Bégaudeau et l’école qui « soulage les femmes » | Ladies & gentlemen

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  • Bégaudeau et l’école qui « soulage les femmes » | Ladies & gentlemen
    http://blog.francetvinfo.fr/ladies-and-gentlemen/2014/11/13/begaudeau-et-lecole-qui-soulage-les-femmes.html

    ’aurais volontiers fait mienne de cette définition de l’audace, si je n’avais eu à lire quelques lignes plus bas, une sortie sur le rôle de l’école en vidant littéralement le propos : François Bégaudeau prône « la suppression de l’école obligatoire, et son remplacement par un service d’éducation non obligatoire à partir de l’âge de huit ans. » Car si « Jusqu’à cet âge, l’école a la vertu de soulager les femmes », « elle n’est pas une fabrique d’audace : elle est davantage faite pour discipliner que pour faire bouger les codes et créer des gens audacieux. »

    Que faut-il en comprendre ? Pour commencer, que seules les femmes sont supposées s’occuper des enfants ? Mais où sont les pères ? Ne sont-ils pas « soulagés » eux aussi de pouvoir faire autre chose, comme par exemple, au hasard, travailler, en journée ? Ensuite, quoi, que les profs (en majorité des femmes, il est vrai, à l’heure actuelle) sont des mères de substitution ? Elles et ils apprécieront d’apprendre que leurs compétences professionnelles (l’art subtil d’apprendre à lire, écrire, compter, réfléchir, se cultiver, créer) n’en sont pas de réelles, mais relèvent tout au plus des fonctions d’assistant parental.

    Et nous autres mères, sommes particulièrement mises en confiance par cette accusation à peine déguisée de nous être défaussées de notre supposé rôle. Et fort rassurées quant à nos perspectives de carrière, quand on observe déjà ce que nous coûte professionnellement des congés maternité de quelques mois seulement et qu’il ne s’agirait non plus de nous absenter 16 à 26 semaines (dans une vie professionnelle en comptant plus de 2000 quand même) mais 8 ans, voire davantage encore si nous avions le bon goût d’assurer nous-même l’éducation, devenue non obligatoire, de nos enfants...

    Elle est où exactement, l’audace, dans cette histoire ? Quelle « forme habituelle » a-t-on déplacée en supposant que l’éducation des enfants est avant tout une affaire de femmes ?

    De quels « sentiers battus » est-on sorti en suggérant le retour à l’école non obligatoire ? D’un prétendu dogme selon lequel bénéficier dès le plus jeune âge d’une éducation scolaire et d’une vie sociale à soi permettrait de gagner en autonomie ? Il y a bien des pays aujourd’hui où l’on conteste le droit des enfants (en particulier des petites filles) à la scolarité. Si ces régimes sortent des « sentiers battus », c’est plutôt pour ériger des barbelés sur le chemin de vie des individus, me semble-t-il.

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