BAHREÏN • Des élections, en grande pompe et en pure perte

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    Depuis, les autorités cherchent à faire oublier que la crise couve toujours. D’où l’intense communication autour de ces élections : « Quatre cents journalistes nationaux et internationaux couvriront l’événement », écrit Al-Wasat, autre quotidien du pays. Et Al-Bilad de surenchérir : « Les électeurs auront le choix entre un nombre record de candidats. » La liste est en effet pléthorique, avec 266 candidats pour 40 sièges à pourvoir.

    Appel au boycott

    Or cet engouement cache mal un fait que la presse nationale préfère taire : il s’agit en grande partie de candidats indépendants, souvent sans expérience et sans véritable ancrage politique – voire cooptés par le régime. En effet, les principales forces d’opposition, le Wifaq (chiite) et le Waad (de gauche et anticonfessionnel) ont appelé au boycott, pour protester notamment contre un redécoupage des circonscriptions encore plus défavorable à l’opposition qu’auparavant.

    Aussi, l’enthousiasme des électeurs ne semble pas au rendez-vous. Au point que le gouverneur de la capitale Manama se croit obligé d’inviter les électeurs par voie de presse « à fêter leur participation [...] avec des surprises au bureau de vote, activités pour tous les âges, prix à gagner et cadeaux à distribuer ».

    Un climat propice aux idées les plus extrémistes
    Quoi qu’il en soit, on peut prédire un bon score des islamistes sunnites, avec « 8 candidats officiels et 4 non officiels de l’association salafiste Asala, et 5 candidats proches des Frères musulmans », rapporte le journal saoudien Al-Youm.

    Ce qui ne manquera pas de poser des problèmes à l’avenir. Car, à force de combattre l’opposition chiite et de se replier sur sa base sunnite, le régime a créé un climat propice aux idées les plus extrémistes. Ainsi, Foreign Policy a noté un nombre anormalement élevé de combattants bahreïnis dans les rangs de l’organisation de l’Etat islamique (EI, Daech), y compris d’anciens membres des forces de l’ordre du pays. Sans oublier des commentaires complaisants à l’égard de cette organisation, postés sur les réseaux sociaux par des figures politiques qui, par ailleurs, se présentent comme des hérauts du libéralisme.