• ça fait mal de citer les mots de quelqu’un que je déteste plus que tout.
    Mais quand les mots sont justes, la sagesse consiste à ne pas les condamner.
    Car quand les mots sont justes, ce serait une erreur de penser qu’ils aient pu être contaminés par celui qui les a prononcés...

    Eux sont tombés dans l’économisme le plus plat, ne connaissent plus le sens et l’usage de mots, seulement ceux des chiffres. « Tout commence en mystique et finit en politique. Avec sa célèbre formule, Péguy ne détenait encore que la moitié du programme s’il s’avère que lique elle-même peut finir en statistique. »
    Comme Debray le remarque avec ironie, c’est justement à l’heure où l’économie bat de l’aile que l’économisme règne en maître ; le moment où les gestionnaires s’avèrent les plus médiocres, qu’ils ont réduit leurs discours à la pure gestion. Cherchez l’erreur. Pourtant, tout le monde s’est converti à l’économisme comme à la dernière religion : « Pris dans l’étau Éco, notre vocabulaire s’est réduit à l’os. Chacun s’exprime à l’économie : il gère ses enfants, investit un lieu, s’approprie une idée, affronte un challenge, souffre d’un déficit d’image mais jouit d’un capital de relations, qu’il booste pour rester bankable et garder la cote, en jouant gagnant-gagnant. » Cette domination sans partage de l’économie a transformé le langage courant, et surtout celui des politiques. Ils n’exaltent plus, ils ne montrent plus le chemin, passent leur temps à jouer au pédagogue communicant : « L’économie est une vulgate où l’endoctrinement s’appelle explication. »
    L’Erreur de calcul. Régis Debray. Éditions du Cerf. Le poing sur la table. 55 p., 5 €.

    Ben oui, c’est beau, mais ça vient de là (courage !)
    http://www.lefigaro.fr/vox/culture/2014/12/10/31006-20141210ARTFIG00354-eric-zemmour-l-uppercut-de-regis-debray-a-manuel-