En résumé l’idée de cette conjecture c’est que les dynamiques collectives de barbarie, de lacheté, d’aliénation etc. se fondent sur le fait que les relations entre les personnes sont rigides, exagérément normées.
Cette rigidité donne la sensation d’une norme implicite indépassable, qui du coup mène au pire (violences collectives, passivité collective ou déni collectif face à l’horreur), alors que cette norme n’existe que dans la tête des gens.
Bien que ce que nous voyons tous les matins ne soit pas un cheval blanc mais le hérisson écrasé sur la route, le chat qui a perdu un oeil, le chien qui a été frappé, nous vidons les chambres, les cachettes, les châteaux de paille, les caves obscures, et nous allons alignés, dans ce défilé qui a encore peur de la fraternité, vers les bureaux, entrepôts, pavillons, secrétariats, classes, magasins et autres espaces clôturés, pour, par notre haleine, et par notre sueur, et par nos gestes, et par nos regards, et par notre bassesse, et par notre tendresse aussi parfois, et par autant d’ignorance que d’inquiétude constamment, d’abominable et fatigante inertie commune, mutiler nos mouvements, en rendant plus licite la prostitution que l’amour, les conventions que le courage, les lois que le droit, la communication est un mensonge dans l’ère de la communication, marcher ce n’est pas faire des pas, sedate me sedate me sedate me one more time, tu injectes de la morphine en moi tous les jours, mais tu ne peux pas implanter en moi la graine de l’étonnement, dans cette époque apathique des substitutions.