• L’image des femmes dans les médias : une « normalité » du corps et du sexe qui joue comme « normativité »

    La Commission de réflexion sur l’image des femmes dans les médias s’est intéressée à l’apparence physique conférée aux femmes dans la presse féminine, en tentant d’apporter des réponses aux interrogations suivantes : cette apparence participe-t-elle des stéréotypes et contribue-t-elle à leur invisibilité ou, au contraire, les exhibe-t-elle dans des modèles qui les figent non moins aussi sûrement dans des rôles qui ne sont pas majoritairement les leurs ?

    Pour répondre à cette question, la commission a soumis plusieurs corpus au crible de critères liés à l’âge, à la couleur des cheveux, à la minceur ou encore au profil racial.

    Le résultat a été accablant.

    Elle a constaté que, majoritairement, dans la presse féminine - et cela est valable également pour les magazines pour adolescents et people du corpus - les femmes représentées sont jeunes, minces et de peau blanche. La couleur des cheveux est un indice particulièrement représentatif : si l’on considère que seulement 10 % des Françaises sont blondes, représenter ou photographier 50 % de femmes avec des cheveux blonds ne reflète pas la réalité de la population féminine française.

    Au regard des chiffres suivants, on est donc en droit de parler de la présentation d’un corps unique dans la presse féminine :

    Femmes jeunes
    85,75 %

    Femmes minces
    92,75 %

    Femmes à peau blanche
    92,65 %

    Source : corpus GMM

    Si, comme le souligne le rapport précité, l’analyse des contenus d’internet montre une incitation massive au conformisme de genre20(*), l’analyse de l’image de la femme dans la publicité et dans les séries télévisées montre une exacerbation de modèles souvent obsolètes qui les renvoie à un narcissisme de pacotille et reflète l’insuffisante mise en valeur de modèles nouveaux, schématisés dans le diagramme ci-dessous, issu du rapport précité.

    A cet égard, l’audition de Lucie Servin21(*) a permis de jeter un éclairage sur une presse spécialisée, la bande dessinée féminine.

    Les membres de la délégation ont ainsi découvert l’existence d’un phénomène éditorial, la « BD girly », fruit du succès de certaines dessinatrices qui ont inventé la « bande dessinée de femmes pour les femmes ».

    Les exemplaires qui ont circulé lors de l’audition, et notamment des journaux au titre racoleur comme « Bisou », ont confirmé le caractère affligeant de cette production. La « BD girly » s’inspire de la presse féminine, dans ce qu’elle a de plus avilissant, en resserrant sa cible sur les adolescentes et les femmes trentenaires « mal dans leur peau ». Elle ne propose que des sujets « réservés » aux femmes : la mode, le sexe...

    Or, Lucie Servin nous a appris que ces magazines étaient vendus en kiosque à plus de 100 000 exemplaires !

    http://www.senat.fr/rap/r12-704/r12-704_mono.html#toc57

    @beautefatale

  • Les femmes ne sont pas des huîtres, par Aline César, présidente de H/F : Le Nouvel Observateur
    http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/archive/2014/11/08/les-femmes-ne-sont-pas-des-huitres-par-aline-cesar-president-546712.html

    Où vont les femmes formées dans les écoles ?

    C’est une question que nous avons posée au travers d’une étude financée par la région IdF sur les trajectoires professionnelles des femmes artistes entre leur sortie de l’école de théâtre et dix ans après leur entrée dans le métier. Cette enquête met en lumière une disparition progressive des femmes du métier. L’image de ces cohortes évaporées, véritable gabegie de l’argent public, évoque un Cid à l’envers :

    Nous partîmes cinq mille ; mais sans un prompt renfort,


    Nous nous vîmes cinquante en arrivant au port …

    La métaphore militaire n’est pourtant pas la plus à propos puisqu’ on sait qu’il y a plus de femmes aux postes de responsabilités dans l’armée que dans la culture…

    Où vont les femmes ?

    Où s’en sont allées celles qui auraient pu écrire aux côtés des grands hommes l’histoire de l’art et remplir les cahiers des écoliers ? Que sont nos mères devenues ? Ce soir il sera question de matrimoine avec la deuxième table ronde : matrimoine c’est-à-dire l’héritage des mères, trop souvent vouées aux oubliettes de l’histoire, aux réserves des musées et aux colonnes des portées disparues des anthologies et dictionnaires, qui travaillent à un effacement méthodique et répété des femmes créatrices. HF Ile-de-France lance d’ailleurs pour les 3 années à venir un grand chantier sur le matrimoine, qui nous servira de fil rouge tout au long de la soirée. (…)

    En 2014/15 il n’y a que 1% de compositrices programmées. (…) Or la Saison Egalité, ce n’est pas que le théâtre, c’est tout le spectacle vivant. Qu’est-ce qui sonne faux dans le milieu musical, qui reste aujourd’hui le secteur artistique le plus masculinisé ?

    #sexisme #discrimination #createursVSprocreatrices #effacement_des_femmes