10 Etudes de Cas « Entre Deux Eaux

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  • Infographic: Syria Drought and Climate Change

    In March 2015, a study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences laid out an argument for a climate-conflict link in Syria in three parts: First, a severe drought occurred that was made more likely by human-induced climate change; Second, a mass migration of drought-affected farmers fled to Syria’s cities; Third, the influx of migrants exacerbated unemployment and inequality in the cities, contributing to civic unrest over a nonresponsive government.


    http://www.circleofblue.org/2016/middle-east/infographic

    #Syrie #sécheresse #climat #changement_climatique

    • Mais combien de temps a-t-il fallu pour que l’on entende des analyses prenant en compte cette sècheresse qui a frappé les campagnes syriennes, dans la genèse de la guerre ?
      Pourtant de nombreux syriens en parlaient...

    • @cdb_77 : merci. Le document en tête du post est intéressant. Le lien vers la BD, lui, date tout de même de 2014 et elle me semble très naïve.
      Ce qui m’étonne c’est que je ne me rappelle pas d’une seule analyse évoquant cette sècheresse en 2011, dans les médias. Pas une !
      Pourtant en 2008, lors d’un voyage en Syrie, j’avais pu constater que c’était déjà un sujet de préoccupation là-bas.
      Fin 2011 dans le cadre d’une discussion de forum j’ai écrit ceci :
      http://seenthis.net/messages/471493

      De mon point de vue le régime a malgré lui apporté la flamme à la mèche. Mais le stock de poudre, que cette mèche a fait exploser, n’est pas totalement de son fait. Cette poudre explosive, c’est vrai, c’est à la fois la corruption de cercles dans le régime (les Makhlouf sont l’exemple le plus connu), une certaine forme de confessionnalisme (parfois aussi exagérée), son absence de réformes politiques réelles depuis une décennie, la brutalité réelle de ses services, l’ambiguïté de la réussite des réformes économiques de Dardari (qui maintenant se pavane au Liban et fait la retape pour les opposants), un relatif abandon des campagnes (alors qu’elles subissaient la sècheresse) …

      De mon point de vue le facteur décisif est géopolitique. Ce qui a eu lieu est une opération de changement de régime organisée largement de l’extérieur. Les preuves qui s’amoncellent depuis laissent peu de doute (les emails divulgués de H. Clinton, parmi de nombreux exemples). Mais il est clair que l’incurie du régime dans le traitement de la crise des campagnes - alors que le Baath était historiquement le parti des campagnes et des minorités - parmi d’autres facteurs, l’habituelle violence de ses moukhabarat, a créé un terrain favorable à ce genre d’opérations.
      Reste que, d’accord ou pas avec cette lecture, la question de savoir pourquoi aucune analyse proposée dans les médias n’incluait de facteurs sociaux - dont la crise affectant les campagnes et l’exode rural - reste entière. Je pense que la force de la narrative qui accompagne les évènements du type « révolution colorée » tend à réduire les modèles d’analyse proposés au public à celui d’une crise simple due aux aspirations démocratiques et qui se résoudra avec le départ du dictateur, rendu responsable de tous les maux. Or, c’est cette narrative, transfigurée dans les « Printemps arabes », qui a immédiatement dominé en 2011.
      Mais les conditions de réussite d’une révolution colorée en Syrie n’étant pas réunies - elles supposent, entre autres, un discret coup d’Etat de velours organisé de l’extérieur, impossible dans un régime syrien imperméable à la pénétration américaine et plus résilient que prévu - il a fallu passer rapidement à une guerre par proxies et donc aller à la guerre civile.
      La narrative doit alors s’adapter tout en maintenant l’essentiel : certes cela devient violent, destructeur, inquiétant, ... mais tout s’arrangera à la chute du dictateur. La BD que vous mettez en lien tente cette adaptation. Elle intègre sur le tard le facteur social mais maintient un modèle d’analyse à causalité unique : celui de la responsabilité exclusive du dictateur dans la crise et comme responsable unique de l’irruption de la violence (dans la BD : la sècheresse n’a pas été traitée par le régime qui ne se préoccupe pas de sa population, d’où la guerre).

    • @cdb_77 : sur la crise climatique l’article de 2015 de Mamarbachi sur Orient XXI est de bonne qualité, à mon avis, dans le traitement de la question de la sècheresse et de la démographie. Si la chose vous intéresse, je vous le conseille. Reste que comme la BD il vient enrichir le modèle d’analyse sur le tard (2015 !) et en l’adaptant à la narrative initiale qui s’est avérée être un fiasco absolu :
      http://orientxxi.info/magazine/comment-fonctionne-l-economie-de-guerre-en-syrie,1047

      De grenier à blé qu’elle était depuis l’Antiquité, la Syrie est en passe de se transformer en désert après plus de quatre ans de guerre sanglante qui ont succédé à des années de sécheresse et d’aléas climatiques. Alors que les combats anéantissent les vestiges des premières civilisations nées sur ces terres d’abondance, l’agriculture elle-même peine à subsister. Force est de constater que les sécheresses successives, les mouvements de population, les exodes résultant d’une démographie rampante et de la pauvreté — vidant la campagne agricole pour les villes — comptent parmi les causes premières du conflit.

    • Aux origines climatiques des conflits

      Ne pouvant plus nier les effets des activités humaines sur le climat, les dirigeants de la planète vont se retrouver à la fin de l’année à Paris pour la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP21). Mais ils ne semblent pas prendre toute la mesure du problème, alors que les accidents se multiplient. Les mauvaises récoltes en #Chine, par exemple, pourraient avoir attisé les « printemps arabes ».

      Et sur la Syrie :

      Entre 2006 et 2011, la Syrie a connu la plus longue #sécheresse et la plus importante perte de récoltes jamais enregistrée depuis les premières civilisations du Croissant fertile . Au total, sur les vingt-deux millions d’habitants que comptait alors le pays, près d’un million et demi ont été touchés par la désertification (1), ce qui a provoqué des migrations massives de fermiers, d’éleveurs et de leurs familles vers les villes (2). Cet exode a attisé les tensions provoquées par l’afflux de réfugiés irakiens qui avait suivi l’invasion américaine de 2003. Pendant des décennies, le régime baasiste de Damas a négligé les richesses naturelles du pays, subventionné des cultures de blé et de coton nécessitant beaucoup d’eau et encouragé des techniques d’irrigation inefficaces. Surpâturage et hausse démographique ont renforcé le processus. Les ressources hydriques ont chuté de moitié entre 2002 et 2008.

      http://www.monde-diplomatique.fr/2015/08/SINAI/53507

    • Syria and climate change: did the media get it right?

      Syria, migration and climate change will all be key issues at the World Humanitarian Summit this week, but are they interrelated, and how? Alex Randall, from the Climate and Migration Coalition, explains why media portrayal of climate driven migration as a source of conflict is both damaging and inaccurate.

      http://policy-practice.oxfam.org.uk/blog/2016/05/syria-and-climate-change-did-the-media-get-it-right

    • Climate change and the Syrian civil war revisited

      In the view of many Western policymakers and commentators, the Syrian civil war was caused, in part, by anthropogenic climate change. Former US President Barack Obama claimed that climate change-related drought ‘helped fuel the early unrest in Syria, which descended into civil war’ (Obama, 2015); former Secretary of State John Kerry argued that ‘it’s not a coincidence that immediately prior to the civil war in Syria, the country experienced its worst drought on record’ (Kerry, 2015); erstwhile Democratic presidential candidates Martin O’Malley and Bernie Sanders have claimed similarly (Democracy Now, 2015 ; Schulman, 2015); and in the UK, Prince Charles has maintained that ‘there is very good evidence indeed that one of the major reasons for this horror in Syria was a drought that lasted for five or six years’ (Mills, 2015). International organisations (e.g. the World Bank: Verme et al., 2016: p. 33), leading NGOs (e.g. Friends of the Earth: Bennett, 2015), official governmental and intergovernmental reports (e.g. Adelphi et al., 2015 ; King et al., 2015), defence think tanks (e.g. CNA Military Advisory Board, 2014: pp. 13–14), academics (e.g. Cole, 2015 ; Malm, 2016), activists (e.g. Brand, 2015) and commentators of various political persuasions (e.g. Box and Klein, 2015; Friedman, 2012 ; Friedman, 2013) – all have argued similarly.

      http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0962629816301822
      #paywall (mais avec sci-hub...)

  • New Texts Out Now : Elisabeth Longuenesse et Cyril Roussel, Developper en Syrie. Retour sur une experience historique
    http://www.jadaliyya.com/pages/index/19921/new-texts-out-now_elisabeth-longuenesse-et-cyril-r

    Des politiques de modernisation des années 1950, des grands projets d’aménagement et d’irrigation, initiés dès l’époque mandataire, puis associés à la réforme agraire, et qui ont pris leur plus grand ampleur dans les années 1960 et 1970, aux conséquences de la redistribution des terres par la dite réforme agraire, puis, paradoxalement, après 2005, par ce qui a été qualifié de « contre réforme agraire », les transformations de l’agriculture et des rapports sociaux dans les campagnes apparaissent au cœur des mutations sociales de la Syrie contemporaine.

    Le « développement » agricole, qui était au cœur du projet de développement baassiste, a en effet pris deux formes : la redistribution des terres et les grands projets d’irrigation. Il avait aussi une forte dimension sociale, qui a entrainé un morcellement extrême de la propriété foncière. Il en est résulté deux paradoxes : le premier est que l’objectif d’autosuffisance, grâce à l’irrigation et aux grands travaux, ne sera finalement atteint que par la multiplication des forages illégaux, donc via l’initiative privée, au prix d’une destruction accélérée de l’environnement et de l’épuisement des ressources ; le second est que la contre-réforme des années 2000 a eu un double effet contradictoire mais complémentaire, de morcellement accru de la propriété, et de développement des grandes exploitations, provoquant dans les deux cas exode rural et paupérisation. On a beaucoup dit, à juste titre, que la crise de la seconde moitié des années 2000, qui résulta de la conjugaison de facteurs climatiques et socio-économiques, avait été un facteur sous-jacent déterminant du soulèvement syrien. C’est en effet largement dans les populations des petites villes et des banlieues de Damas et d’Alep, dont la population avait grossi trop vite suite à l’afflux de population chassées par la crise du monde rural, que se sont produites les premières manifestations.