http://www.revue-ballast.fr

  • BALLAST Mélenchon, de la Gauche au Peuple 1/2
    http://www.revue-ballast.fr/melenchon-de-la-gauche-au-peuple-12

    En effet, Jean-Luc Mélenchon se plaît à être qualifié d’intellectuel. Héritier d’une longue tradition, ce qu’on nomme le mouvement socialiste a toujours eu à sa tête des théoriciens de la pratique. Les hommes et les femmes capables d’analyser avec précision et méthode les contradictions de leur époque afin d’en tirer une stratégie révolutionnaire ont historiquement tenu le haut du pavé : Jean Jaurès, Rosa Luxemburg ou Antonio Gramsci, pour citer les plus éminents représentants. C’est ce travail de fond que soumet aujourd’hui le fondateur du Parti de Gauche lorsqu’il entend démontrer que l’ère du #peuple frappe à la porte de l’#Histoire, enterrant implicitement l’ère de la #gauche dans un passé révolu. Du constat de trois grandes bifurcations en jeu – anthropologique, climatique et #géopolitique – émerge un nouvel acteur de l’Histoire, le peuple #urbain, et son nouveau terrain d’expression, l’espace public, ainsi qu’une stratégie de prise de pouvoir, la révolution citoyenne, adossée à la doctrine émancipatrice de notre temps : l’#éco-socialisme.

    Pour saisir ce nouveau chemin de crête, il est nécessaire de revenir à ses soubassements philosophiques originaires et ses référents intellectuels. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre licencié de philosophie n’en est pas avare. Dépassionner le personnage pour rendre intelligible le cheminement de sa pensée : voilà notre idée directrice.

    • analyser avec précision et méthode les contradictions de leur époque afin d’en tirer une stratégie révolutionnaire

      Et Lénine, alors ? Le journaliste omet l’unique théoricien de la révolution dont les idées ont connu un succès évident ... vas savoir pourquoi ...
      D’ailleurs le peuple joue un rôle important pour les idées de Lénine. Pour lui c’est la partie de la population qui ne fait pas partie des exploiteurs.

      DÉCLARATION DES DROITS DU PEUPLE TRAVAILLEUR ET EXPLOITÉ
      https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1918/01/vil19180104.htm

      1. La propriété privée de la terre est abolie. Toute la terre, avec tous les bâtiments, le cheptel et autre matériel servant à la production agricole, est déclarée patrimoine de tout le peuple travailleur.

      2. La loi soviétique sur le contrôle ouvrier et le Conseil supérieur de l’économie nationale est confirmée, en vue d’assurer le pouvoir du peuple travailleur sur les exploiteurs et en tant que première mesure préparant la remise complète des fabriques, usines, mines, chemins de fer et autres moyens de production et de transport, en propriété à l’Etat ouvrier et paysan.

      Quand on se rappelle qu’en Russie ce n’était pas la classe ouvrière qui a fait la révolution mais le peuple suivant la définition de Lénine on s’apercoit que l’utilisation de la catégorie de peuple chez Melenchon ne signifie pas l’abandon de la pensée de gauche ou marxiste mais - je peux me tromper car je n’ai pas lu tous ses livres - se place vraisemblablement dans la lignée de la pensée de gauche non orthodoxe et dialectique.

      C’est dommage d’être confronté ce dernier temps à un tas d’articles qui prétendent nous expliquer les tendances de la pensée de gauche alors qu’ils témoignent surtout de la méconnaissance avancée de leurs auteurs en matière de textes de base historiques. A chaque fois on se lance dans la lecture en espérant y découvrir un travail analytique radicalement nouveau qui nous libère du poids de l’héritage orthodoxe et á prèsque chaque fois on abandonne la lecture par déception face à des texte idéolgiques qui en plus sont souvent marqués par une mauvaise foi dégoûtante.

      #révolution #théorie #révisionnisme #idéologie

  • Cinéma-debat : «On est vivant»
    http://universitepopulairetoulouse.fr/spip.php?article383

    Le cinéma ABC et la fondation Copernic 31 invitent Carmen Castillo le mercredi 15 avril pour une projection à 20h30 en avant-première de son dernier film « On est vivant ». Pouvons nous encore infléchir le cours fatal du monde ? « L’histoire n’est pas écrite d’avance, c’est nous qui la faisons » - Daniel Bensaïd Un film sur l’engagement politique aujourd’hui à la lumière d’un dialogue sensible avec la pensée de Daniel Bensaïd, philosophe et militant, récemment disparu. Avec Daniel, présent en image, et (...)

    #Cinéma_-_débat

    «http://www.revue-ballast.fr/carmen-castillo-je-voulais-donner-la-parole-aux-anonymes-en-lutte»

  • Carmen Castillo : « Comment se mettre en mouvement, être actif, acteur ? » BALLAST via @rezo
    http://www.revue-ballast.fr/carmen-castillo-je-voulais-donner-la-parole-aux-anonymes-en-lutte

    Son prochain #film, On est vivants, sortira en salles le 15 avril 2015 : prenant appui sur la pensée du philosophe Daniel Bensaïd, Castillo donne à voir, entre deux continents, les combats quotidiens de tous ces #anonymes qui s’échinent, dans l’angle mort des grands médias, à faire de la #lutte une « passion joyeuse ». Malgré tout.

  • BALLAST J. Fontaine : « Difficile pour la Grèce d’être souveraine suite aux menaces de l’Union Européenne »
    http://www.revue-ballast.fr/fontaine-difficile-pour-la-grece

    On ne peut comprendre la situation actuelle si l’on ne remonte pas le temps — c’est ce que nous explique Joëlle Fontaine, historienne spécialisée sur la Grèce et auteure d’un essai aux éditions La fabrique. Retour aux années quarante, celles d’une Libération confisquée.

  • Clémentine Autain : « Rendre au #féminisme son tranchant »
    http://www.revue-ballast.fr/clementine-autain-rendre-au-feminisme-son-tranchant

    « L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme ; [la femme] est la prolétaire du #prolétaire même », écrivit un jour Flora Tristan, féministe, socialiste et militante internationaliste née en 1803. On aurait parfois tendance à l’oublier : la tradition féministe compte bien des courants et des tendances — qui, comme tous les mouvements philosophiques et politiques, peuvent volontiers s’opposer (Nicole Van Enis préfère dès lors parler « des » féminismes). Parmi eux, le féminisme socialiste — qu’il soit marxiste (avec, par exemple, Clara Zetkin et August Bebel) ou bien anarchiste (avec Louise Michel, Madeleine Pelletier ou encore Emma Goldman). Contre le féminisme libéral, réformiste et bourgeois, celui-ci pense l’émancipation des femmes en parallèle d’une critique radicale de la société et du mode de production capitaliste. Nous tenions à rencontrer l’une de ses représentantes contemporaines : Clémentine Autain, auteure, porte-parole du parti Ensemble et codirectrice de la revue Regards. Comment, en somme, tenir les deux bouts de la corde — ni féminisme des beaux quartiers, ni lutte sociale androcentrée ?

  • BALLAST Les journaux ? N’en lisez plus – par Léo Ferré
    http://www.revue-ballast.fr/journaux-nen-lisez-plus

    Aragon estimait qu’il faudrait, après Léo Ferré, « réécrire l’histoire littéraire un peu différemment ». Il n’en fut sans doute rien mais le poète n’en demeure pas moins, en langue française, l’un des plus talentueux et singuliers de son siècle. Nous publions ici un de ses textes en prose, « Le Style », peu connu hors des cercles ferréens. Nul n’ignore que le chanteur était anarchiste – il aimait mieux, toutefois, parler d’anarchie, tant, fidèle à la tradition individualiste qu’il revendiquait haut et fort (l’homme est un loup pour son prochain et l’isolement seul l’en préserve), il se méfiait de sa mise en « isme ». L’anarchie, qu’il avait découverte grâce à des Espagnols en exil au lendemain de la guerre civile, était à ses yeux « la formulation politique du désespoir » : « Divine Anarchie, adorable Anarchie, tu n’es pas un système, un parti, une référence, mais un état d’âme. Tu es la seule invention de l’homme, et sa solitude, et ce qui lui reste de liberté. Tu es l’avoine du poète. »

  • BALLAST Olivier Rolin : « La littérature m’a permis de voir les multiples facettes de la réalité »
    http://www.revue-ballast.fr/olivier-rolin-la-litterature

    Il porte un chapeau feutre et un imperméable beige. Marche légèrement voûté. Plutôt revêche, de prime abord — entre le détective des années Bogart et le vieux loup de mer. Un bout de papier indiquait sur sa porte qu’il fallait cogner fort, faute de sonnette en état de marche. « Vous n’auriez pas une cigarette ? Je suis en rade, là. » Un vétuste immeuble parisien ; des livres partout dans son appartement. « Oui, pas facile de trouver un endroit où bouffer chez moi. » Un fusil posé le long de la bibliothèque et un couteau que Rolin triture une partie de l’entretien. Nous avons lu presque tous ses livres, en France ou sur les routes de ce monde que l’écrivain aime à saisir, du Soudan à l’Est en passant par l’Amérique latine, depuis qu’il a raccroché les gants, lui l’ancien chef de la branchée armée de la Gauche prolétarienne. Hamon et Rotman ont déjà conté ses actions avec force détail dans le deuxième opus de Génération — quelques mots pour qui ne l’aurait pas lu : Rolin s’appelait alors Antoine, « un homme sûr, précis, courageux », prise d’assaut d’une usine (bras gauche et os du visage cassés), attaque d’un commissariat, cocktails Molotov, un député de droite qui trempait dans des affaires louches capturé dans une malle, noms d’emprunt et déménagements constants, une bombe dans les locaux de Minute, une mitraillette Sten (jamais de balles dans le chargeur), l’enlèvement d’un cadre de Renault pour venger la mort d’un ouvrier, « Nous représentons la volonté du peuple face à la loi des assassins », Sartre soutint, « Notre rôle est simple : montrer au peuple qu’il n’est pas de terreur qui ne puisse être combattue », nous en passons. Un bouquet de fleurs fanées près de photographies marines, dans le salon. Rolin nous avait fait savoir, lorsque nous l’avions contacté, que nous risquerions d’être déçus : le militant maoïste est devenu « un sceptique, hélas... » Raison de plus. L’écrivain s’assouplit à mesure que nous parlons. Jusqu’à la sympathie, même.

  • BALLAST Emma Goldman — une nouvelle éthique
    http://www.revue-ballast.fr/emma-goldman-une-nouvelle-ethique

    « Emma Goldman a été victime, tout particulièrement dans le monde francophone, d’une étrange amnésie qui a fait que le mouvement anarchiste, pourtant si enclin à célébrer son histoire et ses héros, semble parfois aisément oublier qu’il a aussi compté de nombreuses héroïnes », a écrit Normand Baillargeon. Née en Lituanie et morte à Toronto en 1940, Goldman fut à la fois libertaire et communiste, féministe et nietzschéenne. Expulsée des États-Unis d’Amérique, elle trouva refuge, aux côtés de son compagnon Alexandre Berkman, dans la nouvelle Russie soviétique. Son enthousiasme à l’idée de prendre part au processus révolutionnaire, porté par Lénine et ses camarades, fut de courte durée. Elle tenta en vain d’empêcher le massacre des marins de Kronstadt et, de retour en Europe, publia, en 1923, ses impressions et son analyse de la situation. Sitôt qualifiée de « renégate », elle n’en démordit pas : l’émancipation est avant tout affaire d’éthique.

  • BALLAST George Ciccariello-Maher : « Les Lumières, un mensonge élevé au rang d’Universel »
    http://www.revue-ballast.fr/george-ciccariello-maher-les-lumieres-un-mensonge-eleve-au-rang-dunive

    Ciccariello-Maher a prévenu tout de go : les propos qu’il tient dans l’entretien qui suit vont certainement « hérisser quelques poils ». Auteur de l’essai We Created Chávez, enseignant à Philadelphie et intervenant régulier sur Al Jazeera, celui qui se positionne à mi-chemin entre l’anarchisme et le communisme entend bien secouer les mouvements libertaires contemporains. Il ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à fouler aux pieds les repères des uns et le sacré des autres : la religion ne serait pas le mal décrit par d’aucuns ; la sécularisation n’est pas sacro-sainte ; le siècle des Lumières gagnerait à faire profil bas ; l’État ne devrait plus être une cible « obsessionnelle » ; Charlie Hebdo jette de l’huile sur le feu impérialiste et l’on a tort de tourner, pudiques, autour du mot « race ». Qu’en penser ? Au lecteur de décider.

    • Assauts contre les Lumières #paywall
      http://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/ROBERT/52631

      Un autre extrait :
      " - La raison conduit à la République, qui ne reconnaît pas d’autre souverain que le peuple :
      Or, pour les Lumières, si elle est un outil, la raison est surtout l’expression, selon les mots de Jean Jaurès, de la « préformation morale de l’humanité », c’est-à-dire de la capacité de l’être humain à vouloir le bien et, concrètement, à transformer la société dans un élan fraternel. Elle conduit à la République, qui ne reconnaît pas d’autre souverain que le peuple, ni d’autres lois que celles votées par ses représentants. En outre, elle se fonde non pas sur des certitudes, mais sur le doute méthodique qu’avait exposé Descartes. Rien n’est moins habité par le doute qu’une chambre à gaz ; et rien n’est plus irrationnel que l’idée de hiérarchie des races.
      La puissance libératrice des Lumières comme sa traduction politique la plus universelle, la révolution de 1789, ne sont plus pour de nombreux Français qu’un vague souvenir. L’envie d’être libre est-elle encore suffisamment présente ? »
      Anne-Cécile Robert Le Monde Diplomatique fev 2015"

    • A priori le texte du diplo porte sur un assaut contemporain, je n’ai pas d’accès derrière le paywall.
      S’il n’y a pas de référence à l’Ecole de Francfort c’est peut etre qu’il n’y a pas de continuité critique et que ce nouvel assaut est aussi germanophobe que je le suis^^ et qu’elle procéde d’une autre motivation. Je oeux voir cet assaut comme celui contre l’esprit de la laicité.
      Le texte de Maher est une charge brute sans référence et j’aime bien que l’on m’explique les choses. "Les soi-disantes « Lumières »", "génocide"... Je déteste ce vocabulaire dogmatique et péremptoire qui disparait dans les autres chapitres du texte.
      L’Ecole de Francfort a l’air plus fine dans ses critiques.

      WP . "Le constat sur lequel s’ouvre le livre est, en effet, que l’Aufklärung a eu pour but de libérer les hommes, mais que partout le monde « éclairé » est soumis aux calamités. L’Aufklärung a eu pour but de libérer de la pensée magique, mais elle est elle-même soumise au mythe. Le détournement a consisté à instrumentaliser la raison, dont la finalité réelle n’a pas été la connaissance ou le bonheur, mais l’explication du monde pour la domination de la nature, soit l’auto-conservation.

      Le processus d’autodestruction consiste dans la destruction du mythe par la raison qui est au principe des Lumières. Car les mythes sont en réalité déjà des produits d’Aufklärung, des formes d’affranchissement à l’égard de la nature. À l’inverse, l’Aufklärung est toujours prise dans la mythologie au moment même où elle croit s’en affranchir.

      Les Lumières sont totalitaires dans leur volonté de supprimer toute trace mythique en vue d’un système duquel tout peut être déduit. La vérité de ce processus est la domination. Le résultat est que les hommes paient leur pouvoir en devenant de plus étrangers à ce sur quoi ils l’exercent (la nature dans l’homme et hors de l’homme).

      Dans le monde rationalisé, la mythologie n’a pas disparu, mais elle envahit au contraire le domaine du profane. Les Lumières ont abouti à une forme de régression, dans laquelle l’homme est transformée en chose (phénomène de réification). Dans sa crainte du mythe, l’Aufklärung a condamné l’art et la pensée et a érigé les marchandises en fétiches. La régression de l’Aufklärung dans la mythologie n’est donc pas à chercher en dehors de l’Aufklärung.

      Le récit d’Homère, l’Odyssée, est analysé, dans un premier ex-cursus, comme texte fondamental de la culture européenne et témoignage originaire de la dialectique de l’Aufklärung. L’épopée s’affranchit du mythe et le détruit au nom de la raison mais elle éclaire en même temps le processus de sacrifice de la nature dans l’homme et la conception de la raison comme ruse, domination et impassibilité.

      Le deuxième ex-cursus est une réponse à la question de Kant sur l’essence de l’Aufklärung à partir d’une analyse de l’Histoire de Juliette, ou les Prospérités du vice du Marquis de Sade et de la Généalogie de la morale de Nietzsche. L’ordre totalitaire s’en tient à la science, et le sujet éclairé libre de toute tutelle se dérobe à toute pitié. L’émancipation aboutit à la domination de la nature aveugle et à une indistinction entre la rigueur morale et l’amoralité absolue."

    • N’est pas Bourdieu qui veut.
      POur poursuivre :
      "D’un point de vue théorique, nous serions tentés de rapprocher les ressorts idéologiques de l’islamophobie contemporaine de ceux de l’antisémitisme moderne. Nous nous référons ici à la thèse iconoclaste de l’historien Arthur Hertzberg qui « démontre avec force que l’antisémitisme moderne est davantage l’enfant des Lumières que du christianisme ; qu’il découle moins de la théologie chrétienne que du dogmatisme doctrinaire d’un Voltaire, d’un Holbach, d’un Diderot ou d’un Marat15 ». L’auteur américain conclut à l’existence d’une véritable théorie de l’antisémitisme laïque : « C’est ainsi que les hommes de gauche esquissaient une théorie selon laquelle, pour pouvoir se régénérer, la France se devait d’exclure les juifs. Ce que Voltaire ou Holbach avaient dit ou sous-entendu était devenu un programme politique16. » L’on comprend dès lors que cette thèse (l’antisémitisme produit de notre modernité) soit irrecevable pour une partie de l’intelligentsia française qui, non seulement refuse de rapprocher analytiquement les deux phénomènes (antisémitisme/islamophobie)17 mais, en plus, y voit davantage la perpétuation des vieux préjugés chrétiens que l’expression d’un racisme post-révolutionnaire, se nourrissant directement des ambivalences de la pensée républicaine. La France ne peut être islamophobe, puisqu’elle est « laïque » et « universaliste » (donc forcément tolérante), et sa relation à l’islam aussi passionnelle soit-elle, relèverait d’abord d’une démarche critique à l’égard de toutes les religions. C’est ce type d’argumentaire que l’on retrouve dans la pétition de soutien à l’écrivain Michel Houellebecq18 qui assimile ses propos à l’égard de l’islam non pas à une expression de peur et/ou de racisme « anti-musulman » mais à une démarche de libre-penseur :" http://books.openedition.org/editionscnrs/2871

    • La suite de la citation de Bourdieu sus-citée :

      Tout projet de réforme de l’entendement qui compte sur la seule force de la prédication rationnelle pour faire avancer la cause de la raison reste prisonnier de l’illusion scolastique. Force en est donc d’en appeler à une Realpolitik de l’universel, forme spécifique de lutte politique destinée à défendre les conditions sociales de l’exercice de la raison et les bases institutionnelles de l’activité intellectuelle, et à doter la raison des instruments qui sont la condition de son accomplissement dans l’histoire. Prenant acte de l’inégale distribution des conditions sociales de l’accès à l’universel,défi ou démenti à la prédication humaniste,....favoriser partout et par tous les moyens l’accès de tous aux instruments de production et de consommation des acquis historiques que la logique interne des champs scolastiques institue à un moment donné du temps comme universels (..en veillant à les débarrasser de tout ce qu’ils doivent à leur seule fonction sociale de légitimation).

  • BALLAST Palestine-Israël : voix de femmes (3)
    http://www.revue-ballast.fr/palestine-israel-voix-de-femmes-3

    Jusqu’à mes 12 ans, j’ai étudié au village. Puis, en 5ème, mes parents ont décidé de m’envoyer à l’école juive. Ce fut très difficile pour moi, parce que tout le monde parlait hébreu alors que je n’en connaissais que quelques mots. Et je n’avais pas d’amis là-bas. Ma première année fut très difficile. Mais j’y ai étudié jusqu’à ce que je termine le lycée, en terminale. Ce fut particulièrement difficile d’être dans une école juive en tant que bédouine, en tant que femme, en tant qu’arabe, en tant que…. disons que je ne suis pas le genre de personne à rester silencieuse. Je suis plutôt de ceux qui parlent, et se battent, parfois. À Lakiya, j’étais une responsable de classe très active. Mais lorsque j’ai changé d’école, je ne connaissais pas la langue, je ne comprenais pas ce que disaient les professeurs, je me sentais… mise à l’écart.
    J’ai compris ce que c’était qu’être une « minorité ».

  • BALLAST Palestine-Israël : voix de #femmes (2)
    http://www.revue-ballast.fr/palestine-israel-voix-de-femmes-2

    D’ailleurs, nous avons remporté plusieurs victoires. Toutefois, à l’heure qu’il est et suite à l’année que j’ai passée à Yale, j’en suis venue à me méfier de la #loi : je remets en doute notre capacité de nous baser sur le droit pour faire véritablement bouger les choses. Ça marche pour traiter des situations immédiates, mais ce n’est pas suffisant. Il faut des leviers plus puissants, sur le plan de la communication et de la politique, il faut aller manifester en plus de ce travail juridique. Aux États-Unis, si tu es noir, tu as beaucoup plus de chances de te faire condamner pour harcèlement sexuel que si tu es blanc. C’est la même chose pour un Mizrahi — et encore plus pour un Palestinien en Israël. On se sert de la loi pour lutter contre la discrimination mais la loi elle-même participe de la discrimination. On veut utiliser la loi pour combattre le #racisme à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de la loi elle-même. C’est difficile parce qu’à l’inverse des Palestiniens, qui sont reconnus comme une communauté victime de #discrimination, les gens ne sont pas prêts à reconnaître le racisme visant les Mizrahims. C’est encore plus compliqué parce que cela se passe au sein de la communauté juive et que personne ne veut parler de ces luttes dans la société juive ! Le truc, c’est qu’on est tous censés être juifs, on fait tous partie d’Israël, bla bla bla, alors c’est plus difficile de montrer qu’il existe de la discrimination.

    • Aujourd’hui, je me sens plus proche de l’action « culturelle », disons. On a toujours besoin de déconstruire la société et les relations entre les hommes et les femmes, mais j’avoue que j’en ai un peu marre de faire face à toutes ces difficultés, de me battre... Et j’aspire à agir avec d’autres moyens. À avoir un autre discours — qui aurait plus à voir avec le féminisme « culturel » et la question psychologique : a-t-on été élevé.e.s comme ça ou sommes-nous né.e.s ainsi ? De nos jours, la discrimination est devenue quelque chose de plus complexe, de plus sophistiqué — ce qui la rend plus difficile à combattre.

      Mais tout, absolument tout est lié. Il y a un lien entre ce qui se déroule au sein de la société juive et ce qui se passe entre les Palestiniens et nous, en Israël comme dans les territoires occupés. Pourtant, ce n’est pas toujours facile de faire ces liens en évidence : la plupart des Juifs arabes et persans sont de droite. Pourquoi ? Tenter de l’expliquer est toute une affaire... D’une certaine manière, on peut dire qu’ils ont besoin de haïr une part d’eux-mêmes pour prendre part à la société. Ils ont besoin de détester cette part arabe ou persane en eux pour affirmer : « Cela ne fait pas partie de moi ! »

  • BALLAST Palestine-Israël : voix de femmes (1)
    http://www.revue-ballast.fr/palestine-israel-voix-de-femmes-1

    Je pose la question : comment des survivants d’une telle horreur, des victimes, peuvent-elles reproduire la même chose sur un autre peuple ? Empêcher les gens de commémorer la Nakba, c’est créer davantage de silences encore. Les gens me demandent ce que cela fait de vivre en Irlande. Vivre en Irlande, c’est juste... normal (rires). Tu n’as pas à affronter les remarques racistes... Vous savez, je voudrais bien revenir en Israël, mais je suis en colère contre ce pays, contre cette société complètement folle. Comment pourrais-je emmener mon enfant et le faire grandir dans une société aussi malsaine ? Cette situation politique est infâme : économiquement, c’est horrible ; socialement, c’est pire. Sans parler de la violence. Pourtant, j’espère que nous vivrons ensemble. Je crois dans les gens. Je vis avec des Juifs ; mes meilleurs amis le sont. J’apprends beaucoup de leur chutzpah [audace, en hébreu] : d’ailleurs, j’utilise cette chutzpah pour clamer mes droits ! En tant que citoyenne, en tant que citoyenne, ici, en tant que Palestinienne, ici, en tant qu’humaine... Je crois que le peuple juif et les Israéliens ordinaires veulent vivre en paix ! Ce sont les leaders qui créent les extrémismes.

  • BALLAST Édouard Louis : « Mon livre rend justice aux dominés »
    http://www.revue-ballast.fr/edouard-louis-mon-livre-rend-justice-aux-domines-il-ny-a-pas-de-mepris

    Je partais avec, comme point de départ de mon #écriture, l’envie ou le besoin, sûrement les deux, d’écrire sur mon enfance et plus particulièrement sur le monde qu’avait été celui de mon enfance — à savoir ce monde de #pauvreté, d’#exclusion sociale, ce monde de ceux qui au siècle dernier auraient été ouvriers mais sont aujourd’hui sans travail, dans les zones reléguées, les espaces invisibles. Mais il ne suffit pas de vivre pour écrire. Il fallait constituer ce que j’avais vécu comme tout un ensemble de problèmes, de choses dicibles, explicables, interrogeables.
    (...)
    Il y a un exemple que je prends souvent parce qu’il me semble à la fois simple et profond : c’est celui des #femmes qui, dans le village que je décris dans Eddy Bellegueule, disent, et me disaient : « J’ai arrêté l’#école à seize ans parce que je suis tombée enceinte, et j’aimais pas l’école. » Cette phrase — qui dans mon enfance n’était qu’une phrase et qu’un constat — est devenue, par le travail littéraire, un sujet de questionnements pour moi. Ce n’était plus simplement un enchaînement de mots ou de sons mais une phrase qui révélait à elle seule tout un système d’exclusion, de #domination masculine, de #reproduction sociale. Ces femmes, qui pensaient que tomber enceinte avait été une cause, ne voyaient pas que c’était en fait une conséquence : le fait d’être une femme née dans un milieu pauvre les prédestinaient (pas toutes, mais une partie) à cette vie. Mais il faut beaucoup de temps, il m’en a fallu beaucoup, avant de pouvoir écrire cette phrase dans un livre : « J’ai arrêté l’école à seize ans parce que je suis tombée enceinte, et j’aimais pas l’école. » Déjà, il faut se rendre compte qu’elle est une phrase qui mérite d’être écrite. Une phrase qui dit plus qu’elle ne dit. Et le travail d’écriture a été ça, ce cheminement pour retrouver l’expérience, en quelque sorte l’expérience perdue, parce qu’elle n’était pas interrogée, problématisée.
    (...)
    Le fait qu’il y ait de plus en plus de #transfuges, c’est-à-dire de personnes venant des #classes populaires, qui accèdent à l’écriture est, je crois, une opportunité historique de renouveler la littérature. Avant, les écrivains étaient presque uniquement des enfants de la #bourgeoisie ; aujourd’hui, il y a tout un tas de gens qui écrivent et qui avant ne l’auraient jamais fait — état de la #société oblige, il y a cinquante ans, ils n’auraient pas pu : ils seraient allés à l’usine, à l’atelier ou je ne sais encore où... Et ces gens arrivent dans un monde auquel ils n’avaient pas accès autrefois, avec des choses à dire, des histoires, justement, nouvelles. Et donc des langages nouveaux. On le voit avec toute la littérature d’écrivains afro-américains aux États-Unis, comme Chimamanda Ngozi Adichie, ou latino-américains, comme Justin Torres. Ce qui ne veut pas dire qu’un enfant de la bourgeoisie ne peut plus écrire de grand #livre, évidemment, mais même s’il voulait faire tout à fait autre chose, il serait obligé de prendre conscience de ce qu’a bouleversé l’arrivée de nouveaux types d’écrivains, avec des passés très différents. Souvent, on pense les transfuges dans ce qu’ils recèlent de négatif : la dépossession, la honte, les traumas, mais il y a aussi un foyer de chamboulement de beaucoup de choses, dont la #littérature.
    (...)
    La littérature, et les œuvres en général, ont un grand pouvoir de #transformation sur le monde #social. La vie d’une personne noire, même dans ses aspects les plus quotidiens, ne serait pas la même sans James Baldwin, Toni Morrison ou Édouard Glissant. Il faut considérer la société comme un espace où des discours, les possibilités et les façons de penser le monde coexistent et s’affrontent, sous des modalités différentes : la #politique, la littérature, l’art, les mouvements de grève, la conversation. Je ne place pas de hiérarchie là-dedans, la littérature joue le même rôle qu’un mouvement social. Elle est donc très importante. La politique, ce n’est pas gagner une élection, c’est faire exister une parole. La littérature en est une forme possible. Mais s’il s’agit de ne pas penser, d’être irresponsable, d’écrire, simplement, sans penser à ce que l’on écrit, on se fait le porte-parole du sens commun, on se fait le sténographe de la #violence du monde. C’est aussi l’un des pièges en littérature.
    (...)
    Les gens qui me reprochent le #racisme de classe sont ceux qui projettent leur propre racisme de classe inconscient sur mon livre. Mon livre a été écrit pour rendre justice aux dominés, il n’y a pas une phrase de mépris de ma part. Un jour quelqu’un m’a dit : « C’est méprisant de dire dans votre livre que telle personne se saoule tous les jours ou de montrer que des personnes savent pas construire "correctement" une phrase ». Mais c’est la personne qui m’a dit ça qui trouve ce genre de choses méprisables, pas moi.
    (...)
    Je ne fais pas l’éloge des classes populaires. Parce que, et ça découle de ce que je viens d’essayer de dire, comprendre et mettre « hors de cause », quelqu’un ne veut pas dire aimer ou faire l’éloge de cette personne. On peut se battre pour une classe sans en faire l’éloge. Je me bats contre la domination de classe, j’écris contre elle, du moins je m’y efforce.
    (...)
    Il y a, dans les milieux dominés, une sorte de rage dans le rapport à la politique. Quand j’étais petit, on répétait tout le temps, c’était une sorte de topique : « Au moins, sous Mitterrand on avait un beefsteak dans l’assiette ! » On disait tout le temps ça, moi compris. J’avais deux ou trois ans quand Mitterrand est mort et pourtant je le disais. Et même si le mitterrandisme n’a pas été un âge d’or pour les classes populaires et qu’on pourrait faire l’histoire des réformes qui leur ont été défavorables, ce qu’on peut dégager de cet énoncé, c’est qu’il existe, dans les classes populaires, un rapport presque vital à la politique.

  • BALLAST Peut-on critiquer Foucault ?
    http://www.revue-ballast.fr/peut-on-critiquer-foucault

    Je le redis : son apport sur ce point est très important et il a clairement sorti de l’ombre toute une gamme d’oppressions, invisibles jusque-là. Mais sa démarche ne vise pas uniquement à mettre en avant ces problèmes : il cherche à leur donner une centralité politique qui me pose question. En clair : à ses yeux, et aux yeux de beaucoup d’auteurs à cette époque, la classe ouvrière est aujourd’hui « embourgeoisée » et elle serait parfaitement intégrée au système. Les « privilèges » qu’elle aurait obtenus dans l’après-guerre n’en ferait plus un agent de changement social, mais, au contraire, un frein à la Révolution. Cette idée est alors très répandue et se retrouve chez des auteurs aussi variés que Herbert Marcuse ou André Gorz. Gorz ira même jusqu’à parler d’une « minorité privilégiée » concernant cette même classe ouvrière...

    « La classe ouvrière serait « embourgeoisée » et parfaitement intégrée au système. Les « privilèges » qu’elle aurait obtenus n’en ferait plus un agent de changement social, mais, au contraire, un frein à la Révolution. »

    La fin de cette centralité — qui serait synonyme de la fin de la centralité du travail également — trouve alors son issue dans les « luttes contre les marginalisations », auprès des minorités ethniques ou sociales. Le lumpenprolétariat (ou les « nouveaux plébéiens », pour reprendre le terme de Foucault) acquiert une nouvelle popularité et est désormais vu comme un sujet authentiquement révolutionnaire. Pour ces auteurs, le problème n’est donc plus tellement l’exploitation mais le pouvoir et le formes modernes de la domination. Comme l’écrit Foucault, « le XIXe siècle s’est préoccupé surtout des relations entre les grandes structures économiques et l’appareil d’Etat », maintenant ce sont « les problèmes des petits pouvoirs et des systèmes diffus de domination » qui « sont devenus des problèmes fondamentaux6 ».

    Au problème de l’exploitation et des richesses se serait alors substitué celui du « trop de pouvoir », celui du contrôle des conduites et des formes de pouvoir pastoral moderne. À l’aube des années 1980, il semble clair, pour Foucault, qu’il ne s’agit plus tellement de redistribuer les richesses. Il n’hésite pas à écrire qu’« on pourrait dire que nous avons besoin d’une économie qui ne porterait pas sur la production et distribution de richesses, mais d’une économie qui porterait sur les relations de pouvoir7 ». Il s’agit donc moins de luttes contre le pouvoir en « tant qu’il exploite économiquement » mais plutôt des luttes contre le pouvoir au quotidien, incarné notamment par le féminisme, les mouvements d’étudiants, les luttes des détenus ou des sans-papiers. Le problème, qu’on se comprenne bien, n’est évidemment pas d’avoir mis à l’ordre du jour toute une gamme de dominations qui étaient jusque-là plutôt ignorées, le problème vient du fait qu’elles sont de plus en plus théorisées et pensées en dehors des questions relatives à l’exploitation. Loin de dessiner une perspective théorique qui pense les relations de ces deux problèmes, ils sont petit à petit opposés, voire même pensés comme contradictoires !

    • Quant à l’idée de « faire le jeu », je ne pense pas que ce soit un problème. S’il y en a un avec un certain héritage de Mai 68, le rôle de la gauche n’est pas de fermer les yeux car l’extrême droite, Soral ou Zemmour, le disent, mais, au contraire, de faire son propre bilan, de dresser sa propre critique afin de ne pas perdre totalement le combat idéologique ! C’est à cette tâche que nous devons nous atteler pour tenter de reconstruire une gauche à la fois radicale et populaire.

    • http://js.resurgences.pagesperso-orange.fr/marche31.htm

      Au-delà des naïvetés sexuelles, des apparitions de saint Mao, des trotskistes qui se prennent les pieds dans leurs combines et des négociations série b de Grenelle, 68 tient en une quadruple expérience.
      – Premièrement, et c’est bien peu de chose : Paul Valéry a raison, notre civilisation est mortelle et elle le sait.
      – Deuxièmement, on ne se contente pas de le savoir : en Mai, on éprouve cette mort prochaine, et elle brûle. L’intime et l’ultime, l’intérieur et l’extérieur, cette prétendue civilisation tout entière, comme l’avait prévu Léon-Paul Fargue, « grille comme une andouille ». Elle avoue qu’elle ne signifie rien, qu’elle ne tient à rien et ne porte rien.
      – Troisièmement : en même temps que cette évidence, surgit la confuse certitude, aussi angoissante que réjouissante, d’une possible et mystérieuse naissance. Les plus avisés devinent qu’ils ne la verront pas, leurs descendants non plus. Elle est donc à la fois possible et idéale, possible et impossible, presque eschatologique.
      – Quatrièmement : cette expérience apparemment délirante, une foule de gens la font en même temps, chacun lisant dans les yeux des autres qu’elle s’est fichée en eux. Tout est là. Cela suffit à expliquer la multiplicité et la diversité des effets apparents - odieux ou admirables, géniaux ou stupides - sur les individus et la société. Le reste est interprétation. Fait spirituel, sociodrame, expression d’une pathologie collective, peu importe. Tout romantisme soixante-huitard évanoui, la question est : notre civilisation peut-elle, et doit-elle, pivoter sur ses bases ? Ma réponse est oui. Elle le peut et elle le doit. Or, quand on veut pourfendre le fantôme de Mai, c’est cette question-là qu’on pose, même pour y répondre non : voilà qui m’intéresse.
      [...]
      Pour parler de Mai, la gauche n’était-elle pas la mieux placée ? Assurément. Ses mots s’accordaient mieux à 68 que ceux de la droite. C’est cette fille-là qui devait épouser Mai. Que voulez-vous que j’y fasse, elle n’en a pas voulu ! Elle a couru derrière le management ! Elle s’est envoyée en l’air avec l’indice de croissance ! Ça lui apprendra. Même quand elle se veut républicaine, elle barbote dans les surfaces, la gauche. Perpignan, fin des années 90, au temps du Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement. J’avais raconté des choses comme ça aux militants réunis, des gens sans prétention et loyaux comme on en trouve partout. Le frisson qui était en moi était un peu passé sur eux, ça nous avait fait chaud un moment. Mais la tête des caciques ! L’horreur grave ! Des gens tout ce qu’il y a d’important détournaient leur regard comme des collégiens pris en faute. Qu’y puis-je si la gauche, toute la gauche, a flirté petitement avec 68 ? La créativité a sombré dans le marketing. La parole s’est noyée dans la communication. Ça ne conteste plus, ça revendique, c’est-à-dire que ça a déjà cédé. Ça n’affirme plus, ça commente. Ça n’aime plus, ça respecte. Ça ne déteste plus, ça critique. Ça ne pense plus, ça s’informe. Ça ne vit plus, ça s’épanouit. Comme la tête de veau à l’étal du boucher, disait Clavel. De tout cela, la gauche n’a rien vu, rien compris, rien souffert.