• La révolte à l’ère du numérique : nouvelle efficacité, nouvelles faiblesses
    https://reporterre.net/La-revolte-a-l-ere-du-numerique-nouvelle-efficacite-nouvelles-faiblesses

    par Gustave Massiah

    Dans « Twitter et les gaz lacrymogènes », Zeynep Tufekci analyse de manière remarquable la nouvelle génération de mouvements sociaux marqués par l’ère numérique. Si les réseaux sociaux accélèrent les mobilisations, l’espace public numérique dépend des monopoles de l’économie du web.

    Pour Zeynep Tufekci, l’espace public connecté modifie la sociabilité des mouvements sociaux et leurs formes de mobilisation. La connectivité numérique permet de partager des liens faibles contrairement à la culture politique qui organisait des liens forts, souvent exclusifs — ce qui est nouveau et considérable. Internet connecte presque toutes les régions de la planète, des ordinateurs sont dans toutes les poches, les algorithmes influencent les décisions dans toutes les sphères de la vie.

    L’idée de fonctionner sans organisation formelle, sans leader, sans infrastructures importantes, remonte aux années 1960. Les mouvements sans leader n’ont pas de porte-parole désigné, pas de leader élu ou institutionnel. Ils courent moins le risque d’être décapités par l’arrestation, la cooptation ou la corruption d’une poignée de chefs. L’absence de structures décisionnelles conduit cependant à ce que Zeynep Tufekci nomme « une paralysie tactique ». Elle cite ainsi « La tyrannie de l’absence de structure », un article de la militante féministe Jo Freeman, écrit en 1970. Cette absence rend difficile le règlement des désaccords et la capacité de négocier.

    #Zeynep_Tufekci #Gustave_Massiah #Mouvements_sociaux #C&F_éditions

    • Le livre a l’air bien. Sur le même sujet, j’en profite pour reposter cet article qui était déjà mauvais il y a dix ans, avec Lincoln et Obama présentés comme des modèles démocratiques.

      Démocratie & Internet à l’ère du numérique - Revue Critique d’Ecologie Politique
      http://ecorev.org/spip.php?article854

      De même, alors que dans son roman 1984
      Orwell critique le communisme de 1948 qui
      n’a nul besoin de l’internet pour contrôler la
      population, il est étonnant de voir revenir sans
      cesse l’argument selon lequel l’informatique
      permettrait « l’Orwellisation » de la société [2] ;
      d’autant que les technologies de surveillance
      peuvent au contraire alléger la surveillance
      effective et les forces de répression en étant
      détournées [3].

      Dans la ligne de la conclusion de L’immatériel,
      nous postulons avec André Gorz que l’informatique
      est une « technique ouverte », un « outil
      convivial » (Illich), profitable à une écologie
      définie comme « homéotechnique » (Sloterdijk).
      A nous de nous focaliser sur l’essentiel : défendre notre liberté. En permanence à
      reconquérir, elle est le fruit de l’aptitude des
      humains à redéfinir l’autonomie et à mettre en
      œuvre la démocratie dans un contexte social
      et technologique donné. De ce point de vue,
      l’internet renferme un extraordinaire potentiel
      d’expression des droits civiques et de communication
      des valeurs humaines (Manuel
      Castells).

      Internet c’est en effet la parole donnée à
      chacun sans exclusive et quel que soit son
      handicap, y compris celui d’appartenir à
      une classe sociale défavorisée. Wikipédia en
      est un exemple édifiant. La diffusion du
      savoir et des connaissances n’est pas conditionnée
      par le statut social de l’individu mais
      par le contenu même de sa production.
      L’évaluation des diplômes ne vient pas court-circuiter
      sa participation. Pour autant il n’y
      est pas produit n’importe quoi, grâce au
      développement d’une vigilance critique qui
      en régule le contenu.

      « Face aux questions et métriques que
      produisent les pratiques sur l’internet,
      l’autorégulation et la critique constructive
      des internautes eux-mêmes sont peut-être les
      réponses les plus intéressantes au défi qui est
      lancé en terme de démocratie. » (Hubert
      Guillaud)

      Internet c’est ainsi l’intelligence collective au
      bénéficie de tou-te-s et la possibilité d’un
      travail collaboratif qui permet à des
      individus isolés d’entrer en contact, de se
      mobiliser et de participer à des actions
      collectives, comme ce fut le cas à Seattle
      avec la coordination internationale des altermondialistes
      via la toile, ou encore pour la
      mobilisation des malades du Sida à l’échelle
      mondiale.

      Les outils de diffusion de cette intelligence
      collective sont d’ores et déjà opérationnels.

      Toujours dans cette idée de diffusion
      démocratique, la télémédecine et le téléenseignement,
      pratiques encore trop peu
      développées principalement par manque de
      volonté politique, pourraient dès aujourd’hui
      améliorer grandement la qualité de l’accès
      aux soins et aux savoirs.

      L’Internet est une agora planétaire qui met à
      mal les hiérarchies des ordres anciens distinguant
      auteurs et lecteurs, experts et profanes.
      la mise en lien via ce réseau permet la
      construction d’une intelligence collective de
      manière horizontale : une construction qui
      parie sur la confiance et l’expertise des
      individus et se fonde sur l’interactivité entre
      citoyens et citoyennes responsables.
      Le partage, maître mot du réseau comme de
      la démocratie, est inscrit dans l’histoire de la
      toile.

      C’est à ces usages que peut s’adosser l’écologie-
      politique, et permettre enfin une façon
      plus écologique de faire de la politique,
      grâce à une démocratie des minorités ancrée
      dans le local, et le face à face, à l’opposé de
      toute dictature majoritaire, pouvant constituer
      à terme une véritable démocratie cognitive
      en interaction entre agir local et pensée
      globale (Jean Zin).

      Je sais pas comment ils ont fait pour faire du retour-chariot dans tout le texte...

  • World’s largest urban farm to open – on a Paris rooftop | Cities | The Guardian
    https://www.theguardian.com/cities/2019/aug/13/worlds-largest-urban-farm-to-open-on-a-paris-rooftop
    https://i.guim.co.uk/img/media/8a4741b7e3daed14f27816c033b9c99f82e2687c/0_0_5000_3000/master/5000.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    The 14,000m² farm is set to open in the south-west of Paris early next year

    Stocker du carbone dans le sol, un enjeu majeur - Revue Critique d’Ecologie Politique
    http://ecorev.org/spip.php?article920

    Le sol n’est pas seulement un milieu vivant support de la fertilité et de l’agronomie, c’est également un formidable « puits de carbone », c’est à dire qu’il est capable de fixer des quantités considérables de carbone sous forme de matière organique - à condition d’adopter des pratiques agricoles favorables. L’agronome Claude Aubert, co-fondateur des éditions Terre vivante et de la revue Les quatre saisons du jardinage, nous présente les données du problème et les principales solutions.

  • Drames en Méditerranée : la politique européenne coupable
    http://www.taurillon.org/drames-en-mediterranee-la-politique-europeenne-coupable

    Voici venu le temps des condoléances hypocrites et des déductions affligeantes sur les causes des drames survenus en mer Méditerranée. À chaque hécatombe, c’est en effet le même discours tant du côté des élites politiques que des militants europhiles qui s’offusquent du manque de moyens d’une Europe réputée impuissante face aux flux migratoires. Le diagnostic étant posé, la solution paraît logique et s’impose d’elle-même : renforcer les pouvoirs des institutions européennes. Ces drames sont au contraire le fruit de multiples actions politiques qu’il faudrait combattre et non encourager.

    Actualité

    / #Migration, #Immigration, (...)

    #Frontex
    http://www.rpfrance.eu/La-politique-europeenne-de,2025
    http://www.libreafrique.org/VeroniquedeRugy-aide-050115
    http://www.libreafrique.org/Bedard_landgrab_210410
    http://ecorev.org/spip.php?article306
    https://www.globalpolicy.org/images/pdfs/10stopdumping.pdf
    http://duelamical.eu/fr/articles/9/lopration-sangaris-
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/08/PING/50709
    http://www.monde-diplomatique.fr/2013/03/SERENI/48845

    • Ben donc quoi ? C’est donc une personne qui chaque année, plusieurs fois par an, conseille de bonnes lectures de livres d’extrême droite en disant que c’est super, et donne des interviews à des médias d’extrême droite.

      Ça ne veut pas dire que c’est un grand méchant qui veut tuer tout le monde. Juste qu’il n’est pas vraiment à prendre très au sérieux si on est dans une recherche d’émancipation sociale.

    • Oui, il a un problème de confusion. Mais il faut bien dire que beaucoup de ces types avancent masqués, et recyclent des thèmes de gauche pour brouiller les pistes, voire même, se réclament de penseurs de gauche tout en régurgitant de la pensée bien fasciste. Comme disait ma grand-mère : « ils bouffent le bon Dieu en entrant et chient le Diable en sortant », pour désigner les hypocrites de sa chère religion.

      Parce que je l’ai vu il y a 15 jours et qu’on a beaucoup discuté, je continue à penser qu’Étienne se fourvoie sur certains points, mais avec sincérité. Ce qui n’est pas du tout le cas de ses petits copains.
      C’est le souci des critiques antisystème ou antisociété. Les fachos utilisent exactement le même point de départ (la critique d’une société inégalitaire), mais selon un point de vue très différent (en général, ce n’est pas le principe des inégalités qui les emmerde, mais bien qu’elles ne soient pas en faveur de leurs intérêts bien particuliers) et surtout avec des solutions et des objectifs radicalement incompatibles avec la gauche.

      Donc, on me dira qu’il suffit de creuser un peu pour voir le loup et partir en courant.
      Sauf que, justement, en discutant, je me suis rendu compte qu’ils sont bien plus hypocrites que cela et sachant qu’une bonne part de leur programme est totalement invendable (en résumé : poussez-vous de là, que je m’y mette), ils pompent carrément dans les programmes NPA FdG et consorts, mais en les tordant dans la logique des causes et des effets.
      Et ça, je peux vous le dire, c’est bien la merde à détecter dans le feu d’une conversation. Et encore plus à démonter.

      C’est une stratégie que je trouve redoutable et qui marche comme une valse à trois temps :
      -- en t’appropriant les thèmes de ton ennemi (en l’occurrence, pour eux, les gauchistes humanistes égalitaristes et tout le bordel), tu commences par vider leur corpus idéologique par contamination.
      -- Tu brouilles les repères de la plupart des gens qui n’arrivent plus à s’y retrouver entre les antisystèmes de gauche et les antisystèmes de droite (d’autant qu’en fait, tout le monde se garde bien de te dire de quel système et de quelle manière on en parle). C’est d’autant plus efficace que le #confusionnisme politique est actuellement le truc le plus répandu, y compris dans la classe politique mainstream : Holllande = socialisme, par exemple...
      -- Tu affaiblis tes ennemis en les divisant entre ceux qui voient le loup et les autres et tu remportes la timbale à l’arrivée.

      C’est très exactement ce qui est en train de se passer.

      La contremesure la plus utilisée est le cordon sanitaire. Dès qu’un mec de gauche est contaminé par les rouges bruns, hop, on le black-liste et on prévient les autres qu’ils ont intérêt à prendre leur distance s’ils ne veulent pas subir le même sort. C’est peut-être efficace, mais ça dépouille progressivement les rangs des gauchistes et on peut se retrouver avec de véritables Politburos qui émergent et décident eux-mêmes où placer le curseur.
      Pour moi, le principal souci, c’est que les gens black-listés, on les abandonne à un seul son de cloche... et à priori, ça ne va pas arranger leur clarté d’esprit à la longue. Et puis, à ce rythme-là, un jour, on va se retrouver avec un radeau de 3 Stals sur un océan de fascisme et on l’aura dans l’os.

      L’autre possibilité est de conserver le dialogue avec les confus et de s’attacher à démonter les sophismes des fachos.
      Je ne suis pas certaine que ça marche, mais je me dis qu’il faut qu’ils conservent l’accès à d’autres argumentations et visions du monde pour ne pas se retrouver dans une immersion totale à la TF1. Si les fachos ont réussi à distordre leur vision du monde, serions-nous tellement plus cons qu’eux que nous ne pourrions inverser le processus ?
      Je crois qu’au contraire nous devons savoir de quelle manière ils procèdent. D’abord, dans un sain exercice d’autodéfense intellectuelle. Et ensuite dans une vision de long terme où nous sommes capables de reprendre des points, des positionnements, des thèmes confisqués.

      Depuis le début, je me tiens plutôt à l’écart des questions du Moyen-Orient, parce que je ne pense pas avoir les billes pour faire la part des choses.
      Mais je me rends compte à l’usage que c’est l’une des portes d’entrée des confusionnistes. Ils opèrent par glissement : État => peuple => ethnie => religion => race => complot, ce qui fait qu’en partant de la politique de la classe dirigeante Israélienne, ils arrivent tranquillou à réécrire l’histoire des religions puis l’histoire tout court et en brassant bien. Et comme tout le monde joue plus ou moins à touiller dans tous les sens, ça passe comme un suppo dans le tunnel sous la Manche.

      Le problème, c’est comment arriver à prouver que nous ne sommes pas nous-mêmes en train de distordre la réalité selon notre bon plaisir (peut-être en commençant par admettre que c’est déjà un concept relatif...) et être plus convaincants que les manipulateurs ?

      Je n’ai pas de réponse.
      Mais chaque fois qu’au cours de mes discussions j’ai reniflé une distorsion réactionnaire, j’ai décidé de contreargumenter et de ne surtout pas lâcher le morceau... ce qui m’a filé immédiatement une réputation d’emmerdeuse, mais tant pis.
      Parce que le confusionnisme est partout, vraiment. Surtout à travers les inversions de causalité.

      « Les femmes utilisent leur statut de victime pour dominer les hommes », « les accusations de viol, c’est pour faire du chantage aux hommes », « les Juifs ont choisi de se mettre à part des autres par orgueil et pour conserver leur cohésion interne », « les pauvres devraient être responsabilisés, quand même ! », « Je connais des chômeurs qui abusent de leur état », « On ne peut pas donner un revenu universel à tout le monde, mais seulement à ceux qui le méritent... », etc.

      Pour finir — et même si c’est confus — juste dire qu’hier je me suis retrouvée comme une conne à soutenir une action de sans-dents... jusqu’à ce qu’un troll (mais un vrai troll, je vous jure, un qui crie et insulte tout le monde) me fasse remarquer que c’était une copie d’une autre action, mais que cette copie venait de la Manif pour tous et de ses potes.
      Donc, il m’a fallu surmonter mon aversion des trolls pour comprendre le fait que je m’étais fait avoir comme une bleue.
      Pour me rendre compte ensuite que le troll était un socialiste qui soutenait Hollande... tout en gerbant sur les immigrés.

      Putain... un crotale n’y retrouverait pas ses petits !

      Le seul truc que j’en garde, c’est qu’en ce moment, tout le monde a l’air salement en colère, que le fond de l’air sent la baston et que les fouteurs de merde et de troubles prospèrent comme des fous dans ce merdier.

      Sur ceux, je vais lire des livres.
      Voilà !

    • La citation complète de la première copie d’écran. Dans un article sur…

      Jacques Cheminade, authentique sentinelle du peuple, maltraité depuis longtemps par les chiens de garde de l’oligarchie - Blog du plan C, pour une Constitution Citoyenne, écrite par et pour les citoyens
      http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2011/05/25/126-jacques-cheminade-authentique-sentinelle-du-peuple-maltrait

      Je crois même que ce choix stratégique de lutte prioritaire contre les banques privées est précisément LA raison réelle qui leur vaut tous ces mauvais traitements : les chiens de garde du système, —prétendus journalistes, en fait subordonnés serviles des multinationales de la finance et de l’armement— accaparent les micros pour répéter ad nauseam leurs calomnies et désinformations contre les plus dangereux de leurs adversaires : ainsi, les citoyens résistants qui prennent le mal social à la racine en visant prioritairement les cartels (les multinationales) et les banques, comme Jacques Cheminade, Thierry Meyssan, Alain Soral, Annie Lacroix-Riz, Maurice Allais, Fabrice Nicolino, Denis Robert et autres intellectuels authentiquement subversifs et libres, font-ils l’objet d’un traitement médiatique particulièrement malhonnête.

      (Remarque : ces penseurs libres, sur certains sujets parfois aux antipodes les uns des autres, n’aimeraient peut-être pas être rapprochés comme je le fais ci-dessus, je le comprends et ce rapprochement n’engage que moi : c’est moi qui les mets ensemble, dans ma tête (sans être d’ailleurs d’accord en tout avec eux), en considération de la radicalité de leur analyse, de leur indépendance d’esprit et leur courage.)

      Ce qui est étonnant, en cette occurrence précise, c’est que des militants de gauche —des gens sincèrement humanistes et généreux— ajoutent leurs morsures à celles des chiens de garde oligarchiques… Je trouve ça consternant de bêtise : on se déchire entre nous, pendant que les banquiers se goinfrent en se marrant.

    • Elle est pas mal cette vidéo, c’est bien fichu. L’auteur a ajouté ça après coup quand même :

      Si j’avais à refaire cette vidéo sur Chouard, je changerais certainement deux ou trois trucs.

      Ce qu’on m’a fait remarquer sur les réseaux sociaux, à raison, c’est qu’il y avait tout de même une différence significative entre Chomsky et notre étrange spécimen :
      – le linguiste engagé défend une conception radicale de la liberté d’expression sans pour autant soutenir Faurisson
      –Chouard, lui, fricote activement avec Egalité et Réconciliation, au point d’aller jusqu’à qualifier leur gourou de « résistant ».

    • Le truc, c’est qu’il y a une différence assez importante entre :
      – affirmer que ces gens (E&R, Dieudo, etc) ont le droit de s’exprimer, qu’il ne faut pas interdire leur parole, et à la limite que même peut-être certains sujets qu’ils abordent sont vraiment des sujets à aborder (sans pour autant être d’accord avec leurs réponses bien sûr)
      – et d’un autre côté promouvoir leurs livres, inviter à aller à leurs réunions, publier des textes d’eux, etc.

      C’est-à-dire une différence entre accepter leur parole, et les aider dans cette parole et sa diffusion.

    • Oui, je suis d’accord, @rastapopoulos, c’est pour cela que je parle de confusionnisme. Quand Étienne s’est fait étrillé pour sa conception de l’ouverture des échanges, il s’est retrouvé très isolé et surtout très fragilisé. Ne pensez surtout pas que l’on peut subir des attaques de cette sorte et les laisser glisser comme l’eau sur les plumes du canard.
      C’est psychologiquement violent. Et à cette période, les seuls qui lui ont tendu la main, ce sont les calculateurs dont tu parles. Du coup, il était forcément plus réceptif à leur son de cloche, surtout que c’était le seul qu’il entendait. Ça, ça m’a foutu en rogne contre la politique du cordon sanitaire qui consistait, finalement, à le jeter dans les bras des fachos.

      Ça m’a beaucoup rappelé les techniques des Témoins de Jéhovah, que j’ai pu observer in vivo. Si la plupart des adeptes prosélytes sont sincères, je doute sérieusement de celle de leurs dirigeants. Il y a toute une stratégie d’approche qui est enseignée pour aller apporter soutien et réconfort aux personnes dans l’affliction.
      C’est de la psychologie sociale élémentaire : les gens qui subissent des traumatismes (maladie, deuil, licenciement, divorce) sont nettement plus fragiles qu’en temps normal et leurs défenses intellectuelles plus facilement contournables. Une gentillesse bien calibrée au bon moment te retourne n’importe qui. D’où le principe universel du méchant et du bon flic.

      Je trouve même qu’Étienne a plutôt bien résisté, même si, manifestement, il y a des tas d’aspects de la pensée de Soral et ses potes qu’il occulte. Mais comme je le disais, ils sont loin de se revendiquer clairement pour ce qu’ils sont : racistes, misogyne, élitistes, voire monarchistes pour certains. C’est emballé avec soin dans de bonnes grosses idées de gauche.
      Ils ne disent pas : la place des gonzesses, c’est au fourneau à pondre des gosses (mais ils le pensent, ça transpire de partout !). Ils disent : il faut libérer la femme du fardeau du travail. Comme le disent également certains progressistes de gauche, mais pas dans la même optique finale.

      Là où ils sont forts, les cochons, c’est dans leur stratégie antisystème. Ils disent que le système ment pour asseoir sa domination - ce qui est une analyse largement partagée à gauche - et qu’il faut donc relire l’histoire en sachant qu’elle est écrite par les vainqueurs.

      On est parfaitement d’accord.
      Et c’est pourtant là que ça part en couille.
      Je lis Caliban et la sorcière qui est une relecture féministe de l’histoire. Je lis aussi Shlomo Sand qui réécrit celle des Juifs. Mais je me demande où est la frontière de la réécriture. Ok, les manuels d’histoire sont partiaux et écrits majoritairement selon la vision des hommes blancs capitalistes, mais chaque déconstruction introduit la vision de quelqu’un d’autre. Comment je mesure les intentions de chacun ? Comment je m’y retrouve dans la quête de la réalité historique ? Qui tient le projecteur ?

      Quand j’ai travaillé sur mon mémoire sur l’antisémitisme, le Centre d’Études juives de la Sorbonne m’a ouvert ses ressources documentaires. Ils avaient tout un rayon sur l’histoire des génocides. Un gros rayon. Avec vraiment plein de génocides. Là, rien sur le féminicide des sorcières, mais plusieurs pavés sur le génocide commis par les Français à Madagascar.

      Je n’en avais jamais entendu parlé et pourtant, j’avais un oncle qui avait servi là-bas à la bonne période. Pas un mot dans les manuels d’histoire, rien, nada.
      J’avais un copain qui vivait avec un artiste malgache à l’époque. Le gars s’est foutu de ma fiole. Il m’a raconté ce qui se transmettait chez lui. Il m’a surtout envoyé au visage sa colère et à travers lui, celle de son peuple.

      20 ans plus tard, je n’ai pas l’impression que les manuels d’histoire soient à jour. Même pour l’Algérie, ça traine des pieds.

      Alors voilà : qui croire ? Comment trier ? Comment ne pas se faire contaminer à la marge quand tout le monde travestit les faits à son avantage ?

      Au final, il me reste quoi ? Le fait qu’Étienne est un copain. Que le gros de sa pensée est plus sain que celle de la plupart de mes concitoyens qui regardent vraiment trop la télé. Et que je ne lâcherai pas un pouce de terrain aux fachos le concernant.

    • @monolecte, dans cette interview Etienne Chouard réfute cette réputation de facho qui lui est faite et même la retourne complètement ... Pas mal comme défense, je trouve. Vidéo découverte « par hasard » sur un site ami avec les idées du Plan C (le wiki des gentils virus : http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Accueil ).

      http://www.dailymotion.com/video/x12x42y_etienne-chouard-a-la-radio-parle-des-pseudo-antifa_news

    • Les derniers textes de DeDefensa http://seenthis.net/messages/293895 au sujet du référendum écossais sont intéressants, en ce qu’ils illustrent totalement l’effet dissolvant du système sur tous les principes structurants... pour parler comme l’auteur. Cette dissolution explique tous les téléscopages actuels, où des fachos diffusent des idées gauchistes, et inversement. Quand les principes sur lesquels les communautés humaines se soudent sont sapés à la base, par force, elles se retrouvent toutes unies pour tenter de les préserver. Et on se retrouve à se renifler les aisselles idéologiques pendant que les fondations principielles continuent de s’effondrer. Aucune solution à proposer... Juste je constate. Et autour de nous, les hyènes rodent (la Horde, les Soraliens, même processus d’#infantilisation...).

    • @aude_v , je pense que tu as clairement raison sur les points que tu évoques. Notamment concernant le titre évocateur de la vidéo - titre que je n’avais même pas remarqué - et le compte qui l’héberge (Vive la France libre) - que je n’avais pas vu non plus . Et j’aime bien ton idée qu’il faut apprendre à développer son odorat politique pour sentir là où ça pue.

      @nicolasm, j’ai pensé à ce que tu dis ; en fait il faudrait savoir qui tient le micro et de quel bord politique il se situe.

      Sinon si je dis pas de conneries le mouvement Vive la France libre se sert de cette vidéo (mais ça n’est peut-être pas exact de dire qu’il se sert directement d’Etienne Chouard), pour lancer le message « les antifa, vous voyez que vous êtes aussi fachos que nous les fachos ».

      Sur la démocratie directe, lorsque le système sera par terre je pense que ce sera possible. :)

    • Donc il persiste et signe sur la pire personne de toute la liste de départ. Difficile d’être plus clair là… il n’y a plus rien d’implicite ou de naïveté, de choses non-comprises. Soral est absolument explicite sur plein de sujets, ce n’est pas quelqu’un qui se cache, donc le défendre et continuer d’en parler comme ça…

      Ça va être difficile de dire qu’il se fourvoie avec sincérité là @monolecte, non ?

    • Merci @thibnton. Enfin, je vais pouvoir mieux me positionner, moi qui était très mal à l’aise sur Chouard, souhaitant permettre à quelqu’un de chercher sa vérité. Passionnant de voir comment il pose les choses en disant d’une part que les fascistes ce sont Hollande et les partis politiques (mouiiii, pourquoi pas...) mais que Soral est un résistant qui a permis au FN de basculer à gauche ! Et que Lepen n’est pas un danger, bah oui, elle n’est pas dans un parti et elle ne cherche pas le pouvoir !!! Le tout noyé dans un blabla avec bien sûr quelques vérités et même quelques positions brillantes. Du pur #confusionnisme...

    • En tout cas y a un bel exemple de stratégie des dominos avec le FN qui est contaminé par Soral qui est contaminé par l’#Iran et la #Syrie, qui sont donc des états totalitaires et fascistes. Je trouve ce procédé très mesquin parce que pour le coup l’interviewé doit maintenant expliquer pourquoi il pense que deux états pourris par les médias et qui sont donc des « méchants » (et c’est facile à voir, y a le régime de Téhéran d’un côté et le régime de Damas de l’autre) ne sont pas ceci ou cela, ce qui est autrement plus compliqué, et fait jouer des notions de souveraineté nationale, de non alignement, de politique étrangère locale à la région, etc.

      Pourtant y aurait moyen de pourrir rapidement Soral rien qu’en prenant ce qu’il dit sur les femmes par exemple, mais soit les personnes qui critiquent Soral ne l’écoute pas (eh oui, cordon sanitaire oblige), soit ce n’est pas disqualifiant de cracher sur les femmes.

    • @nicolasm : tu répands vraiment un paquet de bêtises à chacune de tes interventions… Personne ne pourrit spécifiquement Soral sur tel ou tel aspect. La critique de son masculinisme a été faite également, ainsi que de son antisémitisme, qui le pousse à des alliances type Assad. Au passage, Chouard trouve la critique du sionisme faite par Soral « intéressante » (un antisémitisme viscéral qui le pousse à rééditer les pires crevures de l’histoire). T’inquiètes, y’a des gens qui écoutent Soral et qui savent repérer ses perroquets.

      @aude_v : le manque d’argumentations dans le domaine de la participation aux décisions (la démocratie), notamment chez les anars qui s’en remettent grosso modo aux lendemains autogérés dans une grande assemblée ou à des syndicats qui gèreront la vie est catastrophique.

    • @ari : ta réponse à @aude_v est hallucinante, et effectivement, tu chouardises un chouillat (nouveau verbe pour décrire l’action de dire n’importe quoi alors qu’on a toutes les données en tête pour ne pas le faire...)
      Je t’invite donc à 1/ venir aux AG de Notre-Dame-des-Landes 2/ lire Constellations ... pour découvrir par toi même à quel point les anars influencent, expliquent, disent, et même agissent une fois un consensus obtenu... mais effectivement, si tu cherches des personnes qui se disent anar ou font du prosélytisme, forcément, tu dois pas en voir beaucoup ;)

    • @nicolasm : quelle histoire de « domino » ?

      D’après cet entretien (et ce qui est montré depuis un moment) Chouard trouve Soral totalement fréquentable, ainsi que le FN ou l’ensemble des conspirationnistes type Asselineau. Sur Soral, Chouard est précis : il apprécie sa « critique » d’Israël (son « antisionisme ») et son « anti-impérialisme » qui n’a strictement rien d’original par rapport au reste de l’extrême droite (soutien aux régimes forts par rapport aux puissances occidentales, quels qu’ils puissent être).

      Perso, les gens comme Chouard (et leurs adeptes) je les combats tout autant que la police, les patrons, les banquiers, les homophobes, les antisémites ou les dictateurs comme Assad (et d’ailleurs Chouard précise qu’il pense que les antiracistes font le jeu des « banksters », que les « banquiers se frottent les mains » de ce genre de polémique entre extrême droite et extrême gauche).

      Le confusionnisme des crétins comme ça sert à limer les différences entre une extrême gauche émancipatrice et une extrême droite réactionnaire, en sélectionnant les combats qui sont supposés pouvoir être communs (même si voir l’extrême droite défendre la démocratie, ça fait quand même sérieusement rigoler). Il me semble que les conclusions à en retirer sont assez simples.

      @val_k : je ne comprends pas ton agressivité. J’étais certainement pas assez clair. J’ai un mail si besoin, tu le connais.

      Je voulais parler de l’absence de points de vue sur ce qui constitue l’espace « démocratique » réel avec d’autres que les anars ou les militants, i.e. en dehors d’espaces extrêmement spécifiques comme ceux que tu évoques. J’ai pas dit qu’il n’y avait rien, loin de là ! Mais ça reste souvent dans une sphère « idéale ». Qui s’intéresse par exemple à la disparition progressive de la gestion communale vers des intercos, voire des intercos géantes de 200 000 habitants ? Ou celle des départements (qui reste à une taille relativement humaine) vers des régions énormes ? Pas pour dire forcément qu’il y aurait quelque chose à sauver des différentes institutions, mais pour effectivement noter des évolutions dans la gestion du parc humain par l’Etat ?

      Sans parler effectivement de l’opacité de l’administration européenne, mais après on peut effectivement poser que la démocratie n’existe ni à l’échelle locale ni ailleurs mais qu’après la révolution tout ira mieux… :)

      La meilleure critique de Chouard, c’est peut-être encore de s’intéresser à ces questions de participation de la population aux décisions (ou son évolution depuis la Révolution française), et même si elle a toujours été imparfaite et largement critiquable. Bref, à un jour.

    • Il ne dit pas qu’ils sont fréquentable, il dit qu’ils ont certains aspects intéressants et qu’ils ont droit au débat. Si à partir de là il faut plus écouter ce qu’il dit sur certains sujets, c’est juste n’importe quoi.

      Maintenant j’ai des « thèses craignos », comme par magie. Ça doit encore faire partie de l’effet domino, je suis pas dans le sens du poil sur Chouard alors du coup ça me relie à Soral et Assad ?

    • Dire que Soral a des opinions intéressantes dans des perspectives émancipatrices, c’est dire qu’il est fréquentable.

      Dire que Soral est intéressant à étudier car il représente quelque chose, une mouvance, une tendance, et qu’il est intéressant en tant que ça dans la sphère d’extrême droite, ce n’est pas du tout la même chose que de dire qu’il dit des choses intéressantes en elles-mêmes dans notre perspective de vivre mieux, plus émancipé⋅e⋅s, plus autonomes, etc.

      Il y a quantité de gens (relative certes, mais quand même) qui disent des choses intéressantes sur les sujets du sionisme, de la (non) démocratie, de la relation avec l’islam, etc, SANS pour autant être de vils personnages explicitement dégueulasses. Et ce n’est pas excessivement compliqué de les trouver, de les lire, de débattre avec celleux qui sont vivants, etc. Donc si pour tel ou tel sujet c’est Soral qu’on met en avant et dont on parle plutôt que ces autres gens, c’est qu’on le fait en connaissance de cause et qu’on veut lui faire de la pub à lui.

      Donc oui, clairement Chouard dit que Soral est fréquentable. En toute connaissance de cause.

    • @ari : ne t’étonnes pas de mon agacement face à une phrase aussi peu nuancée, définitive et critique que : « le manque d’argumentations dans le domaine de la participation aux décisions (la démocratie), notamment chez les anars qui s’en remettent grosso modo aux lendemains autogérés dans une grande assemblée ou à des syndicats qui gèreront la vie est catastrophique. »
      M’enfin ;)
      Après, non, je n’ai pas envie d’argumenter, là, maintenant, comme ça. C’est pour ça que je te renvoyais aux expériences de terrain que tu considères comme limitées, mais qui sont celles qui plantent des graines, voire font reculer des aéroports quand elles peuvent travailler à la place qui est la leur, ni sur une estrade, ni sur le ban de touche.
      Et puis les choses ne sont pas aussi sectorisées, surtout. Rejeter la responsabilité sur un groupe, tu sais bien ce que ça provoque...

    • @val_k : bon, pas grave si on se comprend pas, je maintiens ;)

      Ce n’est pas que les initiatives de terrain soient limitées, elles sont souvent très riches. Le souci, c’est que leur objet n’est pas le même que la gestion d’une collectivité, locale ou plus importante.

      C’est par l’absence de discours ou même de questionnement sur ces questions (parce qu’on estime que les questions de « démocratie » ne nous concernent pas grâce à quelques mots magiques comme « démocratie directe ») que les mecs comme Chouard squattent le débat public. On en reste à la mise en valeurs d’expériences datées (la Commune, la République espagnole) sans nous interroger concernant les évolutions de la « démocratie » actuelle (et comment on pourrait imaginer d’autres solutions).

      Alors que pour bien des sujets on ne s’en remet pas uniquement au Grand soir (pour la lutte contre le sexisme, pour l’amélioration des conditions de vie ou de travail, etc.), il me semble qu’il y a un impensé sur cette question. A part quelques rares exceptions comme le municipalisme libertaire de Bookchin (qui pose pas mal de questions),
      http://ecorev.org/spip.php?article469 ou http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Pour-un-municipalisme-libertaire.html

      ou des expériences comme celle des zapatistes ou en Kabylie, difficilement transposables.
      http://www.article11.info/?Echos-de-la-commune-libre-de#pagination_page

      Et je m’inclus bien évidemment dans la critique :) Tout ça pour dire que je comprends l’intérêt pour les sujets mis en valeur par #Chouard, mais qu’il faut impérativement que d’autres personnes les portent car il fait partie des ennemis.

      #yakafaukon ;)

    • @ari : ha bah voilà on est d’accord : #yakafaukon !
      J’en ai vu un beau spécimen ce week-end, qui arrive la bouche en cœur et le sourire satisfait de celui qui a tout compris, et se met à expliquer devant une assistance médusée ce qu’il faut faire, bien sûr... Inutile de te dire qu’on l’attend au tournant. Pas méchamment, hein, au contraire, si son ramage se rapporte à son plumage, on va se marrer ;)

    • Lorem Ipsum : http://seenthis.net/messages/285854 !

      Et après ça, on entend certaines personnes nous dire que la #lutte_des_classes n’existe plus, alors que notre conception de la liberté d’expression prouve à elle toute seule qu’elle est belle et bien toujours autant d’actualité, mais voilà, la libération de la parole raciste a permis de créer des ennemis uniques, tentaculaires, qui s’insinuent dans les esprits, et à force d’en entendre parler tous les jours sur les Internets, les gens finissent par oublier le visage de leur vrai ennemi : le pouvoir déjà en place, celui qui les asphyxie déjà et les endort à grands coups de Pernaud et de #chiffres sur l’insécurité

      un long texte intéressant avec plein de liens, contre le #conspirationnisme et le #confusionnisme qui bourgeonne en ligne, pour une « #Europe des régions autonomes », mais je ne comprends pas l’intérêt de commencer ainsi en amalgamant quelques #personnalités d’#extrême_droite ("Dieudonné, Soral, Chouard, Zemmour et Cie") au partisans du Non au traité constitutionnel :

      Cela fait neuf ans que les partisans du Non au traité établissant une constitution pour l’Europe continuent de mener leur guerre contre le projet européen, à l’aide de gourous politiques qui arrivent à faire croire à une frange grandissante de la population que l’Europe des régions est un diabolique #complot juif, nazi ou judéo-maçonnique – si ce n’est extraterrestre – visant à nous transformer en transsexuels métisses.

      à noter aussi la volonté de #communication_guérilla sur les #réseaux_sociaux :

      Alors peut-être devrions-nous utiliser Internet pour y faire de l’éducation populaire, et pour faire en sorte que des ados ne partent plus faire le djihad au nom d’un ennemi imaginaire. Écrire sur des blogs ou piquer les textes écrit par les copains sous licence Creative Commons, pour éventuellement les traduire ; rejoindre les groupes Facebook dans lesquels ils sont contaminés par les #théories_du_complot et les bombarder de commentaires pour essayer de leur faire comprendre qu’ils font fausse route. Eux se préparent depuis un petit moment, et comme on le voit ici ils maîtrisent plutôt bien les nouvelles technologies. Rares sont les groupes Anonymous francophones présents sur Facebook à n’avoir pas viré du côté obscur, et rares sont les adultes qui essaient de changer les choses en les rejoignant, et si encore il n’y avait que ces groupes… les Indignés se méfient souvent de Facebook et utilisent des mailing lists, mais y a moyen de les infiltrer aussi, il suffit de s’y inscrire. Oui Facebook c’est le mal, on sait, en attendant, c’est là qu’ils sont les jeunes Français pour la plupart, et c’est bien parce qu’ils y sont livrés à eux-mêmes qu’ils en viennent à parler de reptiliens et de chemtrails à leurs profs.

    • Ouah ! 50 commentaires !

      J’ai encore du mal avec les arguments (même visuels) se basant sur la maxime « les amis de mes enemis sont mes enemis ».

      Par ailleurs, placerai d’avantage Michel Collon parmi les communistes que les fascistes. Le titre du visuel est donc érroné.

    • Juste après le référendum de 2005, j’avais eu des échanges avec Chouard sur sa façon de gérer les trolls, et en fait, sur son incapacité à les ignorer. Il n’avait pas compris ce que je tentais de lui expliquer.

      Le gars, il est gentil, mais il a du yaourt à la place de la cervelle. On peut être indulgent un moment, parce qu’on a apprécié son travail de découverte du TCE.
      Mais quand il se plante systématiquement sur les sujets clivants, qu’il préfère papoter avec les gentils fachos respectueux, plutôt que de débattre avec les méchants anars désagréables... euh... ben... faut lâcher l’affaire.

      Si vous voulez perdre du temps, allez lire ses dénégations suite à son dernier tweet pourri là, encore une fois, il joue l’ingénu. Il ne grandit jamais ? Je pense sincèrement que mon image laitière est la bonne. Il est limité.

  • Leur écologie et la nôtre - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article6152

    Vaut-il la peine de survivre dans « un monde transformé en hôpital planétaire, en école planétaire, en prison planétaire et où la tâche principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des hommes adaptés à cette condition » ?

    Ne répondez surtout pas que cette question est secondaire et que l’important, c’est de ne pas saloper la planète au point qu’elle devienne inhabitable. Car la survie non plus n’est pas une fin en soi : vaut-il la peine de survivre dans « un monde transformé en hôpital planétaire, en école planétaire, en prison planétaire et où la tâche principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des hommes adaptés à cette condition » (Illich) ?
    Si vous doutez encore que c’est bien ce monde que les technocrates de l’ordre établi nous préparent, lisez le dossier sur les nouvelles techniques de « lavage de cerveau » en Allemagne et aux Etats-Unis [1] : à la suite de psychiatres et de psycho-chirurgiens américains, des chercheurs attachés à la clinique psychiatrique de l’université de Hambourg explorent, sous la direction des professeurs Gross et Svab, des méthodes propres à amputer les individus de cette agressivité qui les empêche de supporter tranquillement les frustrations les plus totales : celles que leur imposent le régime pénitentiaire, mais aussi le travail à la chaîne, l’entassement dans des cités surpeuplées, l’école, le bureau, l’armée.
    Il vaut mieux tenter de définir, dés le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. Et il vaut mieux essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes écologiques, que de croire que celles-ci provoqueront sa disparition, sans plus.

    Réflexion d’#André_Gorz qui trouve sa source dans http://ecorev.org/spip.php?article5

  • L’agriculture biologique peut-elle nourrir l’humanité ?
    http://ecorev.org/spip.php?article948

    L’un des principaux obstacles au changement est le fatalisme. Or, ce dernier est particulièrement prégnant en matière agricole, et fortement encouragé par les acteurs de l’agro-industrie. En toute bonne foi, de nombreux agriculteurs et consommateurs sont persuadés que le système technique et économique actuel est « le seul possible ». Pour entretenir cette résignation, l’appareil agro-industriel s’acharne à promouvoir le mythe d’une agriculture biologique marginale et incapable de nourrir l’humanité : (...)

  • André Gorz, #philosophie et #journalisme

    « C’était ça qu’il trouvait pénible : mobiliser toutes les ressources de sa pensée pour produire une pensée dont sa pensée fût absente »

    #André_Gorz /Michel Bosquet, le philosophe et le journaliste | Mediapart
    http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/131112/andre-gorzmichel-bosquet-le-philosophe-et-le-journaliste

    Dans les pages suivantes, nous publions trois textes de #Gorz : les deux notes sur le journalisme [la première « JE n’existe pas » est disponible là http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20121109.OBS8842/andre-gorz-inedit-le-journalisme-cette-pensee-sans-sujet.html le reste est derrière #paywall], et sa lettre de démission de l’Express, modèle de dignité professionnelle face aux dérives commerciales et politiques d’un journal dans lequel il ne se reconnaît plus.

    A l’occasion d’un colloque consacré à l’auteur demain jeudi et vendredi : « Penser la sortie du #capitalisme. Le scénario Gorz » http://www.imec-archives.com/activites_colloques.php
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Gorz

    Me souviens de cet article du Diplo qui m’avait marqué : http://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027

    Cf. aussi la revue EcoRev’ pleine de ressources sur le bonhomme :
    http://ecorev.org/spip.php?auteur2
    http://ecorev.org/spip.php?page=recherche&recherche=gorz

  • Oui, l’économie collaborative va tuer les emplois. Et après ?
    http://www.ouishare.net/fr/2012/10/economie-collaborative-va-tuer-les-emplois-et-apres

    Il ne faut pas se voiler la face : bien sûr que l’économie va détruire massivement des emplois. Mais est-ce une catastrophe ? Oui, si l’on ne prend pas de recul sur ce que signifie “emploi”, “travail”, et le lien avec les revenus. Non, si l’on ose prendre au sérieux les solutions radicales qui se présentent.

    Home 3D Printing Is Killing The Manufacturing Industry | TechCrunch
    http://techcrunch.com/2012/10/02/home-3d-printing-is-killing-the-manufacturing-industry

    home 3D printing will get so good that the items it produces will rival simple items we now buy. Right now a Makerbot takes a few hours to print out the most rudimentary of products, but what happens when those hours dwindle to minutes? What happens when we can print an Ikea silverware set in our kitchens?

    #travail #3D #diy #open-source #emploi

  • Vitruve : une école (hors) du Commun (écoRev)
    http://ecorev.org/spip.php?article912

    Un entretien avec avec Gérard Delbet paru dans le dossier Le #Commun ou la relocalisation du politique, Revue critique d’écologie politique n°39, juillet 2012.

    Gérard Delbet, dit Gégé, est instit à l’école Vitruve depuis 1976. On est venu le chercher à l’époque pour « remplacer quelqu’un qui craquait ». Il faut dire que l’école Vitruve, c’est particulier, ça ne correspond par aux schémas mentaux dominants, ça ne rentre pas bien dans les cases de l’administration, bref ça dérange. Pourtant, il y a tout lieu de penser que l’école Vitruve produit du commun : avant tout une école que les instits, enfants, et même parents gèrent et
    fabriquent ensemble. D’où ça vient, qu’est-ce que c’est, comment ça survit dans le système, quel genre d’enfants en sortent... ?

    Est-ce que Vitruve fabrique du commun, du « vivre ensemble » ?

    Les encadrants de Vitruve ne sont pas partis de cette idée de « fabriquer du vivre ensemble ». Ils ont, à partir de 62, investi un territoire, un lieu, un écosystème, plus ou moins servis par les hasards de l’histoire. Dans ce lieu, ils ont inventé, fabriqué des choses qui sont du commun avec les enfants, entre les #enfants, et pour eux. On dit de nous qu’on est une école « pas comme les autres ». Mais en fait pour nous ce sont les autres qui ne sont pas des écoles ! Pour le dire autrement, on a mis en place un lieu où vivent ensemble plus de 240 gosses et une quinzaine d’#adultes (instits, profs de musique, de dessin, personnes qui font le ménage, s’occupent des repas...) et les #parents, qui sont aussi partie prenante de ce lieu.
    On a réussi à fonder une école qui se démarque totalement des autres. On porte le même nom, « école », mais les autres ne sont en réalité qu’une juxtaposition de propriétaires de classes, de sections. L’institution parle d’ « école » en général, mais ce mot est ambigüe et désigne plutôt le bâtiment, géré par la commune, tandis que le personnel et les « proies » que sont les enfants, sont la propriété de
    l’Éducation nationale ! Le vrai langage de l’institution, d’ailleurs, ce n’est pas « école » c’est « classes administratives ». « École », ça ne correspond à rien pour eux. On le voit quand on se confronte à l’administration et à ses règles, qui par exemple ne peut concevoir ni comprendre qu’on fasse travailler ensemble des enfants de niveaux différents.

    Comment ce commun, cette école, s’est-elle mise en place ?

    L’école Vitruve existe depuis une cinquantaine d’années. À la base, ce sont des militants pédagogiques, dans les années 60, pour la plupart issus du #GFEN, qui cherchent à mettre en œuvre leurs idées, issues de la résistance, notamment les méthodes actives inventées dans le cadre de l’Éducation Populaire. Ces gens ont cherché à investir des lieux et Robert Gloton, un inspecteur de l’Éducation Nationale, militant du GFEN lui-même, un type formidable, a su ruser avec le système en proposant à sa hiérarchie de lancer une #pédagogie nouvelle dans 40 classes expérimentales. Il n’a pas parlé d’école ! Mais il les a regroupées sur 4 lieux géographiques car il avait bien l’idée d’aller vers la fabrication d’écoles. Il dit dans un texte de la fin des années 60 : "En réaction contre l’isolement traditionnel des classes au sein de l’établissement, tout est mis en œuvre pour traduire dans les faits ce principe fondamental : l’unité pédagogique n’est pas la classe, mais
    l’école." Il a pris avec lui des instits volontaires avec l’assentiment de la droite française gaulliste de l’époque, à condition « que ça ne devienne pas les folies bergères ». Vitruve est née dans un quartier défavorisé en voie de réhabilitation accélérée, haut lieu d’immigration, dans un contexte difficile, où l’échec scolaire était important. On est parti d’une école primaire de garçons de réputation violente dont personne ne voulait. Ce fut, paradoxalement, une facilité. Par ailleurs, cette école primaire était gérée en même temps qu’un collège municipal, par un seul directeur. Ce hasard de l’histoire nous a été bénéfique car avec le hiatus croissant entre l’école primaire « différente » et le collège « classique », la prise en charge par directeur unique est vite devenue impossible : cela nous a permis de créer la #coordination. Et elle a tout de suite été une fonction tournante entre nous. Dans les 3 autres écoles créées par Gloton, il y a eu des directeurs militants, mais ça s’est écroulé dès qu’ils sont partis, alors qu’à Vitruve la coordination a permis que le système se reproduise. C’est une gestion collégiale
    avec un coordinateur tournant d’année en année, qui est un instit de l’équipe. Il/elle ne prend pas de classe, mais reste néanmoins en contact avec les enfants.
    Après 50 ans d’expérience, on peut affirmer aujourd’hui que ce format de gestion et d’organisation est clairement un format viable et reproductible.

    Quel est le projet politique de Vitruve ?

    Le projet de départ c’est de réfléchir et d’agir ensemble au niveau de l’école sur deux points : comment lutter contre l’échec scolaire et comment considérer l’enfant dans son rapport au monde adulte, c’est-à-dire produire des pratiques sociales qui vont faciliter sa conquête des savoirs, son indépendance, son émancipation.
    L’idée politique, le projet politique n’ont pas été réellement prédéfinis. Il sont apparus en marchant. Encore une fois, pour filer la métaphore, cet organisme vivant s’est installé dans un milieu, s’est adapté à son écosystème et s’en est nourri (tout en le protégeant) pour se transformer lui-même. On a agi sur lui et il a agi sur nous pour nous rendre mieux réactif, plus réceptif, plus malin.
    Le projet politique est donc apparu au fur et à mesure. Au fur et à mesure des rencontres, des contacts, des recherches, des ramifications possibles. Il a incorporé des événements, inattendus ou provoqués, qui sont devenus, dans un processus évolutif, des bagages-ressources. Il y a eu, comme dirait le biologiste Thierry Lodé, un avantage évolutif par l’équilibre des échanges avec le milieu.
    Le vrai projet politique pour cette école est finalement de « faire école ».
    Bien sûr, au départ, il y avait, chez les instits, l’énonciation de pistes, de questionnements, de souhaits, de valeurs, mais je considère que ce sont des prétextes, qui ont induit la nécessité de produire ce commun qu’est l’école, car on ne peut pas, pour répondre à ces questions, se contenter d’agir 6 heures par jour à destination de groupes d’enfants disjoints : il est nécessaire de globaliser, de #mutualiser, à travers des #rencontres d’enfants, de recourir à des « brisures de segments » (intervention ponctuelle de parents sur leurs domaines de compétence,
    d’enfants entre eux...).
    Les #apprentissages se déroulent de manière globale à travers un projet de production par les enfants d’un spectacle, d’une expo, d’un restaurant... L’écrire, le dire, le compter, le lire... se retrouvent dans ce projet global. Le meilleur moyen c’est d’avoir une vision commune en mettant aussi les enfants dans une #pratique sociale du commun.
    On doit alors nécessairement se poser le problème de la dimension de ce milieu. Il me semble que le changement est possible quand l’individu est dans un rapport simple au commun (un individu en rapport avec 250) mais dès qu’on est trop nombreux (des milliers de personnes...), ça devient compliqué. Comme dit l’adage, « small is beautiful » : les enfants doivent être capables d’aborder l’école dans sa totalité. De l’envisager. D’en connaître le plus possible.
    Alors l’école devient un bien commun qu’il faut porter, protéger, mais aussi pousser à la rencontre de l’extérieur pour une #pollinisation croisée qui va la fertiliser.

    Ce que tu dis sur l’échelle rejoint les constats d’Elinor Ostrom ...
    Peux-tu nous dire plus concrètement comment fonctionne cette gestion commune et comment ça tient dans le contexte sociétal actuel ?

    Quand je suis arrivé, en 1976 (dans cette école de réputation bizarre, où il « se passait des trucs » tout en étant à l’éducation nationale, comble de la bizarrerie !), la norme pour les instits de Vitruve était déjà de travailler en binôme, en mettant en commun les groupes d’enfants de même âge. Depuis 1974, tous les niveaux de l’école partaient chaque année en classe verte et comme il était plus économique de partir à plusieurs classes en même temps, ils avaient a appris à travailler ensemble et, au retour du voyage, avaient rapporté cette idée dans l’école.
    J’ai parlé tout à l’heure de la coordination. Ça n’a pas toujours été facile. Notamment avec le retour de la droite au pouvoir en 1986, on a voulu nous coller un « maître directeur », un patron, car ils voulaient redresser, à leur manière, la situation scolaire de la France. Alors on s’est bagarré. Quand Mitterrand a été réélu en 1988 et que Jospin est devenu ministre de l’éducation nationale, on l’a menacé de tout arrêter à Vitruve si un « maître directeur » était nommé. On a gagné,
    heureusement, et on a réussi à imposer la coordination, mais aussi le fait d’être pris en compte dans notre différence par l’éducation nationale.
    Après cela, on nous a fait déménager car le collège avait besoin d’une extension. On a réussi à participer un peu au projet architectural de notre nouveau lieu, une #architecture qui du coup tient compte du projet de l’école, avec notamment son amphithéâtre et des salles de travail qui sont, non pas en enfilade dans un couloir, mais regroupées autour d’espaces communs.
    Depuis les années 80-90, il existe bien une vision globale de l’école chez les instits y participant. C’est devenu un lieu appartenant à tous et dont tout le monde a la charge. Adultes comme enfants. Ce n’est pas forcément facile pour les nouveaux arrivants (les enfants de CP et ceux qui arrivent en cours de route), mais ils s’y font. Cet équilibre n’est jamais acquis. C’est un apprentissage constant, qui produit de l’imprévu, des nouvelles directions, des questions de recherche.
    Il est frappant de constater que récemment, l’inspecteur venant inspecter l’instit et la classe de CM2 a totalement occulté la séquence collective durant laquelle les CM2 ont été mis en commun avec les CP sur un problème de calcul : l’institution ne comprend toujours pas ce genre de démarche. Cela semble hors de son mode de pensée.
    Dans la fabrication du commun, je pense que le préalable n’est pas de faire des réunions pour se mettre d’accord sur des #valeurs communes (cela a été essayé, notamment par les groupes « Déclic », mais n’a pas abouti), mais d’investir un lieu.
    Le projet politique a posteriori pourrait être également que l’individu, en fin de compte, se développe dans cette école, améliore ses #compétences, amplifie sa pensée, sa #créativité et sa #conscience au monde. Le commun n’entre pas en concurrence avec lui, il devient une affaire personnelle. Ce n’est pas l’appartenance au groupe qui
    construit le commun, mais bien plutôt la gestion du lieu qui va amener une nouvelle réalité commune, et, étrange conséquence absolument pas préétablie : le commun vient « s’inscrire » dans le patrimoine de chacun. On est plus créatif, plus réactif, plus inventif, plus aimant. On gagne en liberté. Améliorant, par réaction en chaîne, le bien être général. Ce sens du « lieu commun » devient partie de l’individu, comme « un geste de plus ». Une utilisation de plus de son individualité. Une nouvelle possibilité d’existence. C’est une pensée prolongée, ramifiée, communicante, une capacité de plus pour chacun de se situer au monde, dans le monde et avec les autres. Moins parmi qu’avec. Le commun n’est pas seulement « plus que la somme des
    membres qui le composent » , il est bien plus, bien au-delà : producteur d’individus en extension.

    Les fêtes à Vitruve sont-elles un moyen de fabriquer du commun ?

    On pourrait parler de « fêtes révolutionnaires » : les révolutions sont des moments tragiques, souvent, ou de fêtes, et la fête peut être révolutionnaire en soit. Dans la « légende de Vitruve », il y a notamment la fête mythique de 1972. L’équipe d’instits décide de faire une fête, et plutôt que de la faire « dans les murs » comme le souhaitent enfants et parents, ils décident de faire « sortir l’école des murs » et de l’organiser sur la place de la Réunion, comme une sorte de carnaval, en invitant des artistes de rue et en créant une monnaie d’échange locale. Cette fête fait partie des moments fondateurs. L’école est allée au contact de l’extérieur, alors que les habitants du quartier avaient une image assez négative de l’école (c’est « l’école des fous » qui démonte les portes de classes et en fait des toboggans !). Vitruve va alors nouer des liens avec le « terrain d’aventure » (un lieu du quartier), avec une association qui s’occupe de vieux, avec le théâtre de l’est parisien. Des ramifications se créent, des pollinisations ont lieu, on apprend de l’extérieur, un lien avec le quartier se crée, qui va déboucher sur des rapports avec une radio parisienne, avec une imprimerie locale, et sur la création d’un restaurant associatif géré par l’école. Aujourd’hui, le contact de Vitruve avec le quartier c’est notamment la « Traviole », journée qui a lieu vers la fin de l’année
    scolaire et durant laquelle enfants, instits, parents déambulent par groupes selon des itinéraire définis qui se croisent dans le quartier, pour aller présenter des projets, des expos, dire des poèmes, chanter des chansons, danser, dans les jardins, sur les places. Quelque chose s’opère et se renouvelle, il y a une porosité, une osmose entre enfants, adultes, école, quartier.
    Autre moment festif et fondateur de commun au début de l’année scolaire, la grande braderie organisée par les enfants, les instits et les parents, au milieu du mois d’octobre, où tous s’investissent à fond pour gagner de quoi financer les classes vertes de tous les enfants de l’école. Cette braderie est aussi l’occasion de retrouver les habitants du quartier dans une grande fête de retrouvailles.
    Ces fêtes, organisées par des petits groupes, avec une #participation élargie, sont des occasions de rencontres et une mise en commun... de la joie !

    Peux-tu nous parler un peu plus de la mise en responsabilité des enfants dans la gestion de l’école ?

    En effet les enfants participent activement à la gestion de l’école. Entre autre, parallèlement à la coordination adulte, dont j’ai déjà parlé, il y a une coordination des enfants. Cela est apparu en 1978, en classes vertes : on a créé un groupe d’enfants (le « groupe 6 ») dont la mission était de gérer l’ensemble de la classe verte, puis en revenant on a investi cette expérience dans l’école.
    À côté de cette coordination il y a d’autres #responsabilités, par exemple les ludothécaires, qui sont chargés de sortir à chaque récré la « boîte à jeux » (cordes à sauter, etc.) et à gérer leur distribution, les gestionnaires de flux, qui font en sorte que les descentes et montées d’escalier se déroulent dans le calme, les médiateurs, qui sont chargés de faire la médiation entre des individus en conflit plus ou moins affiché. À Vitruve quand il y a un problème, si on n’arrive pas à le
    régler à l’amiable on peut « porter plainte ». Il y a 7 ou 8 médiateurs, renouvelés chaque mois (comme les autres responsabilités, l’idée étant que tous les enfants prennent des responsabilités), qui utilisent des techniques de médiation, telles que le fait de s’asseoir entre les belligérants, par terre, éventuellement sous une table, pour faire tomber la violence physique (comme parfois en Afrique l’arbre à
    Palabre). C’est géré par les enfants, jusqu’au point où ça ne suffit pas, et à ce moment les adultes interviennent. Et oui ! Le commun ne produit pas forcément que de la paix et de l’harmonie ! En tous les cas ça n’empêche pas les conflits de surgir.
    La désignation des porteurs de responsabilités et des délégués de classe peut se faire selon 4 modes différents : le hasard, le vote, la désignation par le bureau (car chaque classe a un bureau chargé de la gestion) ou bien par les adultes (pour mettre en avant par exemple un enfant qui n’aurait jamais pris de responsabilité, serait trop timide...). Le choix du mode de désignation est selon les cas discuté avec le bureau, ou alors laissé à la libre initiative des enfants. Les enfants
    aiment bien le vote, mais ceux qui ne sont pas élus peuvent le vivre comme un échec.

    Les enfants se réunissent régulièrement ?

    Oui, depuis le milieu des années 70, une fois par semaine, il y a le « Conseil d’école » qui rassemble les délégués de chaque classe et les coordinateurs, avec un adulte. Cette réunion est précédée d’une prévision d’ordre du jour. 90% des sujets concernent la gestion de la cour d’école, des couloirs, des toilettes mais parfois y sont aussi abordés aussi des problèmes relatifs à l’amitié, au racisme, au
    sexisme... ça dure environ 3/4 d’heures à une heure, chaque jeudi matin. Un compte-rendu est ensuite diffusé, affiché, lu, étudié.

    Peux-tu nous faire le portrait type d’un enfant qui sort de Vitruve ?

    Alors prenons un môme qui a fait toute sa scolarité à Vitruve, qui a pris ou observé les différentes responsabilités. Il sait qu’il va entrer dans un autre monde et il sait qu’il n’a pas appris comme ailleurs. Il a souvent une vision de son apprentissage scolaire quelque peu dévalorisée (faiblesses en orthographe, en règles de grammaire...) mais il sait qu’il a une capacité à s’adresser aux adultes et surtout à s’adapter, à s’organiser, à être à l’écoute. A Vitruve on essaye d’émanciper les enfants, dans le sens où on tâche de les sortir d’une dépendance à leur éventuelle ignorance, aux adultes et à leurs parents. Si cette #émancipation a bien eu lieu, l’enfant sait apprécier quand il y a une « fenêtre de tir », quand intervenir, même si c’est assez perturbateur pour eux d’arriver dans ce monde où on ne peut plus s’adresser aussi librement aux adultes, où on passe du tutoiement au vouvoiement, où existent des protocoles de #communication.
    Par ailleurs souvent les anciens de Vitruve ont la volonté d’être délégué (ce qui en fait au collège est un truc vraiment bidon car il suffit que le prof ne soit pas d’accord avec le résultat pour casser les élections !), car ils ont un rapport développé à la parole et à la #revendication. Ils découvrent au fur et à mesure qu’ils savent des choses, y compris sur le plan scolaire. Nous avons fait plusieurs évaluations, notamment en 1988 et les années suivantes. Puisqu’à Vitruve, on ne redouble pratiquement pas, le ministère nous avait demandé, à juste titre, de
    fournir des indications sur le devenir scolaire de nos élèves. Les résultats étudiés et validés sont tout à fait honorables.
    Un des acquis qu’il faut souligner néanmoins, c’est la capacité de clairvoyance de ces collégiens, passés par Vitruve. Ainsi j’ai été frappé récemment, par le témoignage d’un ancien de Vitruve disant « au collège, c’est super sévère, mais c’est le bordel ». Comme quoi ce n’est pas parce qu’on invoque l’ordre et la #discipline que le collectif est bien géré, de même que ce n’est pas parce qu’on a des rapports de confiance, humains et détendus, qu’il n’y a pas de règles de
    fonctionnement !
    On observe également une certaine nostalgie chez les anciens : au bout d’un moment ils sont nombreux à revenir à Vitruve, aux fêtes, à la braderie, à reprendre contact, probablement par ennui, car ils gardent le souvenir de moments forts qu’ils souhaitent reproduire, revivre sans doute.

    Quel est le rapport de Vitruve avec les autres communautés éducatives ? Pourquoi Vitruve ne fait pas tâche d’huile ?

    Il faut encore une fois réinterroger les mots pour le dire et, humblement, reconnaître que les « communautés éducatives », c’est plutôt rare. La plupart, pourtant nommées comme telles, ne sont que des lieux de savoirs séparés, segmentés, en matières ou en heures, avec des êtres vivants tout autant séparés les uns des autres, un grand étouffoir hiérarchique posé par-dessus.
    Nos rapports avec les autres s’améliorent néanmoins, notamment avec les profs du collège avec qui on essaye de travailler. On essaye d’entrer en contact, mais c’est difficile. Il y a énormément d’idées reçues, d’idées toutes faites, des torticolis conceptuels sur nous. Ils ne comprennent pas bien ce qu’on fait, ce qu’on est. Une école différente, c’est forcément une école qui n’apprend rien ou mal.
    Avec les Maternelles, c’est un peu plus facile. On se sent plus proche de leur façon de procéder. Encore qu’aujourd’hui, l’école maternelle est en train de perdre sa spécificité pour devenir l’antichambre du bachotage scolaire. Certains voudraient même que les enfants apprennent à lire à 4 ans.
    En fait, nous avons passé notre temps à chercher d’autres interlocuteurs pour mener des débats transversaux sur l’éducation : avec des parents (pas forcément les nôtres), avec des profs de collège ou lycée qui s’occupent des « décrocheurs » (FESPI), avec des profs de l’enseignement agricole, avec des chercheurs français ou étrangers...
    En 2008, avec les parents d’élèves, on a organisé des « petits déjeuners débats » autour de thème comme l’évaluation, les notes, le samedi matin ouvert aux parents, les devoirs à la maison...
    Notre longévité, si elle peut servir de tâche d’huile, de vinaigrette ou de
    tire-bouchon, rappelle qu’on peut résister à la dominance, ensemble, ici ou là. Il y a plein d’expériences à mener et à maintenir en choisissant bien son espace d’intervention et sa dimension humaine. En conclusion, je voulais rappeler notre formule célèbre : Vitruve ? Une expérience qui a de l’expérience !

    #éducation #école #ihaveadream #éducation_populaire #échec_scolaire #communauté_éducative

  • « L’avis de monsieur Tout-le-Monde ? » Jurys citoyens et urgence écologique | Antoine Vergne (EcoRev’)
    http://ecorev.org/spip.php?article849

    La démocratie participative recherche – désespérément ? – des outils performants pour s’installer dans les moeurs politiques. Les jurys citoyens ont, depuis quelques années, le vent en poupe... Antoine Vergne, doctorant à la Freie Universität Berlin et à Sciences Po Paris (CEVIPOF), tente d’évaluer la pertinence de cet outil face à l’urgence écologique.

  • What It Takes to Power Google - Technology Review
    http://www.technologyreview.com/computing/38556

    Google uses 260 million watts continuously across the globe, the company reported on Wednesday. This is equivalent to the power used by all the homes in Richmond, Virginia, or Irvine, California (around 200,000 homes), and roughly a quarter of the output of a standard nuclear power plant.

    On est quand même loin de faire bouillir une tasse de thé à chaque requête, comme annoncé par des Cassandres il y a quelques années.

    J’ai commis un article sur l’énergie et l’internet dans le dernier numéro de Ecorev’ (http://ecorev.org)