Interviews croisées et points de vue divergents : Samir Frangié et Ali Fayad | Politique #Liban | L’Orient-Le Jour
►http://www.lorientlejour.com//news/article.php?id=757627
Interviews parallèles de Samir Frangié et de Ali Fayad (#Hezbollah, ci dessous).
La stabilité politique est donc face à l’alternative suivante : soit la création d’un État démocratique basé sur le concept de citoyenneté, avec l’abolition du confessionnalisme politique et la protection des droits des communautés par la création d’un Sénat, soit l’approfondissement du concept de démocratie consensuelle. Dans le premier cas, il faut un État centralisé et un président élu au suffrage universel, ce qui lui permettrait de surmonter le pouvoir des confessions. Cette formule semble difficile car les chrétiens refusent l’abolition du confessionnalisme. La seconde option semble plus réalisable, mais il faut fixer les principes du consensus qui, à mon avis, se résument à quatre : l’adoption du système électoral proportionnel, l’octroi d’un droit de veto aux communautés, l’adoption d’une décentralisation administrative poussée, et la formation de grandes coalitions, dans le but de relever le niveau de participation politique pour toutes les communautés. Cette option me paraît possible. En tout cas, il faut y réfléchir.
Il poursuit par cette intéressante (mais contestable) interprétation géographique de la nature du Liban
Le Liban a, par essence, une dualité entre ses montagnes et la côte, entre, donc, le concept de résistance et celui d’ouverture et d’émigration. C’est d’ailleurs pourquoi l’émigration est un phénomène qui s’est répété à travers l’histoire du Liban. Alors que la défense a toujours été le propre des montagnes et de leurs habitants. Il s’agit donc d’une résistance contre une force plus puissante. Dans cette optique, il faut préciser que la réalité libanaise a toujours tourné autour d’une dynamique double, celle de l’ouverture et celle de la résistance. De plus, c’est l’un des rares pays au monde dont l’identité est en constante évolution. À tort ou à raison, le Libanais se voit lui-même et voit son pays comme étant exceptionnels. Il pense que son pays et lui sont particuliers. La Constitution stipule que le Liban est une patrie définitive, mais l’identité libanaise, elle, est en perpétuelle évolution. Elle a commencé par être une sorte de mélange entre l’arabité et la libanité, entre la liberté, la diversité et la coexistence, et maintenant, il faut ajouter la résistance, qui a permis à la géopolitique libanaise de se réconcilier avec elle-même, et l’ouverture... Ceux qui s’opposent ainsi à la résistance vont dans le sens contraire de l’histoire et de l’évolution sociopolitique du Liban.
Intéressant parce qu’il faut un glissement du refuge (des minoritaires contre la majorité religieuse : orthodoxe ou sunnite) à la résistance (contre Israël). Contestable, parce que cette opposition entre résistance et émigration est assez factice, et comme si l’émigration ne concernait pas aussi, et peut être avant tout, les montagnards...