Politique - Regards.fr

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  • Pourquoi les gilets jaunes n’ont-ils pas vu la couleur des quartiers ?
    http://www.regards.fr/politique/article/pourquoi-les-gilets-jaunes-n-ont-ils-pas-vu-la-couleur-des-quartiers

    Inégalités territoriales et sociales, violences policières… Malgré des combats partagés, la convergence entre le mouvement des « gilets jaunes » et les mobilisations des banlieues populaires n’a pas eu lieu. Nos trois invités, impliqués dans ces luttes, discutent de l’isolement politique des « quartiers ». Entretien avec Assa Traoré, porte-parole du comité Vérité et justice pour Adama, Marie-Hélène Bacqué, qui participé à la création de la coordination nationale des quartiers populaires Pas sans nous, et Azzédine Taïbi, maire communiste de Stains et conseiller départemental de Seine-Saint-Denis. Source : Regards

  • Crise sanitaire : « On a un petit aperçu de la médiocrité de l’État à faire face » - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/societe/article/crise-sanitaire-on-a-un-petit-apercu-de-la-mediocrite-de-l-etat-a-faire-face

    LA MIDINALE AVEC ANTHONY CAILLÉ. Face au Covid-19, les policiers sont, eux aussi, en premières lignes. Avec les risques que cela comporte. Protection des agents, répression de la population, violences et service public, on en a causé avec le secrétaire national CGT-Intérieur.
    Entretien, Forces de l’ordre, Coronavirus
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    Anthony Caillé est secrétaire national CGT-Intérieur.

    Regards. D’une manière générale, comment se passe ce confinement pour les policiers ?

    Anthony Caillé. Ça se passe à peu près comme l’ensemble des autres salariés. Le ministère de l’Intérieur a pris des mesures un peu tardivement sur un minimum de présence au travail. En fonction des services, ça va de 60% de présents à 15%. C’est peu. Je pense que l’idée, c’est de faire du roulement, le plus longtemps possible. On n’a pas de chiffres sur le nombre de collègues contaminés – on peut comprendre que ce chiffre reste à la discrétion du ministre. On parle de 5000 cas… On a quand même des commissariats fermés. Sur Paris, on a des brigades complètes qui sont inopérantes. C’est compliqué. Par exemple, la brigade des réseaux ferrés (qui s’occupent des transports franciliens) sont tous confinés. C’est donc d’autres agents qui viennent faire le job, mais ils méconnaissent totalement le travail dans les transports – même s’il n’y a pas la fréquentation habituelle. En termes d’organisation, de savoir-faire et de faire-savoir, c’est compliqué.

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    >> ÉDITO. Coronavirus : ces politiques coupables d’avoir organisé la pénurie

    Depuis ce week-end, vous avez enfin eu l’autorisation de porter des masques, mais, en avez-vous ?

    La difficulté, c’est qu’il n’y a pas de masques partout. On est très en retard là-dessus. On voit bien qu’on n’a pas du tout prévu ce type de situation. Ce qui me choque, c’est le discours absolument pas cohérent du gouvernement, qui crée des situations qui peuvent mettre en péril les agents, notamment les policiers.

    Avez-vous des consignes particulières pour vous protéger ?

    Bien sûr que non ! Les seules consignes qu’on a eu la semaine dernière, c’est de ne pas porter de masques et de ne les porter qu’à partir du moment où on est en position de contrôler une personne susceptible d’être malade. On n’est pas médecin, comment voulez-vous qu’on sache ? Et puis, nous aussi on peut véhiculer le virus. On contrôle 200 personnes par jour, si vous êtes porteur asymptomatique, vous pouvez contaminer 200 personnes. On tirera des conclusions une fois la crise passée. Mais la situation est catastrophique. On est censé être préparé aux attaques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), quand on sait que dans les commissariats il y a deux ou trois tenus NRBC et que les dates de péremption pour certaines sont très largement dépassées… Là, on a un petit aperçu de la médiocrité de l’État à faire face.

    Est-ce que la situation de la police n’est pas similaire à celle du milieu de la santé, dans le sens où la crise révèle les gestions politiques passées ?

    Complètement. On a affaibli le service public. Pour la simple et bonne raison que, depuis au moins 20 ans, les gouvernements successifs veulent s’en séparer, filer ça au privé. L’hôpital a été attaqué bien avant la police. Nous, on s’est toujours dit que, comme on était un ministère régalien, on passerait au travers, et on a bien vu qu’avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy et la privatisation des missions de police, ça peut exister. Aujourd’hui, il y a plus d’agents de sécurité privée que de policiers en France. Et ces agents sont armés, peuvent fouiller vos affaires, etc. Ils ont vraiment une mission de police.

    La situation sur le terrain est-elle tendue ?

    Bien sûr, les policiers ont la trouille. Ils sont comme tout le monde. Et quand on leur demande d’aller au charbon, ils y vont. Mais sans aucune protection, pas de gant, pas de masque, donc ils se disent qu’ils peuvent attraper le virus, le ramener à la maison. Par rapport à la population aussi, on sent bien que les collègues sont hyper tendus au moment des contrôles.

    « On est à 80.000 amendes, c’est colossal ! C’est un choix politique, une idéologie qui existe depuis une vingtaine d’années. On a bien vu la gestion des foules sur la loi Travail, les gilets jaunes, la réforme des retraites… On est sur une police qui fait peur, une police martiale, une police de la répression. On n’est absolument pas dans la prévention ou dans l’accompagnement. »

    On aurait pu penser que le confinement était une occasion unique pour renouer le lien entre la population et sa police, vous plaçant – je caricature – du rôle du flic qui verbalise à celui qui protège...

    Encore une fois, le discours du gouvernement dit qu’il y a une mesure de confinement et qu’il n’y dérogera pas. L’Intérieur a bien dit qu’il ferait preuve de la plus extrême sévérité envers ceux qui ne respecteraient pas le confinement. On est à 80.000 amendes, c’est colossal ! C’est un choix politique, une idéologie qui existe depuis une vingtaine d’années. On a bien vu la gestion des foules sur la loi Travail, les gilets jaunes, la réforme des retraites… On est sur une police qui fait peur, une police martiale, une police de la répression. On n’est absolument pas dans la prévention ou dans l’accompagnement. C’est la suite logique avec le confinement. Dans nos rangs, il y a de tout : des collègues font du zèle en disant que ça n’est absolument pas normal que des gens sortent dans la rue, d’autres comprennent la situation et ont bien conscience que certains sortent pour aller au boulot, pas pour se faire plaisir. La seule difficulté, c’est que celui qui voudrait faire autre chose que du zèle ou de la répression, il ne peut pas. Il y a un effet d’entraînement, dans une corporation qui se veut très sévère.

    On a pu observer des scènes absolument contraires, des violences policières aux policiers chantant et dansant dans les rues… Qu’en dites-vous ?

    On voit bien que la police, c’est avant tout un métier de femmes et d’hommes. Les policiers n’ont pas tous les mêmes réactions face à la situation. Mais quand même, ce qui ressort le plus, ce sont les scènes de violences, et non pas celles de « joie ». Les violences sont gérées comme d’habitude, il n’y a pas de différences, à partir du moment où vous tombez dans l’outrage et la rébellion. Covid-19 ou coupe du monde de football, il n’y a pas de changement.

    Des policiers ont verbalisé des sans-abris. C’est du zèle là aussi ?

    Franchement… Si c’est avéré… Ça n’est même plus du zèle. J’ai bien un autre mot qui me vient à l’esprit...

    Pour revenir aux amendes, 10% d’entre elles ont été données en Seine-Saint-Denis. Comment l’expliquez-vous ?

    C’est le territoire le plus pauvre. Vous avez des familles qui vivent à dix dans un 60m². Vous vous voyez rester confinés dans cette situation ? Quand on connaît l’architecture et le taux de pauvreté du département, c’est évident que c’est une bombe à retardement. On paupérise le 93 depuis 40 ans. Il n’y a plus de médecins, les centre sociaux n’existent quasiment plus, depuis Nicolas Sarkozy l’État donne moins de moyens aux associations dont beaucoup ont disparu, il y a un taux de chômage énorme et quand ils bossent, c’est le boulot les plus difficiles, ce sont eux qui nettoient les métros entre 2 et 3h du matin, etc., etc. Avant, le service public jouait le rôle d’amortisseur social – qui existe toujours au niveau national. La Seine-Saint-Denis est l’exemple d’un territoire sans service public. Ça se fissure tout de suite. Du point de vue de la police, c’est comme pour les profs, on envoie les gamins qui sortent de l’école, qui n’ont jamais mis les pieds dans ce département, la fracture sociale est énorme, ils ne comprennent même pas ce qu’il se passe. Donc les jeunes arrivent avec un sentiment d’insécurité – j’insiste, un sentiment d’insécurité – monté en épingle par deux, trois grandes gueules des commissariats, un peu facho. Et voilà.

    « Quand Bruno Le Maire propose une prime de 1000 euros aux salariés du privé, c’est grave. Ça ne donne du travail qu’aux policiers et aux soignants, et sans prime de risques ! »

    On a aussi vu des témoignages de citoyens se faisant interpeller par la police pour le contenu de leurs courses : jusqu’où peut aller le contrôle policier ? Jusque dans l’assiette ?

    Eh bien, il va jusque-là, jusque dans l’assiette. C’est complètement con. Je ne suis pas médecin, je ne peux pas vous dire ce qu’il faut faire, si on peut sortir pour faire un footing… tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il n’y a aucune cohérence. Comment voulez-vous qu’on fasse appliquer la loi quand on dit aux gens « vous ne sortez que pour les courses de premières nécessités » tout en laissant ouvertes les boutiques de vente d’alcool. De même, on ne peut pas dire « restez chez vous » mais « allez au boulot ». Quand Bruno Le Maire propose une prime de 1000 euros aux salariés du privé, c’est grave. Ça ne donne du travail qu’aux policiers et aux soignants, et sans prime de risques !

    Une loi vient d’être adoptée au parlement, punissant la multirécidive de non-respect du confinement de peine de prison. Ce qui veut dire garde à vue. Cela vous inquiète ?

    On va créer de la promiscuité. Et on voit bien ce qu’il se passe dans les prisons actuellement. Encore une fois, on est sur du tout-répressif. Il y a très certainement des gens qui déconnent, mais de là à prendre le risque de mettre en garde à vue, dans un commissariat, des gens porteurs du Covid-19… De plus, je ne suis pas certain que cela touche de la même façon les habitants de Seine-Saint-Denis et ceux qui vivent dans le 10ème arrondissement de Paris. Par ailleurs, on attend toujours de savoir comment est-ce qu’on saura si quelqu’un a été verbalisé plusieurs fois. À ma connaissance, il n’y a aucun moyen de savoir. Ça voudrait dire qu’il y a un fichier. Pour le créer, il faut une loi, un décret, l’accord de la CNIL. À la limite, si c’est sur le ressort d’un même tribunal de police, peut-être que celui-ci peut savoir, mais je doute qu’il soit possible de croiser autant d’informations.

    Pensez-vous qu’après la crise, l’État prendra ses responsabilités et mettra plus de moyens dans les services publics, dont la police ?

    Non. Je pense qu’après la crise, ça ne changera pas. Après le Bataclan, on nous avait dit « les mesures de sécurité, les pompiers, les policiers, les hôpitaux, c’est hyper important, ça va changer », rien n’a changé, au contraire, derrière, on a continué les fermetures de lit, on n’a pas embauché les 3000 policiers promis (on est plutôt sur du 1500, dont beaucoup de contractuels). On continue à dépecer le service public.

    Propos recueillis par Loïc Le Clerc

    #Police #Coronavirus

  • Violences masculines en période de confinement : « Personne ne viendra m’aider » | Camille Wernaers
    https://www.axellemag.be/violences-masculines-confinement

    Avec le confinement, les femmes ont moins d’échappatoires face à un conjoint violent. La crise sanitaire rappelle que l’espace privé n’est pas sécurisé pour les femmes. Sur le terrain, les associations adaptent leurs services pour rester au plus près de celles qui en ont plus que jamais besoin. Source : Axelle Mag

    • Delphy a publié cet article avec d’autres encore.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2020/04/04/coronavirus-et-confinement-vie-feminine-appelle-a-des-mes

      Avec le confinement, c’est l’explosion des violences intrafamiliales - regards.fr
      http://www.regards.fr/politique/a-l-heure-du-covid-19-chroniques-de-clementine-autain/article/avec-le-confinement-c-est-l-explosion-des-violences-intrafamiliales

      En temps normal, si j’ose dire, un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de l’un de ses parents, selon un rapport de l’IGAS (Inspection générale de l’action sociale) remis en avril 2019. Un chiffre sans doute sous-estimé puisqu’il ne tient pas compte des meurtres non révélés, des nouveaux nés tués à la naissance. On constate toujours, avant le geste létal, des violences antérieures répétées. Le coup fatal n’arrive pas du jour au lendemain, il s’inscrit dans un processus d’humiliations psychologiques et d’agressions physiques. Les parents violents, à égalité entre les pères et les mères (en particulier dans les familles monoparentales), souffrent souvent de troubles psychiatriques ou d’addictions. Et les violences conjugales constituent un environnement favorable à l’enfance maltraitée.

      En période de confinement, tout s’accélère. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a révélé, lors d’une émission spéciale de France 2 sur la crise sanitaire (si spéciale d’ailleurs qu’aucun membre de l’opposition n’a eu le droit de s’exprimer, comme si la démocratie était elle-même confinée !), que les violences conjugales ont augmenté de 36% en une semaine dans la zone de la préfecture de police de Paris et de 32% en zone gendarmerie. À vrai dire, je n’avais pas imaginé un tel niveau de carnage. On observe d’importantes variations en fonction des territoires, le Nord étant plus touché que l’Ouest par exemple. À Reims, je lisais hier dans Le Parisien que ces violences ont représenté 40% des gardes à vue la semaine dernière !

      Autant vous dire que le milliard que nous n’avons pas réussi à arracher au gouvernement après tant de mobilisation grâce à la vague #MeToo contre les violences conjugales me fait plus mal au bide que jamais.

      Les bonnes nouvelles ne viennent pas du gouvernement mais de la mobilisation sociale et citoyenne.

      Soins et féminisme en temps de pandémie - Autres Brésils
      https://www.autresbresils.net/Soins-et-feminisme-en-temps-de-pandemie

      Au Brésil, bien que la maladie soit arrivée par l’intermédiaire de gens riches venant de l’étranger, les deux premières victimes sont des femmes pauvres qui ont été contaminées parce qu’elles travaillaient. En temps de démantèlement de l’État, il est toujours bon de rappeler que c’est l’État lui-même qui est en mesure de garantir la protection et l’assistance économique en cas de calamité. L’isolement peut paraître une option ou un privilège individuel, mais c’est une question politique qui exige des réponses collectives [1]. Le manque de protection est une imposition systémique - patriarcale, raciste et de classe, et par conséquent son contraire (la protection contre la pandémie) est un droit inaccessible.

      L’émergence de la pandémie appelle avec insistance à la redéfinition de la place des hommes dans le maintien de la vie reproductive, des liens affectifs et des soins, une tâche qui n’est pas considérée comme essentielle ou positive dans nos sociétés, et donc exercée de manière inégale par les femmes.

      Et si nous avions des politiques publiques telles que des écoles à plein temps, des laveries et des restaurants communautaires pour ces activités dans notre vie quotidienne ? Et si les soins aux enfants, aux personnes âgées et à ceux qui ne peuvent se prendre en charge n’étaient pas la responsabilité exclusive des familles – c.à.d. des femmes et des filles - mais plutôt discutés et partagés par toute la société ; les hommes et les entreprises aussi. Il s’agit de propositions que les mouvements féministes brésiliens ont formulées et exigées des gouvernements au cours des dernières années, défendues en conférences et dans les programmes de politiques en faveur des femmes, mais qui n’ont guère avancé. Il suffit de se souvenir de la longue lutte pour l’universalisation des crèches et de l’école maternelle, autre revendication insuffisamment satisfaite.

      « Le coronavirus met plus que jamais en danger les Néo-Zélandaises de l’industrie du sexe ; pourquoi est-ce que le lobby pro-décriminalisation ne les aide pas ? »
      https://seenthis.net/messages/838522

      De nombreux Néo-Zélandais sont fiers de l’esprit de leadership de Mme Ardern. Le gouvernement a préparé des mesures de compensation financière pour les employés, les entreprises et les entrepreneurs individuels afin de réduire leur fardeau financier, car il est demandé aux gens de s’isoler pour empêcher le virus de se propager. Elle en a présenté les détails sur un site web intitulé Unite Against COVID-19.

      Women’s Refuge, une organisation qui coordonne un réseau de refuges pour les victimes de violence conjugale dans toute la Nouvelle-Zélande, a reconnu que l’une des plus grandes préoccupations de cette mise en quarantaine est que de nombreuses femmes et de nombreux enfants ne sont pas en sécurité à la maison. La directrice générale de l’organisation, la Dre Ang Jury, a expliqué que « bien que cela soit clairement très nécessaire, l’auto-isolement signifiera probablement une escalade de la violence pour de nombreuses femmes ».

      L’alternative pour de nombreuses femmes serait de rejoindre les 34 000 Néo-Zélandais-es et plus qui souffrent d’une grave pénurie de logement. Or, les femmes sans-abri sont plus vulnérables que leurs homologues masculins, notamment en raison du risque élevé de violence sexuelle. Pour les femmes, les menaces de violence conjugale, de sans-abrisme et de prostitution sont liées, et bon nombre des femmes en prostitution ont connu la violence conjugale, ainsi que le sans-abrisme et l’itinérance.

      (...)

      Les adeptes d’une dépénalisation intégrale de la prostitution affirment souvent qu’il n’est pas possible d’éliminer complètement le risque de violence et de maladie lié à la prostitution, parce que la prostitution est inévitable et ne peut être arrêtée, et parce qu’elle est essentielle — certains hommes ne pouvant tout simplement pas survivre sans avoir accès à des femmes sur le plan sexuel. Ainsi, offrir aux femmes des brochures et des préservatifs, et normaliser la prostitution en la légitimant au plan juridique serait le mieux que l’on pourrait faire.

      Pourtant, après l’annonce de la quarantaine liée à la COVID-19, le NZPC a mis à jour la page d’accueil de son site web pour annoncer que la prostitution devait être stoppée avant minuit mercredi. Cette page se lit maintenant comme suit :

      « INFORMATION SUR LA COVID-19 : DIRECTIVES POUR L’ARRÊT DU TRAVAIL SEXUEL PAR CONTACT PHYSIQUE AVANT MINUIT MERCREDI 25 MARS 2020

      La NZPC reconnaît que le travail du sexe est un travail et constitue la principale forme de revenu pour un certain nombre de personnes.

      Cependant, comme la Nouvelle-Zélande passe au niveau d’alerte 4, les travailleuses du sexe sont priées de se conformer à l’obligation de rester chez elles pendant la période d’isolement de quatre semaines indiquée par le gouvernement. Seuls les travailleurs des services essentiels seront autorisés à travailler. Le travail du sexe n’est pas classé parmi les services essentiels (médecins, pharmaciens, police, ambulance, pompiers, vétérinaires, production alimentaire et supermarchés).

      C’est pourquoi la NZPC souhaite que toutes les travailleuses du sexe respectent l’interruption de quatre semaines.

      En cas de non-respect, des fonctionnaires pourraient se rendre sur votre lieu de travail pour faire respecter cette directive ».

      Le message se termine par un lien vers le site web Work and Income New Zealand (WINZ) et vers le site gouvernemental Unite Against COVID-19.

      Cette notification sur le site web de la NZPC comporte quelques concessions. La première est que la prostitution peut être arrêtée — et immédiatement — si la volonté politique est présente et si le besoin est considéré comme urgent. Le fait que le taux de violence sexuelle contre les femmes dans la prostitution soit plus élevé que celui commis dans tout autre contexte n’a tout simplement jamais constitué une menace suffisamment urgente à leurs yeux. La deuxième concession est que les hommes n’ont pas réellement besoin de la prostitution – celle-ci n’est ni essentielle, ni un besoin humain, ni un droit. C’est une chose dont les hommes peuvent se passer.

  • Les cadres en télétravail, les prolos au charbon ? - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/tribune-les-cadres-en-teletravail-les-prolos-au-charbon

    Le ministère du travail estime que seuls un peu plus de quatre emplois sur dix peuvent être effectués en télétravail. Pour les autres, la situation expose au virus et à une anxiété redoublée. Les profits ou la vie ? Choisissons décidément la vie.

  • ÉDITO. Quel souffle ! - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/edito-quel-souffle

    Face à une telle lame de fond, que fait le pouvoir en place ? Il fonce dans le mur, il provoque, il s’obstine. Alors que le projet de loi, déposé ce matin en Conseil des ministres, entrera en débat à l’Assemblée nationale mardi prochain, le président de la République a lancé aux récalcitrants d’aller se faire voir en dictature. Les mots d’Emmanuel Macron, dans l’avion entre Jérusalem et Paris, sonnent comme une énième provocation d’une arrogance inouïe :

    « L’idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu’il y a une forme de dictature qui s’est installée. Mais allez en dictature, une dictature c’est un régime où une personne ou un clan décide des lois. »

    Rien qui puisse calmer, apaiser, convaincre. Tout est en coup de force. Le pouvoir en place veut écraser la contestation, l’assécher par la force et la contrainte. Il utilise tous les leviers de la Vème République et s’appuie sur tous les réseaux du monde dominant prêts à porter main forte pour imposer son projet et affirmer sa toute-puissance. Or ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’incroyable résistance populaire. C’est déjà une première victoire. Ce qui se crie et s’invente peut-il rester sans lendemains ou surlendemains qui chantent ? Je ne le crois pas.

  • Autonomie financière : l’enjeu féministe de la retraite | Le Club de Mediapart
    https://blogs.mediapart.fr/collectif-nos-retraites/blog/091219/autonomie-financiere-l-enjeu-feministe-de-la-retraite

    La question de la retraite est un enjeu féministe crucial et souvent peu abordé. Elle met en effet en jeu non seulement la question des inégalités économiques de genre, mais aussi plus fondamentalement, la question de l’autonomie financière des femmes. Le projet du gouvernement, en faisant de la retraite un strict reflet de la carrière, y compris dans ses périodes les plus précaires, en conditionnant les droits familiaux et en réduisant le niveau général des pensions, menace encore davantage une autonomie déjà insuffisante.

    #retraite #femmes #travailleuses

    Voir aussi
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/28/la-reforme-des-retraites-penalisera-encore-plus-les-femmes_6020798_3232.html
    http://www.regards.fr/politique/article/sophie-binet-cgt-cette-reforme-des-retraites-est-l-inverse-d-une-reforme

  • Retraites : la fake news de Monsieur Seux - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/retraites-la-fake-news-de-monsieur-seux

    La statistique ne porte pas sur la durée moyenne de vie passé à la retraite par l’ensemble des Français. L’âge moyen de liquidation des droits à la retraite est de 62,7 ans. L’espérance de vie moyenne des personnes, nées en France il y a 60 ans, était à la naissance de 66 ans pour les hommes et de 71,5 ans pour les femmes. Si l’on exclut celles et ceux qui sont morts avant 20 ans cela rajoute un peu plus d’un an d’espérance de vie moyen. On a donc pour tous les Français qui ont pu cotiser pour leur retraite, une durée moyenne de temps passé à la retraite de l’ordre de 5 à 6 ans pour les hommes et inférieure à 10 ans pour les femmes. On est loin, très loin, des Français qui passeraient 25 ans en moyenne à la retraite.

    #retraite #chiffres #fake_news

  • Aéroports de Paris : Macron veut vendre les bijoux de famille - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/aeroports-de-paris-macron-veut-vendre-les-bijoux-de-famille

    Cette semaine, la loi PACTE (Pour La Croissance et la Transformation des Entreprises) devrait être adoptée par l’Assemblée nationale, avec au programme la très mystérieuse privatisation d’ADP. Comme toujours avec ce gouvernement, l’acronyme est un concentré savoureux de la novlangue chère à la macronie.

  • Violences policières : le poker menteur de Macron, Castaner et Nuñez - regards.fr

    http://www.regards.fr/politique/article/violences-policieres-le-poker-menteur-de-macron-castaner-et-nunez

    Dix semaines de gilets jaunes, des milliers de blessés, onze morts et un pouvoir qui oscille entre déni de réalité et mensonges au sujet de la violence des forces de l’ordre.

    #menteurs #mensonges

  • Migrants : une question politique et morale, pas un micmac partisan - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/migrants-une-question-politique-et-morale-pas-un-micmac-partisan

    Le Manifeste pour l’accueil des migrants, signé dans un premier temps par 150 personnalités, n’est pas passé inaperçu. La presse en a largement rendu compte, même si quelques grands médias sont curieusement restés discrets. Depuis sa sortie, d’autres journaux se sont joints à Mediapart, Politis et Regards. Des dizaines de personnalités se sont ajoutées aux initiateurs et, plus encore, le texte est signé aujourd’hui par des dizaines de milliers d’individus. Il est parti du monde de l’art, de la culture et des associations. Il est soutenu maintenant par plusieurs organisations de défense des migrants et des droits. Des responsables politiques ont pris le relais, couvrant tout l’arc des sensibilités de la gauche.

  • La vacance de monsieur Hulot

    Nicolas Hulot : « Je prends la décision de quitter le gouvernement »
    https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-28-aout-2018

    Nicolas Hulot a annoncé ce mardi sa décision de quitter le gouvernement, un an après son arrivée au ministère de la Transition écologique et solidaire.

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/15273-28.08.2018-ITEMA_21786479-8.mp3

    Nicolas Voisin a dit :

    Ce 28 aout 2018, pour la première fois, un ministre a fait le procès du libéralisme, avoué que les lobbys gouvernent, constaté que la société (nous) s’en accommode, dénoncé ce que nous savons tous : ce modèle est un suicide. Puis il démissionna.

    Il faut écouter intégralement cette interview, ne pas se contenter d’extraits et encore moins des commentaires.
    Et ce n’est pas un fan de Hulot qui vous le recommande, loin s’en faut...

    • J’ai hésité à l’écrire, mais ce matin en rentrant de l’école sur la route le long du fjord, j’ai arrêté la voiture (électique je précise...) pour écouter ; j’étais sur le cul.

      Je ne suis pas fan du monsieur, mais je dois avouer que j’étais impressionné d’entendre un ministre d’état - pour la première fois - faire une déclaration, répondre aux questions d’une manière aussi puissante que minimaliste. Pas un mot de trop, un vocabulaire choisi pour en même temps rester dans les clous et en même temps dénoncer d’une manière assez violente et assez claire l’imposture macroniste (et rien que pour ça, chapeau). J’étais à des millions d’annés lumière de penser que la critique la plus radicale de la partition du pouvoir politique qui est en train de se jouer en France en ce moment allait venir de l’intérieur, du coeur même du pouvoir. Ça faisait aussi quelques années lumières que je n’avais pas entendu un responsable politique parler aussi vrai et aussi sincèrement. Pour un fois, je n’avais pas l’impression d’être ni dans la société du spectacle, ni dans la grossière langue de bois (hier, il y avait un lobbyiste à Élysée...). À côté de cette intervention, celle de Benjamin Griveaux qui réagissait sur une autre chaine était totalement minable, absolument effarente. Quelle langue les macroniens ont-ils inventé... Elles et ils parlent toutes et tous de la même façon, mais plus le temps va, plus on se rend compte que leurs narrations et leurs discours sont - outre d’une crapuleuse imposture - d’un vide sidéral.

    • @aude_v Je suis d’accord avec ce que tu dis sur l’absence de réflexion éco-sociale de Hulot, mais on ne peut pas dire que ça soit nouveau. Hulot, c’est pas Gorz... Ça a même toujours été ce qui l’empêchaît d’être crédible (pour moi en tout cas) : le côté « la nature les ptits zoiseaux » sans aucune pensée sociale sur la question. En plus, finalement, il a toujours revendiqué cette position.

    • Il y a des bouts de l’interview, ils sont tout de même épatants. Les pistes qu’il trace sont autrement plus ambitieuses que ce qu’on nous a relayé (les pailles « bientôt » interdites). Mais sans convenir qu’il a collaboré avec des malfaisants, il exonère ceux qui n’affaiblissent le politique que quand ça les arrange, et il fait comme s’il n’y avait personne derrière l’écologie (ce en quoi il n’a qu’à moitié tort).

      Démission surprise de Nicolas Hulot : le verbatim de son interview
      https://www.ouest-france.fr/politique/nicolas-hulot/demission-surprise-de-nicolas-hulot-le-verbatim-de-son-interview-593947

      Nicolas Hulot : Oui. Non, mais attendez… Je le redis ici : j’ai une profonde admiration pour Emmanuel Macron. Et pour Edouard Philippe. Et ce n’est pas, croyez-moi, pour atténuer l’effet de la décision de ce matin. Mais sur les sujets que je porte, on n’a pas la même grille de lecture. On n’a pas compris que c’est le modèle dominant qui est la cause. Est-ce qu’on le remet en cause ?

      Léa Salamé : Vous voulez dire le libéralisme ?

      Nicolas Hulot : Oui, oui. Mais je l’avais dit dès le départ, je me suis moi-même largement prononcé sur des traités comme le CETA et on va en avoir une floppée d’autres […] Mais attendez, moi, je ne critique personne. J’espère que mon départ provoquera une profonde introspection de notre société sur la réalité du monde. Sur le fait que l’Europe ne gagnera que si l’Afrique gagne. Est-ce que nous nous sommes mis en situation de passer un contrat d’avenir avec l’Afrique ? La réponse est non. Où est passée la taxe sur les transactions financières ? […] Le nucléaire, cette folie inutile. Economiquement, techniquement dans lequel on s’entête. C’est autant de sujets sur lesquels je n’ai pas réussi à convaincre, j’en prends ma part de responsabilité. Et je pense que ce que les gens attendent d’un ministre, c’est que s’il n’est pas à la hauteur, s’il n’arrive pas à ses fins. Et bien, il doit en tirer des leçons. Je les tire ce matin […]

      Pour ce qui est de la responsabilité française, j’invite parfois les observateurs qui critiquent, notamment les écologistes patentés, à comparer aussi avec les autres pays. La France est plutôt leader dans ce domaine là. Mais ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas une raison pour nous en accommoder. Nous n’y arriverons que si le gouvernement dans son ensemble a la même impulsion, la même ambition, la même feuille de route, la même vision. Moi, je ne peux pas passer mon temps dans des querelles avec Stéphane Travert. C’est pas l’idée que je m’étais fait. Je suis rentré dans un esprit de coopération, pas de confrontation. Je ne dis pas que rien n’a été fait […] sur le glyphosate, contrairement à ce que dit Yannick Jadot, la France a été en pointe et elle a montré le chemin.

      Léa Salamé : Rappelez-nous quels sont les acquis, les petits pas que vous avez réussi à faire ?

      Nicolas Hulot : On a changé de tropisme sur les pesticides, on est rentré dans une dynamique qui va nous permettre de se séparer d’un certain nombre de molécules. On a programmé la sortie des hydrocarbures. C’est quand même des choses qui sont essentielles et importantes. J’espérais qu’on allait mettre le climat et la biodiversité dans l’article 1 de la constitution. Mais même là nos sénateurs ou l’opposition sur un truc qui n’est pas quand même une révolution culturelle, simplement par posture politicienne, étaient prêts à s’y opposer. Tant que nous serons dans ces affrontements perpétuels, alors que l’humanité a emprunté un chemin tragique… Je crois qu’au moins on peut m’accorder des convictions. Mais un homme, une femme, quel qu’il soit, même s’il a des convictions, s’il est isolé dans un gouvernement, s’il est isolé dans la société… Si vous regardez tout l’été, les résistances anti-éoliennes. Alors ok, on ne veut pas d’éoliennes, on ne veut pas de centrales nucléaires, on ne veut pas de centrales thermiques… Comment on fait si on additionne tous les refus. Et puis ceux qui critiquent, à tort ou à raison, qu’est-ce qu’ils proposent ? […]

      (...)

      Quand on se réjouit - ça va vous paraître anecdotique - de voir sortir de Saint-Nazaire un porte-conteneurs qui va porter 50 000 conteneurs. Superbe performance technologique. Est-ce bon pour la planète ? La réponse est non. C’est sur toutes ces incohérences, ces contradictions. Et puis, dans cette équation impossible […] est-ce qu’on essaie un peu d’être disruptif, d’investir dans la transition écologique. Les investissements qui permettent de réduire nos dépenses énergétiques qui ne sont pas des dépenses mais des investissements. Est-ce qu’on s’est autorisé à essayer de sortir un peu de l’orthodoxie économique et financière ? Est-ce que la finance de spéculation qui spécule sur les biens communs on l’a véritablement remise en cause ?

      On va me dire mais en un an, on ne peut pas tout faire. Certainement, sauf qu’il y a une telle urgence. On me dit mais prends ton temps. Sois patient. Mais ça fait 30 ans qu’on est patient. Ça fait 30 ans qu’on laisse les phénomènes se dérouler et qu’ils sont en train de nous échapper. On me dit : fixe-toi deux-trois priorités. Mais tout est prioritaire ! Les sujets de santé-environnement qui viennent nous exploser à la figure dont on va se rendre compte qu’ils ont des conséquences…

      Léa Salamé : L’économie est aussi prioritaire. Quand on est ministre, on sait qu’il y a des arbitrages à faire. D’un côté, il y a une urgence économique et de l’autre, une urgence écologique et que parfois, elle est contradictoire.

      Nicolas Hulot : On peut essayer de choisir dans l’économie ce qui participe à la solution. Y aussi des grandes opportunités dans la transition écologique, énergétique. Vous avez même la possibilité de passer dans un modèle agricole qui soit intensif en emplois et non en pesticides […] C’est cette vision d’ensemble.

    • En fait, je crois que j’ai voulu interprèter entre les lignes. Je suis assez d’accord avec vous, le personnage est loin d’être parfait, je formule les même critiques que Aude et les autres (autocentrisme, inneficacité des actions), et il fait partie de la société du spectacle, de l’écologie spectacle, mais dans sa narration d’hier, il y a pris une position assez claire. Il ne pouvait pas faire autrement que de rester poli avec Macron et sa clique de crapules (j’admire Macron et Philippe, je ne veux pas gêner l’action du gouvernement, etc...) mais il faut comprendre les sens réle de ces déclarations, lire ce qu’il y a derrière les mots : ici, rien, ces « statements » n’ont aucun poids face au reste de son discours, et c’est ça que jai trouvé exceptionnel. Même s’il feint de tresser des lauriers au pouvoir macroniste, l’essentiel de ce qu’il dit est puissamment un dénonciation et une expression assez concrète du système Macron : en direct et venant d’un ministre d’état lui même, je crois n’avoir jamais vu ça. Pour le reste, ça ne dédouane pas Hulot de la manière dont il agit (spectacle), ce n’est pas mieux ni moins bien qu’Arthus Bertrand ou similaires (enfin si, un peu mieux parce qu’Arthus Bertrand, ça pu vraiment la merde).

      Je n’ai aucun doute sur la capacité des macronistes à récuperer et absorber l’événement de la manière la plus subtile, ils sont champions du monde dans ce domaine. C4est en effet triste, mais la seule chose dont je me réjouisse, c’est que cet événement va rester dans la mémoire et contribue à fragmenter encore plus à faire craqueler et discréditer le système Macron.

    • L’électrochoc est de taille, notamment pour Emmanuel Macron qui perd sa pastille verte. Poliment mais de facto, avec un réquisitoire implacable, Nicolas Hulot a renvoyé le Président comme le gouvernement dans le vieux monde, celui qui ne sait pas embrasser le temps long et qui se moule dans les exigences dogmatiques des traités européens, celui qui pense croissance à tout prix et impose des cures de régime toujours plus sévères pour les comptes publics. Dans cet univers, l’écologie ne se paie que de mots, de bonnes intentions communicationnelles qui sombrent dans les méandres de la règle d’or et de la rapacité du capital.

      Grosse perte pour Macron

      À sa façon, Nicolas Hulot a sanctionné le gouvernement pour son incapacité à sortir d’un imaginaire pré-réchauffement climatique et des mécanismes de la décision publique dictés par l’urgence et sous contrainte des lobbys. Glyphosate, pesticides, nucléaire… Les reculs se suivent et se ressemblent. Hulot a pointé du doigt l’austérité et le libéralisme économique comme des freins majeurs pour mener une politique écologiste.

      « On se fixe des objectifs mais on n’en n’a pas les moyens parce qu’avec les contraintes budgétaires, on sait très bien à l’avance que les objectifs qu’on se fixe on ne pourra pas les réaliser », a-t-il simplement expliqué, dévoilant même que des plans sont présentés comme nouveaux alors qu’ils ne sont que réorganisation de budgets existants – par exemple, la rénovation énergétique du logement. Les traités de libre-échange, comme le Ceta, contredisent également la marche écologique, a-t-il également affirmé. En effet.

      Ce lien entre cause environnementale et normes néolibérales, Nicolas Hulot l’avait pourtant démontré dans son film Le syndrome du Titanic en 2009. On pourra s’étonner qu’il n’en ait pas tiré davantage de conséquences en acceptant d’entrer dans un gouvernement qui n’a jamais caché sa foi dans la loi du marché. Hulot a tenu à mener cette expérience et la conclusion sonne comme un désaveu pour une orientation politique clairement incompatible avec le combat vital contre les émissions de gaz à effet de serre, la destruction de la biodiversité, la folie consumériste. Hulot espérait sans doute constituer un rempart écologiste en macronie mais il s’est trouvé esseulé face à un mur. Comme s’il avait découvert à ses dépens que le gouvernement épousait la normalité d’un modèle plus soucieux des intérêts du capital que de la planète. « Le modèle dominant » est en cause et il n’est pas remis en cause, a-t-il amèrement regretté. À raison.

      Impossible politique écologiste

      La vision sans profondeur temporelle de ce gouvernement comme des précédents, comme de l’Union européenne, est clairement dénoncée par Nicolas Hulot. L’ancien présentateur d’Ushaïa et fondateur de la FNH a, dans cette interview, écorché la façon dont la politique se fabrique. Le défi écologique ne semble pas pouvoir entrer dans les clous de notre régime, les piles de dossiers traités toujours dans l’urgence répondent au temps court, à d’autres exigences. Les cercles du pouvoir politique sont trop interconnectés avec des groupes aux intérêts financiers contraires aux nécessités environnementales.

      Nicolas Hulot a également formulé cet aveu qui interroge la présence des personnalités de la société civile dans le monde politique institutionnel : « Peut-être n’ai-je pas les codes ». Peut-être faut-il surtout changer les codes. Mais nous n’y sommes pas. Et la situation « tragique » dans laquelle nous nous trouvons sur le plan environnemental avance à pas pressés. Nicolas Hulot a eu le mérite de la poser sur la grande table publique, sans détour, avec tout le poids de sa popularité dans notre pays et de sa sincérité ce matin. Les raisons de l’échec sont structurelles nous dit Hulot. Alors il faut modifier du sol au plafond notre système démocratique, social, économique. En un mot, faire grandir et gagner la force politique qui porte ces ruptures.
      Clémentine Autain

      http://www.regards.fr/politique/article/demission-de-hulot-macron-perd-sa-pastille-verte#comments

    • J’ai écouté, dans le lien fourni au début, l’intégralité de l’entretien ; c’est un #grand_moment_de_radio

      À l’écoute, j’ai l’impression qu’en fait, il prend sa décision en parlant. Au tout début, à plusieurs reprises, on se dit «  il fait partie du gouvernement  ». Puis arrive le moment de «  l’examen de conscience  », où il passe en revue les «  choix  » qu’il a eus à faire — la série de questions auxquelles la réponse est invariablement " non " (décidément, le glyphosate, ça passe pas, le nucléaire on touche à rien et on laisse tourner les centrales, etc.), et, là, il se rend compte qu’il est en train de brûler ses vaisseaux. C’est le sommet de son émotion et c’est qu’il prend sa décision. Comme indiqué ultérieurement par L. Salamé, il n’était pas dans cet esprit avant l’interview. C’est en s’entendant qu’il se convainc. D’où la force du moment.

      Après, on passe plutôt dans un exercice de damage control, où il ressort les arguments rationnels qu’il a dû ressasser un bon nombre de fois depuis plus d’un an et où, surtout, il essaye de pas trop fâcher ses «  nouveaux amis  » du gentil gouvernement. Dont il est d’ailleurs plutôt facile de finalement ne leur reprocher que le #on_s'occupera_de_gérer_le_long_terme_quand_on_aura_fini_de_gérer_le_court_terme … prenant sur lui de n’avoir pas su impulser le changement nécessaire.

      Et c’est là que je me rappelle son métier d’origine : animateur télé qui descendait de son survol en ULM pour débarquer sur un plateau préparé par son équipe, mettre les pieds devant le feu de camp et titiller les émotions, la sienne, celle des participants et celle des spectateurs devant tant de grandiose beauté de la nature… Il sait toujours faire ça vraiment très bien et il nous (en tous cas, moi) embarque avec lui et lui-même avec.

      Sur le fond, je suis assez d’accord avec l’opinion d’@aude_v

      Pour finir, en écrivant ça, ça me fait penser à Sabine Paturel. Mais je ne voudrais pas troller…
      https://www.youtube.com/watch?v=gD7trwyPGKA

    • Nicolas Hulot ou l’histoire du « lobbyiste lobbyé » – Politique | L’Opinion
      https://www.lopinion.fr/edition/politique/nicolas-hulot-l-histoire-lobbyiste-lobbye-160311

      Hulot ou la double méprise : il n’était probablement pas à sa place dans un ministère, vacillant à chaque arbitrage défavorable. Et pas à sa place dans ce gouvernement, lui qui confesse désormais ouvertement qu’il voulait « changer de modèle économique ». Jusqu’à preuve du contraire, ça n’a jamais été la ligne du chef de l’Etat.

      Un point de vue de l’autre bord…

    • « Il n’était probablement pas à sa place dans un ministère, vacillant ... »

      «  L’équipe Macron commence le dénigrement ( bashing) de Nicolas Hulot. Des barbares . [Nicolas Beytout, à sa façon en est un également ! ] Et ça va s’amplifier. La suite sera glauque. Les Benalla de la communication présidentielle sont au travail .... »

    • Je ferais bien un recueil de citations de #Gorz_André en vis-à-vis du Verbatim. Il en sortirait à coup sûr ceci : un penseur de l’écologie politique qui sur le fond mouche un phénomène médiatique, qui sur ce plan réussit sa démission. Mais pour le reste... Il dénonce grave en s’excusant et en appelant au sursaut citoyen que son gouvernement écrase la où il existe. Et soucieux de garder de bonnes relations avec ceux qui représentent cette societe qu’il semble critiquer tout en admirant ses chantres. La vision de l’un et l’incohérence de l’autre...
      Par contre, ne négligeons pas de tenter de ramasser les quelques fruits de cette démission médiatique !

    • Il dénonce grave en s’excusant et en appelant au sursaut citoyen que son gouvernement écrase la où il existe .

      Tout à fait.

      J’ai l’habitude, mais ça me chagrine à chaque fois quand je lis que « personne ne propose de vraies solutions ». Le programme « L’avenir en commun » propose un nombre de choses allant dans le sens que vous décrivez, tous, là. Et plusieurs fois ces jours-ci, j’entends dire « aucun politique ne tient ce langage ». Quand il faudrait plutôt dire « aucun média de masse ne s’intéresse à ces problématiques et n’interroge les politiques sur ces problématiques en y passant le temps nécessaire ».

      Le Hulot, on ne nous en a parlé que pour les pailles en plastique... mais à côté de cela, il réfléchissait visiblement sur l’agriculture intensive en main d’œuvre (par exemple) et sur quelques autres sujets... Exactement comme « le politique peut tout s’il le veut bien », « le comité de rédaction peut parler de tout s’il le veut bien » lui aussi... ce qui permettrait d’avoir une vision plus complète de la réalité.

    • Dix ONG interpellent Macron : la démission de Hulot est « une invitation à changer de cap »

      Dans une tribune publiée jeudi, ces ONG rappellent à Emmanuel Macron que l’action en faveur de l’environnement « n’est plus une option mais une urgence ».

      Une démission, « symptôme d’une immense incompréhension ». La démission de Nicolas Hulot « est une invitation à changer de cap tout en osant rompre avec la facilité des Trente glorieuses et ’cinquante’ gaspilleuses » et « invite à un sursaut », écrivent ces ONG. Emmanuel Macron « aurait tort de mésestimer le symbole que représente cette démission surprise » qui est « le symptôme d’une immense incompréhension », conseillent-elles en observant que « la transition écologique n’est ni une promenade de santé ni un supplément d’âme pour politiciens sans imagination ».

      « L’action n’est plus une option ». « Face aux conservatismes qui s’expriment à tous les niveaux de l’Etat, la démission de Nicolas Hulot appelle un sursaut » et « nul doute (...) qu’Emmanuel Macron devra faire sien l’aphorisme de Pierre Mendès-France ’gouverner c’est choisir’ », insistent les signataires. « Face aux menaces climatiques, militaires et l’effondrement des écosystèmes, l’action n’est plus une option mais une nécessité, une urgence, une éthique », pressent ces ONG

      Le « en même temps » ne fonctionne pas, selon ces ONG. Selon elles, « la volonté d’Emmanuel Macron de ménager la chèvre écologique et le chou productiviste n’a pas contribué à créer la condition d’une politique écologique lisible et cohérente ». « En matière écologique, nous ne pouvons plus soutenir l’agriculture biologique et ’en même temps’ le glyphosate, la sobriété énergétique et ’en même temps’ le nucléaire, une redynamisation des centre-villes et ’en même temps’ (le mégacomplexe) Europacity et l’artificialisation des terres agricoles, la nécessaire préservation de la biodiversité et ’en même temps’ la baisse du prix du permis de chasse, la mise en oeuvre de la COP21 et ’en même temps’ la multiplication des projets autoroutiers, les fermes-usines et ’en même temps’ une agriculture paysanne, le libéralisme et ’en même temps’ l’écologie », énumèrent-elles.

      Les ONG signataires de la tribune : la Fondation pour la nature et l’Homme, Agir pour l’environnement, France nature environnement, Générations futures, les Amis de la Terre, Réseau sortir du nucléaire, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, Association pour la protection des animaux sauvages, Virage énergies et Société nationale de protection de la nature.

  • Luttant mollement contre la désignation des migrants comme boucs émissaires et la définition de l’immigration comme « problème », les partis de gauche semblent avoir renoncé à imposer un autre discours sur la question.
    http://www.regards.fr/politique/article/sur-l-immigration-la-gauche-n-a-plus-les-mots

    Parce que dans les faits, à part sur quelques plateaux de télés et de radios pour dénoncer mécaniquement « la politique du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb », il n’y a pas grand monde pour promouvoir une politique d’accueil ambitieuse et volontariste.

    La bataille culturelle abandonnée
    Aujourd’hui, c’est la France insoumise qui donne le la, à gauche. Et lorsqu’on observe les grandes campagnes nationales retenues par ses militants pour l’année 2018, aucune parmi les trois choisies ne concerne les droits des étrangers. Et pourtant, alors que la « crise migratoire » s’intensifie en Europe et que l’année 2018 – notamment par l’agenda politique engagé par Emmanuel Macron et cette loi « Asile et immigration » – va sans doute marquer un tournant sans précédent de la politique d’accueil en France, une mobilisation politique, intellectuelle, syndicale, de l’ensemble de la gauche aurait été nécessaire.

    Comme si la gauche avait abandonné la bataille culturelle. La bataille des idées. Celle des convictions.

  • Quand Terra Nova aide LREM à savoir ce que pensent ses « marcheurs » - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/quand-terra-nova-aide-lrem-a-savoir-ce-que-pensent-ses-marcheurs

    Emmanuel Macron, dont la campagne présidentielle laissait entendre qu’il allait valoriser une démocratie plus horizontale, incarne depuis son élection le pouvoir de façon ultra-verticale, quasi autoritariste. La loi, c’est lui, les autres n’ont qu’à bien se tenir. Pour preuve, le seul député LREM ayant osé voter contre un projet de loi siège aujourd’hui avec les non inscrits.

    Mais les militants, ceux du terrain, de la "vraie vie", ils en pensent quoi de Macron 1er ? Ainsi doivent-ils dire s’ils sont d’accord ou non avec cette affirmation :

    « La France doit avoir à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections. »

  • Leur « émancipation » n’est pas la nôtre - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/leur-emancipation-n-est-pas-la-notre

    C’est pour sortir de cette impasse que des générations de femmes et d’hommes ont combattu pour l’émancipation des travailleurs car ça, ça existe bel et bien, et ça fonde une morale et une politique en tout point inverse à celle portée par Macron et ses sbires. Elle consiste d’abord dans l’émancipation sanitaire des travailleurs : crever à cause de son #travail n’est pas un risque acceptable. C’est pourtant ce qui arrive à entre 500 (estimation basse) à 10 000 (estimation haute, comprenant les cancers d’origine professionnelle) personnes par an en France. Imaginez le macroniste servir la soupe de « l’émancipation au travail » à un salarié crevant à petit feu de son cancer due aux substances chimiques qu’il a ingéré au fil des années - ces mêmes substances chimiques retirées de la liste des critères de la pénibilité au travail par Pénicaud et sa bande de criminels. Car être « employable », c’est ne pas faire chier son employeur avec ses problèmes de dos et l’état de ses poumons. Pour ça, mangez 5 fruits et légumes par jour.

  • Après avoir profité de Mamoudou Gassama, l’Etat reprend une activité normale - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/apres-avoir-profite-de-mamoudou-gassama-l-etat-reprend-une-activite-normale

    Expulsion, procès, coup de pression. Quelques jours après avoir récupéré l’acte héroïque de Mamoudou Gassama, l’Etat reprend sa politique répressive vis-à-vis des migrants et de ceux qui leur viennent en aide.

  • Comment élever le niveau des Matins de France Culture ? - regards.fr
    http://www.regards.fr/politique/article/comment-elever-le-niveau-des-matins-de-france-culture

    Autre lacune scandaleuse : 73% des interrogés ne savent pas « ce qu’un employé payé au smic coûte à son entreprise ». ( Cherchez pas, c’est 1588,47 € par mois, cotisations comprises). Si les Français le savaient, ils n’oseraient pas demander des tickets restaurant. Et les plus responsables travailleraient comme stagiaires, voire bénévolement, comme les y invite une inventive campagne départementale « Le bénévolat pour sortir du RSA ». Cette manie d’exiger un salaire pour son travail, c’est vraiment une détestable tare française.

    #économie #propagande