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  • Prix Nobel de la paix : « L’idée est de rendre la possession de l’arme nucléaire honteuse »
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/10/06/prix-nobel-de-la-paix-le-comite-d-oslo-a-surtout-voulu-rappeler-une-

    Tricotons : La dénucléarisation est-elle un objectif réaliste ?

    Marc Semo : L’idée des promoteurs de la campagne d’interdiction est de rendre la possession de l’arme nucléaire honteuse pour les pays qui en sont dotés et qui, ne signant ni ne ratifiant le traité d’interdiction décidé en juillet par 122 pays, ne sont pas tenus d’en appliquer les clauses. C’est la même stratégie de la stigmatisation qui a été utilisée dans les conventions pour l’interdiction des mines antipersonnelles.

    Mais il est peu probable que cela fonctionne pour le nucléaire, considéré comme un élément central dans la stratégie des pays qui possèdent l’arme nucléaire (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU) ou illégalement (Inde, Pakistan, Israël, Corée du Nord), mais aussi pour les pays qui bénéficient du parapluie nucléaire américain, ceux de l’OTAN, mais aussi le Japon, qui s’est refusé à signer le traité.

    Face aux dangers de la prolifération rappelés par la Corée du Nord, la possession de l’arme nucléaire ou la garantie d’être protégé par celle de Washington reste essentielle.

    Marc Semo : Le comité Nobel a surtout, je crois, voulu rappeler une urgence. C’est d’ailleurs ce que dit la présidente du comité : « Nous vivons dans un monde où le risque d’une utilisation des armes nucléaires est plus grand qu’il ne l’a jamais été depuis longtemps. » Et on ne peut leur donner tort quand on voit la fuite en avant du régime de Pyongyang défiant Washington, qui menace de les anéantir mais aussi de remettre en cause l’accord de 2015 avec Téhéran mettant sous contrôle pour dix ans son programme nucléaire.

    Pax questionus : Dans la mesure où les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU sont dotés de l’arme nucléaire, cela ne rend-il pas vain tout espoir de voir un jour l’arme nucléaire définitivement bannie de notre société ? On voit mal ces cinq Etats se priver de leur principale force de dissuasion/négociation…

    Marc Semo : Absolument… Mais les plus optimistes espèrent que, comme pour les armes chimiques ou biologiques – finalement totalement interdites respectivement en 1993 et 1972 –, arrivera le moment où il deviendra honteux de détenir l’arme nucléaire, qui reste la seule arme de destruction massive encore légale au regard du droit international.

    #Nucléaire #Bombe_atomique #Nobel

  • Après le test de missile de l’Iran, Trump remet en cause l’existence de l’accord nucléaire
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/09/24/apres-le-test-de-missile-de-l-iran-donald-trump-remet-en-cause-l-exi

    Tout est en place pour que la moindre étincelle puisse mettre le feu à toute la plaine (et pas dans le sens où Lénine utilisait cette expression, mais plutôt au sens propre : détruire et vitrifier un peu partout sur la planète).

    Bon, on le crée ce mouvement mondial anti-guerre ?

    On peut aussi attendre qu’il soit trop tard.

    Le nouveau test de missile par l’Iran remet en cause l’accord international avec Téhéran sur le nucléaire, a déclaré samedi 23 septembre le président américain Donald Trump. « L’Iran vient de tester un missile balistique capable d’atteindre Israël. Ils travaillent aussi avec la Corée du Nord. Nous n’avons pas vraiment un accord ! », a-t-il tweeté.

    Téhéran avait annoncé plus tôt samedi avoir testé « avec succès » un nouveau missile d’une portée de 2 000 kilomètres. Cette portée permet en théorie d’atteindre Israël, l’ennemi juré de l’Iran, et les bases américaines dans la région.

    Le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman, a dénoncé samedi une « provocation » et « l’ambition de l’Iran à devenir une puissance mondiale pour menacer les pays du Moyen-Orient et les Etats démocratiques dans le monde ». De son côté, dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères français s’est dit « extrêmement préoccupé » : « [Paris] demande à l’Iran de cesser toute activité déstabilisante dans la région et de respecter toutes les dispositions de la résolution 2231, y compris l’appel à ne pas procéder à ce type d’activités balistiques. »

    Lire aussi : Donald Trump continue de menacer l’accord nucléaire avec l’Iran
    Une multiplication des invectives contre l’accord

    Ce test intervient dans un climat très tendu entre l’Iran et les Etats-Unis, le M. Trump menaçant de sortir son pays de l’accord sur le nucléaire que Washington a signé en 2015 avec Téhéran conjointement avec l’Allemagne, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et la Russie.

    L’accord n’interdit pas les activités balistiques de l’Iran mais la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui l’a entériné, demande à l’Iran de ne pas mener d’activités pour développer des missiles conçus pour porter des têtes nucléaires. Ce texte est censé garantir le caractère strictement civil et pacifique du programme nucléaire iranien, en échange de la levée progressive des sanctions contre Téhéran.

    Lire aussi : Assemblée générale de l’ONU : impasse sur le sort de l’accord iranien

    Mais depuis l’arrivée de M. Trump à la Maison Blanche, les Etats-Unis ont multiplié les attaques contre l’accord, que le président américain avait promis de « déchirer ». Le 15 octobre, le chef d’Etat doit notifier au Congrès américain si l’Iran respecte ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire. S’il annonce que ce n’est pas le cas, alors le Congrès pourra réimposer les sanctions contre le pays.

  • L’escalade verbale s’intensifie entre la Corée du Nord et Donald Trump
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/09/23/la-coree-du-nord-denonce-a-l-onu-un-trump-megalomane_5190306_3210.ht

    Tout va bien, dormez braves gens, les sérieux s’occupent de tout....

    Mais quand va-t-on recréer un mouvement mondial anti-guerre ?

    Le président américain a l’art de la surenchère. Après avoir été qualifié de « mégalomane » par Ri Yong-ho, le chef de la diplomatie nord-coréenne, Donald Trump l’a directement menacé samedi 24 septembre sur Twitter. « Je viens d’entendre le ministre des affaires étrangères de la Corée du Nord s’exprimer aux Nations unies. S’il se fait l’écho des pensées de “Little Rocket Man” [alias Kim Jong-un], ils ne seront plus là pour très longtemps », a-t-il écrit.

    Le ministre nord-coréen des affaires étrangères avait déclaré, plus tôt, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) que « l’objectif ultime » de la Corée du Nord était de parvenir à un équilibre des forces avec les Etats-Unis. Donald Trump a commis une « faute irréversible » en surnommant « rocket man » Kim Jong-un, a ajouté Ri Yong-ho, et rendu « encore plus inévitable » la « venue de nos fusées sur l’ensemble du territoire continental des Etats-Unis ».

    Qualifié aussi de « gangster », « personne dérangée », et « roi menteur », le chef d’Etat américain a « entaché cette enceinte de mots violents et imprudents », et représente aujourd’hui « une des plus grandes menaces pour la paix », a ajouté le ministre.

    Mardi, Donald Trump avait menacé de « détruire totalement » la Corée du Nord si cette dernière attaquait les Etats-Unis ou leurs alliés, et la joute verbale n’a pas cessé depuis entre lui et Kim Jong-un. Vendredi, le président américain a qualifié son homologue de « fou qui ne craint pas d’affamer et de tuer son peuple », affirmant qu’il allait être mis à l’épreuve « comme jamais ».
    Bombardiers américains

    Après l’escalade verbale, la démonstration de force est arrivée samedi, quelques heures avant la tirade de Ri Yong-ho à l’ONU. Alors que la communauté internationale redoute un nouvel essai nucléaire de Pyongyang, des bombardiers américains ont volé près des côtes nord-coréennes, pour envoyer un « message clair » à Pyongyang. « Nous sommes prêts à utiliser toute la gamme de nos capacités militaires pour défendre les Etats-Unis et nos alliés », a affirmé dans un communiqué la porte-parole du Pentagone, Dana White.

    Pendant ce temps, à Pyongyang, des dizaines de milliers de Nord-Coréens manifestaient sur la place Kim Il-sung en soutien à leur dirigeant et pour dénoncer les propos de M. Trump. Le leader nord-coréen estime que le président américain l’« ’a insulté, [lui] et [son] pays, sous les yeux du monde entier, et a livré la plus féroce déclaration de guerre de l’histoire », selon une dépêche de l’agence officielle nord-coréenne KCNA. « Je disciplinerai par le feu le gâteux américain mentalement dérangé », a-t-il ajouté.

  • « Despacito », carte postale à la gloire de la culture portoricaine
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/08/25/despacito-carte-postale-a-la-gloire-de-la-culture-portoricaine_51766

    C’est aussi la « vague » du reggaeton, ce genre musical mélangeant salsa, merengue et hip-hop, né dans les bidonvilles de l’île dans les années 1990. Jorge Duany, anthropologue à l’université internationale de Floride, le définit comme « le produit de la circulation incessante de personnes, marchandises, pratiques et identités entre les Caraïbes et les Etats-Unis ». A ses débuts, le reggaeton fut dénoncé par les autorités comme une musique indécente et dangereuse glorifiant le sexe, la vie de rue, la violence et la drogue. Au fil des ans, il est sorti de la clandestinité – certains diront qu’il s’est édulcoré – pour définitivement devenir, dans la foulée de Despacito, le principal produit d’exportation portoricain .

    #Musique #Economie_culture

  • A Hambourg, les anti-G20 informent, s’organisent et se mobilisent en ligne
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/07/07/a-hambourg-les-anti-g20-informent-s-organisent-et-se-mobilisent-auss

    Affrontements filmés en direct, couchsurfing chez des militants, partage de la position des policiers… Le mouvement de protestation est aussi sur la Toile.

    #Médias_sociaux #Mobilisation

  • Donald Trump s’en prend de nouveau à des journalistes sur Twitter
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/07/01/donald-trump-s-en-prend-de-nouveau-a-des-journalistes-sur-twitter_51

    Depuis jeudi, les éditoriaux et les débats sur ces commentaires présidentiels ont quasiment éclipsé toute autre actualité. Samedi le New York Times y a encore consacré son éditorial, revenant sur le caractère misogyne et insultant des attaques. « Apparemment, il ne se rend pas compte qu’il est une gêne pour lui-même », écrit le quotidien, qui se demande si la « vulgarité » de M. Trump servira désormais de modèle pour les futurs présidents.

    Seuls la garde rapprochée de M. Trump et ses partisans sur Twitter ont défendu cette attitude vindicative. « Les Américains ont élu un combattant. Il combat le feu avec le feu », a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee. Même Melania Trump, qui s’est engagée à combattre le harcèlement sur Internet, a cru bon de rappeler dans un communiqué que « quand son mari est attaqué il rend les coups au centuple ».

    Pour ses plus fidèles partisans, la guerre que l’administration Trump a déclenchée avec la presse relève d’une stratégie. Elle aurait pour objectif de conforter la base trumpiste dans l’idée que les médias généralistes ont une couverture partiale du président. Et qu’il est donc en droit de les critiquer.

    #Twitter #Trump #Médias

  • Dans un tweet, Donald Trump se met en scène en train de tabasser CNN
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/07/02/dans-un-tweet-donald-trump-se-met-en-scene-en-train-de-tabasser-cnn_

    Jusqu’où ira Donald Trump dans ses attaques contre les médias ? Dimanche 2 juillet, le président des Etats-Unis s’en est à nouveau pris à la chaîne d’information américaine CNN, cette fois dans un tweet d’une rare violence publié tôt dans la matinée, comme il en a l’habitude.

    Dans ce message, le républicain détourne une fameuse mise en scène télévisée datant de 2007 durant laquelle il apparaît au pied d’un ring de catch. On y voit Donald Trump – qui n’est alors que magnat de l’immobilier et star de la téléréalité – prétendre (catch oblige) tabasser Vince McMahon, fondateur de la WWE (World Wrestling Entertainment, Inc).

    Dans la version de 2017, c’est un personnage avec le logo de la chaîne CNN à la place de la tête que M. Trump prend par le cou et met au sol. Il lui assène ensuite plusieurs coups de poing avant de se relever et de partir. Le tweet est légendé avec les hashtags : #FraudnewsCNN et #FNN pour « Fraud News Network ».

    La diffusion de cette scène de bagarre marque aussi un nouveau cap dans l’usage débridé de Twitter par le président des Etats-Unis. La veille, celui-ci s’est également illustré en s’en prenant au réveil aux deux animateurs de « Morning Joe », l’émission matinale de la chaîne MSNBC, Joe Scarborough et Mika Brzezinski. Se moquant de leurs « mauvaises audiences » et s’indignant de leurs critiques à son égard. M. Trump s’en était alors pris une nouvelle fois à CNN, qualifiée de « fake news et de journalisme de caniveau ».

    #Twitter #Trump #Médias

  • Kenneth Roth : Aux Etats-Unis, « il sera de plus en plus difficile de rendre audible le message de la vérité »
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2017/03/10/kenneth-roth-aux-etats-unis-il-sera-de-plus-en-plus-difficile-de-ren

    Les institutions américaines peuvent-elles être un contre-pouvoir efficace ?

    Les checks and balances [l’équilibre des pouvoirs] ont bien fonctionné dans le cas du travel ban, mais je reste très inquiet. Qu’en sera-t-il à l’avenir, face à d’autres initiatives de cette administration ? Aussi efficaces que soient les institutions, nous nous trouvons dans une situation inédite, face à un président qui ne montre pas la moindre considération pour les normes de base de la gouvernance démocratique. Il pourfend publiquement le système d’équilibre des pouvoirs qui l’empêche de faire ce qu’il veut. Le Congrès, où les républicains sont majoritaires, n’est pas prêt, du moins pour le moment, à jouer ce rôle de contre-pouvoir. Il y a quelques velléités : on l’a vu lors des auditions du nouveau secrétaire d’Etat, Rex Tillerson [ex-PDG d’ExxonMobil], qui a passé sa vie à négocier des « accords » avec des dictateurs pour extraire du pétrole. Il n’a été confirmé dans ses nouvelles fonctions, par le Sénat, que d’une très courte majorité.

    Le plus préoccupant est le refus de Donald Trump d’accepter la réalité, ainsi que sa propension à tordre les faits dans le sens qui l’arrange. Il est tellement prolifique dans ses mensonges que la presse, je le crains, n’arrive plus à le suivre afin de rétablir la vérité, même si les grands médias se sont engagés dans une vérification des faits (fact checking) sans précédent, réagissant en temps réels aux affabulations présidentielles.

    En tant qu’organisation de défense des droits humains, nous travaillons depuis longtemps sur les Etats-Unis. Il y a eu des jours difficiles par le passé, notamment pendant l’administration de George W. Bush. Mais cela s’annonce bien pire. Le président Bush reconnaissait l’existence d’un certain nombre de principes en matière de droits de l’homme, même s’il faisait tout pour les contourner. Pour Donald Trump, ces principes n’existent même pas et il ne voit pas en quoi ils pourraient concerner le travail de l’exécutif.

    #post-truth #droits_humains #Trump

    • Ancien magistrat, l’Américain Kenneth Roth est directeur exécutif de l’ONG internationale de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch, depuis 1993.

      Comment jugez-vous les débuts de la présidence Trump ?

      Certains ont dit « attendons de voir ». Mon approche n’est pas celle du wait and see. Sa campagne était à ce point marquée par la xénophobie, que tout était déjà clair : il s’agissait de rendre acceptable l’inacceptable. Même si Donald Trump n’avait pas été élu, cette démagogie aurait quand même créé d’immenses dégâts. Aujourd’hui, il gouverne comme il a mené campagne. Mais au-delà de ses déclarations fracassantes et de ses multiples Tweet, Trump n’a pas fait grand-chose.
      Ce qu’il a fait de pire, outre le travel ban [l’interdiction d’entrée sur le territoire des ressortissants de sept pays musulmans], ce sont des nominations telle que celle de l’ex-général Michael Flynn comme conseiller à la sécurité nationale – même si celui-ci a dû depuis démissionner.

      Steve Bannon, le « conseiller stratégique » du président, est toujours en fonction, qui essaie d’influencer Trump avec sa vision extrémiste de suprémaciste blanc. Le travel ban a certes été bloqué par la justice, mais cette mesure absurde, prise sans considération pour ses terribles conséquences humaines, est révélatrice du style Trump. Ce président cherche plus un effet symbolique qu’à combattre efficacement le terrorisme. Aucun des ressortissants des pays visés n’a été responsable de la moindre attaque meurtrière sur le sol américain ces dernières décennies. La nouvelle mouture du décret signé cette semaine répond de fait aux obstacles juridiques que soulevait la version initiale, mais sur le principe, rien ne change. Trump assimile toujours la nationalité d’une personne originaire de certains pays à majorité musulmane à une menace terroriste, bien que cela ne corresponde en rien à la réalité aux Etats-Unis.

      Les institutions américaines peuvent-elles être un contre-pouvoir efficace ?

      Les checks and balances [l’équilibre des pouvoirs] ont bien fonctionné dans le cas du travel ban, mais je reste très inquiet. Qu’en sera-t-il à l’avenir, face à d’autres initiatives de cette administration ? Aussi efficaces que soient les institutions, nous nous trouvons dans une situation inédite, face à un président qui ne montre pas la moindre considération pour les normes de base de la gouvernance démocratique. Il pourfend publiquement le système d’équilibre des pouvoirs qui l’empêche de faire ce qu’il veut. Le Congrès, où les républicains sont majoritaires, n’est pas prêt, du moins pour le moment, à jouer ce rôle de contre-pouvoir. Il y a quelques velléités : on l’a vu lors des auditions du nouveau secrétaire d’Etat, Rex Tillerson [ex-PDG d’ExxonMobil], qui a passé sa vie à négocier des « accords » avec des dictateurs pour extraire du pétrole. Il n’a été confirmé dans ses nouvelles fonctions, par le Sénat, que d’une très courte majorité.

      Les risques de dérives sont donc réels ?



      Le plus préoccupant est le refus de Donald Trump d’accepter la réalité, ainsi que sa propension à tordre les faits dans le sens qui l’arrange. Il est tellement prolifique dans ses mensonges que la presse, je le crains, n’arrive plus à le suivre afin de rétablir la vérité, même si les grands médias se sont engagés dans une vérification des faits (fact checking) sans précédent, réagissant en temps réels aux affabulations présidentielles.
      En tant qu’organisation de défense des droits humains, nous travaillons depuis longtemps sur les Etats-Unis. Il y a eu des jours difficiles par le passé, notamment pendant l’administration de George W. Bush. Mais cela s’annonce bien pire. Le président Bush reconnaissait l’existence d’un certain nombre de principes en matière de droits de l’homme, même s’il faisait tout pour les contourner. Pour Donald Trump, ces principes n’existent même pas et il ne voit pas en quoi ils pourraient concerner le travail de l’exécutif.

      Comment bloquer cette évolution ?

      Il y a eu de grandes manifestations contre le travel ban, mais une telle mobilisation sera difficile à tenir dans la durée. Car aux Etats-unis, cette tradition de descendre dans la rue n’existe pas comme en France. La seule chose à laquelle Trump pourrait être sensible est la pression de l’opinion, à travers les médias et les réseaux sociaux. Il est très peu sûr de lui et tient à son image publique. C’est un véritable « media addict ». Si la presse continue son travail éthique, elle pourra marquer des points. Mais cela ne sera pas simple. Il y a en effet un abîme entre les partisans de Donald Trump, qui croient à ses mensonges, et ses adversaires mobilisés vent debout contre tout ce qu’il peut dire ou faire. Dans un tel contexte, très polarisé, avec 40 % de l’opinion pro-Trump et un pourcentage équivalent d’anti-Trump, rendre audible le message de la vérité sera de plus en plus difficile, car les uns et les autres ne veulent entendre que ce qui correspond à leurs convictions. Il reste ces 20 % d’Américains qui n’ont pas de certitudes arrêtées et qu’il est encore possible de persuader en leur montrant les faits et en rappelant les principes fondamentaux de notre démocratie.

      Selon vous, l’Europe et la France sont-elles menacées d’une dérive similaire ?

      Quand on me dit, en France, que Marine Le Pen ne pourra jamais gagner, je réponds : on disait la même chose pour Trump ! Ce qui m’inquiète, c’est que le phénomène est beaucoup plus général. Nous assistons au même phénomène avec Geert Wilders aux Pays-Bas, Viktor Orban en Hongrie, Jaroslaw Kaczynski en Pologne et dans toute l’Europe. Ces mouvements populistes prétendent parler au nom du peuple et poussent vers la droite extrême les classes défavorisées. Cela est vrai des deux côtés de l’Atlantique, malgré de réelles différences.

      L’islamophobie des populistes européen n’est pas dominante dans le discours populiste américain, même si Trump joue sur cette corde. Ses électeurs se sentent plus concernés par la présence de la main-d’œuvre immigrée mexicaine, que par la menace d’une attaque terroriste. En Europe, les deux vont ensemble parce que beaucoup de migrants sont musulmans. En outre, il y a aussi une crainte de changements culturels. Pour les populistes, cette triple peur se focalise sur la même cible. La question de l’islam est prépondérante en Europe. Des gens comme Wilders utilisent des valeurs libérales, en prenant la défense des droits des femmes ou des gays, pour dénoncer la menace qu’il est censé représenter.

      Aux Etats-Unis, cette appréhension des changements culturels est moins forte. Mais le simple fait qu’un Afro-Américain ait pu devenir président des Etats-Unis représentait déjà un anathème pour ces courants populistes. Il y a un conservatisme culturel derrière le populisme de Trump.

      Le président Donald Trump à la Maison Blanche, le 31 janvier.
      Quels pays européens vous inquiètent le plus ?

      La Hongrie et la Pologne sont déjà sur le chemin de ce que l’on appelle ces « démocraties non libérales », où sont mis danger les principes de l’équilibre des pouvoirs. La réaction des institutions européennes a été pitoyable en ce qui concerne la Hongrie. Elles ont mieux réagi dans le cas de la Pologne quand le gouvernement [du Parti Droit et justice, PiS, droite conservatrice] a pris le contrôle du Tribunal constitutionnel. L’Union européenne (UE) a su imposer des standards des droits de l’homme pour les nouveaux entrants. Mais, maintenant que le populisme se déploie à l’intérieur même de l’Union, elle doit mieux défendre ses valeurs parmi ses Etats membres.

      Au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, le rôle de garant des valeurs universelles du trio Etats-Unis, Royaume-Uni, France ne vous semble-t-il pas menacé ?

      Le manque de leadership pour défendre les droits de l’homme dans le monde m’inquiète. Trump n’a envoyé son premier Tweet sur le sujet que tardivement, et sur le Venezuela ! Le Royaume-Uni a pratiquement déserté l’arène internationale : Theresa May veut quitter la Cour européenne des droits de l’homme et son ministre des affaires étrangères, Boris Johnson, ne se préoccupe pas de cette thématique. [La chancelière allemande] Angela Merkel a été très courageuse lors de la crise des réfugiés. Elle a été forte face à la Russie, mais moins ferme à l’égard du président turc, Recep Tayyip Erdogan, car elle dépend de lui pour la lutte contre les passeurs.

      Mais on peut faire beaucoup avec des coalitions d’Etats, même quand les grandes puissances sont à la traîne. La campagne internationale contre les mines (lancée par HRW et cinq autres ONG), qui a remporté le prix Nobel de la paix [en 1997], avait été menée contre la volonté des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine, grâce à une coalition de soixante gouvernements. En décembre 2016, a été mis en place un mécanisme d’enquête sur les crimes de guerre en Syrie en passant par l’Assemblée générale des Nations unies, pour circonvenir le veto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité. Les deux pays qui ont été à l’initiative de ce texte sont le Canada et le Liechtenstein. Il a été voté par 105 voix pour – dont la France et le Royaume-Uni – et seulement 15 contre. On peut donc agir sans les superpuissances. Des coalitions de petits gouvernements peuvent changer le monde.

      Craignez-vous un rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine ?

      Vladimir Poutine aimerait revenir à un monde où les gouvernements discutent les uns avec les autres de la marche du monde, sans ingérence dans leurs affaires intérieures et sans chercher à savoir comment les peuples sont traités. Il ne veut surtout pas entendre parler de la destruction du pluralisme en Russie. Mais les standards internationaux et les institutions ont évolué. La façon dont un gouvernement traite sa population est devenue une préoccupation internationale depuis la seconde guerre mondiale. Les Etats-Unis ont joué un rôle déterminant dans cette évolution. Poutine n’aime pas ça, Trump non plus. Au nom de son credo America first, il ne veut pas qu’on se mêle de ses affaires. Cela pose des problèmes au sein de son propre parti, car cela touche aux fondements de la diplomatie américaine. Les relations internationales, le soutien des alliés, la défense des droits ne font pas partie de l’univers d’un magnat de l’immobilier. Nous allons devoir l’éduquer.

  • L’indépendantiste Carles Puigdemont prend le pouvoir au Parlement catalan
    http://www.taurillon.org/l-independantiste-carles-puigdemont-prend-le-pouvoir-au-parlement-catalan

    Face au refus de la Candidature d’Unité Populaire (CUP), Artur Mas qui avait mené les indépendantistes à la victoire en septembre dernier a dû céder sa place à Carles Puigdemont, 53 ans et ancien journaliste. Indépendantiste de toujours, il prévoit de lancer sans délai le processus de création d’un Etat indépendant. Si la #Catalogne a de nouvelles ambitions, l’Espagne reste fragilisée à la suite des élections du 20 décembre, maintenant l’incertitude sur un nouveau gouvernement.

    Actualités

    / #Espagne, Catalogne, #Indépendantismes

    http://catalanindependance.blog.lemonde.fr/2016/01/01/quatre-partis-et-quatre-scenarios-pour-maintenir-lu
    http://www.equinoxmagazine.fr/2016/01/10/carles-puigdemont-nouveau-president-de-catalogne
    http://ccaa.elpais.com/ccaa/2016/01/10/catalunya/1452445331_203275.html
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2016/01/11/les-nationalistes-catalans-unis-pour-la-secession_4844899_3210.html
    http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2016/01/11/entre-le-nouveau-president-catalan-et-madrid-chronique-d-un-choc-ann
    http://www.liberation.fr/planete/2016/01/11/carles-puigdemont-le-boutefeu-catalan_1425710

  • Pakistan : l’ISI, un service de renseignement puissant et contesté
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2011/05/10/pakistan-l-isi-un-service-de-renseignement-puissant-et-conteste_1518

    Hors des frontières du Pakistan, l’ISI véhicule, depuis quelques années, les fantasmes les plus divers, alimentés par sa proximité supposée, et parfois avérée, avec certains groupes islamistes de premier plan. Cette réputation sulfureuse, la plus grande des trois agences de renseignement du pays (voir encadré) la doit essentiellement à son passé. Elle lui vaut régulièrement les coups de semonce de « l’allié » américain.

    #pakistan #afghanistan #afpak #isi

  • Au cœur du système Daech

    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2015/02/12/au-c-ur-du-systeme-daech_4575137_3210.html

    Il est difficile de garder son sang-froid face à la barbarie de Daech en Irak et en Syrie. L’universitaire Pierre-Jean Luizard y parvient pourtant aisément, lui qui passe la majeure partie de son temps au Proche-Orient, tel un vrai chercheur de terrain, au contact direct avec son sujet.

    Dans son dernier ouvrage, ce directeur de recherche au CNRS, peut-être l’un des meilleurs connaisseurs français de l’Irak, de la Syrie et du Liban, démontre que la poussée de Daech marque le début d’une histoire nouvelle au Proche-Orient. En moins de 200 pages, ce fin spécialiste des sociétés arabo-musulmanes casse certaines idées reçues sur la situation dans la région. Il ne sous-estime pas les horreurs commises par les djihadistes mais tente de les décrypter à la loupe.

    #is #isis #irak #syrie #frontières #sykes_picot

  • « Dar al Islam », le magazine en français de l’#État_islamique: : Novopress.info – arme de réinformation massive
    http://fr.novopress.info/180477/dar-al-islam-magazine-en-francais-letat-islamique

    L’État islamique a récemment lancé un magazine en français pour développer sa propagande en direction d’un public francophone.

    https://ia601407.us.archive.org/16/items/DarAlIslam01Finished/D%C3%A2r%20Al-Isl%C3%A2m%2001%20%5BFinished%5D.pdf

    Contre l’Etat islamique, l’armée active une cellule de contre-propagande
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2015/02/04/contre-l-etat-islamique-l-armee-active-une-cellule-de-contre-propaga

    #propagande

  • Etat islamique contre Al-Qaida : la nouvelle ère du djihad mondial
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2014/11/12/etat-islamique-contre-al-qaida-la-nouvelle-ere-du-djihad-mondial_452

    Le conflit entre les deux mouvements est appelé à durer car, si Abou Bakr Al-Baghdadi a le vent en poupe, il n’est pas parvenu à convaincre le monde du djihad de la légitimité de son califat. Certains facteurs pourraient évidemment changer la donne. D’une part, la guerre menée par la coalition internationale contre l’EI, qui n’en est qu’à ses prémices, pourrait contribuer à rapprocher les frères ennemis. D’autre part, l’espérance de vie étant somme toute limitée dans ce type d’activité – des rumeurs circulent actuellement sur le fait que le calife Baghdadi aurait été tué ou blessé dans un raid à Mossoul –, nul ne sait ce que deviendrait Al-Qaida après Zawahiri ni l’Etat islamique après Baghdadi.

    L’essentiel reste que le djihad global est entré, cette année, dans une nouvelle ère et que rien n’indique que ces divisions signifient l’affaiblissement de l’idéologie, bien au contraire. Les partisans du djihad profitent du fait que les révolutions arabes, porteuses de tant d’espoir, se sont pour le moment plutôt transformées en un désastre. Et la rivalité entre Al-Qaida et l’Etat islamique pourrait offrir au mouvement djihadiste mondial, qui n’a jamais eu autant de combattants à son service, une nouvelle jeunesse.

    #AQ #ISIS #Syrie #Califat #analyse #jihad

  • What’s really behind the Brazilian #riots? - CNN iReport
    http://ireport.cnn.com/docs/DOC-988431

    iReporter phillipviana was at the protests that took place in Sao Paulo, Brazil’s, city center on June 13. While there, he used his iPhone to photograph demonstrators holding up signs in protest. He says originally the protests were sparked by fare increases that are being set in place for Brazil’s public transportation. ’Protesters want the public transport fares to remain the same. A minority of protesters — and that includes the leaders — want the public transport to be completely free. But most people are motivated by issues other than public transport as well,’ he explained. He saw police turn violent against protesters, using tear gas and rubber bullets to disperse them. CNN also reported similar accounts of protesters and police clashing because of demonstrations against bus fare increases.

    But he says fare increases are just one of the many problems that are facing Brazil right now. In his opinion as a life-long resident of the region, he says infrastructure as well as other social issues are not being address in the country. ’Brazilians want to put a stop to the various problems that exist in the country. We see no reason to have such bad infrastructure when there is so much wealth that is so highly taxed... Some Brazilians are revolting against the fact that so much money is being spent on the World Cup whilst our education and health systems are of so poor quality,’ he explained. ’I see the protests as a way to fight for other important causes,’ he said.

    In the iReport text below, phillipviana reflects some personal thoughts about the state of Brazil’s government. Some of his claims on the state of Brazil’s government have not been confirmed by CNN.
    – Jareen, CNN iReport producer

    #émeutes #Brésil

  • En France, la DGSE est au cœur d’un vaste programme de #surveillance d’Internet - LeMonde.fr
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2013/06/11/en-france-la-dgse-est-au-c-ur-d-un-vaste-programme-de-surveillance-d

    La France dispose-t-elle d’un programme de surveillance massif proche de celui mis en place par l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) ? La réponse est oui. La direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français agissant au-delà de nos frontières, examine, chaque jour, le flux du trafic Internet entre la France et l’étranger en dehors de tout cadre légal. Laurent Borredon et Jacques Follorou pour Le Monde, signalent néanmoins que ce programme est restrictif, les (...)

    #vieprivee #prism

  • Why Iran’s Hackers Might Be Scarier Than China’s | Mother Jones
    http://www.motherjones.com/politics/2013/05/who-has-scarier-hackers-china-or-iran

    Ultimately, Clarke says, it doesn’t matter which country poses more of a threat because “the difference between hacking infrastructure and spying is only a couple of keystrokes. It’s still all about getting in. And once you’re in, it’s relatively easy to do the destruction you want to do.”

    #cybersécurité #chine #iran #états-unis via @pierrealonso j’en profite pour glisser ça #shameless http://fluxetfixe.wordpress.com/2013/06/02/e-peril-jaune

  • Un voile sur la Tchétchénie
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2013/04/26/un-voile-sur-la-tchetchenie_3167362_3210.html?xtmc=tchetchenie

    Certaines le portent et d’autres pas, c’est selon, mais, pour éviter les ennuis, la plupart des femmes mettent le foulard en Tchétchénie. Depuis 2010, Ramzan Kadyrov, l’homme lige du Kremlin dans la République musulmane de la Fédération de Russie, a imposé aux femmes de se couvrir la tête. Dès le primaire, les petites écolières doivent être couvertes, tandis que les jeunes filles et les femmes mariées sont fortement incitées à l’être aussi quand elles se promènent dans la rue, vont au cinéma ou entrent dans les bâtiments officiels de l’administration tchétchène.

  • Selon l’Unesco, 793 millions d’adultes dans le monde ne savent ni lire, ni écrire - LeMonde.fr
    http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2011/09/06/selon-l-unesco-793-millions-d-adultes-dans-le-monde-ne-savent-ni-lir

    Près de 793 millions d’adultes dans le monde ne savent ni lire ni écrire, en majorité des jeunes filles et des femmes, a indiqué mardi 6 septembre l’Unesco, à deux jours de la Journée internationale de l’alphabétisation. Onze pays comptent plus de 50 % d’adultes analphabètes, selon l’organisation : le Bénin, le Burkina Faso, l’Ethiopie, la Gambie, la Guinée, Haïti, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone et le Tchad.

    #développement