France, les températures entre Le Mans et Berlin variaient entre -10 et -20 ! Voyage épique. Nous avions rencontrés deux français qui œuvraient sur le mur de la honte, peut-être le jeune homme de l’article, je ne me souviens pas. Je me souviens avoir rencontré un collectif de graphistes installés dans un bâtiment en briquettes réhabilité en logements et ateliers d’artistes avec des verrières magnifiques. Durant ce séjour, notre guide nous avait expliqué que l’argent arrivait à flot de l’ouest pour maintenir l’effervescence d’une ville dynamique dans l’enclave ouest allemande.
Nous avons tenté une incursion à l’est pour voir ce qu’il s’y passait en prenant le métro (j’ai toujours ma carte) mais nous n’avons rien vu.
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Nous sommes repartis de nuit. Des kilomètres d’autoroutes bordés de grillages. Nous avons pris de l’essence dans une station de la RDA, sobre. Et sans wc. On s’est arrêté un peu plus loin pour satisfaire mon envie de pipi dans la neige mais une voiture de police a rappliqué dans les trente secondes, plein phare sur mes fesses à l’air. J’étais furax et intimidée. Foutu pays !
J’y suis retourné deux ans plus tard dans le même cadre sauf qu’il s’agissait de cinéma. Je n’étais pas directement concernée mais bon. On était logés dans d’anciens studios, peut-être @klaus pourra m’aider à savoir lesquels, transformés en école du cirque, café-théâtre, lieu de rencontres culturelles.