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  • De retour de la révolution du Rojava
    http://www.revue-ballast.fr/de-retour-de-revolution-rojava

    Une révolution socialiste, féministe, pluri-ethnique et écologiste prend forme depuis près de cinq ans : quelque part en Syrie, au nord d’un pays divisé par la guerre, en région autonome kurde : le Rojava. L’anthropologue libertaire américain David Graeber va jusqu’à la qualifier de « l’un des rares points lumineux » de la région et de l’une « des grandes expériences démocratiques du monde ». Les principaux ennemis de la révolution ? Le fascisme théocratique de Daech et l’autocratie turque. Nous suivons avec un vif intérêt l’évolution de la situation et traduisons, pour le lectorat francophone, cet entretien de Peter Loo paru il y a trois mois de cela dans les colonnes du site Novara Media : professeur d’anglais bénévole, il a passé plus d’un an sur place dans le cadre du groupe de solidarité anticapitaliste Plan C Rojava. Et livre, à son retour, une analyse pédagogique de la situation, soucieux des grandes réalisations autant que des limites certaines .

    • La révolution ne correspond pas ici au fantasme parfait de certains révolutionnaires occidentaux. Cela n’a pas été le soulèvement spontané de l’immense majorité des gens, ils n’ont pas aboli l’État (à supposer que cela soit possible) ou le capitalisme, et il y a encore des problèmes à régler. Malgré le fait que ce n’est pas le communisme ici et maintenant, cette révolution a besoin d’applaudissements et de soutiens. Comme toutes les révolutions, elle n’est pas apparue achevée une fois pour toutes, elle se construit sur le tas, en faisant face à beaucoup d’opposition. Contrairement à de nombreuses révolutions, celle-ci est assez difficile à définir : les étiquettes « anarchiste » ou « révolution sans État » obscurcissent plus qu’elles ne font voir. Ce que nous savons cependant, c’est que cette révolution impulse des formes de démocratie populaires, la libération des femmes et certaines formes d’économie de la solidarité. La vie au Rojava est meilleure pour les gens que dans la plupart des régions du Moyen-Orient. Pour ceux qui sont effrayés de voir des révolutionnaires ayant un réel pouvoir de changer les choses plutôt que de se maintenir à jamais dans la « résistance », je voudrais citer Murray Bookchin (dont l’influence sur la lutte ici est clairement exagérée dans certains milieux) : « Les anarchistes peuvent appeler à l’abolition de l’État, mais une coercition d’une certaine forme sera nécessaire pour prévenir le retour de l’État bourgeois en pleine force et avec une terreur débridée. Le fait qu’une organisation libertaire échoue, du fait de la peur déplacée de créer un "État", à prendre le pouvoir quand elle le peut, avec le soutien des masses révolutionnaires, est au mieux de la confusion, au pire une perte totale de ses nerfs . »

      Ceux qui adoptent une position d’ultragauche au Rojava, et qui placent la révolution hors de portée, mettent plus en évidence les faiblesses de leur propre positionnement politique que celles de la révolution qui se met en place ici. Une vraie révolution est une masse de contradictions dont la plupart doivent être affrontées à mesure qu’elles apparaissent. Ce qui fait qu’il est particulièrement important pour la gauche libertaire de soutenir cette révolution, c’est qu’elle affronte ces contradictions sans en passer par la dictature d’un parti politique. Il y a d’autres moyens pour la gauche d’exprimer sa solidarité avec le Rojava, et la lutte plus large dont il est un des éléments dans la région, que d’écrire des articles et de partager des trucs sur Facebook. Diffuser des informations sur ce qui se passe ici est bien sûr important, mais les exigences des organisations politiques qui soutiennent la révolution ici, et qui en ont la capacité, sont bien plus élevées. En Grande-Bretagne, par exemple, le groupe de solidarité pour le Rojava du Plan C travaille avec des structures dirigées par des Kurdes, qui organisent des débats et des manifestations ; il a rassemblé de l’argent, notamment pour un bus-école et du matériel médical, et envoie maintenant des volontaires pour faire du travail civil. Il y a quelques groupes de solidarité kurdes qui travaillent dur en Grande-Bretagne également, qui font du très bon travail. Si on les compare à avec des campagnes de solidarité au long cours comme les campagnes de solidarité pour la Palestine, les campagnes de solidarité des Kurdes sont encore très jeunes au Royaume-Uni. L’intensification massive du rôle contre-révolutionnaire de la Turquie, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, susceptible de s’étendre à l’Irak cette année, augmente encore la nécessité de cette solidarité. Des structures nationales efficaces de solidarité doivent être rejointes ou créées, et fédérées à un niveau international. C’est un peu cliché, mais nous ne pouvons pas oublier ce slogan : « La solidarité n’est pas un mot, c’est une arme. »

  • Wajdi Mouawad : « Je viens d’une histoire qui ne se raconte pas »
    http://www.revue-ballast.fr/wajdi-mouawad-viens-dune-histoire-ne-se-raconte

    Rencontre avec le dramaturge, metteur en scène, comédien et romancier libano-québécois.

    « L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre ». Quelque part en haut d’une tour, au fond d’un couloir, dans le bureau du directeur du théâtre de la Colline, autour d’un café. Le dramaturge, né en 1968 à une trentaine de kilomètres de Beyrouth, marque d’ores et déjà le théâtre francophone, fort, depuis les années 1990, de sa trilogie Le Sang des promesses . Littoral , premier opus, porte son titre au singulier ; la suite s’avancera toujours au pluriel : Incendies, Forêts, Ciels, Rêves, Seuls, Sœurs . Puis, plus tard, reprenant Sophocle : Des femmes, Des héros, Des mourants . L’homme récolte les traces laissées par une enfance arrachée à son Liban en guerre ; l’exil est un pays et les choses importantes s’écrivent par effraction — c’est lui qui le dit. Il publia en 2012 le roman Anima : une rupture, dans son œuvre ; une détonation, dans le bourdonnement de la fiction contemporaine : texte polyphonique et brutal où insectes, chats, chiens, serpents, chevaux ou rats content le chemin tortueux, sur le sol nord-américain, d’un homme à la recherche du meurtrier et du violeur de sa femme. « Les bêtes gardent les yeux ouverts », rappela Mouawad. Et les animaux d’observer les humains tout au long de ses pages — qui tracent le fil de la présente rencontre —, sentant leurs odeurs, décrivant leurs gestes et leurs rituels : alors se brouille l’humanité.

    Vous avez, dans Anima , donné voix à l’un des plus beaux personnages de la littérature : un loup. Dans votre roman, qui affiche parfois une grande violence, cet animal éponge l’horreur et réinsuffle de l’espoir. Pourquoi ce choix ?

    (Long silence) Je pense qu’il y a dans le regard que je porte sur les animaux, en particulier sur les animaux solitaires, une distance que je projette — comme s’il y avait une absence totale de jugement ou de morale. Une distance qui n’est pas un recul ni une indifférence : c’est comme si, à la place de la morale, il y avait une affection instinctive envers ceux qui portent une sincérité. Dans ce roman, ce qui fait en sorte que cet animal s’attache à cet homme, c’est qu’il sent profondément qu’à l’époque de la naïveté de l’enfance, quand l’homme était encore simplement dans l’ouverture au monde — et tout enfant qui vient est ouvert au monde, dans un total désir du monde, dans une acceptation, dans une sorte d’amour du monde qui n’est pas de la naïveté, plutôt une conviction que le monde est grand, que la vie est une aventure merveilleuse et qu’il ne peut pas se douter que le mal existe, cette conviction a été, de manière trop brutale, renversée. À ce moment-là, la conscience humaine porte en elle une mélancolie à jamais marquée. J’ai le sentiment que ces animaux solitaires, qui sont eux-mêmes des animaux unanimement « inquiétants », perçoivent tout ça… et pour une raison un peu fantasmée que je ne peux pas m’expliquer, j’ai le sentiment qu’une sorte d’amitié peut naître entre ces animaux, qui sont les « méchants » dans la littérature, et ces êtres profondément blessés. Lorsqu’ils se rencontrent, l’animal reconnaît la fraternité plus que l’homme, qui n’a plus ce flair-là. Mais ce que je vous dis, c’est une tentative pour répondre à la question… En me la posant, vous m’obligez à rationaliser quelque chose que je n’avais pas rationalisé du tout, qui n’était qu’un instinct d’écriture auquel je n’avais jamais réfléchi réellement. Ce n’est que maintenant que l’instinct prend l’ascenseur et monte au cerveau. Dans ma réponse, il faut donc en prendre et en laisser

  • BALLAST | Vive la Première Internationale !
    http://www.revue-ballast.fr/vive-la-premiere-internationale

    Pour les gens qui connaissent mal ce sujet, pouvez-vous déjà resituer les principales tendances qui cohabitent au sein de la Première Internationale ?

    Il y a, au départ, l’impulsion des trade-unionistes anglais — le plus important mouvement syndical du XIXe siècle, qui préconise une forme de synchronisation à l’échelle européenne pour contrer la mise en concurrence des ouvriers dans un moment d’accélération de la mondialisation capitaliste. Ils ne sont pas les plus révolutionnaires, mais les plus organisés : leurs dirigeants se nourrissent souvent d’une pensée positiviste. Il y a les ouvriers français, qualifiés souvent de proudhoniens — mais qui ne sont pas seulement réductibles à cette seule influence : ils puisent également chez les utopistes (pensons à Fourier) —, qui cherchent à ce moment de libéralisation du Second Empire des nouvelles voies d’organisation de la classe ouvrière, tant par les élections (Manifeste des soixante) que par la constitution de corporations syndicales. Il y a la présence des « communistes » allemands, notamment parmi les exilés à Londres, dont Marx, bien sûr. En périphérie, on constate l’intérêt de tout un tas de proscrits démocrates qui grenouillent à Londres, et participent aux débats initiaux dans l’espoir d’y défendre leur cause particulière. Schématiquement, on peut distinguer deux axes principaux dans le projet initial de l’Internationale : la solidarité entre les travailleurs ; la fraternité entre les peuples.

    « Nombreux sont ceux qui en viennent à penser qu’il faut passer par d’autres formes d’actions et d’organisations politiques. »
    En 1868, Bakounine se rapproche de l’AIT en rompant avec la Ligue pour la paix, qu’il juge trop bourgeoise. Il va constituer un réseau parallèle et aura rapidement une grande influence sur certaines sections de l’Internationale, notamment parmi les internationaux suisses, italiens ou espagnols. Le programme particulier de l’Alliance se caractérise par la mise en avant de l’athéisme, le rejet de l’État ou encore l’égalité entre les sexes — ce qui explique qu’on pourra parler d’une tendance anarchiste, ou plutôt anti-autoritaire, même si ceux-là se disent alors « socialistes révolutionnaires » ou « collectivistes anti-autoritaires ».

    Nous parlions tout à l’heure des différents courants présents en son sein. De quelle façon les retrouvent-on dans la Commune ?

    « Le massacre des communards glace le mouvement ouvrier français pendant une décennie, mais aussi, plus largement, l’ensemble des mouvements européens. »
    Comme le note Jacques Rougerie, l’AIT est une force potentielle dans la Commune — plusieurs dizaines de milliers d’affiliés —, mais une faiblesse organisatrice… L’AIT n’a aucun rôle dans le 18 mars : c’est la foule parisienne qui déclenche l’insurrection. Les grands organisateurs de la fédération parisienne de l’Internationale, comme Varlin ou Theisz, sont des participants acharnés à la Commune, mais ils vont agir à titre individuel : ils sont à la garde nationale, aux comités d’arrondissements, dans les clubs… Un tiers des communards répertoriés sont membres de l’AIT, mais ils n’agissent pas spécialement en tant que tels.

    Parmi les courants, on distingue les blanquistes, qui ont afflué dans l’Internationale après septembre 1870, pensant qu’elle pourrait être un outil pour précipiter les choses, puis les collectivistes, et quelques proudhoniens — il y a aussi des « proudhoniens obtus », comme Tolain et Fribourg, qui se déclarent contre la Commune et se séparent de l’AIT. Grosso modo, les premiers préconisent la constitution d’un Comité de salut public, durant la Commune, tandis que les socialistes refusent l’aventure et la dictature — on leur reprochera d’ailleurs parfois la faiblesse de leur légalisme. On retrouve les internationaux aux postes économiques et sociaux de la Commune, on leur doit la principale influence sur le caractère social de cette dernière. Parallèlement, le Conseil général de Londres et les correspondants de Marx à Paris, Seraillier, Frankel, déplorent le manque de structure et de discipline de l’AIT parisienne, qui s’éparpille à la moindre commotion politique. Ce défaut d’organisation apparaît pour eux comme une des leçons de l’échec de la Commune.

    #histoire #mouvement_ouvrier #socialisme #Internationale

  • Michel Warschawski : « Il y a une civilisation judéo-musulmane »
    http://www.revue-ballast.fr/michel-warschawski-y-a-civilisation-judeo-musulmane

    1896 : un journaliste austro-hongrois publie L’État des Juifs et ancre l’idéologie sioniste naissante : la création d’un foyer national juif afin d’enrayer l’antisémitisme. 1922 : la Palestine compte 760 000 Arabes et 84 000 Juifs — ce qui n’empêche pas les militants sionistes de reprendre en chœur l’affirmation de quelque romancier anglais : « Un peuple sans terre qui revient à une terre sans peuple . » 1947 : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU vote le partage de la Palestine, sous mandat britannique depuis deux décennies. 1948 : l’État d’Israël naît officiellement et s’en remet à « l’Éternel Tout-Puissant » ; les Arabes, refusant d’être colonisés, prennent les armes afin de défendre leurs terres — c’est la débâcle pour les Palestiniens : nettoyage ethnique, villages rasés, massacres, 800 000 exilés. La suite est connue : la Palestine continue d’être dominée, entre une bande de Gaza régulièrement bombardée et une Cisjordanie encerclée par un mur de séparation et quadrillée de colonies. La résistance — non-violente ou armée — se poursuit, qu’elle soit civile, islamiste, laïque ou socialiste. En Israël, des voix s’élèvent pour tourner la page de l’occupation : celle de l’essayiste Michel Warschawski, fondateur du Centre d’information alternative, à Jérusalem, et fils du grand-rabbin de Strasbourg, mérite une attention particulière. Nous revenons avec lui sur cette tradition dissidente .

  • BALLAST | #Michel_Warschawski : « Il y a une civilisation judéo-musulmane »

    http://www.revue-ballast.fr/michel-warschawski-y-a-civilisation-judeo-musulmane

    1896 : un journaliste austro-hongrois publie L’État des Juifs et ancre l’idéologie sioniste naissante : la création d’un foyer national juif afin d’enrayer l’antisémitisme. 1922 : la Palestine compte 760 000 Arabes et 84 000 Juifs — ce qui n’empêche pas les militants sionistes de reprendre en chœur l’affirmation de quelque romancier anglais : « Un peuple sans terre qui revient à une terre sans peuple. » 1947 : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU vote le partage de la Palestine, sous mandat britannique depuis deux décennies. 1948 : l’État d’Israël naît officiellement et s’en remet à « l’Éternel Tout-Puissant » ; les Arabes, refusant d’être colonisés, prennent les armes afin de défendre leurs terres — c’est la débâcle pour les Palestiniens : nettoyage ethnique, villages rasés, massacres, 800 000 exilés. La suite est connue : la Palestine continue d’être dominée, entre une bande de Gaza régulièrement bombardée et une Cisjordanie encerclée par un mur de séparation et quadrillée de colonies. La résistance — non-violente ou armée — se poursuit, qu’elle soit civile, islamiste, laïque ou socialiste. En Israël, des voix s’élèvent pour tourner la page de l’occupation : celle de l’essayiste Michel Warschawski, fondateur du Centre d’information alternative, à Jérusalem, et fils du grand-rabbin de Strasbourg, mérite une attention particulière. Nous revenons avec lui sur cette tradition dissidente.

  • Pierre Carles : « Ma démarche propagandiste, je l’assume »
    http://www.revue-ballast.fr/pierre-carles-demarche-propagandiste-lassume

    Paris, Belleville, Café aux Folies. Les troquets viennent à peine de lever leurs rideaux lorsque Pierre Carles débarque. Accoudés au zinc, il nous rejoint ; le réalisateur est en plein tournage et nous accorde cet entretien, envisagé de longue date, entre deux prises. Expressos, politesses d’usage, le ton est donné : « Pour l’interview, désolé, mais mes images parlent d’elles-mêmes. » Sourire taquin, il conclut : « Allez, fin. » Pierre Carles, ou l’ex-importun du PAF limogé dans les années 1990 pour ses critiques un peu trop acides des médias… D’Ardisson à « l’impertinente Canal », tous l’ont poussé au bord du ring de l’audiovisuel. Il a dès lors gagné les salles ombragées des cinémas, un Bourdieu dans les bagages. De Pas vu, pas pris (1998) à On revient de loin (2016), Carles s’échine à faire vivre ses documentaires à charge : des tirs de barrage contre les représentations dominantes. Mais comment ne pas s’essouffler après plus de deux décennies de création radicale, comment rester militant sans virer militaire, être alternatif en plus d’indépendant ? Rencontre sans gants avec celui qui soutient que « les films peuvent parfois changer le monde » et qu’il faudrait « interdire les sondages ».

    « Si la propagande revient à propager des idées minoritaires et des points de vue de dominés, il n’y a aucun scrupule à avoir à en faire. »

    « David Pujadas est un partisan ! C’est un militant de l’ordre établi ; un ordre injuste, il n’est pas inutile de le préciser. »

    « Comment les gens pourraient-ils voter pour un candidat prônant la décroissance économique s’ils ne savent pas que ce courant de pensée existe ? »

    • Il y a quelques semaines, des propos du réalisateur libertaire Yannis Youlountas ont fait polémique autour de votre nouveau film sur Jean Lassalle, Un berger à l’Élysée ? Vous semblez présenter le député comme porté par des idées révolutionnaires, de « gauche », comme le tenant d’une common decency populaire qui défie le système. Youlountas assure que Lassalle est « un réactionnaire », un imposteur…

      Jean Lassalle n’est pas un réactionnaire au sens « retour à des valeurs rétrogrades », plutôt un conservateur. Conservateur dans la mesure où cet ancien berger, ce fils de petit paysan pyrénéen, veut conserver en l’état un certain modèle de production, celui, pour simplifier, de certains paysans de moyenne montagne, des petites ou moyennes exploitations agricoles comme celle que dirige son frère Julien, éleveur de brebis et producteur de fromages AOP Ossau-Iraty. Lassalle milite aussi pour que les services publics, notamment la maternité d’Oloron-Sainte-Marie, ne ferment pas. Même chose pour une gendarmerie de montagne. Enfin, il a effectué une grève de la faim de 39 jours pour éviter qu’une usine de la vallée d’Aspe ne soit délocalisée. Est-ce rétrograde que de se battre pour le maintien de l’activité au pays, sur des terres parfois dévastés par l’exode rural ? Est-ce rétrograde que de penser que les PME à taille humaine, ne pratiquant pas forcément les cadences infernales, pourraient être des exemples à suivre ? Il n’est pas inutile de se poser la question, me semble t-il. Dans certaines circonstances historiques, on peut penser que ce conservatisme-là est moins nuisible voire plus révolutionnaire que la modernité vantée par Macron et Cie. Mais tout ce que je raconte là devrait figurer dans le film Un berger à l’Élysée ?, coréalisé par Philippe Lespinasse. Ou alors c’est que nous avons raté notre coup.

    • @marielle, Ce Youloutas accuse Jean Lassalle de la même façon que ces maitres une bande de « pseudo-antifa » dont « Ornella » "libertaire" pigeant à Témoignage Chrétien, Streetpress et autres médias mainstream. De quel droit s’arrogent ils ces gens celui d’insulter tout ces gens de la gauche, du peuple, en faisant des amalgames foireux, attaques ad hominem, et autres « complotismes » chers à une élite dominante ? Youlountas est un petit marquis du système bien plus que Jean Lassalle. Il y a pas pire que ces petits bourgeois que sont les libertaires (ça ne veux plus rien dire de nos jours) et autres antifa auto-proclammés qui ne disent rien sur le système en place et n’attaquent que des gens de la gauche ou indépendant. Oui comme tu dis en ces temps de crise grave on a besoin de tout le monde sans avoir a traiter les gens de fascistes antisémites et autres complotisme. Merci à vous Marielle ..

    • N’importe quoi @elihanah, aucun rapport entre Yanis et Ornella, ou autre connerie dans ce genre. Yanis Youlountas est un militant anarchiste de longue date, et qui a été à l’intérieur des luttes en Grèce pour de vrai, notamment. Il parle d’un point de vue anarchiste, et son argumentation peut se comprendre et il peut y avoir débat dessus (personnellement je suis d’accord avec des choses des deux côtés). Questions amalgames foireux et attaques ad hominem tu t’imposes pas mal aussi, à ce que je vois, dans ce message (mais j’en ai vu dans d’autres).

    • https://seenthis.net/messages/556433 via La Feuille

      https://seenthis.net/messages/466224 via Lukas Stella

      LE CAPITALISME NOUS RAVAGE, RAVAGEONS LE CAPITALISME !

      Ce qui se passe en Grèce, comme ailleurs, est un crime contre l’humanité, un crime contre la vie, un crime contre la nature.
      Morceau par morceau, étape par étape, tout est à vendre. Mais la stratégie du choc — troublante et culpabilisante — ne bat plus son plein : de plus en plus de gens comprennent de mieux en mieux que tout n’est qu’un prétexte à l’enrichissement des plus riches et à l’exploitation des plus pauvres.

      Le capitalisme n’est pas en crise. Le capitalisme triomphe, s’étend et se durcit dans son apogée néolibérale.
      La Grèce n’est pas non plus en crise. Ce n’est qu’un pillage parmi d’autres : pas le premier, pas le dernier, quelle qu’en soit la cause.
      De même, cette dette n’est pas notre dette, c’est l’arme principale de ceux qui nous frappent, nous torturent et nous menacent de mort tous les jours. La troïka et tous ceux qui collaborent avec elle sont des bourreaux, des manipulateurs et des tueurs en série. Ce sont, de surcroit, des pervers puisqu’ils s’appliquent parallèlement à culpabiliser leurs victimes.

      Ce qui se passe en Grèce, comme ailleurs, est un crime contre l’humanité, un crime contre la vie, un crime contre la nature.
      Un jour, c’est certain, l’un des tyrans subira la foudre de la foule ou la colère d’un orphelin. Ce ne sera pour moi que légitime défense. Jamais je ne me désolidariserai de ceux qui retournent l’arme contre leur bourreau. Jamais, je ne tomberai dans le piège de l’obéissance morale à l’injonction de laisser à l’État le seul droit de frapper.

      Non, l’État ne nous défend pas, mais sert les intérêts des puissants.
      Non, Tsipras n’est pas une victime, mais un collaborateur.
      Non, nous ne sommes coupables que d’une chose : nous être insuffisamment rebellés jusqu’ici.
      Le capitalisme nous ravage, ravageons le capitalisme !

      Yannis Youlountas

    • @rastapopoulos Excusez moi, mais il est cité en tant qu’ami par des groupes de pseudos-antifa (anonymes) qui attaquent plus des gens de gauche que de droite ou d’extrême droite. Chouard Etienne par exemple qui a bien « discuté » avec Soral (qui s’invite partout celui la) mais n’a jamais été au delà de ce qui a été véhiculé dans les médias dominants et le cercle restreint de « l’opposition contrôlé » a laquelle appartient Mr Youlountas : http://youlountas.net/spip.php?rubrique84&lang=fr Avec Clement Sénechal, Pierrick Le Feuvre, Pascal Fautrier, et bien d’autres communiste, anars ou antifa auto-proclamés. Voir les liens entre les sites d’Ornella Guyet et ceux de Mr Youlountas qui démontrent clairement qu’il y a une entente pour discréditer ad homimen (mots en ismes) les personnes indépendantes. Oui pardon mais Mr Y comme d’autres a dû médire, insutler, traité le professeur en lien avec les Streetpress (ou pige Ornella Guyet) et autres journaux appartenant à des milliardaires. Voici sur quoi se base le bon Y :
      d’autres infos et liens sur :
      http://www.lelotenaction.org/pages...
      http://pagedesuie.wordpress.com/201...
      http://rebellyon.info/Alerte-antifa...
      http://sous-la-cendre.info/1273/ale...
      http://paris.indymedia.org/spip.php...
      http://conspishorsdenosvies.noblogs...
      http://www.cinemas-utopia.org/U-blo...
      http://chezfab.hautetfort.com/archi...
      http://reflets.info/lettre-ouverte-...
      http://affreuxsalebeteetmechant.20m...
      http://youtu.be/0sYtULoe69A


      http://nantes.indymedia.org/article
      Or je connais quelque peu ces « anonymes » et les suit depuis plusieurs années et peux vous dire qu’ils sont plus prôche du pouvoir de l’Etat et émarge à l’UE et les fonds privées du réseau culturel UNITED https://justpaste.it/psl2...Je sens que ça va pas plaire mais parfois on perds pas son temps à faire des recherches. Merci et pardon si ça gène votre conception de l’anarchisme ou de l’antifa « nouveau genre » que représentent ces « anonyme ». Je n’en dirais pas plus .Bien à vous.

  • Sébastien Villemot : « Sortir de l’euro par la gauche, c’est possible ! »
    http://www.revue-ballast.fr/villemot-sortir-de-leuro-par-la-gauche

    Le nouveau « sommet du plan B » s’est tenu les 10 et 11 mars à Rome. Nous longeons un quai parisien, par une matinée pluvieuse comme en réservent les printemps mal dégrossis. On dépasse l’ambassade du Qatar, celle d’Afrique du Sud, l‘Église américaine, La Boudeuse amarrée près d’un pont. Nous voici presque arrivés au rendez-vous. Nous rencontrons Sébastien Villemot, économiste et spécialiste de la crise de la zone euro, pour un échange qui se veut d’abord de clarification et de vulgarisation. L’économie, surtout quand elle se fait « déconnomie » — selon le terme de Jacques Généreux —, passe pour inabordable : tâchons ici de nous porter en faux. Qu’est-ce vraiment qu’une dette publique ? Faut-il avoir peur d’une sortie de l’euro ? La gauche abandonne-t-elle ce sujet au Front national ? Quelles leçons tirer de la crise grecque ? Bref, ce « plan B » serait-il l’une des portes de sortie pour relancer la machine à penser la politique ?

    Il peut donc y avoir des raisons de gauche de sortir de l’euro, et une manière de gauche de penser la sortie…
    Oui, il y a en effet différentes manières d’envisager cette sortie. Tout dépend du projet politique qui est derrière : repli national ou refondation de l’Europe  ? L’idée du plan B, c’est d’imaginer une sortie coopérative, c’est-à-dire qui ne débouche pas sur de nouvelles guerres monétaires, avec des dévaluations compétitives de chacun des pays qui recommenceraient à s’affronter dans une logique néomercantiliste. Mais en même temps, on voit bien que l’euro tel qu’il existe n’empêche pas les dévaluations compétitives (elles prennent juste une forme différente, en forçant les salaires à la baisse) et qu’il favorise la montée des ressentiments nationaux et des extrêmes droites. Le statu quo n’est donc pas non plus une option : en un sens, l’euro est en train de tuer l’idéal européen  ! Le plan B, c’est penser un moment de rupture avec le carcan institutionnel, mais qui débouche sur une re-construction commune, tout en tenant compte de la diversité des situations nationales aux plans économique, social et institutionnel. Penser une sortie de gauche, ce n’est pas fouler aux pieds l’Europe, c’est justement rendre aux valeurs européennes leur vrai sens, en retrouvant les moyens de faire une politique enfin conforme à l’idéal de solidarité censé avoir présidé à sa création !

  • Ndongo Samba Sylla : « Le franc CFA est la preuve de la survivance des liens coloniaux »
    http://www.revue-ballast.fr/ndongo-samba-sylla-le-franc-cfa

    Samedi 7 Janvier 2017 : des manifestations ont lieu dans plusieurs grandes villes africaines et européennes. De Dakar à Paris, en passant par Abidjan, Bamako, Kinshasa ou Bruxelles, un front commun se mobilise pour exiger la fin du franc CFA. Un fait inédit qui questionne de nouveau les enjeux politiques et économiques autour de cette monnaie : les billets du franc CFA sont imprimés en France, à Chamalières, petite ville du Puy-de-Dôme ; son cours est fixé sur celui de l’euro ; 50 % des réserves de change des Banques centrales des États de l’Afrique de l’Ouest et Centrale sont déposées sur un compte du Trésor français. Le franc CFA — qui signifiait, à son origine en 1945, franc des colonies françaises d’Afrique — est le nom des deux monnaies communes à plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale. Pour l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, le franc CFA demeure une « monnaie coloniale ». Nous le rencontrons pour discuter répression monétaire, Françafrique et pistes de sortie de la zone franc .

    En France, les politiques du franc CFA restent mal connues, les critiques demeurent très fébriles, même au sein des mouvements progressistes. Comment expliquez-vous cela ?

    L’opinion publique française ne s’intéresse pas vraiment à l’Afrique. Son image de l’Afrique se réduit souvent aux clichés sur la corruption, les dictateurs, les maladies, la famine, etc. Elle a donc généralement tendance à voir l’Afrique sous un prisme déformateur. Le propos est malheureusement valable pour une large partie de la gauche française, une gauche pour qui deux termes paraissent choquants : impérialisme et nationalisme. Lorsqu’on évoque le terme d’impérialisme, on nous rétorque que l’impérialisme n’existe plus ou bien que nous avons toujours à la tête de nos États des dictateurs, des élites corrompues qu’on laisse nous tyranniser. Ce n’est plus l’impérialisme en tant que tel qui serait la cause de notre misère mais nos dictateurs. C’est ce qu’on entend souvent d’une certaine frange de la gauche.

    De quelle gauche parlez-vous ?
    Il m’est difficile de qualifier cette frange de la gauche en question. Mais je dirais, pour aller vite, la gauche pour qui l’impérialisme est une chose du passé. Quand on parle d’impérialisme, on nous reproche de trouver une excuse pour nos propres turpitudes, de tout mettre sur le dos de la colonisation. L’impérialisme prend différentes formes et ce qu’on nous décrit généralement comme des aspects anti-démocratiques n’est justement pas sans lien avec l’impérialisme. Des gens comme Paul Biya au Cameroun, Denis Sassou Nguesso en République du Congo, pourquoi sont-ils au pouvoir depuis plus de 30 ans ? Ce n’est pas parce que les Camerounais ou les Congolais les veulent au pouvoir mais parce qu’ils jouent un rôle stratégique dans le maintien des liens néocoloniaux avec la France et les grands groupes français. Peut-être en effet que ce n’est plus l’impérialisme ou le colonialisme passé, mais ce sont de nouvelles formes de domination qui existent et qui sont compatibles avec le maintien de régimes dits démocratiques. Le franc CFA est d’ailleurs la preuve la plus manifeste de la survivance de liens coloniaux.

    Maintenant, le deuxième terme : nationalisme. Lorsqu’on revendique notre droit à la souveraineté monétaire, les gens ont tendance à voir en ces revendications l’expression d’une attitude de fermeture sur soi, à la limite de la xénophobie. Le rapport que les pays Africains et les pays du Sud ont au nationalisme est différent du nationalisme tel qu’il a pu être pratiqué en Europe. En Europe, lorsqu’on parle de nationalisme, on pense xénophobie, totalitarisme, racisme. Dans le cas des pays africains, le nationalisme signifie, avant tout autre chose, que nous voulons et devons être souverains. C’est une réaction face à la permanence de l’impérialisme et son caractère totalitaire. Être souverain, ce n’est pas seulement entendre dire que nous sommes indépendants, que la France ne nous gouverne plus directement. Non, être souverain, c’est avoir la main mise, le dernier mot sur l’utilisation de nos ressources et sur notre politique économique. Le nationalisme africain, qui est la revendication d’un internationalisme réciproque, part du constat que ce n’est pas nous qui décidons des questions économiques et stratégiques. Il faudrait qu’un jour ou l’autre les Africains, les citoyens ordinaires africains, puissent eux-mêmes s’émanciper de la tutelle française ou occidentale. Le nationalisme, que suscite cet impérialisme, n’est pas un nationalisme agressif à l’européenne mais est un moyen d’affirmer que les pays africains ont un droit à s’autodéterminer.

  • BALLAST | L’abécédaire de Louise Michel
    http://www.revue-ballast.fr/labecedaire-de-louise-michel

    « J’entends encore l’appel et je pourrais dire tous les noms. Aujourd’hui c’est l’appel des fantômes. Les comités de vigilance de Montmartre ne laissaient personne sans asile, personne sans pain. On y dînait avec un hareng pour quatre ou cinq, mais on n’épargnait pas pour ceux qui en avaient besoin les ressources de la mairie, ni les moyens révolutionnaires des réquisitions. Le XVIIIe arrondissement était la terreur des accapareurs et autres de cette espèce. Quand on disait "Montmartre va descendre !" les réactionnaires se fourraient dans leurs trous, lâchant comme des bêtes poursuivies les caches où les vivres pourrissaient, tandis que Paris crevait de faim. » (Mémoires, 1886)

    #XVIIIeEnForce #LouiseMichel #LM_IV_Ever

  • Nicolas Lambert : « Le public, c’est un autre mot pour dire le peuple »
    http://www.revue-ballast.fr/nicolas-lambert-public-cest-dire-peuple

    Nous sommes au procès Elf. Au banc des accusés, l’ancien directeur de la compagnie d’État, « Monsieur Afrique » et un « directeur des affaires générales ». On écoute leur plaidoyer, tentant de défendre l’indéfendable : 504 millions de deniers publics détournés par ce que l’on appelle « la Françafrique ». Nous sommes dans une réunion publique : des syndicalistes qui travaillent dans le nucléaire, des habitants vivant aux environs d’une centrale… Nous écoutons la novlangue d’Areva, entendons l’hypocrisie du maire, comprenons l’impuissance de l’Autorité de sûreté nucléaire… Nous sommes dans un bureau d’écoute : au bout du fil, Ziad Takieddine. Un scandale qui éclate, une famille qui se déchire, une tragédie contemporaine sur fond de drame politique. Nous sommes au théâtre de Belleville et Nicolas Lambert incarne toutes ces voix, toutes ces histoires – il donne corps aux liens qui se tissent entre l’argent bleu pétrole de ladite Françafrique, « l’indépendance » énergétique de l’atome et l’armement militaire français. En trois volets, Lambert, principalement seul en scène, entend proposer un « contre-pouvoir », tour à tour grave et comique. Du théâtre documentaire, des plus accessibles, bâti sur dix années d’enquêtes et d’écriture : chaque mot entendu dans ce triptyque, Bleu Blanc Rouge, fut réellement prononcé. Les théâtres ne sont pas foule, hélas, à ouvrir leurs portes à cet infatigable « artisan » de la scène et observateur de « l’a-démocratie ».

    « Les vampires n’aiment pas la lumière, paraît-il, et mon boulot est de mettre des choses sur scène, sous la lumière. Je fais mon boulot de termite, qui consiste à ébranler cette structure qui ne me convient pas », avez-vous lancé un jour. Tout votre travail pourrait se résumer ainsi : mettre en lumière…

  • Gramsci & Pasolini : récit d’une fraternité
    http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

    Deux communistes : un philosophe théoricien et un poète cinéaste. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Pasolini fut un héritier de Gramsci — à l’heure où parade le grotesque « gramscisme de droite », revenons aux sources.

    Pier Paolo Pasolini : Le Ceneri di Gramsci

    Des cendres, un chiffon rouge
    L’ouvrage Le Ceneri di Gramsci parut treize années avant que le poète ne se fît photographier devant la tombe du philosophe marxiste. « Un chiffon rouge, comme celui / noué au cou des partisans / et, près de l’urne, sur le sol cendré, / deux géraniums, d’un rouge différent. / Te voici donc, banni, en ta grâce sévère, / non catholique, enregistré parmi ces morts / étrangers ». On aura reconnu la description de la tombe. L’esprit du philosophe, notait-il, demeure sur terre auprès des gens libres. Pasolini s’adressa directement à Gramsci, le tutoyant, lui confiant la tension qui l’habitait : l’amour de ce monde qu’il haïssait. La vie, dehors, à l’extérieur des enceintes de ce cimetière, n’était que « survie ». Dans d’autres vers qui composent ce recueil, Pasolini revint sur son enfance – les murs de chaux, les olives que l’on vendait, les gosses aux culottes abîmées, le bourg sous le vent. Plus loin, il avançait que Marx et Gramsci « vivaient dans le vif de [s]es expériences ». Paysages et sentiments se frottent, s’esquintent, s’enchâssent – joie et désert, rives et blessure. Et, pour clore le livre, il loro rosso straccio di speranza : « leur rouge chiffon d’espérance ». Dans un appendice, paru en guise d’introduction à son anthologie Poesie , il précisa : « Ce qui me poussa à devenir communiste, ce fut une lutte de journaliers frioulans contre de grands propriétaires terriens, sitôt la guerre achevée […]. Je fus du côté des journaliers. Puis je me mis à lire Marx et Gramsci. »

    Un article émouvant et poignant tout comme l’oeuvre de Pasolini.

    #Gramsci #Pasolini #fraternité

    • Antonio Gramsci osait rêver d’une « société réglée », le communisme – entendu, chez lui, comme la liberté pour l’humanité –, dans un futur plus ou moins chiffrable ; Pasolini étouffait, à la fin de sa vie, sous « l’enfer » de ce présent marchand, la vue voilée par la mélancolie et la nostalgie d’un monde perdu. L’un mourut dans sa quatrième décennie ; l’autre dans la suivante. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Mais les morts vivent tant que les vivants saluent les morts. La pluie continue de tomber sur la tombe. Le cimetière ferme ses portes. Dehors, Rome bruit, voitures et passants filant dans ce nouveau siècle égaré.

  • Tuer pour civiliser : au cœur du colonialisme

    http://www.revue-ballast.fr/tuer-pour-civiliser-au-coeur-du-colonialisme


    « Halte à la repentance ! » piaffent-ils en chœur de leurs perchoirs. « Les Français » n’auraient qu’une passion : « la haine de soi » pour mieux expier un passé dont ils ne sont plus fiers. Le siècle dernier fut celui des luttes d’indépendance ; l’affaire, puisqu’entendue, serait donc à classer — à l’heure où Eric Zemmour, jurant à qui veut l’entendre de l’évidence du « rôle positif » de la colonisation, caracole sur les étals des librairies ; à l’heure où Alain Finkielkraut, assurant que les autorités hexagonales ne firent « que du bien aux Africains », est sacré à l’Académie ; à l’heure où l’auteur de Vive l’Algérie française !, nous nommons Robert Ménard, a transformé la ville de Béziers en sujet d’actualité, les « vieilles lunes » n’ont-elles pas encore certaines choses à dire ? L’historien Alain Ruscio remonte le temps pour nous faire entendre ces voix qui, de gauche à droite, appelèrent à la guerre par souci de « pacification »

    Commençons en 1580. Un penseur français, des plus fameux, écrit ces lignes, devenues célèbres, que les plus intransigeants anticolonialistes du XXe siècle n’auraient sans nul doute pas désavouées : « Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, et la plus riche et belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ! […] Jamais l’ambition, jamais les inimitiés publiques ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilités et calamités si misérables. » On aura reconnu Michel de Montaigne, l’auteur des Essais.

    Combien, depuis cette époque et ces lignes, à l’ombre des drapeaux des puissances colonisatrices, d’autres « villes rasées », de « nations exterminées », de « peuples passés au fil de l’épée » ? On pourrait se contenter de cette question, sans crainte d’être contredit, et entrer dans les détails et les descriptions, pour le moins horrible, des fusillades, des razzias, des décapitations, des corvées de bois, des tortures, des viols, de l’utilisation de l’aviation, des armes chimiques, du napalm… On pourrait citer mille auteurs qui protestèrent, de Victor Hugo (« L’armée faite féroce par l’Algérie ») à Anatole France, en passant par Albert Londres, André Gide, Malraux, Aragon, Sartre ou encore François Mauriac… On pourrait, certes. Mais nous resterions dans le comment ; nous devons plutôt tenter de comprendre le pourquoi.

  • LE PARLEMENT VOTE LES PLEINS POUVOIRS À LA POLICE

    C’est dans un parlement vide à 90% que vient d’être votée une des lois les plus importantes du quinquennat. Alors qu’à Bobigny, Barbès, Nantes et ailleurs, la police réprime avec une extrême violence des manifestants révoltés par le viol de Théo, une trentaine de députés – sur 577 – ont adopté la « loi de sécurité publique ». Dans une indifférence quasi-générale.

    Cette loi offre à la police, la gendarmerie et même aux polices municipales une très large autorisation de tirer, modifiant considérablement la doctrine policière en France. Elle vient satisfaire les revendications des manifestations nocturnes, armées et autonomes de dizaines de policiers cagoulés à l’automne dernier, qui réclamaient le permis de tuer.

    En résumé, les policiers pourront ouvrir le feu :
    – Lorsqu’ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu’ils occupent ;
    – Lorsqu’une personne cherche à échapper à leur garde, qu’ils ne peuvent l’arrêter autrement et qu’elle présente une menace ;
    – Lorsqu’ils ne peuvent arrêter autrement un véhicule présentant une menace ;
    – Dans le but d’empêcher un "périple meurtrier".

    Revenons sur le premier point : « lorsqu’ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu’ils occupent ». La police française est donc autorisée à tirer à balle réelle autrement que pour se défendre, mais par exemple pour protéger une zone où elle se trouve. On imagine d’avance une permission de tirer sur des ZAD, dans des quartiers populaires, ou même en manifestation, lorsque des protestataires s’approcheraient de bâtiments officiels gardés par des policiers.
    Cette décomplexion progressive des tirs à balles réelles en direction de civils est mise en œuvre depuis 20 ans par la multiplication de tirs de balles en caoutchouc, puis par la dotation d’armes de guerre depuis l’instauration de l’état d’urgence. Armes utilisées cet été face à des émeutiers à Beaumont-sur-Oise après la mort d’Adama Traoré, ou tout récemment à Aulnay-sous-Bois pour « des tirs de sommations ».

    Cette loi prévoit également de durcir encore plus les peines pour « outrage », déjà utilisés massivement par les policiers à l’encontre de manifestants où dans les quartiers, lors de contrôles. La simple parole d’un agent assermenté pourra faire condamner à de lourdes peines de prison ferme tout ceux qui auront eu une apparence ou un comportement déviants.
Enfin, les agents de police et de gendarmerie auront désormais le droit d’anonymiser leurs actes de procédures, ce qui va forcément favoriser les faux témoignages et affaiblir la nécessaire contradiction judiciaire entre accusateurs et accusés, au détriment de ces derniers. Par exemple le témoignage anonyme du policier qui a envoyé en prison Antonin en mai dernier, accusé sans autre preuve que les seules déclarations d’un agent infiltré dans le cortège,après l’incendie d’un véhicule de police.

    Sur la trentaine de députés ayant approuvé le texte, 25 appartiennent au groupe socialiste. Avis aux masochistes qui s’apprêtent à continuer à voter pour le parti du 49.3, de l’état d’urgence et de la Loi Travail.

    Nous sommes en février 2017, le fascisme arrive en France, et vous êtes toujours sous un gouvernement de gauche.

    https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/photos/a.336512019718311.70910.294803323889181/1245590592143778

    • Pour produire du fascisme, on n’a rien inventé de mieux que la #démocratie.
      #apathie
      #représentation
      #citoenneté
      Il y a longtemps que l’on connaît le très bon slogan "Tout ce qui rampe vers l’urne mérite d’être gouverné par des coups" .

      Il est assez morbidement fascinant de le voir toujours plus explicitement et quotidiennement illustré - et de voir dans le même temps l’urne en question sempiternellement promue comme seule et unique défense concevable contre des coups qu’elle seule est à même de construire et légitimer.
      Mais il est à craindre que les mécanismes psychologiques et les appuis idéologiques qui ont jusqu’ici permis aux citoyens électeurs de vivre avec les plus navrantes de leurs contradictions ne résistent encore bien trop longtemps aux plus éloquents des faits. Aussi abominables puissent-elles être, les innombrables exactions qu’implique l’existence de forces de l’ordre et d’un état, comme tant d’autres manifestations sanglantes et brutales des effets immanquablement calamiteux qu’entraînent les hiérarchisations et rapports de domination de toute sortes donnent à penser qu’il ne soit pas de dissonance cognitive que ne puissent résoudre quelque rationalisation ad hoc.

    • @Aude

      J’avais envie de faire une réponse courte :
      « Pour peu qu’on accepte d’en exclure l’idée de Peuple, trop massive et discutable, et celle de Pouvoir, bien trop terrible, alors il est possible que je n’aie plus rien à redire contre la démocratie. »

      mais j’ai préféré te faire une réponse longue.

      Il me semble que ce slogan, certes provocateur est pourtant clair sur un point : les coups dont il est question, ce sont bien celleux qui gouvernent qui doivent les donner - ou, plus sûrement, les faire donner par d’autres, pour parvenir à leurs fins.
      Aspirer à gouverner ou à faire gouverner autrui, et ce y compris soi-même, en affectant d’ignorer la nécessité pour qui gouverne de disposer du pouvoir et de la force nécessaire pour le faire : voilà une attitude qui me semble depuis fort longtemps des plus discutable, pour le moins.

      Et comme je conviens volontiers que la provocation n’est pas souvent une façon pertinente de formuler une critique, j’ai justement pris la peine d’écrire ceci :

      Il est assez morbidement fascinant de le voir toujours plus explicitement et quotidiennement illustré - et de voir dans le même temps l’urne en question sempiternellement promue comme seule et unique défense concevable contre des coups qu’elle seule est à même de construire et légitimer.
      Aussi abominables puissent-elles être, les innombrables exactions qu’implique l’existence de forces de l’ordre et d’un état, comme tant d’autres manifestations sanglantes et brutales des effets immanquablement calamiteux qu’entraînent les hiérarchisations et rapports de domination de toute sortes donnent à penser qu’ il ne soit pas de #dissonance_cognitive que ne puissent résoudre quelque #rationalisation ad hoc .

      Si dire cela d’elleux est mépriser « les gens », alors je mérite certainement tes reproches. Mais il me semble que c’est au contraire banalement essayer de dire d’où nous vient à tou-te-s le plus lamentable de nos actes, et de nous fournir un début de moyen de chercher à nous en déprendre.
      C’est à dire exactement le contraire que de prendre qui que ce soit, aucun-e démocrate, et jusqu’aux flics et même les plus détestables de leurs donneurs d’ordre, « pour des merdes ».
      Si donc tu peux me dire ce qui te mène à m’attribuer pareille conception, cela m’intéresse.

      Pour ma part, je tiens le #mythe_démocratique, son calendrier et ses élections pour autant d’armes tournées contre chacun-e d’entre nous, - des armes redoutables justement parce que leur efficacité et leur production repose sur nos propres façons de vivre nos contradictions, de nous accommoder tant bien que mal du gouffre qu’il existe entre les valeurs dont nous nous réclamons, l’idée que nous nous faisons de nous mêmes, et notre vie quotidienne dans la société capitaliste, - ;
      je tiens les élections en particulier pour un moment particulièrement intense de la guerre que nous nous faisons nous mêmes, et ce démos, ce peuple dont je participe pour une idée pour le moins discutable.

      Aller voter pour légitimer le Pouvoir, c’est toujours, quoi qu’on s’en dise, aller au devant de coups que celui-ci doit toujours être en mesure de donner pour être - j’y ajouterai : être assez irresponsable ou arrogant pour y exposer aussi autrui contre son gré . Qu’on le fasse en rampant ou en bombant le torse, la tête haute et les mains propre, qu’on vote « contre » ou « pour », voilà qui n’a guère d’importance, puisque c’est aussi notre implication dans le processus qui est recherchée, pour ce qu’elle produit en chacun-e- de nous.

      Comme l’écrivit terriblement #Mathieu_Rigouste, il y a déjà trois ans, « L’état m’a tabassé, il a fait son travail ».
      http://iaata.info/L-etat-m-a-tabasse-il-a-fait-son-249

    • Tout le Monde Déteste la Justice.

      La gauche flippe, comme à son habitude quand elle doit gérer cet « électorat traditionnel »… qu’elle a perdu depuis longtemps. Elle claque des genoux d’un nouveau 2005, et plus encore de vraiment perdre ces #élections déjà perdues. Ben oui, à force d’être déjà « en état d’urgence permanent » depuis deux ans, elle peut même plus sortir cette #arme de dissuasion des masses – comme ses confrères de droite l’avaient fait en 2005. Alors Hollande tente un truc : il fait son Obama de dernière minute en posant pour la photo à l’hosto à côté de #Théo ; on n’avait pas vu ça pour les proches d’Adama… Le #FN, par le biais de son porte parole, voudrait quant à lui « interdire les troubles publics pour l’avenir »… Au delà du fait que cette phrase n’a aucun sens, c’est un très très gros mensonge. Il trépigne, le petit mari de Marine. Tout son parti fait des rêves humides de contagion brûlante. Il est déçu quand un expert quelconque – mesurant l’opinion qu’il fabrique – explique que « pour l’instant, c’est le thème de la lutte contre le terrorisme qui paraît le plus important quand on évoque les fonctions régaliennes auprès des français »… On en a tellement fait en deux ans sur le terrorisme qu’il faut y aller franco pour revenir au petit #quotidien_sécuritaire. Marine Le Pen – entre des larmes de crocodile sur la Prom’ pour les victimes de l’attentat de Nice et un Vendée Globe sauce PNL dans son clip de campagne –, revient à ses premières amours : la défense de la police qu’il « faut réarmer moralement et matériellement ». Vous noterez l’usage du ré, alors qu’on a vu des #flics_cagoulard et armés manifester tout l’hiver, pénétrant même le périmètre interdit du palais de l’Élysée… Et puis, pour la route, histoire que nos amis les bêtes n’aient pas l’impression de travailler pour rien, elle y va d’un « 40 000 places de prison supplémentaires ».

      #violence_de_la_police


      http://lenvolee.net/toutes-les-luttes-menent-a-boboch

    • Au-delà des situations inhérentes à son statut d’agent de la force publique et de militaire, le gendarme dispose de pouvoirs spécifiques conférés par la loi du 22 juillet 1943 modifiant l’article 231 de la loi du 28 germinal an VI (17 avril 1798) et par le décret du 22 juillet 1943 modifiant les articles 174 et 280 du décret du 20 mai 1903. Ces textes, promulgués par le gouvernement de Vichy, avaient pour objet d’étendre les conditions d’usage des armes des forces de l’ordre engagées dans les opérations de répression menées contre la Résistance. À la Libération, la gendarmerie n’en conserva pas moins ces pouvoirs exceptionnels, qui furent, par contre, retirés à la police (à la faveur de la guerre d’Algérie, ils furent restitués aux policiers par l’ordonnance du 23 décembre 1958, avant d’être supprimés définitivement par l’ordonnance du 12 juillet 1962).

      La gendarmerie, secrets d’un corps, François Dieu, éd. Complexe, 2002 p. 123
      (suit l’énumération d’un certain nombre de problèmes posés par cette autorisation de tir)
      https://books.google.fr/books?id=cje5G62KFUsC&lpg=PA123&ots=eyyWgBuq11&dq=d%C3%A9cret%20du%2022

      Le 22 juillet 1943 ? C’est aussi la date de la loi 428 de Vichy. Coïncidence…

    • La tristement célèbre « Division Charlemagne » :

      http://www.slate.fr/culture/86829/waffen-ss-francais-racines-droites-radicales

      L’idéologie des combattants volontaires des légions nazies contre le « judéo-bolchevisme » a alimenté les idées de l’extrême droite radicale d’après-guerre et lui a donné la capacité de se réorganiser.

      Cela me fait aussitôt penser à un article mis en ligne sur « Ballast » à propos d’un entretien avec Edgar Morin qui prétend qu’"il y a toujours eu deux France" :
      http://www.revue-ballast.fr/edgar-morin-y-a-toujours-deux-france

      Qu’est-ce qu’un intellectuel ? Ce n’est pas seulement un philosophe ou un écrivain ; c’est un auteur qui prend parti sur la place publique. Zola est romancier ; il devient intellectuel avec « J’accuse ». Dès l’affaire Dreyfus, nous avions des intellectuels
      des deux bords — souvenons-nous des Barrès et des Maurras. Il y avait un mouvement intellectuel de droite très fort, alors. Ce
      n’est qu’après la Libération que l’on a assisté à l’hégémonie dont vous parlez. Il y a toujours eu deux France : la France aristocratique, antisémite et monarchique a toujours existé, mais elle s’est, en grande partie, déconsidérée sous Vichy. On assiste aujourd’hui à un dépérissement de l’intellectualité de gauche ; pourquoi ? Parce que nous faisons face à un système de régression généralisée. Et ce dépérissement s’accompagne d’un vichysme rampant : c’est la deuxième France qui reprend du poil de la bête car la première n’est plus alimentée. Il est normal, dès lors, que l’hégémonie bascule et que surgissent ces porte-paroles — c’est un phénomène regrettable, mais compréhensible.

    • Cité autant par Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, Christiane Taubira, que par Emmanuel Macron, mais qui est donc Antonio Gramsci ?

      « Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre veut dire être partisan ». On ne peut être seulement homme, étranger à la cité. Qui vit vraiment ne peut pas ne pas être citoyen, et partisan. L’indifférence est aboulie, parasitisme, lâcheté ; elle n’est pas vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet que doit traîner le novateur, c’est la matière inerte en laquelle il n’est pas rare que se noient les plus beaux enthousiasmes, c’est le marais qui entoure la vieille ville et qui la défend mieux que les remparts les plus épais, mieux que les poitrines de ses guerriers, en engloutissant les assaillants dans ses sables mouvants, en les décimant et en les décourageant, et en les faisant parfois renoncer à leur entreprise héroïque. L’indifférence agit vigoureusement dans l’histoire. Elle agit passivement, mais elle agit. Elle se fait fatalité ; elle est ce quelque chose que l’on n’attendait point ; ce quelque chose qui bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux établis ; la matière brute qui se rebelle devant l’intelligence et l’étrangle. Les événements, le mal qui s’abat sur tous, le bien que pourrait engendrer un acte héroïque (de valeur universelle), ne dépendent pas tant de l’initiative du petit nombre qui agit, que de l’indifférence, de l’absentéisme de la multitude. (…) Mais, si je hais les indifférents, c’est aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me sont insupportables. "

      #Antonio_Gramsci, « Je hais les indifférents » (février 1917)
      http://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/qui-est-antonio-gramsci

    • Les exploités, écrit-il à grands traits, ne peuvent échapper au pouvoir qui impose son hégémonie. Pour ne pas sombrer dans l’indifférence — marqueur de la liberté des dégagés de la vie —, l’individu doit cheminer avec colère et indignation, sans jamais, toutefois, perdre de vue le sens de l’empathie. La destination ? Une sorte de confrérie guidée par la sensibilité (pour percevoir), l’intelligence (pour analyser) et l’imagination (pour trouver une solution). Et l’œuvre complète de Gramsci de passer de la seule dénonciation de l’indifférence à la promotion directe d’une organisation collective, arme de subversion contre l’hégémonie dominante et premier pas vers l’action.

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-8

      Deux communistes : un philosophe théoricien et un poète cinéaste. L’un connut le cachot ; l’autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Pasolini fut un héritier de Gramsci — à l’heure où parade le grotesque « gramscisme de droite », revenons aux sources.

      http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

  • BALLAST | Mathieu Rigouste : « Les violences de la police n’ont rien d’accidentel »

    http://www.revue-ballast.fr/mathieu-rigouste-violences-de-police-nont-rien-daccidentel

    Si vous n’étiez pas sur.

    Le directeur de la Police nationale s’est ému de l’appel lancé par Libération, il y a deux jours de cela, qui exhortait à l’exemplarité de celle-ci : « Lorsqu’ils commettent des actes contraires à la loi ou à la déontologie, [les policiers] sont sanctionnés judiciairement et/ou administrativement », lança-t-il sans ciller. Théo L. : 22 ans, violé au moyen d’une matraque policière en février 2017. Adama Traoré : 24 ans, asphyxié par des gendarmes en juillet 2016. Rémi Fraisse : 21 ans, tué par un tir de grenade offensive en octobre 2014. Trois noms — on pourrait bien sûr étendre la liste — volontiers repeints en « bavures » : de regrettables cas individuels, isolés, finalement exceptionnels. Le sociologue Mathieu Rigouste, auteur d’État d’urgence et business de la sécurité, se porte en faux : la police et les forces de l’ordre doivent être analysées en tant que système, cadre et structure, et non plus considérées comme une somme d’agents autonomes et plus ou moins « bons » ou « méchants », « républicains » ou « honnêtes ». Entretien avec ce partisan libertaire de l’« autodéfense populaire ».

    • Mais la critique est absurde si elle sert à asseoir des postures hautaines de milieux politiques radicaux, parfois bien isolés des classes populaires et des mondes qui subissent la férocité de l’État. On peut mettre en cause l’existence de la police, de l’État et de toute forme de domination, mais c’est en cheminant entre opprimé.e.s, notamment dans les luttes pour la survie et pour une vie digne, qu’on peut créer des formes de solidarité réelles qui ouvrent sur des critiques vraiment radicales parce qu’elles découlent de pratiques collectives associées à ces réalités. À partir de là, on peut commencer à imaginer pouvoir se débarrasser des institutions qui nous pourrissent la vie plutôt que de chercher à les réformer. Ce qui importe vraiment, je crois, c’est que la critique soit menée horizontalement, qu’elle émerge d’en bas, de constats réels issus de la confrontation au monde et pas qu’elle soit assénée depuis des positions de principes surplombantes. Si quelqu’un avait la recette de l’émancipation, ça se saurait ! Il y a plein de révolutionnaires dans les classes populaires, dont une partie qui s’ignore. Dans les quartiers comme ailleurs, tout le monde a une conscience politique ; notre problème réside plutôt dans le fait que l’État réussit à empêcher l’auto-organisation révolutionnaire des opprimé.e.s. Je crois en la nécessité de construire ce mouvement révolutionnaire, mais je pense qu’il passe par des solidarités concrètes face aux galères de la vie avant de tracer de grandes perspectives théoriques.

    • … C’est un débat fondamental : il s’impose forcément si on s’intéresse à la #violence d’État. Est-ce une dérive qu’on peut corriger pour en « revenir » à un « #État de droit » ? Ou est-ce la fonction de la #police d’être violente ? Et, dans ce cas-là, faut-il remettre en cause toute la société qui la produit ? Quoi qu’il en soit, à travers ce débat émergent des positions communes, des lignes de consensus mais s’y délimitent aussi des lignes de tensions et de ruptures qui permettent de construire des alliances et de désigner des cibles communes, notamment de circonscrire les collaborateurs de la violence d’État qui se présentent en alliés. Pour maintenir une société autoritaire et inégalitaire, il faut la légitimer — cela s’obtient par de l’idéologie, du divertissement, de l’aménagement des désirs mais aussi par de la coercition. Les violences que la police distribue n’ont rien d’accidentel malgré ce que les #médias dominants et la classe #politique matraquent dans leurs discours. On peut entrer en lutte contre les violences policières de différentes manières, mais on en vient presque forcément à percevoir le caractère systématique de ces violences d’État. Il s’agit de se doter d’outils pour cartographier cette mécanique. On découvre alors que les violences policières font système pour maintenir l’ordre social. Par exemple, si de nouvelles pratiques ne viennent pas directement « d’en haut », elles peuvent émerger depuis les policiers en service. Elles remontent alors parfois lorsqu’elles perdurent et peuvent être validées, instituées ou tolérées, si leur impact ne s’écarte pas des objectifs généraux de chaque strate de pouvoir à l’intérieur et au-dessus de l’institution policière. La police est structurée comme une machine à produire et distribuer de la violence pour maintenir l’ordre social, économique et politique — elle est réglée, de manière rationnelle et bureaucratique. Dès lors, elle dysfonctionne régulièrement et peut être sabotée.

  • https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/george-orwell-what-else-24-apologie-de-la-decence-ordinaire

    « George Orwell, what else ? (2/4) Apologie de la décence ordinaire »

    Dans un foyer ouvrier – je ne parle pas ici des familles de chômeurs, mais de celles qui vivent dans une relative aisance – on respire une atmosphère de chaleur, de décence vraie, de profonde humanité qu’il n’est pas si facile de retrouver ailleurs. Je dirais même qu’un travailleur manuel, à condition qu’il ait un emploi stable et un bon salaire – condition qui se fait de plus en plus précaire – a beaucoup plus de chances d’être heureux qu’un homme qui a « fait des études ». La vie qu’il connaît parmi les siens semble plus naturellement encline à prendre une orientation saine et harmonieuse. J’ai souvent été frappé par l’impression de tranquille plénitude, de parfaite symétrie si vous préférez, que dégage un intérieur ouvrier quand tout va bien. En particulier l’hiver, après le thé du soir, à l’heure où le feu luit doucement dans le fourneau de cuisine et se reflète dans le garde-feu d’acier, à l’heure où le père, en manches de chemise, se balance dans son rocking-chair en lisant les résultats des courses, tandis que la mère, lui faisant pendant de l’autre côté de l’âtre, fait de la couture – les enfants qui se régalent de trois sous de bonbons à la menthe et le chien qui se rôtit doucement sur le tapis de chiffons… C’est un endroit où il fait bon vivre, à condition de n’être pas là juste physiquement, mais aussi moralement.

    #décence_ordinaire #orwell #audio #radio