• À Amman, John Kerry a dirigé un théâtre de l’absurde
    Mazin Qumsiyeh – Middle East Eye
    publié le mercredi 19 novembre 2014
    http://www.protection-palestine.org/spip.php?article13173

    Des documents déclassifiés confirment aujourd’hui les analyses de nombreux auteurs qui ont longtemps soutenu que, juste après la guerre de 1973, la direction de l’OLP, dont Mahmoud Abbas (du Fatah) et Nayef Hawatmeh (du Front démocratique pour la libération de la Palestine – FDLP), a commencé à souhaiter une résolution qui était loin d’assurer les droits fondamentaux des Palestiniens, en échange de la promesse d’une autodétermination.

    Il y a certaines positions inflexibles qui excluent d’en arriver à ces positions capitulardes où l’on abandonne 78 % de la Palestine historique pour nous contenter de ce qu’un officiel américain a présenté en 1973 comme une « entité croupion », et à laquelle on se réfère maintenant communément en disant, l’Autorité palestinienne dans (des parties de) la Cisjordanie et Gaza. Mais il y a un obstacle majeur, la « relation spéciale constante » entre Israël et les États-Unis dont parle Kerry, conçue pour de nombreuses décennies d’un lobbying sioniste persistant à Washington.

    Mais de plus en plus de gens, à l’extérieur du cercle étroit des politiciens, s’expriment ouvertement en faveur des droits palestiniens. La plupart des gens savent que les négociations entre occupés et occupant ne nous mèneront nulle part parce que quelque chose ne colle pas.

    Israël tire 12 milliards de dollars par an de son occupation et cela, sans compter les milliards de l’argent des contribuables US ni les milliards des ventes d’armes vendues comme ayant été « testées au combat » (sur les cobayes de Gaza).

    La liberté n’est jamais accordée gratuitement par l’oppresseur privilégié à l’opprimé, elle doit être arrachée et exigée avec douleur et sacrifice. La résistance de l’intérieur doit se compléter d’un soutien de l’extérieur comprenant des volets comme les campagnes qui grandissent pour les boycotts, désinvestissements et sanctions (BDS).

    Beaucoup espèrent que des politiciens feront preuve de leadership et prendront des mesures pour instaurer des changements positifs, mais la plupart d’entre nous savent que nous, les peuples, nous devons agir en premier, et que telle est la voie pour changer l’histoire.

    Beaucoup d’internationaux montrent une solidarité parce que la Palestine aujourd’hui est le paratonnerre qui expose l’hypocrisie et le racisme, de la même manière que l’Afrique du Sud a constitué un tel flambeau dans les années 1980.

    La plupart des gens maintenant comprennent qu’à moins que les droits humains et le droit international soient respectés uniformément, le « Moyen-Orient » (l’Asie de l’ouest) et le monde tout entier risquent de continuer leur descente vers le désordre et le meurtre, avec, comme approche de l’existence, « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».

    Nous devons tous continuer et nous efforcer de prendre les différents chemins qui mènent à la justice et à la coexistence. En attendant, laissons le théâtre politique de l’absurde jouer devant une salle vide, à Amman et ailleurs.

    Mazin Qumsiyeh est l’auteur de « Partage de la Terre de Canaan » et de « Résistance populaire en Palestine ». Il enseigne à l’université de Bethléhem et est directeur du Musée Palestine d’histoire naturelle.

    Middle East Eye : http://www.middleeasteye.net/column...
    Traduction : JPP