Je vais y revenir, me répéter, au risque d’être vu comme un radoteur, ce qui n’est guère geek, et passe pour peu contemporain - pourtant, je pense que c’est l’époque présente qui à défaut d’être sourde, n’entend trop souvent rien à rien.
Dans son pamphlet, Alexis Escudero tient un discours viriliste, ouvertement misogyne et homophobe, des plus hostiles et agressifs.
Il se livre à une forme de lynchage intellectuel en règle sur la critique féministe radicale, falsifiant sans vergogne cette critique.
C’est un prétendu critique anti-industriel autoproclamé « libertaire » qui sous couvert de critique anti industrielle se comporte ostensiblement en faussaire à l’égard des luttes féministes, lesbiennes, homosexuelles, pour le moins, et pour qui la malhonnêteté intellectuelle la plus caractérisée semble être une arme critique légitime.
Comprenons-nous : Alexis Escudero, PMO, le Monde à l’envers, et les lecteurs qui les trouvent bons, ont parfaitement le droit de ne pas être d’accord avec des critiques féministes, lesbiennes, homosexielles. Ils ont même parfaitement le droit de n’être d’accord avec aucune des critiques féministes, lesbiennes, homosexuelles, existantes à ce jour. Mais pour mériter le nom de critiques, ils se doivent de les traiter avec ce minimum d’honnêteté qui consiste à s’intéresser à leur contenu réel, et à venir argumenter contre ce qu’ont dit et écrit ces mêmes féministes, lesbiennes, homosexuels.
Je tiens que la pensée est une chose matérielle, et qu’en falsifiant délibérément la pensée d’un auteur, en lui ôtant ses propos de la bouche pour venir y mettre un discours arrangé par nos propres soins, on ne fait pas que mentir et déformer des mots : c’est la personne même de celui dont on falsifie la parole que l’on atteint, c’est de sa parole qu’on le prive, c’est sa personne que l’on nie.
Moi qui suis socialement considéré comme un homme hétérosexuel, je ressens pour cette raison là avant tout le livre d’un Escudero, ainsi que la tiédeur ennuyée des discours écologistes ou anti-technologiques qui prétendent ne s’intéresser qu’à ses excellentes qualités et passer outre ses déplorables défauts, comme l’expression d’une menace physique non seulement contre les femmes les lesbiennes et les homosexuels mais encore contre les hommes hétéro qui ne seraient pas assez virilistes. Il y a certes du pugiliste, du Alain Soral dans cette attitude, comme il y en a chez l’animateur de PMO. Mais il y a surtout l’expression, plus banale, du masculinisme, de l’hétérosexisme et de leur mépris envers tout ce qui n’est pas assez viril.
Je me fiche de savoir si une seule phrase de son torchon peut passer, une fois savamment extraite de celui-ci, et considérée avec suffisamment de complaisante superficialité, pour « égalitariste », ou pas. J’ai pris la peine de montrer par le détail ce que valait la pensée de l’auteur, et dans quelle confusion il pataugeait sitôt qu’il se hasardait imprudemment à prétendre parler d’égalité.
Je tiens que l’on doit savoir à quelles armes intellectuelles on estime pouvoir recourir dans une dispute intellectuelle, et que les armes auxquelles il a recours jugent un auteur, tout comme son indifférence ou son insensibilité à celles-ci juge un lecteur.
Je ne tiens pas « extrême droite » - ou un titre aussi inconséquent que celui d’ « ami du monde diplomatique » - pour les plus pertinentes des catégories comme des compagnies avec lesquelles essayer de penser le politique.
Je pense que le confusionnisme ne se combat pas en brandissant des catégories confuses, mais en mettant patiemment à jour son incapacité à atteindre la moindre espèce de cohérence, en mettant à jour les contradictions qu’il recèle et qu’il entretient et renforce.
Les passages où Escudero s’attarde (je ne dirais pas qu’il prétend les préciser, car je ne pense pas qu’il ait sérieusement envisagé de questionner ces notions) sur ce que sont pour lui des notions comme celle d’égalité ou de nature sont accablants et parlent de fait plus cruellement contre lui que je ne saurais le faire moi même (voir le chapitre IV, « Les crimes de l’égalité »).
Je reviendrai rappeler cela aussi longtemps qu’il le faudra, ici sur seenthis, et là où je me trouve physiquement s’il s’y présente, ou si n’importe lesquels de ses amis viennent y faire la promotion de son livre. Aussi longtemps, au moins, qu’il ne se trouvera pas un argument intellectuel digne de ce nom pour venir démonter mon propos.
La critique sociale n’est pas une pratique confortable.