Elisabeth Longuenesse et Cyril Roussel, Developper en Syrie. Retour sur une experience historique

/new-texts-out-now_elisabeth-longuenesse

  • New Texts Out Now : Elisabeth Longuenesse et Cyril Roussel, Developper en Syrie. Retour sur une experience historique
    http://www.jadaliyya.com/pages/index/19921/new-texts-out-now_elisabeth-longuenesse-et-cyril-r

    Des politiques de modernisation des années 1950, des grands projets d’aménagement et d’irrigation, initiés dès l’époque mandataire, puis associés à la réforme agraire, et qui ont pris leur plus grand ampleur dans les années 1960 et 1970, aux conséquences de la redistribution des terres par la dite réforme agraire, puis, paradoxalement, après 2005, par ce qui a été qualifié de « contre réforme agraire », les transformations de l’agriculture et des rapports sociaux dans les campagnes apparaissent au cœur des mutations sociales de la Syrie contemporaine.

    Le « développement » agricole, qui était au cœur du projet de développement baassiste, a en effet pris deux formes : la redistribution des terres et les grands projets d’irrigation. Il avait aussi une forte dimension sociale, qui a entrainé un morcellement extrême de la propriété foncière. Il en est résulté deux paradoxes : le premier est que l’objectif d’autosuffisance, grâce à l’irrigation et aux grands travaux, ne sera finalement atteint que par la multiplication des forages illégaux, donc via l’initiative privée, au prix d’une destruction accélérée de l’environnement et de l’épuisement des ressources ; le second est que la contre-réforme des années 2000 a eu un double effet contradictoire mais complémentaire, de morcellement accru de la propriété, et de développement des grandes exploitations, provoquant dans les deux cas exode rural et paupérisation. On a beaucoup dit, à juste titre, que la crise de la seconde moitié des années 2000, qui résulta de la conjugaison de facteurs climatiques et socio-économiques, avait été un facteur sous-jacent déterminant du soulèvement syrien. C’est en effet largement dans les populations des petites villes et des banlieues de Damas et d’Alep, dont la population avait grossi trop vite suite à l’afflux de population chassées par la crise du monde rural, que se sont produites les premières manifestations.